Now Open your eyes… (Sis')

Now Open your eyes…

✣ H04-417 & F03-714 ✣

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Vous connaissez peut-être cette étrange sensation de ne pas être dans votre propre corps. C’est parce que le cerveau fait face à une situation inconnue. Il prend en charge les données extérieures. Le temps d’assimilation peut prendre quelques minutes. Le temps aussi d’envoyer les signaux d’alerte. La tension intracrânienne, la lourdeur des membres inférieur, la sécheresse buccale sont autant d’indicateurs des besoins vitaux.

Il se redresse, lentement sur le lit, pas trop vite parce qu’il sent le vertige qui n’est pas loin.  La vue s’adapte peu à peu et les lignes s’immobilisent. Il froisse le droit qui est sous sa main. La texture l’interpelle car il n’a pas l’habitude d’une matière aussi neutre. Il observe cette pièce, avec son mobilier simple, deux autres lits identiques aux siens. Un malaise diffus s'empare de lui…  Avant qu’une pensée se forme clairement dans son esprit le corps donne sa réponse.

Le jeune homme penche la tête sur le côté et rend ce qui semble être le dernier repas qu’il a eu en tant qu’être humain libre. Les hauts de coeur durent quelques minutes. La marre pestilentielle révèle les derniers échos d’une autre vie.  Le garçon aux jambes flageolantes se transfère en bout de lit pour repousser l’odeur nauséabonde. Une sueur désagréable mouille alors la base de sa nuque. Les perles humides viennent sur ses tempes. Il relève les yeux, hagards au premier bruit qu’il entend.

Il voit une jeune fille qui est là sur le seuil de la chambre. Il l’observe alors qu’une impression familière le gagne et estompe un peu la confusion. Il cherche dans les yeux de cette fille. C’est @”F03-714”.  Il ne sait pas qui elle est. Pourtant, il pourrait jurer les grands dieux qu’ils se sont déjà vus. Où, quand, comment il ne peut le dire, car il vient de s’en rendre compte… Il a l’esprit vide. Il ne se souvient de rien.

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✣ H04-417 & F03-714 ✣

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Il regarde la fille froncer du nez. Il est d’accord avec elle l’odeur est nauséabonde. Il n’ose pas tourné son visage dans la direction de la flaque. Il est sûre que ça pourrait relancer l’envie de vomir. Il ne sait pas quoi répondre donc il ne dit rien. Il n’arrive pas à savoir si c’est normal ou pas tout ça. Il se dit juste que cette fille a l’air de gérer la situation. C’est tout ce qui lui importante pour le moment.

Il tend une main molle pour prendre le verre. Il l’approche de sa bouche. Il boit deux gorgées. Il sent que la fraîcheur de l’eau fait du bien. Mais il n’aime pas le goût de cette haute. Il trouve qu’elle est mauvaise, ou insipide. Il ne saurait pas définir ce qui lui manque exactement. Mais, il sait qu’il a goûté a mieux dans sa vie.

Il lève les yeux pour chercher la provenance d’une voix enregistrée. Il ne voit pas de hauts-parleurs. Il n’a même pas compris ce qu’elle vient de dire. Il pose son regard sur @”F03-714”. Elle sort une phrase de bienvenue qui tombe à plat. Il ne saisit pas ce qui se passe. Il n’a pas idée. Il sent encore l’acidité dans sa trachée. Il sent la sueur dans son cou.

_ ”Quoi ? ” Il n’a rien d’autre à répondre à ça. Il cherche un sens à tout ça dans les yeux de cette fille. Il trouve qu’elle est posée. Il trouve qu’elle dégage un truc calme. Il a une impression de sécurité qui vient d’elle. Il se dit qu’elle va être d’accord pour l’aider à savoir… Il finit le verre. Il a une grimace de dégoût un peu puérile. Il se moque bien de ce qu’il montre ou non. Il est complètement désorienté.

_ ”On est où ? Qu’est ce que je fais là ? ” Il a la voix pâteuse. Il est blanc comme un lépreux. Il a aussi beaucoup de questions qui fusent. Il ne peut pas paniquer avant de savoir ces choses-là.

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✣ H04-417 & F03-714 ✣

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417 s’enfonce dans le lit. Il plaque son dos au mur blanc. Il a mal à ce dos d’ailleurs. Une douleur palpite doucement au centre des la colonne. Quelqu’un qui a passé trop de temps assis. Il relève la tête mais la lumière trop vive du néon lui fait baisser les yeux pour se protéger. Tout est trop intense. Il regarde la fille qui nettoie ses traces. Il hésite à dire quelque-chose pour la remercier. Il ne sait pas quoi dire ou comment le lui dire. Il ne dit rien donc.

C’est elle qui commence à parler. Lentement, elle donne des réponses. Il se concentre sur sa voix. Il tente vraiment de comprendre tout ce qu’elle lui dit. En même temps il trouve dans ses intonations une impression familière. Il scrute son profil, avec ces cheveux blonds et ce menton. Il se rend compte qu’elle dit la vérité. 417 ne trouve rien dans sa mémoire.

_ ”Mais comment je suis arrivé là ? ” Il la quitte des yeux pour contempler la pièce. C’est propre, vide, sans rien pour indiquer où ils sont exactement. Il a de nouveau une montée de malaise parce qu’il commence à intégrer la réalité. II est amnésique dans un lieu inconnu. ”Mes parents sont là ? ” Il se dit, bêtement, que tout le monde est à la même enseigne.

_ ”Tu es là depuis longtemps toi ? ” Il a le front plissé. Il a une barre de douleur au front. Il a du mal à accuser le coup. Il ne se souvient déjà plus des numéros qu’elle vient de lui dire. Il voudrait se lever pour aller voir de ses yeux comment cela est à l’extérieur. Il a peur en même temps de constater que tout ça est bien vrai.

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Le jeune homme fixe les lèvres de l’interlocutrice bouger. Il se figure qu’il a déjà vue cette fille parler… Non ? L’impression de “déjà vu” embrouille la donne. Il la trouve gentille et jolie aussi. Il sait pourtant qu’il doit essayer de se concentrer. Il procède pour mettre en ordre les informations qu’elle lui donne. Il ne trouve pas ça évident. Le cerveau vide se rempli d’images angoissantes. Il voit le tableau qui se fait lentement dans sa tête. Il voit les lignes d’une apocalypse.

_” Personne ne se souvient de rien ?” 417 a clairement du mal à appréhender la réalité de sa situation. Il lance un regard atterré à la blonde car le principe d’un nouveau “départ” est très trèèèèèès loin de ce qu’il éprouve. Il trouve qu’elle a de la niak à voir les choses comme ça, mais il ne le dit pas. ll ne veut pas passer pour un trouillard... ” C’est un truc de dingue... ”

_” On va être ici combien de temps ? ” Il n’aime pas du tout l’idée d’être enfermé. Il n’a rien d’un animal! Il ne veut pas lui montrer sa peur non plus. Il a plutôt envie de l’impressionner. Il se dit que c’est une meilleure motivation. 417 se sent faible des jambes. Pourtant, il a une forte envie de s’échapper avant même d’en savoir plus. Il a la sensation qu’il ne va pas être en sécurité dans cet endroit.

_” Des quoi ?” Le garçon n’est pas sûre d’avoir entendu. Il trouve le mot bizarre. Il trouve que le rire de 714 est frais et naturel c’est un son rassurant. Il se dit qu’elle est plus forte que lui et vraiment qu’elle a un joli sourire… Il est avec une fille sympa qui a l’air de s’en sortir. Il doit bien pouvoir réussir lui aussi! 417 cherche en lui du courage pour ne pas se dégonfler. Il se met sur ses pieds malgré son état cotonneux. Il essaye de trouver des raisons pour sortir de cette chambre. Ne serait-ce que pour savoir de quoi elle lui parle. Parce qu’il n’a pas tout compris.

_”Tu peux me montrer ? ” Il a un sourire, enfin ! Un sourire de demande parce qu’il sait que sans personne pour le guider, l’aider, tout ça serait encore pire. Il ne connaît cette fille que depuis dix minutes mais pour le moment c’est le meilleur allié qu’il a sur toute la planète. 417 se dit qu’il a de la chance et qu’il ne doit pas la lâcher… d’autant que 714 a l’air de savoir bien ce qu’elle fait. Il va tout apprendre d’elle. Il n’a pas tellement le choix pour le moment.

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417 prend le négatif comme il vient même si c’est très loin de le mettre en joie. Il doit donc se préparer à être dans cette situation pour un bout de temps. Il ignore ce qu’il peut faire de tout ça. Il est amnésique donc on peut lui dire n’importe quoi sans qu’il ne le sache.

_” Genre… plusieurs… jours ? semaines ? ” Il se dit qu’un état pareil ne peut pas durer plus qu’une quinzaine de jours au grand maximum. Trois semaines en poussant un peu. Les gens ne tiennent pas enfermés ensemble plus longuement. Ou alors c’est qu’ils sont dans une prison. Il préfère se dire que ça ne va pas jusque là. Il se donne un peu plus d'assurance pour ne pas trop inquiéter la fille.

_” Heu ouais ouais, ça va. Merci… Okay… Mais pourquoi des “abeilles” ? On doit faire du travail à la chaîne ? On récolte ? ” Il se demande d’où peut sortir cette appellation. Il ne voit pas bien le lien entre le fait de ne pas avoir de mémoire et celui de produire du miel. 417 espère surtout qu’il ne va pas être obligé de travailler. C’est quelque-chose qui ne lui fait absolument pas envie. Il n’est pas prompte à l’effort.

_” Okay. Ca veut dire que y a pas mal de chambres ? Je vais les voir quand les deux autres ? Tu les connais ? ” Ils sortent dans un couloir. 417 regarde des deux côtés. Il a un bon sens de l’orientation. Il a plutôt vite une idée des proportions. La Ruche n’est pas super grande. Il approche du panneau digital. Il lit d’un coup d’oeil les deux premières règles du règlement intérieur. Les formulations sont limpides et présage d’un cadre stricte. Le conseil de sa guide n’est probablement pas idiot. Il peut voir les conditions plus tard. Surtout que tant qu’il ne les sait pas parfaitement il peut encore avoir de la marge et rester dans un flou libérateur. Il tourne donc le dos au panneau d’information.

_” J’ sais pas… Je crois. Ouais. Faut bien que je vois, non ? ” 417 sourit à la jeune fille avec une assurance toujours exagérée. Mais il avance de lui-même vers la porte suivante. Il veut lui prouver qu’il est prêt pour découvrir le revers de cet endroit. Il a du mal à voir comment peut être le reste. Il a plus l’impression d’être dans un hôtel classieux de Chicago. Le type d’endroit où il a probablement mis les pieds un jour même s’il ne sait plus quand, comment, ou avec qui. ” Allons voir ça.” Il cherche comment fonctionne la porte. ” J'ai juste une question encore. On se connait pas de quelque part ?”

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Le jeune homme a un silence choqué. Il ne s’attend pas à de l’humour aussi noir. Maintenant il se pose même la question. Est-ce qu’il a des morts dans cet endroit ? Est-ce que les gens sont tués ?

_” T’en es sûre ? ” 417 pose la question sur un ton hyper sérieux. Il fait flotter un silence trois secondes et ensuite il sourit. Bah, oui, lui aussi peut blaguer. Il est prêt à parier que si des gens mourraient ici quelqu’un s’en serait rendu compte. ” Tant qu’on mange bien. On mange bien ? ” Il n’a pas encore faim. Mais, il sait que ça viendra. S’il doit vivre enfermé autant qu’il y ait de quoi compenser.

Au moins ils n’ont pas l’air d’être au travail forcés ici. 714 porte tout de même la même tenue que lui. Même si personne n’est prisonnier il y a des uniformes. Les uniformes, les matricules, les règles, cela fait beaucoup de choses. Une centaine de personne qui vivent et cohabitent dans cet endroit. Pas une seule personne qui a tenté de partir d’ici ? 417 n’y croit pas une seconde. Il se dit qu’il pourra trouver.

_” Toi tu fais quoi pour t’occuper ? ” Il peut avoir des exemples plus précis des activités. Ce qu’elle fait pourrait l’inspirer. Pour l’instant, il imagine plutôt des trucs chiants. Le genre qui occupent les gens pour qu’ils ne réfléchissent pas trop. Il voit bien que sa question sur un supposé lien entre eux la dérange franchement. L’impression est donc partagée. Est-ce que c’est une bonne chose ? Il n’en sait rien. Il est curieux de voir le reste de cette ruche alors il ne force pas. Ils y reviendront peut-être à un autre moment.

417 suit, doucement, il approche de la rambarde. Il penche la tête vers le bas. Il a tout de suite un frisson à la vue du vide. Il sent même une sueur froide qui revient dans son dos. Il relâche la bar et recule de trois pas.

_” Heu ok. ” Il n’a pas du tout envie d’avouer qu’il a le vertige. Aussi, il regarde la boîte en verre. Elle lui inspire moyennement confiance. Il a les yeux qui dérivent en direction de l’escalier. ” On prend les escaliers ? J’veux dégourdir les jambes. ” Il dit un pieux mensonge car en vérité ses jambes sont faiblardes. 417 n’a pas non plus envie de passer pour une petite nature.

Il entame la distance qu’aux premières marches. Il ne se presse pas pour descendre. Il regarde de chaque côté, un peu partout, pour se faire une idée. Il note que tout est clean ici. C’est presque trop clean même et ça le met mal à l’aise. ” C’est… froid. ” 417 n’a pas de meilleur mot pour décrire ce qu’il a sous les yeux.

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_” Pu**** comme dans un putain de labo. ” 417 a juré sans même s’en rendre compte. Il regarde sa congénère comme si elle vient de lui annoncer une sentence injustifiée. Pour lui, ne pas avoir la main basse sur tout ce qui fait son plaisir gustatif est une des Plaies d’Egypte. Il imagine les légumes verts et les petites graines à la con dans son assiette et il a la moue. Il n’a pas les mêmes besoins que ses envies. Il va donc falloir qu’il trouve le moyen d’avoir quand même des douceurs dans la bouche. Il lui suffit de trouver deux trois personnes avec qui fait des échanges. Le troc alimentaire est vieux comme le monde.

_” Okay… ” Il ne se voit pas faire le hamster, ni dans la Ruche, ni sur un tapis roulant en particulier. Même chose 417 saisit tout de suite qu’il ne va pas pouvoir rester seul. Il sait que son premier objectif va être de rencontrer du monde. Il doit trouver des personnes avec qui “traîner” lui aussi. Son regard s’attarde sur le joli minoi de sa guide. Il n’a rien à perdre à tenter le coup. ” J’peux venir traîner avec toi ? Genre aujourd’hui ? ” Il sent bien que c’est une fille sympa. Il y a quand même de fortes chances qu’elle connaisse les cools. Ce sera une bonne introduction dans ce monde de fous.

En attendant 417 élude la question qu’elle lui pose en partant, d’un fugace sourire. Il n’a pas envie de lui répondre et non plus de trop s’attarder sur le fond du problème. Il sait juste qu’il devra faire attention à ne pas venir trop sur le bord. Il va devoir se faire ses repères. Ca prendra sans doute un jour ou deux… Autant ne pas penser à la première nuit pour le moment d’ailleurs.

Ils arrivent à la base centrale de l’endroit. 417 en vient à penser que le séjour va être très -très- long dans ce coin.

_” Animé ? Genre ? Vous faites des fêtes ? ” Il fait une petite rotation pour suivre son doigt des yeux. Il se met dans le bon axe à chaque nouvelle explication. Même s’il trouve que 714 y va comme une fusée, il fait un effort pour suivre jusqu'au bout. Il en conclut qu’il y a vraiment le minimum vital pour tenir un être humain actif. ” Y a une TV ? Des consoles de jeux ? ” 417 s’avance pas à pas dans le centre de l’espace. Il pose ses yeux sur tout ce qu’il peut voir. Il espère découvrir un grand écran plat avec de quoi s’éclater. Mais, il a comme un doute sur le fait que ça puisse exister dans cette “maison”.

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