Eyes Closed ||Killian Wolfe||

Je ne sais plus trop où j'en suis depuis la veille. Depuis que j'ai vu... Je ne sais pas trop ce que j'ai vu en fait ou plutôt je suis un peu dans le déni de ce que j'ai vu. S'il y a bien une chose que je n'avais pas envisagé c'est celle-là. Cette... finalité semblant nous faire un joli majeur pour nous dire que non jamais on ne va sortir d'ici parce qu'ici n'existe pas vraiment. Enfin, ici existe à sa façon. C'est le constat sur lequel nous avons stoppé nos suppositions avec mon colocataire de nuit lorsque je lui ai raconté le détail de ce qui a si violemment secoué mon esprit avant que je ne ressente cette effroyable douleur qui m'a fait verser des larmes que je n'aurais plus retenir. Des larmes de profonde douleur qui ont fini par s'estomper pour ne laisser que ça. Ce vide. Cette impression de ne plus totalement être dans mon corps et plutôt n'être qu'une carcasse qui ne sait plus où poser son esprit. Je n'ai pas trouvé le sommeil de la nuit, pas cessé de me demander ce que ça impliquait pour tant de choses. Soulagé sans l'être de certaines actions que j'ai pu poser. Perturbé de ce qui peut se trouver dehors et qui aurait nécessité ça, tout ça que je... Est-on seulement réels, nous, ou ne sommes-nous que le fruit d'un quelconque programme nous ayant inventé une vie? La souffrance et la douleurs sont elles réelles ou est-ce le simple fruit de quelques lignes de codes n'existant que pour nous faire souffrir? Beaucoup trop de questions qui remettent tant en question que non, je ne me sens plus réellement vivant ou moi-même depuis la veille. Je me sens comme une carcasse vide qui a trouvé un coin de canapé et ne l'a pas quitté depuis que je suis retourné dans mon appartement. Mettant en doute assurément la nécessité de manger malgré la faim, de dormir malgré le sommeil qui doit être estampé sous mes yeux en de glorieuses cernes. Oh j'ai bien pris une douche dans laquelle je me suis laissé couler je ne sais combien de temps, mais j'ai simplement retrouvé le canapé ensuite pour continuer de fixer ce point fixe qui ne mène nulle part. Qu'est-ce qu'on va faire?

C'est à peine si je réalise le message à ma montre, pinçant les lèvres en voyant qu'il provient de Percy qui demande s'il peut passer. Percy. Il faut que je le dises à Percy. Je ne peux pas simplement lui cacher ça même si ça risque de le paniquer. Ça risque de paniquer tout le monde même. Suis-je le seul à avoir vu ce que j'ai vu? Je n'étais pas le seul à avoir froid après tout alors pourquoi serais-je le seul à avoir vu ça? Il faut... que je lui dise oui. Il doit savoir, au risque de devoir essayer de le calmer au mieux ensuite alors que calme je ne le suis en rien moi-même. Je lui réponds donc que oui, il peut passer, me levant du canapé pour tourner en rond dans le salon sans réellement savoir comment je vais aborder le sujet. Il doit bien y avoir une raison à sa présence non? À moins qu'il ne veuille prendre des nouvelles... Ce mauvais grand frère que je fais c'est pitoyable.

Je me dirige vers la porte lorsque je l'entends y cogner, l'observant entrer pour constater que sa tête est toute aussi mal en point que la mienne. « Hey... qu'est-ce qui ne va pas? » Je m'approche de lui pour le prendre dans mes bras. Pas que je suis réellement très tactile comme personne en général, mais là j'en ai juste besoin. J'ai besoin de me convaincre que ça c'est réel, que nous sommes réels et pas seulement quelques vulgaires lignes de code dans un programme. J'ai besoin d'une présence sous mes doigts pour ne pas sentir que de l'air. « Il s'est passé quelque chose avec... Echo? » Il me semble que c'est ainsi qu'il l'a nommé. « Tu as encore froid? Tu va mieux? »