Melodies of life

Me voilà comme chaque jour en train de me diriger vers la serre, mon livre, mes carnets et mes stylos dans le sac que m’a gentiment fabriqué Rainbow. J’avoue que ce sac est un peu trop voyant et coloré à mon gout, mais cette femme me ferait faire n’importe quoi, je ne peux pas résister à sa moue triste quand je lui refuse quelque chose. Chaque jour elle met un accessoire ou elle fait un léger changement dans ma tenue. Depuis que nous dormons ensemble, je ne peux pas quitter notre chambre sans avoir subi une inspection complète. Nous n’avons clairement pas la même vision de la tenue parfaite, mais tant que ces changements restent dans la limite du bon gout et de l’étiquette je la laisse faire.

Perdu dans mes pensées, je me dirige sans me presser vers la serre, je n’ai plus à courir ici, les journées se suivent et se ressemblent. Je passe beaucoup de temps à la serre car l’extérieur me manque. Au moins là-bas je peux voir le ciel. Un substitut de liberté qui n’est certes pas suffisant, mais me permet de ne pas sombrer dans la dépression. Un peu avant d’arrivée a la destination que je m’étais fixée, une douce musique arrive à mes oreilles. Étonné, j’en cherche la provenance et découvre une porte que je n’avais pas repérée jusque-là. J’avais entendu parler depuis quelques jours de l’apparition d’une nouvelle salle qui était apparue une nuit. Un peu comme cette salle des transformations que j’étais allé visiter récemment et qui m’avait étonné. Je suis le son de la mélodie et pousse délicatement la porte pour entrer le plus discrètement possible.

Cette salle est remplie d’instrument en tout genre, chacun plus attirant les uns que les autres. Un homme assis derrière le clavier d’un piano joue une mélodie, fort intéressante au demeurant mais trop lente à mon goût. Néanmoins, je m’installe dans un coin pour l’écouter jouer, un sourire que j’avais commencé à perdre depuis plusieurs jours réapparaît sur mon visage. C’est tellement bon d’entendre de la musique. Le morceau se termine et je m’apprête à applaudir, lorsqu'un bruit me fait sursauter. Une des guitares vient de tomber au sol juste à côté d’un homme, un nouvel arrivant il me semble. Rainbow m’en a parlé récemment, elle a un œil sur tous ceux qui arrivent, il semble pétrifier et n’ose plus bouger. Je m’approche doucement de la guitare et la remets sur son support. Je m’adresse d’un ton posé et sans jugement à ce pauvre être qui semble vouloir disparaître dans le mur pour se cacher. « Elle n’a rien, ne vous inquiétez pas. » Et je me tourne vers le pianiste « Merci à vous, c’était vraiment agréable à entendre.» Je me dirige vers une basse qui m’attire immanquablement. Assis sur un des tabourets de la salle, je la prends en main et regarde rapidement le tatouage du creux de mon poignet. Je ne sais pas pourquoi mais mon instinct me dit de me lancer. Je repense à ce tic qui ne me quitte pas quand je dois réfléchir, je décide donc de reproduire ce rythme qui ne me quitte jamais depuis mon arrivée ici. Je ferme les yeux un instant avant de laisser mes doigts se déplacer sur les cordes.  Une musique plus rythmée monte dans l’air. Nirvana - Smells Like Teen Spirit et un grand sourire apparaît sur mon visage, ça c’est de la musique comme je l’aime.