I can't figure this out | ft. H02-0

La voix de l’intelligence artificielle avait surpris le nouvel arrivant dans la ruche. Mais ce qui lui était le plus étrange était le fait qu’elle est faite référence à une tierce personne par un ensemble de chiffres avec comme suffixe H.

— C’est qui H04-236…? questionna-t-il à lui-même.

Mais il n’avait pas le temps de s’attarder sur ce détail qu’il devait trouver un moyen de faire partir cette atroce souffrance qu’il ressentait dans chacun de ses membres. Il ne prit pas la peine non plus d’écouter la réponse de son hôte virtuel.
Il se redressa avec bien difficulté avant que la voix féminine robotique ne reprenne en lui dictant ses besoins en alimentation. C’est à ce moment que l’homme comprit qu’on lui adressait la parole. Si sa logique ne lui jouait pas de tour, alors il était H04-236. Qui s’appelait comme ça dans la vie? Personne. Mais voilà qu’il se mit tout d’un coup à réfléchir… Mais aucune réponse ne lui vint à l’esprit. Son prénom, son nom de famille, s’il avait une famille, son âge, sa date de naissance, rien. Il avait beau se creuser la tête encore et encore, mais la migraine finit par avoir raison de lui, mettant une fin à ce chaos de pensées.
Avant de se mettre à paniquer, il prit de grandes respirations alors qu’il se trouvait toujours dans sa chambre. La suggestion de changer de vêtement lui semblait bonne. Après tout, il ignorait combien de temps il avait mis à se réveiller. Si les morceaux de tissus étaient ceux portés la veille.
Encore plus de questions sans la moindre réponse…

Il se dépêcha d’ouvrir des tiroirs, mais il n’y avait rien pour faire de la diversité. Peu importe, il avait besoin quand même de changer. Il aperçut ensuite un miroir. Il s’en approcha et voilà qu’il se surprit lui-même à se demander qui était l’homme à travers le reflet. Il n’était pas stupide au point de se dire qu’il s’agissait d’une autre personne que lui, mais il n’avait pas de souvenir de son apparence.
Cheveux courts brun foncé tirant sur le noir, yeux marron, barbe de quelques jours, bref tout ce qu’un individu bien banal pouvait posséder.
Il bougea un peu puis quelque chose scintilla au niveau de son torse. Intrigué, il déboutonna le haut pour y repérer une bague qui pendait autour de son cou par le biais d’une chaîne argentée. Drôle de découverte, mais il n’était pas au bout de ses peines. L’acte d’avoir commencé à se dévêtir, il vit un début de tatouage. Rapidement il enleva complètement la chemise blanche et voilà qu’un grand corbeau tapissait la partie droite de sa poitrine. Celui-ci était de dos, les ailes singulièrement déployées. L’oiseau de malheur se tortillait afin qu’on puisse y voir sa tête et qu’il nous fixa de son regard qui allait vers la gauche.
Plus qu’intriguer, l’homme vint poser le bout de ses doigts sur sa peau pour s’assurer qu’il était réel ce tatouage. Certes, il ne pouvait pas s’en débarrasser. Mais la fameuse question perpétuelle: Pourquoi? Pourquoi avait-il ce tatouage? Que signifiait-il? Et cette bague? Mais dès qu’il recommença à trop penser, son mal de tête revenait à la charge.
En regardant à nouveau son reflet dans la surface réfléchissante, il s'aperçut de l’image qu’il projetait. Il avait bien besoin de rafraîchir le tout.

Il quitta la chambre. Il tomba dans le reste du logement, mais avant de s’attarder davantage sur les lieux, il voulait aller à la salle de bain. Il se trompa de porte, sombrant ainsi dans la salle où il y avait la toilette isolée. Mais la deuxième fut la bonne.
Il ne se donna pas la peine de refermer la porte derrière lui. Il ignorait s’il était seul ou si d’autres personnes vivaient dans ce logement. La première pensée était plutôt souhaitable pour lui. Mais avant de s’y pencher, il se jeta devant le lavabo pour s’y asperger d’eau fraîche. Ce qui lui fit un bien fou! Il se régala de cet instant avant de poursuivre avec ses cheveux. Il les éclaboussa d’eau pour ensuite les peigner. Il fouilla les armoires pour y trouver une brosse à dents et du dentifrice. Il n’avait pas encore mangé, mais il passa sa langue sur ses dents. Il n’y avait pas à dire, il en avait besoin.
Il prit peu de temps pour qu’il soit à nouveau présentable. Fraîchement la barbe raser, il sortit de la pièce.

Toujours torse nu, mais avec les pantalons gris, il décida d’aller à la découverte de l’appartement. Au bout du couloir il tomba dans une salle à air ouverte qu’il qualifia de salon. Curieux, il se demandait bien ce que la dernière pièce du logement renfermait. Il alla vers la porte en question et l'ouvrit.

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Elle me plait pas du tout cette nécessité de changer de logement la nuit pour dormir. Bon, parfois, mais seulement parfois. La majorité du temps elle me plait pas cette règle. Je suis bien moi dans mes affaires, dans ma chambre remplie de dessins et de trucs pas mal plus rassurants que cet endroit tout moche et blanc. Le jour où on nous dit qu'on peut tout casser bah je vais dessiner partout sur les murs jusqu'à que je ne sente plus mes mains et mes bras et même à ce moment-là je vais continuer de dessiner avec mes orteils que j'entraîne un peu à tous les jours puis je finirai par me rouler dans la peinture pour en étaler sur tout ce blanc JUSQU'À L'ÉPUISEMENT. Et j'ai appris qu'elle est loin ma limite à l'épuisement, très loin. Bon certes c'est pas du tout les mêmes circonstances, mais ça c'est qu'un détail. Faut bien passer le temps dans cet endroit non et je commence à sérieusement épuiser mes ressources là. J'ai fait des jeux avec 123, j'ai fait du sport... avec Friday, j'ai participé à une super soirée pyjama, j'ai dessiné une muraille géante en collant des feuilles toutes ensemble que j'ai glissé sous mon lit à défaut d'avoir de quoi l'accrocher sur le mur sans l'abîmer. Ce serait con tout de même de terminer ma course en prison simplement parce que j'ai voulu égailler un peu ma chambre. Le jour où je pourrai... cette muraille sera awesome. C'est une ville avec de gros buildings, une Sphère gigantesque au centre, LA SPHÈRE, parce que ça a son importance maintenant, et partout autour il y a des super-héros qui essaient de la détruire. Je pourrais être intelligent et dire que cette Sphère est un peu la représentation de tout ce qui me fou une trouille bleu dans cet endroit, que c'est l'ennemi à abattre pour que j'arrête de me faire des histoire et que je recommence à respirer normalement sans avoir l'impression permanente que mes poumons vont éclater, mais je le fais pas. C'est simplement... la Sphère dans son paysage en noir et blanc travaillé à force de temps pour me permettre de rester enfermé dans mon logement trop silencieux depuis des semaines de toute façon depuis que mon colocataire s'est mystérieusement volatilisé... depuis que... je ne sais quoi l'a enlevé. Peut-être que c'est la Sphère qui l'a bouffé qui sait, mais ça j'essaie de ne pas trop y penser. Je préfère étaler mes dessins colorés partout pour oublier en me laissant tout juste assez de place pour passer. C'est mon laboratoire de cinglé version dessinateur perturbé. Ça me permettait au réveil de voir des trucs fun plutôt que me concentré sur Aleksa me rappelant gentiment où je suis, mais depuis cette règle...

Depuis cette règle en fait j'essaie de dormir le plus près possible de mon logement, que ce soit plus simple, dans un logement où je serai seul parce que comme ça au moins je saurai s'il y a un bruit douteux que ça ne vient pas de quelqu'un d'autre... ou au moins je ne passerai pas une partie de la nuit à me le demander. Puis c'est pas comme si j'avais pas l'habitude de la solitude la nuit maintenant. Comme ça au moins je suis en paix pour me raconter des histoires à moi-même et compter les poulpes qui sautent par-dessus les récifs. C'est bien trop morne un mouton avec ses toutes petites pattes qui risque de se casser la figure sur la clôture alors qu'un poulpe dans l'eau c'est gracieux et ça fait un woush merveilleux des tentacules. Assurément plus apaisant pour aider à dormir. Bonus de la proximité, je peux donc rapidement me casser la gueule de bon matin comme les moutons, maisla clôture en moins, pour me tirer mine de rien dans mon logement en croisant les doigts que personne ne dorme dans mon lit. J'espère sans doute un peu trop que mon 'laboratoire' saura les effrayés même s'il n'y a rien de bien effrayants dans mes dessins de super-héros... sauf peut-être Boris et ses tentacules.

C'est donc là que je me dirige à pas rapides comme si quelque chose allait me bouffer si je passe trop de temps à marcher sur le balcon, entrant dans mon logement pour refermer rapidement la porte derrière-moi avant d'y poser le dos et... voir quelqu'un devant ma chambre. Bon... euh... qu'est-ce que je fais... qu'est-ce que je dis... Je le connais pas en plus celui-là il me semble. « Hey... c'est toi qui a dormi dans mon laboratoire? Euh ma chambre, c'est toi qui a dormi dans ma chambre? Moi c'est Zéro au fait. On se connait pas je crois. On s'est pas croisé il me semble en tout cas, mais je sais plus. Ta tête est sur aucun de mes dessins, mais j'ai une mémoire de petit pois parfois. Je pense que j'en ai bouffé un peu trop, ça arrive j'imagine. Donc... hum... voilà. »

La porte maintenant ouverte, voilà quelque chose à laquelle l’homme ne s’attendait pas à tomber dessus. Heureusement, il n’y avait personne et aucun corps inerte apparent… à première vue!
Mais plusieurs feuilles étaient bien éparpillées partout dans la pièce. Beaucoup trop même. 236 ne savait plus où poser son regard. Mais il devait s’avouer que c’était impressionnant. Il s’accroupit pour mieux voir ceux qui étaient à ses pieds. Il n’osa pas y entrer puisqu’il ignorait où mettre le bout de ses orteils sans prendre la chance de chiffonner l’une des pages avec des dessins dessus.
Plus il regarda les traits de l’artiste qui avait tout fait ça, il ne pouvait s’empêcher d’émettre un sourire sur ses lèvres. Il vint délicatement prendre l’une des feuilles entre son pouce de son indexe pour l’approcher encore davantage. C’est à ce moment qu’il souhaitait avoir ce talent artistique. Il était bien un pied dans ce domaine. En fait, il ne s’en souvenait pas, mais sa première réflexion fut qu’il était nul dans cet embranchement.

— Je ne comprends pas du tout ce qui se passe, mais franchement, je suis bluffé là! se dit-il à lui-même.

Il déposa le dessin où il l’avait pris avant d’en prendre un second. Il reflétait encore un superhéros. « La personne doit vraiment avoir une fixation sur ça. » Rigola-t-il dans ses pensées. Il n’avait rien de mal là-dessus. C’était même fascinant de voir toute l’imagination ressortir sur ses pages de dessins. Tant qu’à ignorer quoi faire, il pouvait prendre le temps de les regarder les uns après les autres.
Le son d’un verrou se fit entendre, mais l’homme qui s’était réveillé pour la première fois dans la ruche n’y fit pas attention. Trop concentré à décortiquer les dessins et même voir s’il arriverait à trouver une corrélation entre ceux-ci. Peut-être qu’il y avait une histoire qui se racontait d’un personnage à l’autre?
Mais avant de trouver un lien, une voix l’extirpa de tout ça.
Dans un élan de sursaut, il releva la tête en direction de l’entrée du logement. Un homme s’y tenait et venait de faire référence à un laboratoire. Il le dévisagea un instant. Il avait pourtant fait le tour de l’appartement et nulle part il n’avait remarqué la moindre salle faisant référence à un labo… 236 tentait du mieux de comprendre ce que le second homme disait. Laboratoire = chambre de Zéro. C’est ce qu’il avait réussi de déduire, mais il y avait déjà trop de questions qui l’envahissaient pour prendre le temps de lui poser la question.
Il se releva tout en gardant le dessin entre ses mains. Il montra à celui qui semblait s’identifier à Zéro.

— C’est toi qui a fait ces dessins?

Un léger sourire s’installa sur ses lèvres à peine visibles.

— T’es sacrément doué! dit-il en reposant ses yeux bruns sur le dessin. J’aimerais pouvoir dessiner comme toi!

C’était la première personne qu’il voyait dans ce nouvel environnement. Aux premiers abords il ne lui paraissait pas être une menace et puis, si c’était l’artiste de tous ces dessins, il ne pouvait pas être bien méchant. Mais il y avait tellement, mais tellement d’autres questions qui lui traversaient l’esprit. Mais au lieu de l’assener de ses questionnements, il voulait faire une approche plus sympathique. Il espérait que cela fonctionnait.
Pour le temps que les deux hommes gardaient leur distance, H04-236 n’avait rien à craindre. Mais il était bien temps de tenter de comprendre ce qui se passait… Il ressentait toujours les douleurs à travers son corps.

— Mais dis-moi… Zéro? Qu’est-ce qui se passe ici?

C’est en abordant le sujet que la réalité lui revint de plus fouet. Se réveiller dans un endroit qui lui était inconnu. Se retrouver devant une personne inconnue. Ignorer complètement de toute sa personne…

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Est-ce que c'est moi qui a fait ces dessins? Est-ce que c'est une question piège? Parce que ça pourrait très bien être une question piège, on ne sait jamais avec les inconnus puis comme j'ai déjà classé quelques personnes dans la catégorie des super-vilains maintenant je reste sur mes gardes. On ne sait réellement jamais sur qui on peut tomber. Parfois les gens semblent mignons et adorables et puis soudainement BAM ils nous balancent une réplique à la con en nous traitant de con et alors là ça va plus du tout. Sauf que pour le moment l'inconnu s'en tire bien, étirant une... grimace? Un sourire? Je ne sais pas trop tant c'est peu perceptible. « Je... » Que je débute avant de l'entendre dire que je suis doué. Ok. Ok, c'est bon l'inconnu je te file le bénéfice du doute pour le moment comme tu sembles être pas trop vilain. « Merci, j'imagine. C'est mon bordel de dessins oui et hum je peux t'apprendre si tu veux. Bon je crois pas être le meilleur prof qui soit parc que j'ai tendance à un peu trop parler pour mon bien, mais ouais je pourrais essayer de te montrer si tu veux... toi dont je ne connais pas du tout le nom. » L'inconnu ça reste moche quand même comme façon de désigner quelqu'un. Le voyeur ça ne colle pas trop, c'est des dessins pas des nudes. Le... brunet c'est un peu trop commun et ça ne le différencie pas même de moi alors forcément ça ne colle pas non plus. L'homme aux questions! Ouais non ça tout le monde aussi en pose... Peut-être que je devrais simplement attendre qu'il se nomme, ce sera mieux. Peut-être que lui aussi a l'un de ces surnoms chouettos que moi je n'ai pas encore abordé parce que c'est une décision importante à prendre et je ne veux définitivement pas me tromper! Si je ne l'ai pas je vais être foutu ensuite parce que tout le monde va m'appeler par l'ancien surnom même si je leur dis que j'ai changé de surnom. Question d'habitude. Et ce qui se passe ici...

« Hum... ce qui se passe ici... j'imagine que ça dépend à quoi tu fais référence. » Parce que les options sont multiples quand même. Il pourrait vouloir savoir ce qui se passe dans ce couloir et alors là bien visiblement on discute, mais c'est trop évident. Il pourrait vouloir savoir ce qui se passe avec ma chambre, mais encore là ça me semble évident que c'est juste... un joli bordel de dessins et de papiers dans tous les coins et que je devrais réellement songer à y faire le ménage, mais... visiblement il n'a pas dormi là parce que sinon il ne serait pas dans le couloir à mater mes dessins... Hum. Un mec que je ne connais pas, que je n'ai jamais dessiné, que je n'ai jamais croisé, qui se trouve dans mon logement à une heure pas possible du matin, totalement vêtus déjà et... oh. « Attend... me dit pas que tu viens de te réveiller. Enfin, de te réveiller pour la première fois si on peut dire ça comme ça. Dans l'autre chambre là... sans souvenirs... perdu? Tu me sembles pas trop perdu, mais ça viendra... ouais... ok... Hum si c'est ça je te conseille d'aller t'asseoir avant que je t'explique ce qui se passe parce que tu vas halluciner. T'en fait pas personne va mourir... enfin je pense... Ouais, t'asseoir. Ok. Il y a un genre de salon au fond du logement. Vaut mieux aller là sur les canapés, ce sera mieux. » Comment lui expliquer ce bordel sans le traumatiser... « Juste, vas-y je te rejoins dans deux minutes ok. Faut que je prenne un truc dans ma chambre. »

Son sourire s’élargit quand son interlocuteur lui proposa de lui apprendre. L’homme ignorait dans quoi il s’embarquait. Même s’il disait qu’il n’était pas le meilleur professeur, le nouveau venu ne pouvait s’empêcher d’être convaincu juste à en voir le coup de crayon de l’homme. Si jamais H04-236 arrivait de passer au stade “Je fais un bonhomme allumette” au niveau de dessinateur qu’il avait devant lui, il serait déjà aux anges. Chose qui n’était visiblement pas encore le cas.
Lorsqu’on lui demanda son nom, il vint pour se prononcer avec une grande conviction. Elle ne dura qu’à peine quelque millisecondes. De sa main libre, il vint la déposer sur son front tout en penchant légèrement la tête vers le sol. « Bordel, c’est quoi mon problème là?! » se questionna-t-il face à cette incapacité de répondre à une question aussi bête, faisant disparaître la joie sur son visage.
Son mal de tête lui revint de plein fouet. Le fait d’avoir pris connaissance de son matricule un peu plus tôt ne lui restait visiblement pas en tête. Comme s’il souhaitait le rejeter à tout prit dans le mince espoir que son nom lui revienne en tête comme une illumination.
Mais visiblement, il devait accepter son triste sort qu’il était maintenant amnésique.

— Je… je ne pourrai pas te le dire…

Il haussa simplement les épaules comme plates excuses. Tout ce qui lui tournait en tête était la série de chiffres. Il n’était pas encore prêt à accepter cette nomination. Cette identité qui lui semblait si froide.

— Mais j’aimerais bien que tu m’apprennes!

Il s’était empressé de rajouter cette phrase pour continuer sur une bonne lancée. Son sourire apparut de nouveau sur ses lèvres. Il avait la chance qu’à ce simple projet, les soucis ne lui occupaient plus l’esprit.
Mais les bonnes choses avaient toujours une fin.
Ce dont il faisait référence? Peut-être qu’il n’avait pas été assez clair dans ses propos, mais pour un perdu comme lui, c’était une évidence même! Se retrouver ici dans un logement qui lui était inconnu. Se retrouver en face d’un Dieu du dessin et dont l’identité était quand même mystérieuse. À moins que ça ne soit son nom de plume en tant que dessinateur? Le fait aussi d’avoir des vêtements bien monotones. Chose qu’il remarque que son futur professeur portait aussi les mêmes que lui. C’était un genre d’uniforme obligatoire dans cet espace?
Alors qu’il souhaitait avoir des réponses, son esprit était envahi par encore plus de questionnement et de mystères… Par où réellement commencer avec autant d’incertitude sur ce qu’il lui arrivait.

Avant d’émettre quoi que ce soit, c’était Zero qui fit le lien. Comme s’il était devin. Le premier intéressé resta bouche-bée, ignorant ce qu’il pouvait dire face à aux inquiétudes que son interlocuteur venait de lui créer. Allait-il réellement halluciner? Après tout, il avait déjà l’impression d’être dans un rêve avec cette situation tirée d’un livre de science-fiction.
Il n’avait d’autre choix que de s’y plier. Il hocha simplement la tête avant de tourner les talons pour se diriger vers la pièce qu’était le salon. Il revint cependant sur ses pas déposer le dessin qu’il avait gardé en main. Il le déposa exactement où il l’avait pris. Cette fois, c’était bon. Il se positionna sur l’un des deux divans disposés dans la pièce en attendant que le second homme faisait ce qu’il avait à faire.
236 ressentait en lui une envie de juste crier. Il refoula ce désir puisqu’il ne voyait en aucun cas ce qu’il pouvait bien lui servir de le faire. Crier et ensuite quoi? Il sera toujours là dans ce logement. Il aura aussi Zero qui allait penser qu’il était fou. Déjà il semblait avoir bien des informations à lui donner. Autant ne pas le faire fuir et rester bredouille.

Feat @H02-0

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Où est-ce que j'ai foutu ce fichu carnet... non... non... définitivement pas là... ah tient il était là ce crayon!? Oh... hum... non... une feuille vierge sinon... Ouais non plus de chance de trouver un carnet vierge... Ah! Je suis con! Sous le lit, ils sont sous le lit! Les papiers volent et les piles s'entassent alors que je cherche un nouveau carnet pour la bonne cause. Puisque quitte à devoir expliquer tout ce bordel à un nouveau venu je me dis que ce ne sera pas perdu de garder les dessins dans un carnet à part si j'ai besoin de recommencer un jour. Ce que je n'espère pas trop en réalité parce que ouais non je ne me sens pas réellement le niveau du bon professeur pour expliquer tout ça sans faire fuir la personne du même coup. Il faut dire que j'ai une tendance naturelle à faire fuir les gens déjà de base parce que je suis un peu... trop... enthousiaste sans raison? Enfin, j'imagine que c'est ça ou les discussions sur les oranges mutantes. Dans tous les cas ça ne fait assurément pas de moi une personne qualifiée pour expliquer tout ça à un nouveau venu, mais hey si celui-là c'est mon coloc en plus il faudra bien faire avec et juste... m'élancer en espérant que ce sera un moindrement glorieux et pas juste l'équivalent d'un poulet qui fait un vol plané avant de se casser la figure sur le sol parce qu'il a oublié qu'il ne peut pas voler. Je ramasse donc le dit carnet et quelques crayons en m'empêtrant un peu les pieds dans tout le bordel pour finalement retourner auprès de celui qui n'a toujours pas de nom. Déjà faudrait que je le rassure sur ce point parce que je me souviens bien de la tête que j'ai fait quand Friday m'a balancé son... Friday et que j'ai bug comme un con parce que merde c'était bien loin de mon petit nom à moi. Je prends place sur le canapé sur lequel lui ne se trouve pas, ouvrant le carnet et crayon à la main. « Ok alors déjà, je sais que c'est horriblement moche, mais les numéros que la dame elle t'a donné au réveil c'est en quelque sorte ça ton nom. J'ai dit Zéro, mais c'est pas totalement ça mon nom en fait. C'est juste moins long et plus simple. Sur le long c'est... euh... H02-0. Voilà. Donc au plus simple bah c'est Zéro. On fait tous un peu ça. Sinon il y a des gens qui ont un nom plus cool parce qu'ils l'ont décidé alors toi aussi on peut t'en trouver un si tu veux. Moi j'ai pas encore trouvé, mais ça viendra. Zéro c'est pas si mal quand on y pense. » Dit celui qui s'est pris la tête et le fait encore avec mon stupide principe de patient zéro et de mutation et de merde ma tentacule a pas encore poussé!.

Je commence à griffonner sur le papier en continuant de parler. « Alors hum... comment dire... on est plusieurs dans cet endroit. Ça s'appelle la Ruche. Je sais pas pourquoi parce que clairement on a pas la gueule d'être des abeilles et aux dernières nouvelles il ne nous sort du miel de nulle part. Et... on est tous amnésiques. Personne se souvient de rien alors ça c'est normal en quelque sorte. Tu verras on se fait à rien savoir. Suffit de s'occuper un peu et ça va. On a une bibliothèque et des machines de sport oh et tous les crayons et trucs trop cool d'art! Pour le moment personne est mort alors... ça devrait aller. J'imagine. Je sais pas. On sait pas grand chose en fait. » Je tourne le carnet dans sa direction pour lui montrer le dessin d'Aleksa que j'y ait fait parce que s'il y a bien une chose dont il doit être au courant c'est le danger que représente cette folle psychopathe trop joviale en permanence! « Ça c'est Aleksa. C'est la voix qui te dit bonjour TOUS LES MATINS. Faut pas l'approcher de trop près elle est vilaine. Elle fait genre que non et qu'elle est gentille, mais elle l'est pas du tout. » Quoi d'autre... Assurément je vais lui faire peur avec tout ça c'est pas possible à tout lui balancer comme si c'était le truc le plus normal du monde... hey merde. « Mais ça ira t'en fait pas. Je sais que c'est beaucoup et que c'est pas super rassurant, mais tu verras c'est pas si mal quand on s'y fait. C'est... juste... un peu morne et blanc. » Hum. Je continue de gribouiller dans le carnet pour finalement détacher la page et la lui donner, lui offrant un petit plan improvisé de l'endroit. « Tient comme ça tu pourras pas te perdre. »

Perdu dans tout ceci, H04-236 entendit les feuilles bougées dans la chambre de Zéro. Était-il toujours aussi chaotique dans sa manière de chercher quelque chose? Mais c’était le moindre de ses soucis. Il pouvait bien faire un boucan s’il le souhaitait, tant qu’il ne terminait pas à venir l’agresser par la colère de ne pas retrouver l’un de ses biens ou de l’accuser à travers de lui avoir volé.
Mais rapidement, il revint vers lui avec un carnet et un crayon. Toujours silencieux, il laissa son nouveau coloc prendre la parole et lui lança un monologue de la mort. Déjà pour son nom, bah c’était un numéro même si ça ne faisait aucun sens pour le nouvel arrivant. Mais ce n’était pas comme s’il était en position de pouvoir démentir l’intelligence artificielle. Il lui expliqua aussi que son nom à lui était quelque chose de semblable au sien. Avec quelques différences, mais il sembla avoir une logique. Comme s’ils étaient de simple numéro. C’était tout de même ironique qu’en fait, cet homme se dévouât à lui fournir des informations et répondre aux mieux à ses questions, mais d’autres interrogations émergèrent dans la tête du tatoué.
Allait-il lui aussi finir par raccourcir son espèce de matricule pour que ça fasse moins long? Il n’avait pas eu la chance d’avoir un chiffre aussi court que Zéro…

Alors qu’il pensait déjà avoir reçu le big plot twist de la situation, voilà qu’une bombe encore plus grosse lui tombe dessus.

— C’est quoi cette blague?! il n’avait pas pu s’empêcher d’émettre un commentaire cette fois. Tu me fais vraiment marcher là?!

Le premier réflexe qu’il avait était de dénier cet aspect de la réalité. Comment une communauté entière pouvait avoir perdu la mémoire? Qu’aucun de ces êtres humains ne pouvait se remémorer le moindre truc? Ils étaient dans un laboratoire ou quoi? C’était tout simplement hallucinant. Cependant, ça collait étrangement trop bien avec le fait qu’il devait accepter de se faire appeler par une série de chiffres au final.
Et on finit par se faire à ne rien savoir? Il ne pouvait pas être en plus grand désaccord. Il ignorait pourquoi, mais quelque chose en lui lui dictait que ce n’était qu’un mensonge. Même si tout était flou et qu’il n’avait aucune idée de comment il allait procéder, 236 avait une conviction ferme à ce sujet. Il ne restera clairement pas assis là à croiser les bras. Il allait percer les mystères de cet endroit, même s’il devait y consacrer plusieurs années de sa vie. Ce n’était pas comme s’il pouvait de toute manière se sauver à priori. Alors, autant rentabiliser son existence dans cette « Ruche ».
Il prit grand soin d’observer le dessin de celle qui m’a adressé la parole ce matin. « God que c’est un Dieu en dessin ce mec! » pensa-t-il, envieux. Il contenait toujours sa colère en lui, gardant sa mâchoire serrée sur elle-même. Et s’il en croyait les dires de celui qui l’informait sans trop lui donner la possibilité de bien tout assimiler, cette « personne » qui s’identifie comme Aleksa serait un peu la bad girl de l’histoire. Bon, ça pourrait fonctionner puisqu’elle s’identifie avec un nom au lieu d’une numérotation. Il accepte de le croire.
Il lui tendit finalement un plan dessiné des lieux. C’était flou pour lui puisqu’il n’avait aucune idée de ce à quoi ça ressemblait dehors. Mais en mettant son nez à l’extérieur du logement, tout cela devrait avoir plus de sens.

— Merci pour ça, dit-il avec sincérité, mais il n’avait pas encore terminé pour sa part. Tu dis que cet endroit est nommé la Ruche, c’est bien ça? Et que tout le monde se retrouve dans la même situation, avec un numéro qui leur est attribué et qu’ils ne se souviennent de rien?

Il tentait de récapituler du moins qu’il pouvait avant de s’embarquer sur un autre chemin d’informations en vrac.

— Ce n’est pas parce que tout le monde est amnésique que c’est normal, non? J’ai de la misère à croire qu’on puisse réellement s’y faire. Ça fait combien de temps du coup que tu es là? Et les numéros qu’on nous donne, ils ont un sens?

Feat @H02-0

I CAN'T FIGURE THIS OUTH02-0 & H04-236

Si seulement c'était une blague. Ça aurait été tellement plus simple non de tout lui balancer pour ensuite faire Hey suprise! C'est caméra cachée et on t'as filé un truc pour ta tête. T'en fait pas ça va revenir rapidement. Les caméras sont là, là et là.? Sauf que non. Tout ce merdier est bien réel et je suis là depuis assez longtemps pour savoir que s'il y a des caméras elles prennent leur temps pour nous balancer tout le fake de la chose. Il y a de quoi hurler, il a de quoi stresser, et si de mon côté je n'ai pas eu la chance... ou la malchance je sais pas trop... d'avoir un coloc direct, je sais que merde j'en ai bavé les premières journées. J'en ai bavé et j'ai fuis comme on con qui fermait les yeux la moitié du trajet en espérant que ça me donnerait un petit feeling de téléportation, mais c'était pas tout à fait au point. Vraiment, s'il n'y avait pas eu Friday, parfois je me demande ce que je serais devenu. Probablement que je serais le cinglé aux dessins, plutôt que le cinglé aux chats comme on semble pas avoir de chats dans les environs non plus... sauf s'ils sont mutants comme les oranges et les écureuils et attendent juste le bon moment pour apparaître POUF comme par magie... j'en était où... Ah ouais, cinglé. J'essaie donc quelque chose avec lui en quelque sorte sans savoir si ça va réellement fonctionner de simplement tout lui balancer dans la gueule tout d'un coup comme ça pour aider à juste assimiler le bordel. Avec de la chance il va se rouler en boule dans un coin quelques heures et après ça ira mieux. Dans le pire... je vais... essayer au mieux de l'aider? Je sais pas. Je sais même pas si je suis doué pour aider les gens. J'essaie juste bien fort en apprenti super-héros que je m'efforce d'être, parce que clairement je dois passer plus de temps à tester le sport avant de pouvoir prétendre aux costumes qui moulent bien les muscles! BREF. J'avais simplement secoué négativement la tête à son commentaire avant de continuer de lui vomir mes détails, lui parler de la diabolique... je ne sais quoi qu'est Aleksa et lui filer un plan de l'endroit avant même qu'il n'ait posé le pied dehors. Après ça... je devais reprendre mon souffle, mais surtout le laisser parler un peu aussi j'imagine. Ça faisait parti de ces normes sociales que j'avais tendance à écraser sans trop m'en rendre compte parfois.

Je souris à son remerciement, refermant mon livre en l'écoutant récapituler sommairement tout mon blabla et acquiesçant de la tête à tout ceci. La balançant ensuite mollement d'un côté à l'autre lorsqu'il soulève la normalité de la situation. C'est difficile de répondre à ça. Bon déjà parce qu'on en sait rien de ce qui est normal ou pas comme ON SE SOUVIENT DE RIEN et aussi parce que assurément en terme de normalité je suis loin de la cible alors clairement je suis pas la meilleure personne à qui poser la question. « Écoute franchement je sais pas. On est tous comme ça, on arrive tous comme ça avec notre petite tête vide et notre petit numéro alors j'imagine que dans les environs c'est normal, mais sinon... je sais pas. Je sais rien. Je crois que quelques personnes se souviennent de trucs, mais c'est peut-être des mensonges ou des rumeurs. J'en sais rien. » Je hausse les épaules en jouant de mon crayon avec mes doigts en essayant de compter au mieux... et... je réalise que je n'ai pas trop gardé le compte en fait. C'était probablement plus rassurant comme ça. « Je sais pas trop... hum... Ça fait plus d'un mois je crois... peut-être deux... J'ai pas vraiment compté. Je sais que certains le font et hum certains étaient ici depuis un bon mois avant que moi j'arrive alors ça commence à faire un moment. Et les numéros je sais pas trop non plus. Je croyais qu'on m'avait filé le zéro parce que j'étais genre le patient zéro d'un truc, mais aucun super pouvoir ou excroissance louche à signaler alors je sais pas trop... Je suis un peu maladroit aussi remarque alors c'est peut-être juste ça... J'en ai aucune idée. »

Je me racle la gorge et dépose finalement mon carnet et mon crayon sur la table basse. « Je sais que c'est beaucoup à assimiler et que c'est pas facile de juste faire 'oh ok parfait je vais vivre ma petite vie', mais on a pas trop le choix je crois. On a pas de tâches à faire, on a... quelques règles, mais rien de trop dérangeant. En gros on bouffe, on s'occupe et on dort. C'est certain que l'endroit est pas fun, mais bon ça pourrait être pire que ça comme planning. Je te ferai visiter si tu veux comme ça tu seras pas seul. Et hum... t'as d'autres questions peut-être? Je peux pas promettre d'arriver à répondre à tout, mais je vais essayer! »

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