La bête et la mitraille [0] | Terminé

Le plafond n'a pas vraiment changé depuis que tu le regardes depuis les quatre-vingts jours et quelques que tu es arrivée dans cet endroit appelé la Ruche. Tu ne sais pas grand-chose de plus à ton sujet. Quelques informations, mais pas assez pour savoir qui tu étais complètement. Pas une boute-en-train, de cela tu en es certaine. Tu es 99, à défaut de te souvenir d'un surnom qui te plait plus, tu es architecte, tu es anglaise, que tu es une fausse blonde... et c'est à peu près tout ce que tu sais. Tu as des impressions, de vagues souvenirs, des déjà-vus, mais sans plus. Rien de très concret (sauf le surnom que tu n'aimes pas). Le plafond ne t'apprends rien, mais tu n'as pas envie de lire. Tu n'as pas envie de faire quoi que ce soit en réalité. Tout est répétitif et ennuyant dans cet endroit. Pourtant, tu aimes bien lire. Sauf que d'être obligée de le faire, c'est différent supposes-tu que de le faire par plaisir. Tu sais que tu vas t'y remettre, tu veux savoir ce qui va arriver au niveau de l'étrange pouvoir que les femmes ont développé. C'est une idée qui te plais assez. Une sorte de renversement de l'égalité. Tu ne penses pas que les méthodes du roman soient toutes conseillées, mais tu ne penses pas que l'auteure se soit trompée.

Tu regardes l'heure, tu soupires. Dix minutes ont passées, pas beaucoup de temps. Tu te relèves, regardes les plans que tu as pu faire de la Ruche que tu as scotché aux murs. Même cela, ça ne te tentes plus vraiment. Tu as fini de dessiner toutes les chambres. Toutes pareilles ; selon si elles sont à deux ou trois chambres. C'est désespérant. Tu ne sais pas plus ce qu'il y a derrière les murs qui fait en sorte que les chambres sont droites au lieu d'être rondes. Tu ne sais pas plus pourquoi il y a une différence de grandeur entre les étages. Des pièces... mais cela fait bien longtemps qu'il n'y a pas eu de nouvelles pièces. Des questions, pas de réponses, cela te chicotes. Trop de temps à passer. Tu sais très bien qu'en étant un peu plus sociable ou sympathique, les minutes s'égraineraient plus rapidement. Tu pourrais parler aux autres, apprendre à les connaître, mais tu n'en es pas fan. Tu as pourtant essayé. Sauf que même faire semblant, tu n'aimes pas. Ce qui te fait une sorte de qualité, si on veut. Tu fais des efforts parfois, en cas de besoin. Pas trop souvent non plus.

Tu te décides à sortir de ta chambre, puis de ton logement. Tu descends ensuite les escaliers lentement, au cas où il y aurait quelque chose qui serait arrivé et que tu n'aurais pas entendu. Il y a deux morts, une alerte de la part de Aleksa, une lumière rouge et tu ne l'as su qu'en lisant sur les lèvres quelque temps plus tard. Bon, tu aurais pu aller voir pourquoi la lumière était devenue rouge, mais tu t'es contentée d'aller sur le balcon sans ne rien voir de particulier. Avoir bougé un peu et tu aurais eu une plus belle vue des robots et des corps. Enfin, plus belle vue... tu ne sais pas trop ce que tu aurais pensé de voir des morts. À y penser, ça ne te fait ni chaud ni froid, mais en réalité tu ne sais rien. Tu te décides à aller dans le coin créatif, à t'installer et à essayer de dessiner autre chose que des bâtiments. À part ces derniers, tu n'arrives pas à grand-chose ; sauf quand il y a des formes géométriques. La plupart de tes dessins en sont réalité. Tu as à peine le temps de commencer que tu sens une main sur ton épaule. Tu te tournes. « Quoi ? » demandes-tu à Zéro, te préparant à une nouvelle diarrhée verbale. Enfin, nouvelle... tu ne lui as pas trop reparlé depuis ton réveil. Tu l'as insulté, tu ne sais trop comment, il l'a mal pris et il n'a jamais été très intéressé par la suite pour pouvoir rediscuter avec toi. Ce qui ne t'as pas trop dérangé, réussir à suivre tout ce qu'il peut dire t'es assez compliqué. Et long. Que ce soit au niveau de la lecture des lèvres ou encore de celle de ses mains. Étrangement, il est l'une des personnes dans la Ruche avec qui tu as le plus d'impressions de déjà-vus. Il est britannique lui aussi, la façon dont il utilise la langue des signes type de ta contrée l'indique. Ce qui n'est pas assez pour expliquer pourquoi tu penses le connaître malgré tout. Tu ne sais pas trop comment l'expliquer ou le prendre, vous semblez être tellement contraire... pourquoi vous vous connaitriez ?

Tu n'aurais pas dû sortir de ta chambre finalement, peu importe l'ennui que tu pouvais éprouver. Tu risques d'avoir le droit à des monologues sortis de tu ne sais trop où, avoir du mal à le suivre. Bon, tu as toujours l'option de pouvoir quitter n'importe quand. Tu n'es pas très polie et les convenances t'importe peu. Tu vas bien voir. Pour l'instant, tu es curieuse, tu te demandes vraiment ce qu'il fait là. Pourquoi il est venu te voir comme ça. Il avait besoin de se refaire dire qu'il n'a pas de cerveau ? Pardon, qu'il a été échapper par sa mère, ou quelque chose comme ça. Tu ne sais plus trop ce que tu as pu dire pour qu'il le prenne aussi mal. À moins qu'il ne se veuille se faire expliquer qui est Peter Pan ? Tu pourrais, tu as lu, cela lui correspond assez bien du peu que tu connais de lui. Si c'est le cas, il a pris plusieurs semaines avant de le faire. De toute façon, même si tu peux, tu ne sais pas trop si tu le ferais, tu n'as aucune raison de le faire. Surtout qu'il est capable de lire, il a été capable de t'écrire.

Finalement, il s'installe près de toi et s'intéresse à ce que tu dessines. Oh. Voilà. Un point commun. En quelque sorte. Vous n'avez pas le même genre de coup de crayon. Il n'a pas besoin de s'en faire à ce sujet, tu ne comptes pas faire compétition avec lui. « Autre chose qu'un bâtiment. » Tu n'as eu le temps que de tracer un ligne. Tu comptes essayer de faire une voiture, mais cela pourrait être n'importe quoi. Ce n'est qu'une ligne après tout. Si tu te fies à tes précédents essais, la voiture va ressembler à une idée de voiture, avant les finitions. Pourtant, tu es capable d'être plus subtile, seulement lorsque tu te mets à faire une bâtisse ou une autre. Tu ne devais pas vraiment te pratiquer souvent avant, cela ne te vient pas du tout aussi facilement que lorsqu'il a s'agit de commencer à faire les plans de la Ruche.

Pas trop eu le temps d'en parler... c'est le cas. Tu ne le savais pas que tu étais capable de le faire. Après tout, tu venais de te réveiller. Quoi de plus normal. Et ensuite, même si tu as été un peu partout pour bien reproduire la Ruche, peut-être qu'il n'a juste jamais été ou là. Ou bien qu'il a un détecteur anti-99. Ou encore que dès qu'il te voyait quelque part il allait voir ailleurs si tu y étais. « Effectivement. » Ce qui n'indique toujours pas ce qu'il fait là en ce moment. Tu t'apprêtes à lui demander pourquoi il est venu te voir lorsqu'il continue de parler. Tu fronces des sourcils. Vilaine ? Hein ? « Vilaine ? » Tu as été vilaine quand ? Vous n'avez vraiment pas le même genre de souvenirs en tête. Il l'a assez mal pris ce que tu lui as dit lors de ta première journée, mais tu ne pensais pas que cela ferait de toi quelqu'un de vilain. Tu n'es pas une héroïne, pour continuer dans sa lancée, c'est certain. Tu es plus quelqu'un qui se fiche bien des combats entre les vilains et les héros. « Tout n'est pas que blanc ou noir. » Il y a beaucoup de nuances de gris. La tienne est peut-être assez foncée, mais tu ne penses pas être une si vilaine que ça. Peut-être que oui. Tu ne sais pas trop. N'empêche, il voit la vie assez simplement s'il pense que tu l'es après seulement une rencontre. Il a sûrement besoin d'y apporter un peu plus de nuance.

Avec ce qu'il dit, c'est encore plus louche qu'il soit venir te voir de cette façon. « Pourquoi tu viens me voir si tu veux pas gâcher ta joie ? » Après tout, il y a de très fortes chances que cela arrive à un moment ou à un autre. Tu comprends encore moins pourquoi il est venu de te voir s'il est tant de bonne humeur que cela. Ce n'était pas comme si tu es reconnue par ta joie de vivre. Tu es certaine que si tu souris, ton visage va craquer. Tu peux esquisser un sourire, mais un vrai grand sourire... tu ne t'es pas encore surprise à en faire un.

Ta réponse ne semble pas être très claire pour Zéro. Pourtant, tu ne vois pas trop comment la rendre plus claire que cela. Tu essaies de dessiner autre chose que des bâtiments. Il ne sait pas c'est quoi des bâtiments ? Tu aurais dû dire maison peut-être ? Tu fronces des sourcils quelques secondes, et tu te dis que cela ne vaut pas vraiment la peine. Il ne comprend pas, il ne comprend pas. Au moins, il sait que tout n'est pas blanc ou noir. Le penser con ? Ça, peut-être bien que oui. Tu ne peux pas vraiment dire non ou oui en réalité. Tu ne le connais pas assez, même si pour l'instant, le oui semble avoir une tendance un peu plus forte. Tu te retiens donc de réagir lorsqu'il indique qu'il pense que tu penses cela de  lui. Il se met à signer par la suite et tu le regardes, il n'a rien perdu depuis sa découverte. Il devait l'utiliser de façon assez régulière avant. Il n'est pas venu te voir toi tout particulièrement, tu aurais trouvé cela vraiment très étrange ; ou cela aurait été une sorte de défi. Ça t'apprendra à rester en public et non pas enfermée dans ta chambre. Tu attires de la curiosité, ce n'est pas quelque chose qui te plait tout particulièrement. Bon, tu préfères que ce soit en rapport avec ce que tu fais au lieu de ce qui tu es.

« Tout n'est pas que blanc ou noir, et je suis toujours une vilaine... parce que je souris pas et que je ris pas ? Et j'ai rien dit d'horrible, j'essayais de t'aider aussi. » Bon, il n'a pas compris « bâtiment » et tu ne comprends toujours pas « vilaine », vous êtes dans une sorte d'égalité ? Puis bon, cela fait un moment en plus, qu'il en revienne aussi. Ce n'est pas comme si tu avais passé tout ton temps à le lui répéter. Tu ne pourrais même pas tout répéter aujourd'hui, tes premiers jours ont été assez difficiles avec ton sevrage. Ta première journée est assez floue tout dépendant des moments. Il reconnaît qu'il est étrange, tu ne peux que confirmer, mais tu ne le fais pas. Tu ne penses pas que réagir à cela soit une très bonne idée. Tu ne sais même pas pourquoi tu te retiens, ce n'est pas ton genre. Sûrement parce que tu veux éviter une autre sorte d'emportement de sa part. « C'est sur que tous les livres ne sont pas très intéressants... » confirmes-tu. Il est peut-être juste tombé sur des mauvais. « Frigide ? J'dirais calme. » Tu ressens des émotions, parfois. Surtout de l'ennui en réalité. Beaucoup d'ennui. De la satisfaction quand tu réussis à bien dessiner quelque chose. Tu n'aimes juste pas t'afficher. « Ou réservée. » rajoutes-tu. Tu n'es pas timide ou gênée ou mal à l'aise.

Tu hoches la tête, il n'a qu'à les prendre les crayons. Tu ne vas pas le retenir plus longtemps, s'il ne voulait pas te déranger à la base. Vous n'avez qu'à mettre cette nouvelle conversation derrière vous. Enfin, toi tu vas en être capable. Lui, c'est une autre histoire. Il te pose une question sur le « bâtiment », il te tourne le dos, tu commences par ouvrir ton carnet jusqu'à une page où tu as fait une ville sur deux pages, en noir et blanc, avec les ombres qui donnent de la profondeur. Tu ne sais pas trop quelle ville par contre, tu as juste cette image (ce souvenir ?) en tête. Il y a une grande horloge, une sorte de grande roue en arrière plan, des arbres rapidement dessinés (à tendance assez rondes bien malgré toi), mélange de vieux et de nouveaux bâtiments. Tu glisses ensuite ton carnet face à lui, qu'il va pouvoir voir dès qu'il va se retourner. « Les bâtiments je gère, j'suis architecte, le reste... » Tu attends qu'il se retourne et ensuite tu montres tes arbres beaucoup trop circulaires pour être des arbres normaux. Tu pointes ensuite ta feuille presque blanche, simplement avec la ligne dessus. « Là, j'voulais faire une voiture. Habituellement elles finissent par ressembler à des rectangles avec des roues très rondes. » Tu ne sais pas trop comment le lui expliquer de meilleure façon que cela. Tu prends la feuille où tu as tracé la ligne, pour continuer ton dessin. On dirait une sorte de Playmobil ou de Lego, peu importe ce que c'est.

Une grimace se fait sur le visage de Zéro, sans qu'il ne rajoute autre chose. Bon, ça va rester un mystère pour toi. Après tout, il n'y ait pour rien si ses parents l'ont échappé un peu trop souvent. Il les aime peut-être un peu trop pour pouvoir prendre du recul. Tu ne comprends pas trop comment on peut aimer à ce point les parents, mais c'est peut-être juste toi aussi. Tu es plutôt difficile lorsqu'il s'agit de sentiment. N'empêche, quelque chose te dit que tu n'étais pas très proche de tes parents, même si tu ne sais pas trop pourquoi ; encore une fois. Puis, tu fronces des sourcils, pas très certaine de ce qu'il a pu marmonner. Peut-être qu'il n'aime pas que vous ayez tous les deux un intérêt pour les livres. Ça te ferait remonter de l'enfer de vilaine où tu dois régner dans sa tête. Un point commun est sûrement trop pour lui. De toute façon, ça ne devait pas être important, sinon, il, aurait fait attention. Ou bien il va le répéter puisque tu ne réagis pas. Ce qui n'est pas le cas, il s'éloigne plutôt faire tu ne sais quoi. Il se retourne ensuite et regarde le dessin que tu as fait de tu ne sais trop quelle ville. Il semble être impressionné, il n'est pas obligé de le dire. N'importe qui pourrait le voir avec l'expression qu'il a.

Tu ne doutais pas de ton talent, mais cela te fait tout de même plaisir, un petit sourire apparaît même sur ton visage. Ensuite, il parle de... oh ! « Je pense que oui. » Londres. C'est ça. Tu ne savais pas trop quelle était cette ville, mais c'est bel et bien Londres. Tu as toujours eu le nom sur le bout de la langue sans pouvoir parvenir à le trouver. Ce n'est pas une très grande surprise qu'il puisse reconnaître cette ville, il signe en version britannique. Londres est une ville importante en Angleterre (tu sais, sans savoir la raison ; arf). « J'ai dû y passer beaucoup de temps. » Tu es peut-être native de cette ville, tout est possible. Il affiche une nouvelle sorte de surprise à l'annonce de ton métier. Et bien oui. Tu en avais (en as ?) un. Tu ne faisais pas que fomenter la fin du monde parce que tu n'es qu'une vilaine. Tu ne penses pas que tu t'intéressais assez au dit monde pour pouvoir perdre du temps à vouloir y mettre fin. Il s'en occupait très bien tout seul. Là, c'est tout qui affiche un air surpris à la demande du jeune homme. « Pourquoi pas. » acceptes-tu. Tu n'as aucune raison de refuser. Tu n'aimes pas être coincée dans les formes géométriques que tu fais. S'il arrive à t'amener un peu de nuances, tu n'es pas contre. Tu ne sais pas trop ce que cela va donner, mais tu te dis que cela ne peut pas être pire... sans oublier que cela va permettre de tuer un peu de temps.

« J'me suis intéressée presque tout de suite à la structure de la Ruche. » Passé tes premiers jours de sevrage d'alcool. « Et plus je reproduisais, plus j'ai eu des impressions et ensuite des souvenirs de moi, en train de vraiment le faire ailleurs qu'ici. De parler devant quelques personnes pour expliquer, de voir des chantiers, de me voir calculer, prendre des mesures... » Et tu le sais, ce qui est une autre explication, qui est elle, un peu plus difficile à expliquer. Ce n'est juste pas un intérêt marqué pour les bâtisses et les bâtiments, de vouloir devenir architecte ou avoir essayé de l'être sans y réussir. « Et je le sais. » rajoutes-tu, tout de même. Peu importe que ce soit un bon ou mauvais argument. Comme tu as su que Aleksa a dit vraiment en t'apprenant que tu étais en sevrage d'alcool, tout comme tu sais ton prénom et que tu ne l'aimes pas ; 99 est bien mieux au final.

Tu ne vois pas trop ce que tu pourrais rajouter de plus alors, tu retournes au sujet précédent : l'échange de talent en dessin. « Tu l'arrangerais comment ? » lui demandes-tu, tout en poussant ton carnet ouvert là où tu as fait la voiture un poil caricatural. Est-ce qu'il veut commencer tout de suite, plus tard ? Tu ne sais pas. Au pire, il va te le dire s'il parlait d'un autre moment. À moins qu'il n'aille proposé cela que pour être poli et qu'il ne s'attendait pas à ce que tu acceptes. De toute façon, qu'est-ce qu'il aurait à faire de si important pour ne pas qu'ils puissent commencer dans l'immédiat ? Il n'y a pas grand-chose à faire en général. Et si on le cherche, il n'est pas très loin non plus. La Ruche est assez grande, mais on y tourne en rond assez rapidement. Tout le monde peut être trouvé assez rapidement.

Tu fronces des sourcils en voyant Zéro qui commence à perdre de sa bonne humeur. Ne pas se souvenir semble lui peser. Tu ne dis rien, tu ne sais pas trop quoi dire et tu ne penses pas que rajouter quoi que ce soit puisse vraiment être utile en réalité. Tu sais qu'il y a des phrases à dire, des phrases bateau comme : un jour ça va arriver, tout va bien se passer, ne t'inquiète pas... mais tu ne les aime pas. Elles sont trop inutiles selon toi. Tu penses que le silence, que de savoir se taire, est mieux. Ce que tu utilises probablement trop, tu le sais. Autant parce que tu fiches bien de ce qu'on peut te dire généralement du temps autant parce que les phrases toutes faites, tu n'aimes pas trop. Puis bon, la parole est d'argent et le silence est d'or après tout. Tu dois donc être très riche quelque part. Tu ne sais pas où ni comment exactement. Surtout que beaucoup n'aime pas tes silences... il est vrai qu'ils en disent long au niveau de ce que tu penses malgré tout. Tu devrais éviter de te montrer expressive aussi en réalité, mais si la plupart du temps tu contrôles assez bien tes expressions. Sauf que tu compatis tout de même avec le jeune homme. Tu n'aimes pas ne pas te souvenir de tout, même si tu te doutes que ton passé n'est pas complètement rose. Tu préfères donc avoir quelques souvenirs, même s'ils sont surtout reliés à ton métier ou encore à des souvenirs d'alcool, soit très flou et rien de très clairs. Tu as l'impression de te maitriser mieux comme ça. Alors, le fait qu'il ne se souvienne de rien, tu peux comprendre que cela puisse être frustrant.

Il prend un crayon de plomb, tu hoches ensuite la tête. Tu ne sais pas trop quel style tu pourrais avoir une fois le côté carré enlevé. Peut-être un style aussi réaliste que les bâtiments que tu fais, ça te semblerait être logique même si tu n'y arrives pas pour le moment. Puis, il commence à te perdre. Une voiture non réaliste ? Mais c'est ce que tu viens de faire. Tu ne sais plus trop. Il se met à rajouter beaucoup trop de détails à propos cette voiture. Tu clignes des yeux, essaies de le suivre. Ce qui n'est pas très facile puisqu'il est en train de dessiner. Tu penses tout de même avoir saisi l'essentiel. Tu ne vois pas trop comment avoir une histoire sur cette voiture va t'aider à la dessiner de façon moins rectangulaire. C'est sa méthode, ça ne te coûte rien d'essayer. Tu ne vois pas trop comment par contre. Il a commencé un peu trop loin dans ses explications, la base aurait été mieux avant d'y aller à l'étape suivante. À moins que tu n'ailles pas lu un truc comme il faut, c'est possible puisqu'il ne te fait pas face. Un personnage est rajouté, un détail en plus au quel tu n'aurais pas pensé pour débuter. Il a brûlé quelques étapes selon toi.

« Et il se nomme Holmes et il va chercher Watson ? » Tu as lu des Sherlock Holmes ici, mais le fait qu'ils soient dans une voiture plus moderne que l'époque dont les livres ont été écrits ne te dérange pas. Ça te semble même être normal. Quelqu'un a peut-être fait une adaptation plus récente, tu en es même certaine à présent que tu y penses un peu. « T'as été trop loin pour moi... j'veux dire... avant de dessiner des trucs irréalistes je devrais en dessiner des réalistes non ? » Parce que sinon, niveau irréalisme, tu es déjà dedans avec ton côté voiture trop carrée. Tu ne dis rien durant quelques secondes, essayant de trouver une façon d'expliquer comment faire des buildings malgré l'esprit non conventionnel qu'il a. « Dis-toi... que si tu fais des buildings étranges... ça va être compliqué pour tes héros de sauver les humains des super-vilains parce qu'il va y avoir des endroits étranges où les humains vont se mettre. Et que si les immeubles sont bizarres, ils vont peut-être tomber plus facilement et qu'ils vont être difficile à reconstruire. » Tu n'as aucune idée de ce si ce que tu dis est logique, surtout que parler de héros et de vilain est bizarre, même si cela est familier par la même occasion.

« Mes souvenirs sont pas tous géniaux, mais j'préfère m'en souvenir et savoir un peu plus qui je suis. Peut-être que comme ça on va savoir pourquoi on est là et nous permettre de partir. Ou pas, peut-être que c'est mieux. » Tu hausses les épaules. Surtout que tu ne sais même pas pourquoi tu te confies aussi facilement, c'est de plus en plus bizarre. Et, une idée te vient en tête. « T'étais peut-être scénariste ou dessinateur et tu t'occupais des storyboards. » Encore une information que tu ne sais pas trop d'où elle sort. Tu ne pensais pas connaître le terme storyboard avant de le dire. Tu continues de trouver cela très frustrant de ne pas tout savoir.

Zéro ouvre la bouche, la referme, l'ouvre et la referme. Tu ne sais pas trop ce qu'il voulait dire, mais il réussit à ne pas parler. Du peu que tu connais de lui, tu trouves que c'est un exploit. En même temps, s'il veut savoir ton avis, il est mieux de t'écouter. Ce n'est pas comme s'il pouvait le deviner. Tu ne l'espères pas tout du moins, tu n'aimerais pas que quelqu'un puisse y arriver. Toi, tu n'as pas trop de mal à le faire. Ce qui est autant un avantage qu'un inconvénient : parfois tu sais un peu trop ce que l'autre peut avoir en tête. Là, il te semble que le jeune homme semble douter de ce que tu réponds à propos des souvenirs. Tu hoches la tête. Tu peux comprendre pourquoi on voudrait rester ici malgré tout. Un environnement relativement contrôlé, pas de faim, pas de soif, pas de repas à préparer, pas de circulation, pas d'épicerie, pas d'inquiétude à propos des vêtements, compagne qui peut être facilement trouvée... tu peux comprendre. Peut-être que toi aussi tu voudrais rester, avec quelques trucs en plus pour passer le temps, tu préfères tout de même tout savoir avant de faire un choix.

Il se remet à signer, il ne te donne pas l'impression qu'il est complètement d'accord avec ce qu'il peut te dire et te signer. Comme s'il n'avait pas prévu de te parler de tout cela. Il est vrai qu'il devait s'attendre à ce que tu l'envoies voir ailleurs s'il y était. Il est bavard, mais il n'a rien fait pour cela. Parler dessin, qu'il t'offre de t'aider en échange de ton aide te semble être assez important et équitable pour que tu ne fasses ou ne dises rien pour qu'il parte. Vous avez juste parler de d'autres choses et voici le résultat : des confidences inattendues. Tu en sais peut-être un peu trop à présent sur Zéro ; tu es loin de te douter que cela a toujours été le cas, sauf que cela ne te dérange pas. Tu aimes bien savoir ce que les autres pensent à propos de cet endroit. Il peut être possible que tout le monde a un petit bout de la vérité sur le pourquoi ils sont tous là, sans mémoire. « Une fois sortie d'ici, je pense qu'on peut refaire ce qu'on veut et pas se préoccuper d'avant... ou décider de rester ici, peut-être. » Tu ne peux pas en dire plus, tu ne peux pas aller plus loin. Ce ne sont que des suppositions. Ça te semblerait être logique tout de même, tu ne penses pas qu'on puisse sortir intact de cet endroit. Pas nécessairement dans un mauvais, sens pas pour tous. Sans mémoire, on sait plus qui on est, agissant à l'instinct, par habitude, sans trop se soucier des normales sociétales. Ne pas en sortir intact car il faut bien que cela serve à quelque chose cette drôle d'expérience.

Tu ne pensais pas répondre à propos de Friday et lui. Après tout, tu n'as jamais été très portée sur les romans un peu plus romantiques depuis que tu es là, et c'est à peine si tu arrives à apprécier quelques personnes. Tu ne penses donc pas être de bon conseil pour ce que tu considères être comme une connerie, sauf que quelque chose te viens en tête et tu ne peux pas dire, malheureusement, pourquoi cela te viens en tête. « Si Friday fuit en apprenant qui tu es vraiment... c'est qu'il aime l'image qu'il a de toi et non pas toi. » Après tout, l'amour (s'il existe), est une question d'acception de l'autre sur tous les points ou quelque chose comme ça. « Et... si ta vie était si épouvantable avant, tu aurais des réflexes épouvantables... ou de très mauvaises habitudes. » Tu n'es pas certaine que cela a dû sens de la façon dont tu l'as dit. Après tout, s'il était un tueur en série recherché, il aurait sûrement des envies sanguinaires. Il serait peut-être l'explication aux disparitions, mais pas à celles survenues avant son arrivée. Il ne pense pas avoir été ce que tu lui as proposé. « Peut-être que tu étais un vendeur de BD qui voulait en faire sans être capable d'être publié... » Perspective pas très joyeuse, mais possible. Tu hausses les épaules, tu ne comprends pas trop pourquoi tu continues de cette façon. À l'expression qu'il fait, il pense la même chose que toi. Ce qui t'indique quelque chose que tu as déjà éprouvé avec d'autres depuis que tu es ici.

Il te demande ensuite de dessiner la bâtisse d'un super-vilain, en te tendant feuille et crayon. Tu réfléchis quelques secondes et commence à dessiner. « Une bâtisse normale. Un bâtiment abandonné parmi plein de bâtiment abandonné. Un endroit où on ne pense pas chercher, mais qui est labyrinthique. Une maison dans une banlieue, avec un sous-sol ou un cabanon spécial. Ton dessin n'es donc pas exceptionnel, seulement ce qui semble être un entrepôt entouré d'entrepôt. Tu fais ensuite un dessin de l'intérieur, rapide, où tu mets quelques objets qui te semblent être appropriés pour un super-vilain lanceur de bombe fumante (oui, effectivement, niveau scénario, ce n'est pas ça) : une machine à fabrication d'odeur, une à fabrication de bombe, une salle de test, des bonhommes trop ronds et long à ton goût (que tu verrais bien jaune en fait) en train de courir par tout pour pouvoir exécuter les ordres et faire les bombes. Tu indiques les noms sur les objets, de ton écriture toutes en majuscules mais très claire et facilement lisible. « C'est moins stylé... mais c'est sur que comme ça, on va prendre moins de temps pour le retrouver plutôt que s'il avait un repaire en forme de bombe. » Qui est un peu plus visible de loin. « À moins que tu veuilles un truc à la Batman où c'est caché dans la nature. » Bat... ouais, un homme chauve-souris, cela sonne très étrange. Cela doit être plutôt horrible comme apparence.

Zéro ne parle pas. C'est... une miracle ? Tu lui as donné à penser. À beaucoup penser de ce que tu peux voir. Tu le laisses faire, il a bien le droit. C'est plutôt positif en réalité, il est capable de réflexion, c'est un bon point. Tout comme le fait de ne pas être capable de parler durant quelque temps. Tout espoir n'est pas perdu ! Tu continues donc d'essayer de faire ta voiture un peu trop carré, essayant de la rendre moins carré, ce qui ne fonctionne pas vraiment. Tu le laisses cogiter, prendre tout le temps qu'il en a de besoin pour. Tu ne veux pas trop savoir ce que cela va donner si jamais tu l'interromps et qu'il se perd... peut-être qu'il va se mettre à dire ses pensées tout haut et tu ne pense pas être prête à être capable de suivre cela.  Il revient à lui, vous parlez un peu, il ne pense pas être vendeur de bande-dessinées. Tant pis. Tu as essayé d'aider et c'est beaucoup pour toi, tu ne sais même pas pourquoi tu as tenté. C'est de moins en moins net tout ça. Il aime ce que tu fais comme repère de vilains et change ensuite de sujet. « Pourquoi pas... si ça fait passer le temps. » Tu hausses les épaules. « Niveau dialogues... je sais pas. Mais j'pense pas pouvoir le faire... ça va être cynique. » Et ce n'est pas vraiment cela que l'on veut dans une BD, de ce que tu sais. « Ça risque de devenir n'importe quoi si tout le monde s'en mêle... »

Il se redresse ensuite et tu demandes quelle mouche l'a piqué. Ou encore quel bruit s'est fait entendre. Tu regardes rapidement autour de toi, mais tu ne vois rien de particulier. Tu avais raison tout compte fait. « Oh... t'en penses quoi ? » Tu as dit cela, avec le peu que tu sais de lui ; pas grand-chose. « Oui. Ça doit être pour ça que j'entends pas. » te moques-tu. L'air que tu prends indiques que tu ne blagues pas. Un sourcil plus haut que l'autre, la tête légèrement penchée. On ne peut pas lire dans les pensées, pas à ce que tu saches, vous n'êtes pas vraiment dans une bande-dessinée où tout peut arriver. À moins que ne vous soyez tous des sortes de mutants mis au rancard par le gouvernement : mémoire enlevée et pouvoir restreint. Cela te semble être improbable, mais avec aucun indice, tout te semble être possible. Tu le regardes ensuite de façon un peu plus sérieuse, comme si tu essayais vraiment de lire ses pensées ou tout du moins son âme. Tu le sondes, parce que tu ne sais pas trop s'il est prêt à entendre, surtout qu'il ne se souvient pas de grand-chose et qu'il ne te considère pas comme une super-héroïne, ce qui semble être si important pour lui. Tu n'as rien à perdre à lui dire ce qui te trotte en tête. Tu l'espères tout du moins.

Tu croises les bras, et tu te lances. « J'ai l'impression qu'on se connait d'avant. » lui annonces-tu donc, tout simplement. Tu ne le prépares pas, tu n'es pas très douée pour cela. L'annoncer de façon directe va lui permettre de le savoir plus vite. « J'ai ressenti la même chose, une sorte de déjà-vu, avec d'autres... et on en est venu à la conclusion qu'on se connaissait d'une manière ou d'une autre. » continues-tu d'expliquer, sans lui laisser le temps de digérer la première partie. « J'peux pas dire à quel point par contre. » Avec personne non plus. C'est étrange. Ce que tu devines te fais plutôt peur... qu'est-ce que vous avez en commun ? De la complémentarité en dessins. À part cela, tu ne vois pas. Enfin, vous êtes britanniques, vous avez été à Londres à un moment ou à un autre... comme quelques millions d'autres personnes. Par contre, qu'il connaisse la langue des signes britannique c'est autre chose. Cela indique quelque chose en commun. Tu ne sais pas non plus si tu le veux savoir. En même temps, qu'est-ce que tu as à perdre de le découvrir ? Tu ne sais pas plus. C'est inquiétant. « J'pense pas avoir été une cliente régulière de ton magasin... peut-être qu'on habitait le même quartier ? » Tu hausses les épaules, ce n'est qu'une supposition... que tu sais être vraie et fausse en même temps. Tu es perdue dans ces impressions et ses souvenirs incomplets. Avoir tous les souvenirs seraient bien plus simples, même si tu sais que tout n'est pas très beau dans ton passé. « Ou j'étais ta professeure. » fais-tu, en langue des signes. Tu aurais peut-être fait cela à temps perdu, mais cela aussi tu sens que c'est plutôt faux et vrai en même temps. C'est frustrant, encore et toujours.

Il semble continuer de penser à propos de son métier, il est perdu dans ses pensées, ne parlant pas plus de cette histoire de BD commune à laquelle il lui a proposé de participer. De toute façon, si Zéro veut toujours que tu y participes, il sait où te trouver : quelque part dans cet endroit. C'est plutôt difficile de ne pas croiser quelqu'un, de ne pas reconnaître tous les visages après un certain temps. C'est assez grand, il y a de l'espace, mais ce n'est pas non plus une ville, encore moins un village. Ce n'est qu'un bâtiment, dont tu imagines souvent l'extérieur dans tes dessins, où on peut souvent avoir l'impression de tourner en rond (m'enfin, avec la forme du bas et du balcon, cela peut vraiment être le cas). Tu continues de le laisser penser, après tout, peut-être qu'il s'attendait à autre chose, continuant de rajouter des détails au dessin, tant qu'à avoir un crayon dans les mains. Tu ne sais toujours pas d'où sortes ces trucs en forme de comprimés, mais bon, tu ne t'attardes pas trop sur eux. Tu rajoutes une sorte de machine qui ne sert à tu ne sais trop quoi.

Tu ne sais pas plus s'il pense que tu lis vraiment dans les pensées avec le sourire qu'il fait, mais tu ne t'attardes pas vraiment sur cela. Tu préfères parler de quelque chose d'un peu plus important que sa crédulité (mais qui lit dans les pensées, hein, ce n'est pas une bande-dessinée, c'est... compliqué de savoir ce que c'est ici au juste). Le jeune homme ne semble pas trop la croire au début, mais au fil de ses conclusions, il en arrive plus au moins au même point que toi. Il résume ensuite ce qui donne foi au fait que vous vous connaissiez d'une manière ou d'une autre avant d'arriver ici. Tu hoches la tête, même toi tu ne comprends pas pourquoi il s'est confié de cette façon, et encore moins à présent qu'il te dit qu'il ne parle pas de Friday à tout le monde. Tu ne sais pas trop par contre si tu dois te sentir choyée ou non, mais cela prouve tout de même quelque chose. Il parle encore de cette histoire de vilaine et tu fronces des sourcils, tu ne comprends toujours pas en quoi tu l'as été. Dans tous les cas, cela l'a bien perturbé pour qu'il y repense plusieurs semaines plus tard. « Adoucie... je sais pas. » Tu fronces des sourcils. « Tu me respectes, alors j'ai aucune raison de pas te respecter. » Il ne t'as pas insultée à cause de ta surdité, et cela, joue beaucoup selon toi. Cela explique bien des comportements de ta part en réalité. Autant ta froideur que l'alcoolisme. Sans oublier que vous vous connaissiez avant d'une manière ou d'une autre, tu en es certaine, cela doit aider aussi.

Tu ne vois pas trop comment faire pour valider tout cela, à part te fier à ton intuition. Tu as plutôt confiance en cette dernière. Tu hoches la tête, réfléchis ensuite un instant à propos de ce que tu aimes. Ce qui s'avère plutôt compliqué, puisque tu n'as que des impressions à ce sujet, ou presque. « Je pense que j'aime cuisiner... avec les repas, j'me dis souvent que ça manque de certaines épices, que j'aurais apprêté ça de différentes façons et ça me manque un peu de pas pouvoir faire quoi que ce soit... » Tu penses, ce n'est pas certain, ce n'est qu'une impression. Sans pouvoir cuisiner c'est plutôt compliqué d'en être certaine. Tu es tout de même très contente de manger et tu ne te plains pas, sans oublier que tu aimes encore plus ne pas avoir à faire la vaisselle. Tu te dis que cela doit être un point commun avec bien d'autres personnes, alors ça ne compte pas vraiment. « Je pense que j'aime me promener dans la nature, la forêt. Dans les descriptions des livres et les images de forêt dans certains bouquins, ça me redonne de l'énergie, et ça me manque aussi. » Mais cela aussi, sans l'avoir testé, c'est assez compliqué d'en être certaine. « Et... voyager me manque, rencontrer nouvelles personnes, de nouvelles cultures... » Rester à la même place longtemps, quelque chose te dit que tu n'étais pas habituée. « J'aime lire. » Pas seulement parce que cela permet de passer le temps, tu aimes lire afin de pouvoir t'échapper, aller ailleurs, explorer, découvrir de cette façon.

Tu continues de penser, à une dernière chose en tête, tu te dis, pourquoi pas. « Les bains moussants me manquent. » rajoutes-tu. Ça, tu le sais. Les douches, de façon aussi répétitives et obligatoires, t'énervent. C'est mieux que de ne pas en avoir, mais tu adorerais pouvoir t'allonger, avec de la mousse, relaxer, lire, être déconnectée. Rien de bien compliqué. « Et j'vois pas trop... c'est compliqué avec le peu d'activités qu'il y a ici. » Peut-être que tu ne te rappelles pas ce que tu aimes parce qu'il n'y a rien pour te le rappeler. C'est toujours aussi frustrant cette histoire d'amnésie. « Tu aimes quelque chose là-dedans ? » Ou c'est tout ce qu'il déteste et que votre lien n'existe pas vraiment tout compte fait.

Zéro se met à t'écouter sans t'interrompre, même si tu peux de temps à autre savoir ce qu'il en pense avec les diverses expressions qu'il a. Expressions plutôt encourageantes, il n'y a rien qui le dégoûte complètement. Tu ne sais pas trop pourquoi cela te rassure en réalité, tu te fiches bien de ce que les autres pensent en général. En même temps, tu as un peu dépassé ce stade avec lui puisque tu es en train de lui dire ce que tu penses aimer afin de trouver pourquoi vous semblez vous connaître d'avant cet endroit. Endroit que tu ne comprends pas trop. Pourquoi vous enlevez la mémoire, mais y mettre des personnes d'avant qui pourrait aider à faire retrouver la mémoire ? Tu trouves cela assez contradictoire. Et que ce soit le hasard serait bien étrange, il ne s'agit pas seulement de toi et du jeune homme, tu penses connaître d'autres personnes et tu sais que d'autres pensent en connaître d'autre avant. Tu ne sais pas trop à quel jeu ils jouent, mais tu continues de ne pas les comprendre et d'être ennuyée par cela, tu n'es pas très habituée de ne pas comprendre.

Tu termines, ne trouves rien d'autres, même si tu en as laissé de côté car c'est un peu trop flou (en lisant tu t'es dit « tiens je pense que j'aime ») ou personnel (l'alcool ; que tu ne penses pas aimer tant que cela, c'est plus une mauvaise habitude, un besoin non nécessaire que quelque chose que tu aimes). Il se met donc à dire ce qu'il pense de ce que tu viens de lui raconter. « Goûter ce que je fais... j'imagine que tu aurais vraiment dû avoir confiance en moi pour cela. » Après tout, tu aurais très bien pu mettre du poison. Enfin, tu ne penses pas, mais si tu suis sa pensée, c'est probablement ce qu'une vilaine ferait. Il parle ensuite de la Pologne, qu'il parle polonais. Tu fronces des sourcils, la Pologne... « La Pologne, ça sonne familier. » Tu ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que tu y as voyagé aussi, même si cela te semble être plus que cela. Tu ne penses pas y avoir habité, tu sais lire et écrire l'anglais sans problème, tu sais lire quelques mots de quelques langues, sans plus (probablement parce que tu es cultivée et que tu as dû apprendre les bases vite fait selon les endroits que tu as pu visiter). Tu hoches ensuite la tête, la lecture et effectivement pas du tout le même genre. Il aime aussi les bains moussants, ce qui n'est pas en soit très surprenant, mais tu as toujours cette impression que cela veut en dire plus.

Le dessin, où ils se complètent très bien. Les jeux vidéos... tu fronces des sourcils. « Ça... ça me dit quelque chose, mais je sais plus c'est quoi. » Tu as l'impression de ne pas détester, mais de pas adorer non plus. Juste une activité que tu devais faire une fois de temps à autre. Même si tu n'as aucune idée de ce que c'est comme activité. Les supers-héros, rien de surprenant avec le peu que tu sais de lui. Faire des cabanes avec des draps... quoi ? Tu clignes des yeux. C'est un peu pas très de son âge, non ? Au moins, il reconnaît lui-même qu'il n'a pas des activités très matures. Tu hoches ensuite la tête. Un enfant de cinq ans oui, il devait se sentir comme un poisson dans l'eau dans ce magasin de bande-dessinée. M'enfin, avec tout cela, il semble être assez occupé et ici, c'est déjà ça de pris. Tu réfléchis quelque instant à ce qu'il vient de te dire. « On a quelques points communs... mais je vois pas trop ce que ça pourrait faire de nous niveau relation... » Tout le monde peut avoir quelques points communs avec d'autres personnes.

Une idée lui vient ensuite, qui ne t'apparait pas être si stupide que cela. « On... on est peut-être frère et sœur ? » Ils semblent être du même âge, mais peut-être que l'un des deux est un peu plus jeune, un peu plus vieux que l'autre. Ce qui expliquerait le côté un peu plus facile de la conversation qu'ils ont entre eux : ils se sont toujours connus, la Pologne te dit quelque chose et il signe très bien ; leurs différences : tous les frères et les sœurs ne se ressemblent pas après tout ; et le fait qu'ils ne s'entendent pas non plus sur tout : tu te vois très bien te disputer avec lui sur tout et rien. Cette idée ne te semble pas être très étrange, pas totalement à côté de la plaque, plus proche et vraie que ce que tu as déjà pu proposer un peu plus tôt. Ce qui expliquerait ce sentiment de familiarité aussi que tu éprouves de plus en plus avec lui.

Cette discussion imprévue te semble être de plus en plus improbable au fur et à mesure qu'elle avance. Déjà, tu n'es pas quelqu'un qui parle longtemps avec d'autre, tu es loin d'être sociable, alors que cela se poursuive avec le jeune homme est assez surprenant. Il faut donc comprendre pourquoi, ce qui est rendu un point presque plus important pour toi que de vraiment apprendre à le connaître. Le faire servirait peut-être à éclaircir encore plus le tout, mais tu ne penses pas à cela, pas tout de suite. Tu ne vois pas trop pourquoi tu devrais apprendre à le connaître alors que tout semble vous opposer, le faire reviendrait probablement à un crêpage de cheveux probablement. Alors, se concentrer sur des points communs, sur une histoire, sur autre chose te semble être un peu mieux. L'explication la plus simple reste tout de même que vous êtes tous les deux de la même famille : pas le choix de se supporter l'un et l'autre de cette façon. Il est moins d'accord, il ne le sent pas. Tu te sens plus proche de lui qu'avec les autres en général, cela te suffit. Il est vrai que tu es loin d'être un exemple pour ceci. Ce qui indique aussi que vous deviez être proche d'une manière ou d'une autre pour que tu te sentes comme ça avec lui. « J'sais pas... peut-être qu'on a arrêté d'être proche pour une histoire de famille. » Ce qui sonne franchement familier pour toi. Tu n'est pas loin de votre relation ou bien cela ne fait que te concerner ? Toujours aussi frustrant. Histoire de famille compliquée, tu ne fais pas vraiment dans l'original à ce niveau... qui n'en a pas ? De toute façon, en ce moment, tu continues de te sentir lier à Zéro d'une étrange façon. D'autant plus que vos deux comportements, vos deux personnalités ne sont pas du tout dans les mêmes genres. À se demander comment vous pouviez vous supporter l'un et l'autre avant tant vous semblez être différents. Penser aux contraires qui s'attirent n'est pas non plus très original. Ensuite, pourquoi est-ce que tu sembles tenir à cette histoire d'originalité ? Tu ne sais pas trop, c'est étrange. Tu n'aimes pas vraiment être remarquée pourtant. Ce n'est pas non plus surprenant qu'il ne veuille pas de toi dans ta famille, tu sais que tu n'es pas très commode.

Il propose ensuite qu'ils auraient pu être qu'amis. Tu hausses les épaules, cela se tient tout aussi bien que ce que tu as proposé un peu plus tôt. Surtout que vous vous accordez sur le fait que vous vous connaissiez d'avant, sans souvenirs réels, le comment et le pourquoi (surtout le pourquoi) est un peu plus difficile à expliquer. Tu te contentes de soupirer lorsqu'il parle encore du fait que tu sois vilaine. Parce que lui, il est si gentil que ça ? Plus que toi oui, mais ce n'est pas très compliqué. Tu te mets ensuite à lire ce qu'il a écrit un peu plus tôt, tu ne reconnais pas tout de la première partie, mais tu devines le sens. « Bonjour. Quelle heure est-il ? J'ai envie d'un tacos tu sais où ça se vend dans les environs ? » Tu t'arrêtes ensuite pour lire le reste et fronces finalement des sourcils. « Je connais la base... » En mode touriste 101 je traine mon dico anglais-polonais partout. Tu ne dois pas y avoir vécu bien longtemps. Tu clignes des yeux quelques fois. Passer. Plus. De. Temps. Ensemble. Quoi ? Tu veux bien découvrir ce qu'il y avait entre vous deux, mais tu ne sais pas trop si tu es prête à cela. Tu veux tout de même le découvrir, et par ce fait même, découvrir plus de souvenirs, retrouver une mémoire. Tu te dis que cela risque d'être plutôt horrible, mais tu ne penses pas trop avoir le choix au final. Tu ne réponds pas tout de suite, tu pèses le pour et le contre avant. « J'imagine qu'on peut... parfois. » Pas tout le temps, tu veux bien te forcer, mais tu aimes bien être seule aussi. « Une fois par semaine... ? » proposes-tu. Ce qui ne semble pas être très souvent, mais c'est régulier et tu ne pourrais sûrement pas à tous les jours.

Toi, tu ne trouves pas ça du tout anormal de s'arrêter de se voir pour une histoire de famille. Après toi, c'est être entouré de personnes que tu n'as pas choisi et qui te sont imposées durant un certain, long, moment. Tu ne vois pas pourquoi tu devrais supporter des personnes que tu n'aimes pas parce qu'ils sont de ton sang. Tu ne sais pas trop comment, mais tu penses être une exception à ce sujet... ce qui n'est pas non plus une très grande surprise. Par rapport à Zéro, tu ne sais toujours pas ce que vous aviez pu être avant. Ce que vous êtes toujours ? C'est encore plus compliqué de le savoir. Tu te sens plus à l'aise avec lui, mais c'est tout. Et tu te méfies un peu que tu ne te méfies pas de lui et qu'il ne semble pas le faire avec toi non plus, enfin pas trop. Tu continues de trouver cela très étrange et bien que tu n'aimes pas trop l'idée de le rencontrer de façon un peu plus régulière, tu ne vois pas trop comment faire autrement afin d'éclaircir cette impression envers lui. Impression que vous avez tous les deux : vous vous fréquentiez d'une manière ou d'une autre avant. Tu ne vois pas trop pourquoi, vous êtes très (trop) contradictoire.

Tu hoches ensuite la tête, réfléchis un peu. « Les bases je pense... ça sonne mieux. » C'est plus familier que d'avoir été en Pologne. « Je vais essayer... » Le supporter une fois par semaine semble être assez difficile... mais est-ce qu'il va être capable de te supporter une fois par semaine ? Qui va lâcher en premier ? Tu ne sais pas trop. Pas toi... tu sais déjà que tu as trop d'orgueil pour abandonner. Par contre, tu penses qu'au niveau des illuminations divines cela pourrait aider. Juste à parler comme vous le faites depuis un moment déjà, cela a mis au clair quelques trucs même si tu ne peux pas dire exactement quoi. Tu fronces ensuite des sourcils en l'entendant parler de... votre relation ? « C'est tiré par les cheveux... » fais-tu. Séparés car vous vous entendiez trop bien. Ce serait vraiment bizarre. Surtout venant d'une famille d'adoption qui devrait seulement vouloir que vous alliez bien. Bref, tu n'es pas trop d'accord avec cette version des faits de votre ancienne relation. « T'as essayé de tourner ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler ? » Il devrait... tu es certaine que cela devrait fonctionner de temps à autre.

Il se lève, prend ses affaires... il te serre dans ses bras. Tu ne bouges pas, te crispes un peu, trop surprise de cette accolade venue tu ne sais trop d'où. Tu clignes des yeux et retrouves la parole lorsqu'il commence à s'éloigner, assez rapidement.« Refais plus ça ! Sinon je te fais avaler tes crayons ! » Tu ne sais pas trop s'il a pu l'entendre de là où il est. Tu penses avoir crié, enfin au moins avoir haussé le ton, afin de te faire entendre, mais cela t'es plutôt compliqué de pouvoir réellement le savoir.