New wardrobe [LIBRE]

Come as you are

Si j’avais beau être du genre patient et à prendre les choses comme elles venaient – en tout cas j’avais l’impression d’être comme ça – ce blanc monochrome me tuait les yeux. Et puisqu’Aleksa m’avait confirmé qu’il était hors de question de repeindre les murs ou d’y coller un pseudo papier peint, et de même pour les meubles, la seule façon de mettre un peu de couleur, c’était de customiser les gens. Bon je pouvais aussi balancer des tubes de peintures à la tête des gens, mais allez savoir si ça ne serait pas considéré comme une agression. Nan le mieux c’était encore de colorer des vêtements et de se fabriquer des accessoires. Comme un sac par exemple parce que j’avais les poches pleines de saloperies et que ça faisait des bosses douteuses – alors que je le jurais votre honneur, c’était pas du tout ça pour une fois, enfin disons la plupart du temps. Du coup j’avais pris autant de vêtements que possible dans ma commode que j’avais apporté près des armoires avec la peinture au rez-de-chaussé. M’adressant sans vraiment regardé à la première personne venue, je lui demande de me surveiller les affaires en attendant que je revienne. Ce que je fis, ramenant une nouvelle fournée de fringues, piquées dans des logements a priori inhabités, je fis plusieurs allez retour de la sorte, mon dernier voyage me permettant de ramener autant que je le pouvais de rasoirs, ciseaux, élastiques, rouleaux de pq, pansements, brosses à dents, tampons hygiéniques et même verre en plastiques.
Une fois fait, je sortis peintures, feutres, fusains et autres, et m’installai sur un des fauteuils présents. Puis à haute voix, je dis : « Bon avec tout ce bordel, je dois bien pouvoir réussir à faire un sac. Et peut-être aussi une écharpe tiens, ça manque d’écharpes. Et de chapeaux. ». Je retins de justesse un « et de pornos » puisque l’idée c’était de rameuter des gens, pas de les faire fuir. Ouais j’avais assez de solitude dans mon appartement et pas de télé, alors on faisait comme on pouvait. Puisque peut-être qu’amené un vent de créativité pousserait certains à commettre des infractions. Et je voulais savoir ce qui arrivait – sans en faire les frais. C’était pourquoi je déchirais des habits en mode atelier de création, pour essayer de me confectionner des accessoires. Je me sentais pas vraiment l’âme d’un artiste, mais j’avais déjà quelques idées ce qui me laissait supposer que j’étais débrouillard par défaut.

Come as you are

Mon idée finit par rameuter une charmante jeune femme, qui s’installe sans chichi à ma table, et qui semble visiblement surexcitée à l’idée de se lancer dans la création d’accessoires et autres. Je lui souris, et me retiens de lui faire remarquer que pour accrocher un tableau dans sa chambre, il faudrait d’une façon ou d’une autre amoché un petit peu le mur, et que c’était contre les règles. Déjà parce que je suis pas son père … enfin je crois pas. Enfin bref, je suis pas là pour lui filer des ordres ou veiller sur elle, et en plus ça aurait gâcher l’ambiance. A la place j’attrape les tampons et commencent à leur retirer leurs fils en coton, dans le but de les utiliser pour coudre. C’est à ce moment que ma compagne d’infortune rapporte son attention vers moi, après avoir commencer à se mettre à l’œuvre. Lui offrant mon plus sourire en retour, je lui réponds : « Ravi de te rencontrer ma beauté. Moi je suis H01-69, parait-il. Au moins, on ma refilé un matricule un peu funky. Et j’espérais que mon idée plairait, c’est plus drôle de travailler à plusieurs. ». Sans aucune gêne, je la détaille, interrompant temporairement mon travail. Son surpoids ne gâche rien à sa silhouette, que je trouve attirante, et les tatouages, que j’entrevois sur ses avant-bras laissent supposer – en plus de ce que j’avais déjà pu observer – une personnalité excentrique. D’instinct je sens que je vais bien l’aimer – et mon entrejambe approuve. Je reluque encore quelques longues secondes, histoire de satisfaire ma mémoire, entre autre, et reprends mon activité de dépeçage de tampon, me faisant une petite pile de fils en coton, et je laisse passer un moment, avant de reprendre  sur le ton de la conversation : « Donc jolie 215, tu es là depuis combien de temps ? Parce que c’est seulement mon deuxième jour ici, et je connais encore peu de gens, j’ai juste compris qu’on était tous amnésiques. ». Bon j’avais appris un peu plus que ça, mais je préfère jour les ignorants et la faire parler. Pas que je pense qu’elle sache quoi que ce soit de particulier, mais ça ne fait pas de mal de sonder un peu le terrain. Enfin même si pour être franc, il n’y a pas que ça que j’aimerais sonder. Dans l’immédiat cependant j’ai un sac à fabriquer, une jolie brune à faire parler, et ma troisième jambe va devoir attendre que j’ai plus de temps à lui accorder.