The Truman Show [Version H01-626]

Bien qu'il n'ait pas encore ouvert les yeux, la lumière était déjà  trop vive à son goût. Merde. Qu’avait-il bien pu faire pour mériter qu'un tel mal de crâne vienne lui vriller les tempes ? Avait-il fâché une quelconque divinité dernièrement ? Certainement, car une telle douleur semblait relever du châtiment divin. Malheureusement pour lui, il était certain qu'aucun animal prêt à être sacrifié en guise de pardon ne l'attendrait s'il ouvrait les yeux. Alors, il préféra les garder fermés pour le moment.

Aussi efficacement que la bouillie qui lui servait de cerveau le permettait, il sonda le reste de son corps. Le diagnostic revint unanime : tout était douloureux. Sa bouche était tellement sèche qu'il n'aurait pas été surpris de cracher du sable. Son estomac, lui, semblait en guerre contre ce qu'il contenait. Des sushis pas frais ? Un peu trop d'alcool ? En tout cas une chose était sûre, il était prêt à foutre tout ça dehors comme un proprio face à un mauvais payeur ou un régime de droite face à des émigrants clandestins. La comparaison étrange qui lui était venue pour illustrer tout ça le fit sourire. Mais ce dernier ne dura que quelques secondes à peine. Son mal-être s'assura de l'effacer aussi promptement qu'il était venu. Constatant que ça tout cela n'avait pas l'air de vouloir passer, il daigna finalement ouvrir un œil pour observer les alentours. Rien ici ne lui était familier. Il n'arrivait à se souvenir de l'endroit où il se trouvait ni comment il était arrivé là. Ses pensées étaient plus confuses que jamais. Du moins il en avait l'impression, car il était incapable de se souvenir si cela lui était déjà arrivé. Alors qu'il tentait vainement de retrouver le fil des événements, il réalisa, horrifié, qu'il ne se souvenait pas de quoi que ce soit. Le néant.

Sa découverte lui faisant oublier qu'il était présentement une loque humaine, il se redressa dans le lit. Heureusement, son corps, attentionné comme il l'était, se chargea de lui rappeler son état. La pièce sembla tanguer d’un côté puis de l'autre, ballottant la vision du jeune homme comme un vulgaire fétu de paille. Tous ses muscles protestèrent à l'unisson. Il ferma les yeux dans l'espoir de faire passer la nausée mais constata que comme le feu face à l'eau, "it's not very effective...". Les contractions de son estomac lui faisant réaliser que l'inévitable allait se produire et malgré la protestation de son corps, il se rua jusque dans la salle de bain pour y déverser tout ce qui voulait bien sortir. Et croyez-moi, rien dans tout ça ne ressemblait à des restes de sushis, qu'ils eussent été frais ou non.

Son ventre finalement libéré, il ne restait plus que sa tête et son corps pour le faire souffrir. Nice. Son esprit lui était toujours comme anesthésié, l'empêchant de bien appréhender tout ce qu'impliquait sa présence ici et l'absence de ses souvenirs. L'avait-on drogué ? Ou bien s'en était-il chargé lui-même ? En tout cas rester debout était bien trop désagréable à son goût, alors il retourna s'asseoir dans son lit après s'être désaltérer au robinet. Son corps battait fort, en partie dû à l'effort qu'il venait de produire mais aussi car petit à petit, la situation dans laquelle il se trouvait se trouvait de plus en plus réelle. Il était amnésique, perdu, seul et certainement drogué. Qu'allait-il bien pouvo

« BON MATIN, H01-626. PENSEZ A BIEN VOUS HYDRATER LORS DE VOTRE PETIT DÉJEUNER, VOS CONSTANTES NE SONT PAS IDÉALES. N'OUBLIEZ PAS D'ENFILER DES VÊTEMENTS PROPRES AVANT DE SORTIR ET JE VOUS SOUHAITE UNE BONNE JOURNÉE. »

OK. Donc les murs parlent, maintenant. Et en plus, ils se foutent de sa gueule. BON MATIN ? Qui serait assez idiot pour croire qu'après un tel début, un BON MATIN serait encore possible ? Son cœur arrêta sa course effrénée pour reprendre un rythme plus normal. Plusieurs hypothèses s'offraient à lui. Premièrement, il pouvait être en train de rêver. Enfin en plein cauchemar, plutôt. Cela semblait peu probable mais étant la proposition comportant le moins de conséquences, c'était sa petite favorite. Si ce n'était pas un cauchemar, peut-être était-il dans un coma et son cerveau, endommagé par l'accident qui l'aurait mené à cet état, délirait complètement. Ce n'était pas sa piste préférée mais elle avait le mérite d'expliquer l'amnésie, malheureusement. Troisième option, il était mort et l'after life, c'est pas aussi ouf qu'on le dit, franchement. Dernière option (et certainement celle qu'il désirait le moins être la bonne), tout ça était réel, il avait bien perdu ses souvenirs, avait bien été drogué et les murs de sa chambre se prenaient bien pour sa mère. Dans tous les cas, la procédure à suivre était la même, aux yeux du jeune homme. Les dix secondes de réflexion intense effectuées par son cerveau tout brumeux lui permettaient d'être formel. Le genre de certitude que seul un mûr et profond raisonnement permet d'atteindre.

- Allez vous faire voir. Je retourne dormir, moi.