Just need a little trigger || F01-16

JUST NEED A LITTLE TRIGGERH01-7 & F01-16

Fuck. Voilà qui semble être devenu mon nouveau mot favori depuis que je me suis réveillé ici, dans cet endroit que je ne sais pas même si je suis supposé connaître. Je ne sais pas si ce lit est le mien, si cette chambre m’appartient. Je ne sais pas si nous nous trouvons dans un centre de désintox pour drogués ou alcooliques et qu’en fait le blackout a simplement été si important que ça m’a grillé quelques cellules du cerveau au passage. Je ne sais pas si je suis interné ici, prisonnier, parce que je l’ai voulu ou plutôt contre ma volonté. Je ne sais rien. Rien de plus que ce que cette voix m’a dit lorsque je me suis levé. Ce que je lui ai demandé de répéter lorsque j’en ai eu assez de fixer le mur en creusant ma tête vide pour y trouver quelque chose, n’importe quoi. Il semblerait que je manque de fer, S.U.P.E.R. Ça et que mon nom soit H01-7. Comme si ça faisait du sens, comme si ça devait en faire simplement parce que j’ai trouvé ce qui semble être un S et un 7 fusionnés au creux de mon bras. S et 7… même ça, gravé dans ma chaire, ne fait pas le moindre sens. Le reste est encore un peu flou. Je me souviens vaguement m’être levé et avoir cherché une salle de bain pour nettoyer le peu que j’avais rendu au sol, d’un pas chancelant et légèrement douloureux. Comme si j’avais fait un mauvais mouvement du genou. Je me souviens avoir cherché un miroir pour y fixer mon reflet, parce que même ma gueule je ne m’en souvenais pas. Je ne me souvenais pas des deux billes noires me servant d’yeux, du fait que j’avais un semblant de barbe et que ma taille me semblait presque démesurée. J’ai retiré ma chemise, fouillé plus en profondeur, puis j’ai observé. J’ai trouvé le tatouage, des marques, des cicatrices. J’ai observé ce bracelet bien trop massif à mon poignet et l’heure qui y était indiquée. Vide de sens comme tout le reste. J’ai retiré mon pantalon quitte à être dans la découverte de ce qui me sert de corps, trouvant la plus grosse des cicatrices près de ce genou douloureux. Fuck. Qu’est-ce qui a bien pu m’arriver?

J’ai soupiré, replaçant mes vêtements là où je les avais trouvés. Sur ma chaire que je vais devoir, j’imagine, apprendre à m’approprier comme tout le reste. J’ai pris quelques instants pour observer le reste de ce qui avait des allures d’appartement, le clash évident des styles qui ne collaient pas du tout ensemble. Puis, j’ai approché la porte d’un pas prudent pour finalement découvrir le reste en errant comme une âme perdue dans le flot de l’environnement. J’ai fait un tour, lentement, simplement pour voir sans forcément adresser la parole à qui que ce soit. J’avais besoin de temps pour enregistrer ce que je voyais, pour noter le moindre détail dans mon petit crâne aussi vide qu’une page blanche où il y avait visiblement de quoi emmagasiner un peu d’informations. Du temps pour comprendre ce que cet endroit aux allures d’hôpital ou asile de mauvais goût pourrait bien m’apporter, sa raison d’être, mais rien ne me venait à l’esprit. Rien de plus que les réflexions que je m’étais déjà faite jusqu'à présent. De quoi rendre fou si ce n’est pas déjà pour cette raison que je suis ici à me balader avec ces personnes semblant avoir la même expression que moi de totale incompréhension sur les traits de leurs visages.

Embêté, ayant assurément besoin de davantage de temps pour comprendre cet environnement, ces règles imposées, mais surtout pour retrouver toute ma tête, je me suis finalement dirigé vers les bibliothèques repérées un peu plus tôt. Laissant mes doigts glisser contre les reliures avant d’en attraper un semblant traiter d’herboristerie. Pas un sujet que je sentais me passionner outre mesure, mais je me suis dit qu’à défaut de savoir quoi que ce soit peut-être que feuilleter des livres arriverait à éveiller quelque chose dans ce trou sans fond me faisant office de tête. Je me suis laissé tomber dans l’un des canapés, assis le dos bien trop droit contre le dossier dont la dureté ne semblait pas m’incommoder outre mesure, pour feuilleter les pages en soupirant.

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@H01-7

D'un air incertain, elle observa attentivement ce qui ressemblait à divers équipements d'arts. Pinceaux, petites toiles, carnet à dessin... est-ce qu'elle avait l'âme d'une artiste? Son intuition lui disait que non, étant donné qu'elle observait ses objets dans un détachement le plus total. Malheureusement, ça ne lui rappelait aucun souvenir et elle n'avait franchement pas l'impression d'être une fille créative. Malgré tout, elle prit le temps de s'emparer d'un stylo, avant de le glisser dans la poche de son pantalon. Ça pourrait toujours être utile plus tard pour écrire. Voilà le genre de personne qu'elle semblait être, axée sur l'utilité et le côté pratique. Satisfaite d'avoir pris le temps d'observer cette partie de son nouvel environnement, elle changea plutôt de zone pour se diriger lentement vers ce qui ressemblait à une sorte de grande bibliothèque pleine de livres. Aimait-elle lire? Aucune idée. Silencieusement, elle contourna l'un des neufs canapés avant de s'arrêter devant son objectif. Neufs canapés. Pourquoi est-ce qu'elle avait pris le temps de les compter? Fixant les livres sans bouger, elle posa naturellement ses mains contre ses hanches en soupirant. Neuf canapés et un mec. Parce qu'elle l'avait aussi remarqué, gentiment installé avec un livre à la main. Chevelure sombre, d'une grandeur d'au moins 1m80 à vue de nez et le même uniforme que tous les autres. Toujours dos à lui, elle avait tout de même l'impression qu'il l'observait depuis sa position. Peut-être devrait-elle agir plus normalement et tendre la main vers un livre. Chose qu'elle fit sans plus tarder, retirant une sorte de roman policier de son espace. Elle jeta un coup d’œil à la couverture, avant de finalement fixer le fond de la bibliothèque. Rien d'anormal derrière ce bouquin non. Elle le replaça rapidement, avant de faire quelques pas sur sa droite. Ses doigts agrippèrent un second livre, qu'elle prit le temps d'ouvrir cette fois-ci. Vierge. Il était vide. Elle tourna les pages en fronçant les sourcils. Pourquoi est-ce qu'il y avait des livres vierges? Ce n'était pas très divertissant. Un peu étonnée, elle choisit tout de même de le garder. Encore une fois, peut-être que cela pourrait être utile plus tard.

La brunette pivota ensuite doucement, jetant un coup d’œil en direction de l'inconnu qui n'avait toujours pas bougé d'un poil. Intriguée, elle prit la décision de s'installer à côté de lui. Pourquoi pas. Elle s'installa donc sur le même canapé, prenant soin de ne pas être dans sa bulle. Après tout, ils ne se connaissaient pas vraiment et vu le nombre de canapé autour, il se demanderait forcément pourquoi elle avait spécifiquement choisi celui-ci. L'air le plus naturel du monde, elle se positionna bien droite, croisant ses jambes pour plus de confort. Elle déposa le livre vierge contre sa cuisse, avant de finalement détourner le regard en direction du sujet de lecture de l'inconnu. Les plantes? Est-ce qu'il y en avait ici, d'ailleurs? « Il est bien ce livre? » Une question qui brisa aussitôt le silence respectueux entre eux. Poliment, elle étira un léger sourire qui se voulait amical, alors que son regard croisait le sien. Bizarrement, elle n'avait pas abordé beaucoup de gens jusqu'à présent. Cependant, ils avaient tous un point en commun. Des hommes. Est-ce qu'elle avait plus de facilité avec eux? Aucune idée, elle ne saurait le dire. Récupérant le stylo dans la poche droite de son pantalon, elle ouvrit la première page de son livre à elle. « Le mien est vide » Elle pourrait donc y écrire ce qui lui passait par la tête, à commencer par un titre en haut de page. Journal de... Elle marqua une pause. Journal de qui? Beverly? Cassandra? Emily? Hum. Journal de bord, ce dernier mot s'imposant à son esprit. Et voilà le travail. Elle fixa son écriture d'un air intriguée. Tiens, elle écrivait d'une taille moyenne, en lettre semi-attaché. Le a étant attaché au l et le d avec le e. Son écriture était plutôt soignée, un peu ronde. « Visiblement, je sais toujours écrire... » À défaut d'avoir oublié tout le reste. Un commentaire qui se voulait humoristique et positif à la fois. Elle surligna le titre d'un trait bien droit, avant de poser son stylo. Elle n'avait pas encore décidé ce qu'elle inscrirait dans ce journal de bord. Peut-être de simples observations ou des parcelles de sa mémoire lorsqu'elle la retrouverait un jour. Elle trouverait bien une solution à ça, il le fallait. C'était tout simplement insupportable de ne rien savoir à son sujet. Hors de question de vivre ainsi pour toujours. Tournant la tête vers l'inconnu, elle poursuivit d'un ton calme. « Alors? Ça te plaît ici? » Une manière subtile de connaître le fond de sa pensée. Quel était son avis, est-ce qu'il avait une idée de ce qu'il se passait? Peut-être savait-il quelque chose.

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Les arbres, les feuilles, les plantes, les paysages, la nature... Est-ce que ça existe réellement tout ça ou est-ce que c'est uniquement une fabulation de mon esprit qui croit en leur existence sans pourtant foncièrement s'en rappeler? Comment est-ce qu'on peut croire à quelque chose qu'on ne se souviens pas avoir vu? C'est le principe même de toute bonne religion, je le sais bien, mais on ne parle pas ici d'une quelconque forme d'entité supérieure. On parle de quelque chose de tangible que la majorité des gens doit avoir vu au moins une fois dans sa vie. Quelque chose qui se touche, se sens, s'observe. Quelque chose de basique, normal et naturel me semblant bien loin de la réalité palpable qui est la mienne depuis que j'ai ouvert les yeux dans cet endroit. Ici tout me semble si... dysfonctionnel. Les règles sont claires tout en étant floues, le but des choses précis sans pour autant l'être, j'existe sans pour autant avoir l'impression que c'est le cas... Au moins je me console en me disant que je ne suis sans doute pas seul dans ma misère, que la jeune femme approchant les livres tout comme je l'ai fait quelques instants plus tôt est peut-être elle aussi à la recherche du plus infime souvenir auquel se raccrocher. Peut-être que, comme moi, elle cherche comment assimiler son environnement et comprendre ce qui s'y passe sans pour autant céder à une folie paranoïaque si près de se matérialiser que ça en est effrayant. Comment savoir sans demander? Je ne le peux pas réellement, mais je ne sais pas davantage comment me lancer. Je ne sais pas si je peux simplement lui dire 'hey tu te souviens de quelque chose toi' ou si ça me vaudra de me faire fusiller du regard comme si j'étais un bizarroïde perdu qui ne devrait pas l'être. Ah, la peur que je ne devrais pas ressentir et qui me gratte pourtant la cervelle même si je sais que j'arriverai à passer par-dessus. Je le sens jusqu'à la moelle de mes os. Je ne suis pas un trouillard qui ira se cacher sous une table pour trembler à la moindre petite perturbation... mais je ne suis pas non plus de ceux qui se lancent dans le vide sans un minimum de préparation. Tout de mon attitude me le hurle.

Alors je l'observe un peu de ma place, analysant son attitude et ses actions avant de baisser de nouveau la tête dans mon herboristerie lorsqu'elle décide que son second choix de livre sera le bon et vient prendre place non loin de moi. Signe, je le suppose, qu'elle ne veut pas forcément d'une totale tranquillité compte tenu du grand nombre de places libres sur les autres canapés. Elle ne tarde d'ailleurs pas à briser le silence tandis que je referme ma consultation visuelle plus que lecture avant de lever les yeux dans sa direction, lui rendant ce léger sourire qu'elle m'offre. « Mortellement ennuyeux. » Que je réponds en observant à mon tour le contenu du sien, complètement vierge. Voilà qui est intéressant et pratique assurément. Peut-être devrais-je commencer à me laisser des notes un peu partout dans ce qui me sert de chambre, on ne sait jamais. Ma cervelle pourrait bien être effacée à nouveau demain matin que je ne m'en rendrait pas même compte. Perdu à l'infini dans cet endroit... voilà qui a de quoi réjouir comme perspective. À son commentaire, celui sur l'écriture, je suppose qu'elle se trouve dans la même situation que moi. Pourquoi sinon mentionner que visiblement elle sait toujours écrire?

Sans doute trop curieux, je me perds un peu en contemplation de son écriture sur la page blanche lui faisant face jusqu'à ce qu'elle ne brise de nouveau le silence. Comment répondre... La réponse honnête ou la réponse presque honnête? J'hésite un instant, fronçant les sourcils en fixant la bibliothèque avant de finalement me lancer. Pour ce que j'ai à perdre de toute façon... rien jusqu'à preuve du contraire. « Plaire est un mot un peu trop ambitieux compte tenu du peu que je connais de l'endroit et de ma propre personne. Je dirais plutôt que l'endroit me rend... perplexe. » Perplexe, voilà le mot. Non pas terrorisé ou curieux à outrance, simplement perplexe. Je me gratte le menton du bout des doigts avant de reporter mon attention sur l'inconnue. « Et toi, ça te plait ici? Ce manque d'informations, cette appellation bidon et cette odeur de désinfectant si forte qu'on croirait presque s'être baigné dedans? Ça a son charme j'imagine. Enfin, autant de charme qu'un coup de pelle dans le visage. » C'est réellement la première chose à m'être venue à l'esprit en terme de comparaison, c'est dire comme ce n'est pas mon fort visiblement de faire des comparaisons. « La dame au réveil, elle dit que mon petit nom c'est H01-7. De quel numéro chanceux as-tu hérité? »

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@H01-7

Les choix d'activités étaient tout de même limité dans le coin, s'ils devaient tous vivre ici sur le long terme. C'était donc presque impossible de ne pas adresser la parole à personne ou de ne pas être tenté par l'idée de tisser des liens ou du moins, apprendre à se connaître un minimum. Bien qu'elle ne sache pas pour combien de temps elle était ici, elle comptait bien découvrir le pourquoi du comment. Avec de la chance, d'autres qu'elle possédait peut-être des informations utiles. C'était difficile à dire, mais elle l'espérait tout simplement. Sa propre tête vide lui donnait encore quelque étourdissement à force de plisser le front pendant des heures à tenter de faire surgir un souvenir. À présent installée dans un canapé d'allure vieille époque en compagnie d'un nouveau visage inconnu, la brunette était d'humeur à entamer une conversation. Son projet de journal de bord tenait toujours, mais elle attendrait d'être seule pour le remplir. Question d'intimité. Bref, suite à sa première question, un mortellement ennuyeux s'échappa des lèvres du grand brun. Apparemment, l'herboristerie ne le passionnait pas. Tant mieux, parce qu'elle ne savait absolument rien sur le sujet et tenait pas à entendre le résumé. Cette réponse avait quand même quelque chose de sympathique. Son petit doigt lui disait qu'il était sans doute quelqu'un de très honnête, franc ou même directe. Il avait peut-être un bon sens de l'humour également. Elle ne savait pas trop si c'est ce qui la poussa à lui demander ensuite son avis au sujet de cet endroit. Subtilement bien entendu, après tout, il était libre d'aimer ou non la situation présente. Avait-il perdu lui aussi la mémoire? Parce que jusqu'à présent, c'était un véritable dénominateur commun. Ce qui ne faisait presque pas de sens. Comment expliquer qu'autant de monde perde la mémoire? À coup sur, ils avaient tout simplement été victime, comme choisi au hasard dans la foule. Ou sinon, ils étaient liés sans le savoir. Elle ne comprenait vraiment pas la motivation en arrière de ça. Une sorte d'étude expérimental ou une forme de torture? Avaient-ils tous été des volontaires ou forcé voir carrément kidnappé? C'était inquiétant de creuser la question, mais elle préférait ne pas sauter aux conclusions sans preuves tangibles.

L'endroit le laissait donc perplexe. Un mot qui lui plaisait bien. Elle hocha donc naturellement la tête en signe d'approbation. Il ne savait donc pas trop quoi penser de cet environnement, tout comme elle d'ailleurs. Un premier point en commun, voilà qui était intéressant. Ce grand brun était certes perplexe, mais pas tendu pour autant. Depuis qu'elle s'était posée près de lui, elle le trouvait d'un calme apaisant. Face à la comparaison du charme d'un coup de pelle au visage, elle étira un sourire amusé, prise par surprise. Cette conversation devenait réellement captivante. C'était très imagé comme comparaison et drôlement bien choisi. Elle pivota légèrement vers lui, incapable d'effacer son sourire. Glissant un bras contre le dossier du canapé pour plus de confort, elle répondit finalement à la question. « J'ai remarqué moi aussi, pour l'odeur de désinfectant » Du genre qui ne passait pas très inaperçu de toute manière. « Et à mon avis, Seven n'est surement pas ton prénom, mais enchanté » Pas un prénom, certes, mais définitivement une sorte appellation scientifique dépourvu d'humanité. Un chiffre, c'était froid et impersonnelle. Ça ne lui plaisait pas trop d'ailleurs. Même un pauvre hamster aurait reçu quelque chose de plus chaleureux en matière de prénom. « Appelle moi Sixteen, si tu veux » Oui, comme le chiffre et comme le prénom Sixtine. Un entre deux qu'elle pouvait supporter, même si elle lui laissait tout de même le choix de lui trouver un surnom différent. Tant que ce n'était pas péjoratif. Elle haussa les épaules, avant de changer de position. Mais merde qu'il était dur comme de la roche ce foutu canapé! « J'imagine que la vraie question de l'heure, c'est pourquoi on est là » Quitte à plonger directement dans le cœur du sujet et s'éviter trop de banalité. Étrangement, elle avait l'impression qu'elle pouvait tout lui dire ou presque. « Honnêtement, ça ne me plaît pas trop non. Sauf que je n'envisage pas de solution miracle pour l'instant, alors aussi bien jouer le jeu, j'imagine » Pour ne pas agir sans réfléchir oui. Pour prendre le temps de tout observer et d'analyser. Elle aviserait ensuite. « Pourquoi faire enfermer une tonne de gens sans le moindre souvenir? » Cette question ne lui était pas directement adressé, mais elle planta son regard dans le sien avant de poursuivre. « En fait, pourquoi effacer notre mémoire...» Les rendre vulnérables? Parce qu'ils avaient été témoins de quelque chose de top secret? Un peu radicale comme méthode, non? « On parle pour parler, mais jusqu'à présent, je n'ai pas repéré de porte de sortie. Pas de fenêtres non plus. Ce truc est conçu pour nous garder en dedans... et ça risque pas de plaire à grand monde » Pour sa part, elle ne paniquait pas. Elle en parlait d'un ton calme et posée, établissant simplement des faits. Bien sûr, elle espérait entendre ses réflexions à lui.

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Sur ce point au moins nous sommes d'accord, que 7 soit mon véritable prénom aurait assurément quelque chose de malaisant. Je me serais posé de sérieuses questions sur la santé mentale de mes parents, que je ne connais pas plus que cette jeune femme avec qui je parle à l'instant. Pour ce que j'en sais, je pourrais être la création d'une éprouvette né dans le laboratoire d'un scientifique complètement cinglé. Reste tout de même que ce nom, ce tatouage... quelque chose me dérange dans la coïncidence. Tout ceci faisait bien trop expérimentation à mon goût, trop numéro de dossier dans une pile où on essaie de s'y retrouver avec un minimum d'ordre, de classement, mais là encore rien qui soit réellement évocateur de ce qu'il en est réellement. L'inconnue, pour sa part, mentionne avoir été nommée du 16, et je me demande ce qui peut bien déterminer le choix du chiffre nous étant attribué par je ne sais quelle instance. Ai-je le 7 parce que je suis cobaye depuis plus longtemps? As-t-elle le 16 parce qu'elle a posé le pied ici après moi? À quel point ces chiffres sont-ils réellement significatifs de quoi que ce soit? « Enchanté aussi Sixteen. » Que je lui réponds, laissant planer le doute à propos tout ceci dans un coin de mon esprit. Non que d'aborder le sujet avec elle serait une perte de temps, mais il y a des choses qu'il me tarde de découvrir bien davantage que la signification de ce petit nom auquel j'essaie encore de m'habituer. Peut-être que je devrais faire comme elle, prendre un livre vierge s'il y en a d'autres et simplement y poser tout ce qui peut me passer par la tête pour avoir une trace de raisonnement et espérer arriver y voir un sens quelconque à force de temps. C'est ça qu'ils auraient dû nous donner plutôt qu'une stupide montre alors que tout ici ou presque affiche déjà l'heure. Ils auraient dû nous donner quelque chose pour juste écrire et partager nos théories à la con. Un ordinateur avec un système qui ne fonctionne qu'ici. 'Chat de l'endroit creepy blanc pour numéros en quête de réponses'.

Je fais un bruit de ballon qui dégonfle lorsqu'elle mentionne que la vraie question de l'heure c'est pourquoi on se trouve dans cet endroit, et elle a raison. Savoir pourquoi nous donnerait probablement une explication à beaucoup de facteurs qui sont actuellement hors de notre contrôle. « Hum. » Est le seul son que je fais alors qu'elle continue de parler, curieux d'en entendre davantage sur sa façon de penser. Jouer le jeu n'est assurément pas un mauvais plan, surtout pour notre préservation. S'il y a des règles ce n'est pas sans raison et mon objectif premier n'ayant pas été, depuis mon éveil ici du moins, de les enfreindre, j'imagine qu'en quelque sorte le jeu je le joue déjà. C'est presque comme si je me sentais mieux avec un cadre, une structure, une liste bien détaillée des choses à faire ou non. Peut-être que j'étais un maniaque de l'organisation, un... archiviste dont la seule et unique passion dans la vie était de traiter les choses en un certain ordre logique. Pourquoi pas après tout? Je serais le roi d'Angleterre que je ne le saurais pas. Ses paroles semblent d'ailleurs confirmer qu'elle se trouve coincée dans la même situation que moi, privée de sa mémoire, de ses souvenirs, elle qui ne fait qu'apporter de très bons points depuis le début de cette conversation. Ayant d'ailleurs un caractère qui, pour le moment, me semble plutôt similaire au mien en sa façon de ne pas hurler et paniquer. Elle parle calmement, de façon posée, réfléchissant.. Ça me fait étirer un mince sourire, me disant qu'on fait comme on peut pour se sentir moins seul dans ce genre de situation.

« Je n'ai pas non plus repéré une quelconque forme de sortie. Il y a bien une porte, mais impossible de trouver comment l'ouvrir. » Je soupire. « Je n'ai pas même osé manger depuis hier, pour être franc. J'ai du mal à voir tout ceci autrement que comme une balance. D'un côté on peut être enfermés ici pour notre bien, mais de l'autre pour qu'on nous fasse du tord et la meilleure façon de le faire serait de nous empoisonner. » Je hausse les épaules, entendant bien comme je semble paranoïaque dans mes pensées. « C'est comme si, même en restant plutôt calme, tout me rendait sur la défensive. Comme si chaque chose me semblait être une menace potentielle à analyser soigneusement. » Sauf elle, visiblement, à en juger par la façon dont je lui parle si franchement. « L'absence de mémoire... ça cache assurément quelque chose. Ce n'est pas normal que nous soyons tous ici ainsi. Peut-être avons-nous été... traumatisés par quelque chose. Un genre de façon de nous sauvegarder. »

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@H01-7

Ce long soupire, qui s'échappait lentement de son interlocuteur lui signala qu'elle n'était pas la seule ici à sentir naître une certaine forme de découragement ou d'exaspération face à la situation. Ce sentiment-là n'avait pas de nom précis, mais sa définition elle-même ne pouvait être comprise que par quelqu'un qui vivait la même chose. Pourquoi. Pourquoi eux, pourquoi tout ça, pourquoi l'absence de souvenir? Bref, il est vrai qu'elle se sentait moins seule en constatant qu'ils étaient tous dans le même bateau, un bateau perdu en mer. Isolés, sans porte de sortie, menaçant de couler à tout moment. Elle en parlait avec une certaine forme de maturité, peut-être habituée de faire face aux épreuves de la vie. Sauf qu'intérieurement, bien que caché, une inquiétude planait toujours. Une sorte de méfiance instinctive. Elle ne pouvait donc pas être dupée si facilement. Hum. Est-ce qu'il venait de dire qu'il n'avait pas osé manger depuis hier? De retour sur terre, elle l'observa silencieusement, capable de comprendre pourquoi il n'avait pas osé. Bien sûr, un empoisonnement. Elle y aurait songé elle-même si elle n'avait pas complètement raté son premier repas après se l'être fait injustement voler. Sans parler du smoothie vert qu'elle avait reçu en plein visage. Une information qu'elle n'était pas entièrement prête à lui partager là maintenant. « Je sais ce que tu veux dire, mais à mon avis, si on avait voulu nous faire du mal...» Elle tourna la tête en direction de la zone repas, songeuse. «... ce serait soit déjà fait, soit pire qu'un empoisonnement alimentaire » C'était trop facile tout ça, non? Et puis elle avait bien fini par manger, malgré sa propre méfiance et ses doutes au sujet de l'intention de ceux qui les retenaient ici. Seven avait l'image parfaite en tête. Une sorte de balance qui penche parfois du bon côté, mais qui menace aussi de balancer de l'autre. Pour le moment, ils devaient se contenter de se tenir en équilibre faute d'absence de preuve. « C'est juste de l’instinct de survie, à mon avis et ça ne fait pas de toi quelqu'un de bizarre ou d'anormal, tu sais » Calme, mais sur la défensive. Le sens de l'analyse... est-ce que ce type était son frère? Une simple réflexion pour faire référence au fait qu'elle avait l'impression d'avoir le même genre de réaction que lui. L'impression était franchement très étrange sans être désagréable pour autant. Ils se comprenaient. Simple comme cela.

À son commentaire au sujet de la perte de mémoire, elle hocha la tête. Tout ça cachait quelque chose de plus grand qu'eux, comme un truc qui les dépassait totalement. Le pire, c'est qu'elle sentait qu'ils seraient sûrement tous capables de trouver la réponse s'ils avaient encore accès à leur mémoire. S'ils avaient été traumatisés, par exemple. Mais comment savoir? On les avait simplement vidés, comme un poisson que l'on viendrait de pêcher. « On n'a pas de souvenir de notre passé, mais qui on est, c'est forcément écris en nous, comme une sorte de signature invisible qui dicte nos réflexes ou notre intuition...» Même encore là, elle n'était pas certaine d'avoir totalement raison. Peut-être devrait-elle lui faire comprendre son exemple autrement. « On va faire un teste, d'accord? » Sixteen étira un petit sourire amusé devant son air incrédule. Dit comme ça, ça sonnait peut-être bizarre. « J'ai cru remarquer que j'étais plutôt bonne observatrice... donc avoir l'esprit d'analyse ce n'est peut-être pas un truc qui s'efface totalement. Ferme les yeux. » Elle lui fit signe de la main pour qu'il s'exécute avant de poursuivre doucement. « Triche pas surtout » Une fois ses yeux bien fermés, elle reprit en l'observant toujours attentivement. « Peux-tu répondre à ses questions? Suis-je droitière ou gauchère? Combien de canapé et de tables basses est-ce qu'il y a dans la zone autour de nous? Quelle est la couleur de mes yeux? Et qu'est-ce que j'ai écrit dans mon livre? » Elle termina en affichant un petit air fier qu'il ne pouvait pas voir présentement, mais qui lui indiquait tout à coup à elle-même qu'elle appréciait les défis. Une découverte de plus, non? Bien entendu, elle le laissa répondre. Ce n'était pas une question d'avoir les bonnes réponses ou non, mais juste de faire appel à son instinct. S'il n'était pas si bon observateur, il le saurait immédiatement. Il n'aurait en tête que des réponses floues ou confuses, rien de précis. Son petit doigt lui disait cependant qu'il n'avait rien d'un mec stupide et qu'il était encore moins souffrant d'un déficit de l'attention. Doucement, dans un murmure qui se voulait être une pure réflexion personnelle, elle souffla. « ....on a peut-être pas totalement tout oublié... » Et s'il restait encore en eux des trucs impossibles à faire disparaître? Ne devraient-ils pas s'y accrocher ou tenter de le découvrir? Hum.

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Lorsqu'elle mentionna qu'à son avis si on aurait voulu nous faire du mal ce serait déjà fait je ne pu m'empêcher de penser que non. J'étais certes plus que paranoïaque avec ma conspiration de la nourriture empoisonnée, mais même sans mémoire je savais qu'il existait plus d'une façon de faire du mal à quelqu'un. La violence physique n'était pas la seule forme pouvant réellement atteindre toute personne normalement constituée, le mental aussi pouvait très fortement être touché. Et en ce sens en souffrance nous l'étions donc tous depuis notre éveil en cet endroit, malmenés mentalement à nous tourmenter pour essayer de découvrir la vérité. Une torture cérébrale qui irait, je n'en doute pas du tout, en empirant lorsque nous allons commencer à sentir la folie d'être enfermés dans cet endroit pourtant immense nous dévorer de l'intérieur à nous rendre complètement cinglés. Où il y avait plus d'une façon de nous blesser oui, mais sans doute avait-elle raison sur le fait que si empoisonnement alimentaire il devait y avoir la chose ce serait déjà réalisée et ce serait apprise dans les rangs. Ce n'est pas comme si nous étions des centaines après tout. Étrangement d'ailleurs nous n'étions pas si nombreux, du moins pas si quelqu'un tentait de nous préserver d'une quelconque menace à l'extérieur de cet endroit. Une poignée de personnes ce n'était pas suffisant pour sauver la population toute entière de la Terre... « Je ne me sens pas bizarre ou anormal, mais j'ai visiblement l'instinct de survie en mode alerte assez facilement. » Ça ou je suis un paranoïaque chronique et ma tête va exploser un beau jour pour ne laisser que le résidus de ma cervelle en bouillie d'avoir imaginé le pire en tout... alors que non je ne me sens pas d'imaginer le pire en tout. Je suis ce charmant mélange de 'je suis sur mes gardes' et de 'je sais qu'un jour on va sortir d'ici et je ne baisserai pas les bras avant d'y arriver'. Un optimiste chancelant?

Je poursuis simplement en parlant du second fardeau que nous devons porter sur nos épaules, la perte de mémoire, curieux de savoir ce qu'elle aura à dire à ce sujet comme elle me semble presque avoir réponse à tout. Ce qui n'est pas une mauvaise chose en fait, me permettant d'avoir un point de vu différent, mais tout aussi intéressant, sur une situation que j'ai réellement du mal à cerner par moi-même. Chaque personne a sa propre façon de voir les choses et c'est justement les échanges qui permettent d'avoir un avis éclairé sur tout bordel vécu. « Assurément. » Que je répondis lorsqu'elle mentionna que notre essence, notre personne, se devait bien de se trouver quelque part en nous malgré le trou noir dans nos têtes. Nous restons qui nous sommes, avec nos réflexes, nos choix, nos intuitions, et sur ce point je ne pouvais assurément pas lui donner tord. J'ai tout de même levé un sourcil interrogateur lorsqu'elle mentionna vouloir faire un test, les fronçant lorsqu'elle me demanda de fermer les yeux. Septique, je l'étais assurément un peu, mais qu'est-ce que j'avais réellement à perdre? J'ai donc fermé les yeux, secouant la tête en souriant vaguement lorsqu'elle me dit de ne pas tricher. Ce grand salon, je le voyais presque contre mes paupières fermées, n'ayant pas de mal à me souvenir le nombre de tables et canapés que j'y avais compté. Toujours pratique pour voir si des choses bouges ou disparaissent. Ses yeux, facile aussi. J'ai pensé que tout comme les miens elle était plutôt basique en ses cheveux et yeux bruns. Son lit, je me souvenais très clairement l'avoir vu y écrire, avoir observé son écrit, mais sa main... je n'étais pas certain. J'avais davantage gardé le focus sur le livre blanc et les lettres qu'elle y avait posé... du moins en partie.

« Arriver à me rappeler de ces détails du moment présent ce n'est pas réellement ma définition de ne pas avoir totalement tout oublié... » Dis-je avant de me racler la gorge pour répondre au mieux à ses questionnements. « Il y a trois tables basses, chacune entourée de trois canapés. Tes yeux sont bruns, comme tes cheveux. Dans ton livre tu as écrit... Journal... le reste je n'y ai pas porté attention. Et... je dirais droitière, mais là encore je ne suis pas certain. » J'ouvre ensuite les yeux pour la fixer. « Tu veux savoir si tu as tout oublié? Ferme les yeux et essaie de te rappeler de visages que tu n'as pas croisé ici, de noms, de paysages... n'importe quoi qui n'est pas vieux ou blanc comme dans cet endroit. Tu veux savoir si tu peux faire confiance à ton intuition? Fixe-moi dans les yeux et dit-moi si tu as l'impression que je pourrais te faire du mal. Tu veux savoir si tu as de bons réflexes... testes-les. » Terminais-je en tendant un bras dans sa direction pour essayer de lui frapper doucement, mais rapidement, le bras.

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Les détails du moment présent. Une phrase qui la marqua en quelque sorte. En effet, les détails du moment présent sont bien les seules choses dont elle peut réellement se souvenir. Autrement, elle ne se rappelait pas de son adresse résidentielle, de sa date de naissance, son âge, sa couleur préférée (même en sachant que ce n'était clairement pas le blanc) le nom de la ville ou même le pays dans lequel elle était née. Son passé était aussi vide que le livre sur ses genoux. Pas de traces, pas d'indices, pas de mots, d'odeur ou de goût. Elle avait une bonne mémoire, qu'elle pratiquait dans l'instant présent à force de s'accrocher aux petits détails ici et là qui captait son attention. Ce n'était pas de véritables souvenirs, elle le savait. Se lever le matin ne lui posait pas problème, malgré une heure qui pouvait être considérée trop tôt. Un souvenir que son corps gardait peut-être de sa vie d'avant. Une personne matinale donc, qui n'a pas spécialement l'habitude de paresser ou le besoin de dormir plus longtemps. Ses mains habiles qui effectuaient seules un pliage plus que parfait de son lit, comme si c'était un truc dont elles se souvenaient. Sa tête ne se rappelait de rien, mais le reste de son corps montraient autre chose que du vide. Ses pieds qui démontraient une démarche toujours très assurée, et même presque silencieuse comme s'ils visaient l'invisibilité. Il y avait là des indices sous son nez qu'elle n'était malheureusement pas capable de déchiffrer et de comprendre. C'était frustrant de s'auto-analyser tel un sujet d'expérience. Et puis c'était totalement subjectif, ça ne voulait rien et tout dire en même temps. Il y avait de quoi se rendre fou. Dernièrement, elle se contentait de se questionner à savoir si elle était normale ou non. Ça semblait futile, voir ridicule, mais elle avait l'impression de ne pas être tout à fait ordinaire. Et pas spéciale pour autant. Juste pas aussi normale que le reste des filles autour dans cette ruche. Filles qu'elle ne ressentait pas le besoin d'approcher ou de discuter avec. Est-ce que c'était normale ça aussi? Au fond, qu'est-ce qui pouvait être normal ou pas? Qui sait?

Seven se prêta gentiment à son jeu, sans tricher. Il était bon observateur, il savait le nombre de tables basses et de canapés, la couleur de ses yeux et de ses cheveux. Il prenait un guess sur le fait qu'elle soit droitière et elle l'était en effet. Pour l'inscription Journal, une fois de plus, il n'avait pas tort. Elle y avait inscrit Journal de bord, pour être exacte. Il était sans doute naturellement alerte. Puis il fixa son regard dans le sien, l'arrachant bien rapidement à ses pensées pour l’ancrer au moment présent. Il avait un regard drôlement perçant, comme celui d'un aigle qui voit tout. Sixteen n'eut cependant pas de difficulté à le soutenir, sans sourciller. Bien qu'elle n'ait pas perdu un seul mot de son discours, sa main droite se referma très soudainement autour de son poignet alors qu'elle arrêta son geste de justesse. Il n'eut pas le temps de l'atteindre. La brunette baissa les yeux vers sa main qui retenait fermement prisonnière la sienne avant de le relâcher comme s'il s'agissait d'une bête erreur de sa part, d'un truc qu'elle n'avait jamais eu l'intention de faire au départ. Un instant de malaise qu'elle fit rapidement disparaître en reprenant la parole. « Quitte à mettre cartes sur table... » Elle l'observa à nouveau, inspirant profondément. « Oui, clairement, je suis persuadée que tu serais capable de me faire du mal si tu le voulais, mais j'crois aussi que ce n'est pas ce que tu veux. » Pour l'instant du moins. Grand, large, plutôt bien bâtis, l'instinct de survie en mode alerte... oui, il serait capable de s'en prendre à elle sans trop de difficulté. « J'ai quelques bons réflexes, ce qui veut rien dire » À son avis à elle du moins. Elle haussa les épaules, n'ayant pas spécialement l'envie de se lancer une bagarre de ninja sur le moment pour tous les expérimenter.

« Je n'ai pas souvenir de visages ou de paysages comme tu dis, mais... il y a bien une image par contre » Est-ce que ça comptait pour un souvenir? Comment savoir si s'en était réellement un? Peut-être que son l'esprit l'avait inventé afin de mieux la torturer. Hum. D'abord, elle n'en avait pas parlé à personne. Ça l'embêtait d'aborder le sujet dans les détails, mais bon. Cracher le morceau suffirait peut-être à la rassurer à ce propos. Lorsque ce rouquin de malheur lui avait balancé le smoothie vert à la figure, elle avait senti le jus se mêler avec ses cheveux, glissant désagréablement le long de son crâne. Dans un geste inoffensif, elle avait alors porté sa main à sa tête, pour essuyer maladroitement ce satané smoothie collant et puis en observant le contenu en question contre sa main, elle y avait vu autre chose. Comme un flash ou une image plutôt. « Une de mes mains... couverte de sang » Elle leva la main droite avant d'étirer un sourire coupable, comme si elle venait de déclarer un truc totalement illégal à un flic. Du sang. Inutile de se mentir, elle savait très bien que c'était du smoothie, pas du sang et pourtant... pendant un instant, un très bref instant, c'est du sang qu'elle y avait vu. Embêtée à l'idée de passer pour une folle complètement dingue, elle croisa les bras contre sa poitrine en soupirant. « À mon avis... c'est pas très bon signe. Je crois que je suis peut-être capable de faire mal à quelqu'un ou bien... j'ai déjà vécu un genre d'accident...» Avoir du sang sur les mains, c'était une expression péjorative non? Rien de bon en sommes. Est-ce qu'elle avait véritablement tué quelqu'un? C'était une perceptive effrayante sur le coup. Être meurtrière n'était pas le genre de profession qui glorifiait un CV. Sauf que logiquement, elle ne ressentait aucune agressivité ou pulsion violente à combler. Au contraire, elle ne cherchait pas la bagarre. « Bref, je suis au stade de me dire que je suis pas normale et... honnêtement, côté souvenir, c'est pas tout à fait ce à quoi je pensais... j'aurais préféré le visage d'un ami, par exemple... ou celui d'un membre de ma famille » Et pas genre, une main en sang. Une main lui appartenant qui plus est. C'était plutôt glauque. Est-ce que sa vie n'était que le résumé d'épisodes glauques? Ou de trucs traumatisants? Est-ce qu'on lui avait effacé la mémoire à cause de ça? « Je te souhaite un truc plus joyeux » Et elle le pensait, même si elle encaissait plutôt bien son image-souvenir en question. Ce n'était peut-être pas le cas de tous le monde ici. Encaisser semblait presque aussi naturelle que de respirer et Sixteen croyait que c'était ce qui la préservait le plus de la folie, pour l'instant. Elle n'était pas intouchable ou invincible, malheureusement.

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Un fin sourire s'étira sur mes lèvres lorsque je senti sa main se refermer autour de mon poignet, prouvant de façon plus concrète un point qu'elle n'aurait peut-être pas pu simplement deviner sans contexte. Elle semblait avoir de bons réflexes, une bonne poigne également à en juger par la force brève de ses doigts me relâchant prestement comme si la situation la dérangeait. Pourquoi? Parce qu'elle ne pensait pas être apte à réaliser un tel mouvement sous le coup de l'impulsion sans avoir été prévenu autrement que par le mouvement en lui-même? Je repris ma main, croisant les bras en me calant plus amplement dans ce canapé tout sauf confortable en écoutant ce qu'elle avait à ajouter à la suite de mes propos. Mon fin sourire disparaissant rapidement pour laisser une mine plus sérieuse définir les traits de mon visage. C'est donc ce qu'elle croyait, que je serais en mesure de lui faire du mal? Pour le cliché classique de l'homme contre la femme? Parce que j'avais osé levé la main sur elle pour prouver un point? Doucement certes, mais en le faisant quand même. Peut-être voyait-elle quelque chose dans mon regard qui m'échappait devant le miroir dans lequel je me suis pourtant observé encore et encore à tous les jours dans l'espoir d'arriver à me rappeler quelque chose. Un petit geste parmi tant d'autres réalisés qui n'ont rien apporté de plus à ma mémoire sur la finalité. Peut-être voyait-elle une expression que je n'arrivais pas à cerner, entendait-elle quelque chose de plus dans mes propos que j'exprimais simplement pour faire comme elle et balancer la discussion dans une autre direction. Peut-être que moi aussi j'avais des réflexes de ninja, mais ne le savais tout simplement pas encore. Qui sait. Elle avait tout de même ajouté que même si j'en étais capable ce n'étais pas ce que je semblais vouloir, ce qui était vrai. La dernière chose à me traverser l'esprit en cet instant était de lui faire le moindre mal. D'en faire à quiconque même. Non seulement parce que les règles l’interdisaient, mais également parce que je ne me sentais pas la pulsion colérique de frapper sans aucune raison. Non pas que la colère n'avait pas fait vibrer mes veines depuis mon éveil, mais elle me donnait envie de hurler bien davantage que frapper. « La majorité des gens auraient probablement encaissé le petit coup sans comprendre ce qui venait de se passer. Tu as arrêté ma main. Ça ne veut peut-être rien dire, mais peut-être aussi que ça veut justement tout dire. Peut-être que tu devrais pousser plus loin le test qui sait. » Que je réponds à son commentaire avant qu'elle ne poursuive sur le reste de ce que j'ai mentionné concernant les souvenirs plus concrets, ceux qui ne provenaient pas de cet endroit.

Lorsqu'elle mentionne avoir souvenir d'une image je plisse les yeux, curieux d'entendre si elle va élaborer davantage sur la chose. Une image... elle arrivait donc à se souvenir de quelque chose. C'était donc possible, mais était-elle arrivé ici avec cette image ou c'était-elle matérialisée plus tard? Là on touchait assurément une corde sensible qui me rendait définitivement curieux à outrance, mais lorsqu'elle mentionna le sang... je ne pus m'empêcher de me mordre distraitement la lèvre. Du sang... voilà qui n'était pas forcément bon signe. Hum. Pas forcément bon signe, mais en même temps peut-être que ça ne voulait rien dire non plus. Hors contexte il était facile de s'imaginer tant de choses, de paranoïer de tant de choses, mais peut-être que c'était le but de cet endroit. Cette torture silencieuse nous grattant l'esprit sans nous laisser le moindre répit. J'ai penché la tête, un peu, légèrement, en abordant une mine désolé à ses propos. Désolé pour elle et désolé de voir comme elle semblait se faire du mal pour ce détail... me disant que j'en aurais sans doute fait de même dans sa situation. Du sang... Je me suis tout de même raclé la gorge avant de m'approcher d'elle pour la prendre doucement par les épaules en la fixant dans les yeux. « Ne va pas imaginer n'importe quoi si vite. On ne sait pas ce qu'on fait ici ni ce qui a pu se passer pour qu'on atterrisse ici. Ça pourrait simplement être de la peinture rouge que tu n'en saurais rien ou même des effets spéciaux. Tu ne peux pas savoir. Alors ne pense pas que tu n'es pas normale que pour ça. Quoique à ce titre je crois que personne ici n'est totalement normal au vu des circonstances. » Je frotte délicatement ses épaules avant de les relâcher. « Ça ira ne t'en fait pas. Si c'est vraiment un souvenir et que ça t'es revenu ça veut dire qu'il y a de l'espoir pour qu'autre chose revienne. Le joyeux viendra bien à un moment ou un autre. Peut-être qu'il tardera simplement si on s'accroche trop au négatif de cet endroit et c'est normal. C'est... perturbant comme situation, mais si on se tient ça ira. Tu n'es pas seule ok? »

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Est-ce qu'une partie d'elle-même était effrayée à l'idée de découvrir qui elle était réellement? Sans doute que oui, un peu. Elle voulait savoir, mais elle anticipait un peu la réponse, ce qui expliquait peut-être son malaise vis-à-vis de ses soudains bons réflexes. Est-ce que c'était cool ou bien carrément inquiétant? Elle nageait un peu entre deux eaux, incertaine de savoir si elle était totalement prête à découvrir tout le reste. Forcément, elle était une fille intelligente, elle n'en doutait pas. Elle savait qu'elle possédait des qualités et qu'elle n'était pas que la représentation de défauts. Alors pourquoi avoir une retenue soudaine à l'idée de creuser plus amplement sa propre personne? Peur de la déception, de la vérité? Peur d'être quelque chose qu'elle n'aimait pas? Est-ce qu'elle se méfiait d'elle-même au fond? Qui sait. C'était plutôt embrouillée comme portrait et elle avait l'impression que Seven ne voyait pas exactement la même chose qu'elle. Peut-être croyait-il que c'était obligé qu'elle soit une bonne fille et qu'elle était incapable de faire mal à qui que ce soit, ou bien peut-être pensait-il qu'elle était tout bonnement parfaite, sans paraître dérangée outre mesure. Qu'importe son avis, ils ne se connaissaient pas assez mutuellement pour avoir une idée précise de qui était réellement l'autre. Et si la majorité des gens auraient probablement encaissé le coup sans comprendre ce qui venait de se passer, le fait de ne pas être dans cette majorité dont il parlait, est-ce que c'était mal ou bien? Et puis d'abord, est-ce qu'elle y croyait au bien et au mal? Et en quoi est-ce qu'elle croyait tout court? Plusieurs questions très difficiles à répondre à l'heure actuelle. Elle aurait besoin de plus de temps et plus de souvenirs. Parlant de souvenir, elle aborda le sujet de l'image, ce qui sembla piquer discrètement sa curiosité à cette mention. Un flash, une image, un souvenir, qu'importe ce que c'était au fond. Sixteen avait du mal à croire qu'elle se l'était imaginée, comme dans un rêve. Ou plutôt un cauchemar, dans ce cas-ci. C'était drôlement compliqué à expliquer, ce pourquoi elle tenta de faire simple et bref. Une main recouverte de sang. Elle n'était pas capable de se souvenir si elle portait un vêtement en particulier ou autre accessoire. C'était juste sa main, qu'importe le décor qu'elle ne pourrait pas non plus décrire. Ce sang avait suffi à troubler profondément son esprit, brouillant tout le reste. Pourquoi ce souvenir? Juste le hasard? Était-ce que c'était un avertissement?

Prise dans le tourbillon de ses idées, elle sursauta presque lorsqu'il se racla la gorge avant de se rapprocher un peu pour poser doucement ses mains contre ses épaules. Un geste qui la remmena gentiment sur terre, l'aidant à quitter ses angoisses. Intriguée, elle l'écouta attentivement. Il marquait un point en disant qu'il n'y avait aucune preuve que ce soit réellement du sang, comme elle l'avait sous-entendu. « Tu crois? » Question rhétorique. Elle appréciait sa logique sur le sujet. De la peinture, oui pourquoi pas, en effet. C'était une autre possibilité. Peut-être que son imagination s'emportait beaucoup trop. Vrai qu'il fallait envisager d'autres angles de vu étant donné le peu de détails qu'elle possédait. En sois c'était plus rassurant que de sauter à la conclusion du sang. La brunette étira ensuite un sourire sincère à sa dernière phrase. Seven était décidément plein de surprises. « Merci... j'apprécie, mais ça vaut pour toi aussi. Si jamais t'es en manque de solution, viens me trouver » Elle haussa les épaules avant de jeter un coup d’œil à l'ensemble de l'aire commune. Dans le genre perturbant, c'était pas mal difficile à battre comme situation. Plus rien ne faisait aucun sens. « S'il y a de l'espoir, va falloir s'y raccrocher éventuellement oui... parce que j'ai pas trop l'impression que les choses iront en s'améliorant. Je crois aussi en la force du groupe, mais je crois surtout que ce sera bientôt plus un véritable choix....» Ils allaient tous devoir faire équipe, forcément, un jour ou l'autre. Personne ne gagnerait de bataille seul, si bataille il y avait. Ce n'était pas encore tout à fait clair. Songeuse, elle planta son regard à nouveau dans le sein. « Je veux juste pas me faire de faux espoirs non plus, tu comprends? Restée positive oui, mais réaliste » Chasser le négatif elle pouvait le faire oui, mais s'imaginer le pire des scénarios, c'était aussi une façon de ne pas se laisser endormir par le fameux "tout va bien aller". Elle comptait bien faire en sorte que tout se passe pour le mieux, mais elle ne serait pas prise par surprise si jamais un truc de mauvais leur tombait sur la tête sans prévenir. « Avec ou sans souvenirs, la situation reste la même » Eux, enfermés ici, sans instructions, sans explications, sans directives précises autre que de continuer à vivre tout simplement. « Qui plus est, tu crois que tout le monde ici saura rester calme et raisonnable? » Elle étira un petit sourire en coin, avant de poursuivre. « Des règles seront enfreintes, des liens se créeront entre les gens certes, mais on sera loin d'être tous de bons copains... tout indique de futurs problèmes » Même elle ne pourrait pas s'en tenir éloigné éternellement. Tout ceci finirait par la rattraper, étant donné qu'ils étaient tous dans le même bateau. Glissant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle soupira doucement. « Ça ne veut pas dire pour autant qu'on n'y survivra pas... ce sera juste pas un jeu d'enfant...» Plutôt une sorte de parcours du combattant.

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Si je le crois? Évidemment que je le crois. Je crois que cet endroit n'existe que pour jouer avec nos têtes de la pire façon qui soit et que le moindre petit détail n'est pas à prendre à la légère, mais pas non plus au sens littéral. Je crois que tant que nous n'avons pas une vision d'ensemble de peu importe ce que notre esprit décidera de nous montrer il ne faut pas s'accrocher à ce qu'on croit percevoir, aussi difficile cela puisse-t-il être. Je sais qu'un jour ce sera mon tour. Je sais que si j'avais vu du sang sur mes doigts je me serais aussi posé mille et une questions sur ce que j'ai bien pu faire et à qui. Je savais surtout plus que tout que malgré ma ligne de pensée plus que logique, un esprit ébranlé se ficherait bien de l'image d'ensemble et voudrait s'accrocher comme il le pourrait au moindre petit souvenir offert simplement pour ne plus être cette carcasse vide nous définissant en cet instant. Peut-être qu'en un sens c'était donc bien d'en parler, de la rassurer, de lui dire que je serais là pour la ramener dans notre réalité actuelle et la convaincre de ne pas se penser meurtrière sans savoir. C'était bien de l'entendre me dire qu'elle aussi serait-là pour moi si j'en avais besoin et je ne doutais pas que ce jour arriverait. Je ne doutais pas qu'un jour c'est elle qui aurait besoin de me rassurer et me dire que la pire horreur ayant pu se présenter à mon esprit et prétendant être un souvenir n'était peut-être pas ce qu'elle semblait être. Parce que clean, parfait, oh ça non je ne sentais pas que je l'étais. Je ne savais pas pourquoi, mais je le sentais c'est tout. « Je viendrai, merci. » Que je lui réponds donc en esquissant un sourire. Il y avait quelque chose avec elle... Je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus, mais moi qui me sentait plutôt méfiant, qui pensais très fortement l'être avec tout le monde, je me retrouvais là à papoter sur ce canapé avec une parfaite inconnue sans même retenir le fond de ma pensée. C'est comme si elle avait cette aura naturelle de 'fait-moi confiance' à laquelle je cédais sans peine même si je venais tout juste de la rencontrer. Comme si c'était facile de jouer carte sur table avec elle sans avoir peur de trop la choquer. Je n'aurais certainement pas essayé de 'frapper' n'importe qui. C'était... vraiment étrange tout ça.

« Oh oui je comprends. » Répondis-je lorsqu'elle poursuivit sur la nécessité de la force du groupe qui ne deviendrait en effet sans doute plus une option après un certain temps si vraiment cet endroit nous voulait du mal. Enfin, tant que nous n'étions pas tous ici pour nous entretuer et que le seul survivant était celui à pouvoir sortir. Rien que d'y pensé je me sentais dégoûté par cette option que j'espérais plus que tout ne pas voir se concrétiser. Qu'est-ce qu'on va faire, la voilà la véritable question. Puisque c'est bien joli la planification, l'optimisme, la mention que oui agir en équipe nous sauvera peut-être de quelque chose, mais encore? Il n'y a qu'une seule porte n'était pas numérotée comme celle de nos logements, pas de fenêtres, pas de vue sur l'extérieur, pas d'explications... Quoi faire alors? Attendre de voir comment la situation évolue ou convaincre tout le monde que nous serrer les coudes au plus vite est notre meilleure option? Puisque là encore elle avait raison, le positivisme était une chose, mais le réalisme une autre. Et en possession de si peu d'informations, si peu de détails... Il était difficile de réellement se faire une tête sur le sujet. Avec ou sans souvenirs la situation reste la même oui, les souvenirs ayant peut-être simplement pu aider un peu si nous avions pu savoir comment nous sommes arrivés ici. Cette sensation au réveil... comme si nous avions été drogués. « Honnêtement, je nous trouve étonnamment calmes compte tenu des circonstances parce que je suis totalement d'accord sur le fait que tout le monde ne le restera pas, calme. Même ce que tu viens de partager avec moi, le rouge sur tes mains, tu l'as fait si calmement... alors que j'imagine bien d'autres personnes déjà roulées en boule dans un coin à pleurer jusqu'à ce qu'à ne plus avoir de liquide dans le corps. Forcément un chaos va inévitablement s'installer et ça ne peut pas être bénéfique. »

Je soupire, glissant une mains dans mes cheveux. « Il faudra qu'on trouve une stratégie ou quelque chose... parce que si on en laisse paniquer, si on laisse la chaos s'installer, on va simplement créer notre propre perte. Il y a des règles, je ne pense pas que ce soit sans raison. Et comme on ne sait pas quel genre de personnes se trouvent ici... On est peut-être tous de gros délinquants qui iront pisser dans la fontaine à la première occasion et on ne le sait pas encore. » Dis-je d'un air faussement offusqué en souriant. Ce n'est pas dans ce genre de situation qu'on se dit qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer? « Je crois que le mieux pour le moment reste de juste attendre, observer comment les choses évolues et aviser ensuite. On a qu'à... prendre des notes chacun de notre côté et se voir à l'occasion pour peaufiner une stratégie peut-être? Comme ça on sera prêts si quelque chose doit arriver un jour. On va peut-être se découvrir des dons de stratège ou des aptitudes en survie. »

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Vrai qu'ils étaient très calmes tous les deux, à papoter de sujets sérieux sur un canapé comme si c'était ce qu'ils avaient toujours fait. Nullement alarmé par la situation et les risques qui se présentaient à eux. Elle l'avait remarqué assez rapidement lors de son premier jour. Cette façon de conserver son calme comme si c'était un réflexe naturel. Une manière de survivre en soi. Un point qu'elle appréciait chez elle, de ne pas être sujette aux angoisses et au stress. Elle n'y était pas imperméable, mais disons qu'elle arrivait à se contrôler. Elle était capable de se concentrer suffisamment pour mettre de côté ses émotions. C'était drôlement pratique. À force d'observer les autres, elle avait constaté de multiple réactions différentes. Ceux qui restaient calme, ceux qui en avait rien à foutre de tout ça et qui se détachaient complètement de la situation, ceux qui préféraient en rire et voir le bon côté des choses, mais ceux aussi qui en pleuraient, qui paniquaient et qui se roulaient un peu en boule dans un coin. À chacun sa manière de réagir, mais elle savait qu'elle n'était pas du tout pleurnicharde et encore moins du genre à baisser les bras. C'était une sorte de feu en elle, le désir de surmonter tout ça et d'être prête à se battre pour sa vie. Peut-être était-elle du genre compétitive ou fonceuse? Dans tous les cas, elle n'avait pas la larme facile, ce qui pourrait forcément s'avérer utile si le chaos venait à s'installer. Elle serait sans doute capable de taire ses émotions temporairement pour réussir à agir et prendre de bonnes décisions. Évidemment, elle ne pouvait pas prédire parfaitement ses réactions, elle comptait surtout sur les points qu'elle avait été capable d'observer jusqu'à maintenant. Seven avait raison, ils étaient tous les deux d'un tempérament suffisamment calme pour être capable de réfléchir adéquatement. Peut-être devraient-ils faire équipe? Forcément, ils s'entendaient bien tous les deux, assez pour se parler franchement qui plus est et de ne pas tomber dans le mensonge ou la cachotterie. Ça pourrait être utile. Elle l'espérait du moins.

Un sourire amusé se glissa rapidement sur ses lèvres à la mention soudaine d'une bande de rebelles qui pissent dans la fontaine. Par réflexe, elle jeta un coup d'œil en direction de ce gros bassin d'eau bizarre qui pour une fontaine, n'a vraiment rien d'artistique et tout de très étrange. Le commentaire de Seven n'était pas uniquement qu'une blague, puisqu'à son avis, quelqu'un finirait par faire quelque chose de con avec cette fontaine oui. C'était son petit doigt qui lui disait. Bref. Elle comprenait où il voulait en venir avec cette image. « On n'est sûrement pas tous sages non...» Oh elle se doutait qu'il y aurait bientôt des troubles fêtes pour faire quelques bêtises dans le coin. C'était écris dans le ciel, même avec l'absence de ciel dans cet espace où ils étaient confinés. « En espérant que ça ne dégénère pas trop rapidement » Elle pouvait tolérer la présence de délinquants, mais si ça finissait en scénarios catastrophe du genre quelqu'un met le feu à un meuble, non merci. Tout ça pour dire qu'ils devaient se préparer à l'arrivée du chaos, parce que c'était sans doute un peu inévitable. L'idée ne lui plaisait pas particulièrement, mais bon. Lorsque Seven proposa de simplement attendre et d'observer comment les choses évolueraient au fur et à mesure, elle hocha doucement la tête en signe d'approbation. Ils aviseraient ensuite oui. Impossible de prédire de quoi demain serait fait. Bien qu'elle commençait déjà à trouver le temps long, elle était prête à patienter et poursuivre ses observations. Laisser les choses aller, c'était peut-être ce qu'il y avait de mieux à faire au fond. « Bonne idée, je prendrais quelques notes à tous les jours » Elle souleva son journal de bord, livre vierge, avant de le déposer à nouveau sur ses genoux. Elle était désormais équipée pour écrire tout ce qu'elle observait. « Je ne sais pas si on parviendra à établir une sorte de stratégie avec tout ça, mais ça vaut le coup de l'essayer » Dans tous les cas, c'était un plan qui lui plaisait bien et qui pourrait aussi la tenir occupée pour passer ses journées. Sixteen sentait qu'elle avait besoin d'une sorte de but à atteindre pour pouvoir se concentrer là dessus et s'éviter de s'égarer ailleurs. C'était parfait. « Je crois que je vais aussi garder un œil sur les possibles délinquants... » Hum. Encore une fois, elle sentait qu'il ne fallait pas trop les laisser aller, justement. Le mieux serait de les encadrer non? Ou du moins, de contenir au maximum le risque de bêtises stupides ou dangereuses. Pisser dans la fontaine, c'était plutôt soft. À la place d'un délinquant, elle s'attaquerait à un truc beaucoup plus gros. Quelque chose qui lui permettrait de se défouler réellement. Comme casser un truc ou bien se battre contre un autre personne. Le règlement l’interdisait, certes, mais ça ne les contiendrait pas tous éternellement. « Dans le sens que, si jamais je vois que je peux empêcher une catastrophe de se produire, je le ferais » Comme arrêter une grosse connerie avant qu'elle se réalise et qu'il ne soit trop tard pour revenir en arrière. La brunette disait ça parce qu'elle sentait qu'elle serait incapable de jouer aux observateurs sans réagir s'il se passait quelque chose de mauvais sous ses yeux. Elle interviendrait forcément. Est-ce que c'était une mauvaise chose? Est-ce qu'elle ne risquait pas de s'attirer des ennuis malgré tout? « À quand notre prochain rendez-vous alors? » Elle lui lança un petit regard rieur, avant de sourire. « Professionnellement parlant » Bien entendu. De toute manière, elle risquait de le croiser tous les jours donc bon. Et en espérant que ce serait dans de bonnes circonstances. « Tu crois qu'on sera capable de rester concentré sur notre stratégie? » Sans jamais déraper deux secondes? Sans jamais faillir au plan d'observer, de prendre le plus de notes possibles et de ne pas céder au chaos?

JUST NEED A LITTLE TRIGGERH01-7 & F01-16

Sages nous ne le sommes assurément pas tous, différents nous l'étions totalement malgré la situation similaire dans laquelle nous étions tous plongés ensemble. Tout le monde dans le même bateau de l'amnésie à nous demander ce qui se passe ici et essayer de comprendre le sens de ce bordel. Et pourtant différemment nous allions tous réagir face à cet enjeu de taille aillant une influence directe sur ce qu'il en est de nos existences dans cet endroit. C'est ce qui rendait la chose si compliqué, le facteur aléatoire et imprévisible de chaque être dans cet endroit qui pouvait tout aussi bien se jeter en bas du balcon que simplement mener sa petite vie comme si de rien n'était. Ce qui pouvait pousser quelqu'un à se laisser bercer doucement par les tréfonds de la folie ou au contraire pousser à une croyance sans faille que la sortie se dessinerait simplement à nous le jour venu en tenant le plateau doré des explications tant espérées. Il y avait assurément de quoi faire au niveau de l'observation, ne serait-ce que pour démêler les gens un peu et leurs propensions premières. Noter qui serait à risque de chute, à risque de devenir complètement cinglé et faire du tord aux autres. Voir qui, au contraire, avait les nerfs suffisamment solides pour arriver à guider le bateau au besoin si un événement dangereux ou non nous tombait dessus par surprise sans que nous ayons pu le prévoir. Il fallait savoir sur qui se reposer en cas de problème, qui éviter sur le long terme, de qui se faire des alliées et qui considérer comme des ennemis jusqu'à preuve du contraire et garder un œil sur les délinquants, comme elle le mentionna si bien, était en effet une bonne façon de cerner rapidement la tendance de certains. Les délinquants devraient normalement se tenir entre eux, les effrayés de cet endroit seul dans leur coin et surtout loin de tous,... de qui se méfier et à qui faire aveuglément confiance serait certainement le plus gros défi de cet endroit. Surtout sans rien savoir, sans rien présumer de son passé. Je pouvais décider de faire confiance à cette jeune femme en présumant que ce sang n'était rien de plus qu'un détail dont elle n'était pas responsable et elle pouvait finalement s'avérer être une meurtrière en puissance qui retrouverait ses esprits simplement pour m'enfoncer un couteau dans le dos au moment où je m'y attendrai le moins. Peut-être le suis-je aussi, dangereux, sans même le savoir. N'avait-elle pas après tout vu quelque chose au fond de mon regard?

« J'imagine que tout ce qu'on peut faire c'est notre mieux pour essayer d'éviter les catastrophes oui. Je ne me sens personnellement pas de ceux qui vont transgresser les règles, mais je n'aimerais pas non plus voir ce qui arrive à ceux qui le font. Si quelqu'un nous a coincé ici, il vaut sans doute mieux ne pas nous le mettre à dos. Si les actions des uns on des répercutions sur tout le monde, on est mal. » Je me lève finalement lorsqu'elle demande à quand notre prochain rendez-vous professionnel, un peu amusé par l'idée je l'avoue. Au moins ça aura le mérite de passer le temps. Je la laisse l'espace d'un instant simplement pour aller chercher un livre vierge à mon tour avant de retourner près d'elle, pensif. « Maintenant que j'ai moi aussi un livre on devrait arriver à faire quelque chose de nous oui. Et puis, ce n'est pas comme s'il y avait des masses de choses pour s'occuper dans les environs de ce que j'ai pu voir pour le moment. Papoter avec les gens et mener notre petite enquête chacun de notre côté devrait nous tenir occupé et ne devrait pas trop passer à la trappe. Ça se fera tout naturellement. » Je joue des pages du livre avec mon pouce avant de continuer de parler. « Je crois qu'on peut se donner quelques jours pour assimiler l'environnement un peu et croiser quelques personnes et après on pourra papoter un peu et voir ce qu'on fait. On risque de se croiser régulièrement de toute façon. Cet endroit ne me semble pas aussi grand qu'il semble l'être. Alors... je suis dans le 5-B. Passe me voir quand tu veux et on fera un petit tour de nos notes. » Que je lâche finalement avant de sourire. « Bonne chance Sixteen. » Je lui fais un petit signe de la main avant de m'éloigner avec mon livre, content tout de même de la perspective d'avoir au moins une alliée dans cet endroit.

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