Nous avons pris la très difficile décision de fermer le forum en date du 18 octobre 2020. Merci à tous pour ces beaux moments passés en votre compagnie. On vous aime tout plein! <3
They will not force us They will stop degrading us They will not control us We will be victorious
Rise up and take the power back, it's time that The fat cats had a heart attack, you know that
Parmi les abeilles de la Ruche - une appellation dont Jezabel n'avait en aucun cas conscience - il y avait quelques stars, à n'en pas douter. Des figures incontournables si l'on voulait bien, des séries de chiffres remplacées par des surnoms qui occupaient toutes les lèvres à chaque fois qu'un évènement important se produisait. Doc, pour commencer, d'une solidité sans son pareil. Mais aussi d'autres, les fauteurs de trouble en chef, les irrémédiables rebelles. Les plus hargneux. La jeune femme avait donc bien entendu parler de Rouky, le loup blanc comme l'appelait 07 entre deux crises d'apoplexie, et elle avait lentement, parce qu'il lui fallait du temps, fomenté en son esprit un plan d'attaque après avoir entendu parler des exploits de la flamboyante tête rousse. Ou brune. Elle se foutait bien de la couleur de ses cheveux à vrai dire.
C'était pour cela qu'aujourd'hui, toujours accompagnée de son fidèle couteau suisse renommé Gonzales, elle se dirigeait d'un pas déterminé vers l'espace salon, le coin où étaient réunis livres - dont la Bible qu'elle avait utilisé pour se renommer en la fameuse Jezabel, figure provocatrice et mauvaise, manipulatrice et fomentatrice et forcément trop cool à ses yeux, mais également les canapés où elle avait cru repéré la tête dont elle avait besoin. Elle avait tout prévu bien sûr, la façon qu'elle aurait de se présenter, son assurance, le moindre détail. Comme si cette rencontre forcée pouvait mal tourner. Eh. Elle se para de son visage le plus avenant, les commissures des lèvres à peine relevées, ses yeux noirs cherchant toujours une faille, le reste de son visage impassible et occupé à ne rien trahir. Elle s'affala dans le canapé à côté de sa cible et se tourna vers lui.
- Salut.
C'était bien salut. C'était genre bonjour en plus relax, une salutation pas super sérieuse, de quoi entamer la conversation. C'était encourageant, salut. Jezabel n'attendit pas la suite et continua.
- C'est toi le gars qu'a explosé sa montre pas vrai ? Et la fontaine ?
Elle en avait entendu parler évidemment, et les questions étaient parfaitement rhétoriques. Elle n'était pas le genre de personne à tourner autour du pot cent cinquante ans de toute façon, alors autant aller droit au but dès le départ. Elle attendit donc presque poliment qu'il témoigne d'un quelconque signe de vie avant de continuer.
- J'voulais savoir... Il s'est passé quoi après ? T'as eu des... représailles ?
Elle joua des sourcils d'un air interrogatif. Elle voyait bien qu'à présent, il ne portait toujours rien au poignet, ce qui ne signifiait qu'une chose : soit on lui avait enfoncé un micro dans les tréfonds, soit les seuls ennuis qu'il avait subi étaient de nature non dangereuse. Une mise à l'écart, pffeuh. Fallait pas être bien solide pour s'effondrer après une simple mise à l'écart. Enfermée pour enfermée, elle apprécierait d'autant plus qu'on n'écoute pas le moindre travers dans sa respiration, et elle avait la désagréable sensation que la montre servait à récolter plus de données qu'elle n'y paraissait au départ. Elle voulait s'en débarrasser. Si fort. En fonction des réponses de son comparse, cela pouvait arriver vite... Ou peut-être s'abstiendrait-elle. Il fallait la jouer fine après tout.
Elle se renfonça dans son siège et se tortilla légèrement. Si préoccupée qu'elle en avait oublié de se présenter. Elle fronça le nez et se dit qu'après tout, l'information n'était pas nécessaire ni urgente. Elle n'était qu'une inconnue de plus pour lui, tout comme il n'était qu'un inconnu de plus, compagnon d'infortune.
Le coin salon, Rouky ne l'aime pas beaucoup. Y'a comme un truc dans l'air, une ambiance, l'impression que s'il s'écrase sur l'un des canapés que pour squatter et végéter, y'a les bibliothèques qui le fixent, qui le jugent. Et se faire juger par une bibliothèque, c'est pas cool, c'est très bas. Et ça l'emmerde le rouquin. Non pas qu'il soit rendu parano au point de s'imaginer être en train de se faire observer par un meuble, mais quand on n'a rien à faire, on n'a rien à faire. C'est actuellement sa réalité, il se fait chier, il sait pas quoi faire de sa peau, il a déjà tout essayé, il est certain d'avoir fait le tour de sa vie, d'avoir l'expérience d'un vieux de 99 ans, qu'il a tout vu, tout vécu, tout parcouru, chacune des tuiles du plancher de céramique de cette ruche. Il est prêt à clamser, vieillard qui est arrivé au bout de son chemin, peut-être que la seule chose qui lui reste vraiment à faire, c'est de sauter du haut du balcon et vérifier si les roux peuvent voler, ou accessoirement, si la ruche interviendra d'une quelconque façon pour l'empêcher de mourir. Pourtant, il n'est pas suicidaire non, n'allez pas vous imaginer un tel extrême, il s'ennuie c'est tout et son cerveau ne sait plus dans quoi mordre pour le garder divertie. Sans doute pourquoi il a récupéré un bouquin dans les stalkeuses de bibliothèques, pour tromper les faits. Pour qu'on ne le juge pas, à rester là, assis sur son cul à ne rien faire du tout. Ce qu'il fait? Il fait semblant de lire, parce qu'il ne va surtout pas s'emmerder à le faire pour de vrai. Bouquiner pas son truc, pas assez actif, pas assez chaotique, pas assez problématique. Tourner les pages, observer les mots, ça le captive pas vraiment non plus, mais pour l'instant, il s'y consacre, alors que son esprit est ailleurs, en train de chercher une idée, en train de chercher n'importe quoi pour le divertir, ou une illumination qui le mènera en dehors de cette prison et mettra fin à cet intolérable confinement qu'il ne supporte plus.
Et là, c'est le miracle, la bonté divine qui tombe du ciel pour venir le sauver des entrailles de son enfer personnel. Une fille déboule près de lui, s'installe sur le canapé à ses côtés et s'il en juge le regard de cette dernière qui se pose sur lui, c'est bien pour sa poire qu'elle est venu et non pas pour tester l'inconfort de ces gros moches de canapés. Puis tout ceux qui connaissent Rouky, savent déjà bien à quel point il aime avoir de l'attention. Nul doute qu'il apprécie particulièrement cet imprévu. Une seconde, c'est tout le temps qu'il prend avant de se désintéresser complètement de son bouquin pour poser son regard noisette sur la jeune femme et la scruter avec attention alors qu'elle le salut simplement, avant d'ajouter; - C'est toi le gars qu'a explosé sa montre pas vrai ? Et la fontaine ? Incertitude. Doit-il répondre oui, doit-il répondre non? Est-ce qu'elle lui demande parce que ça lui plait ou parce que ça la fait chier et qu'elle a envie de lui casser la gueule pour avoir foutu les machines à bouffe en l'air avec l'eau de la fontaine? Puis au diable hein, il n'a jamais nié ses exploits jusqu'à maintenant et ne le fera certainement pas aujourd'hui. Il hoche la tête. « Ouais, c'est moi. Pourquoi? »
- J'voulais savoir... Il s'est passé quoi après ? T'as eu des... représailles? Il ne s'attendait certainement pas à cette question, une surprise qui le fait hausser les sourcils. Il continu de dévisager la jeune femme, non pas bêtement, mais bel et bien intrigué. Elle est sans doute la première qui lui demande directement des détails au sujet de ce qui lui est arrivé et qui semble y porter plus de curiosité que d'inquiétude. C'est bien non? C'est bien oui. Il le croit. Il hésite quelques secondes, jette un bref regard en direction des bibliothèques, toujours dans le soupçon qu'elles sont en train de l'observer, puis reporte son attention sur la blonde. « Oui, j'ai été envoyé...en prison je crois. » Il ne sait pas trop comment le définir autrement. « C'était pire pour le bracelet que pour la fontaine, même que la fontaine, c'était pas grand chose comme punition. » Trois jours à s'emmerder avec un plancher qui se défait, le fait de ne rien faire avait été beaucoup plus pénible pour lui que l'idée du risque de tomber dans un gouffre sans fond. « Pour le bracelet, je crois que j'ai été enchainé une semaine dans genre...une pièce super froide et j'ai rencontré le créateur. Ça m'a convaincu que j'ai bien fait de le péter. » Certes il a trouvé particulièrement dur cette semaine de torture, mais il y retournerait sans hésiter si c'était à refaire. Inconsciemment, il baisse les yeux vers son poignet dont les contusions de la chaine commencent lentement à disparaitre. Il se mordille la lèvre distraitement avant de regarder à nouveau la jeune femme. « Ce bracelet, je suis certain que c'est un outil pour eux, ça leur donne accès à notre corps et tant qu'on l'a...je suis presque sur qu'ils peuvent nous trifouiller autant qu'ils veulent, genre...foutre en l'air des trucs dans notre système. Je regrette pas de l'avoir pété, je me suis libéré d'eux, enfin, en parti. » Il marque un temps avant d'ajouter; « Même si c'est assez chiant pour manger maintenant. »
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