Le guide de survie dans la Ruche || par 7 et 400

Le petit guide pour survivre dans cet endroit de merde, par un... Je soupire, cherchant le choix de mot parfait pour exprimer l'état actuel de ma personne. Ce douloureux mélange de blasé, découragé, estropié et à bout de nerfs dont je n'arrive tout simplement plus à me débarrasser. Ce n'est pas moi tout ça, je le sens pourtant. Je ne peux pas simplement être cette loque humaine désespéré de cet endroit, cette vie, ce tout. Je ne veux pas être ça. Je ne veux pas être celui qui ne sait plus sourire, plus profiter de rien. Celui qui entre dans une pièce pour briser l'ambiance avec sa mine maussade et son attitude merdique qui ne donne assurément envie à personne de profiter de l'instant. Je ne veux pas me laisser noyer par cet endroit, par tout ça, par ce bras qui finira bien par guérir à un moment ou un autre. Je ne veux pas non et pourtant j'ai cette sensation me prenant aux tripes que c'est du vécu tout ça. Cette sensation que mes traits on cette habitude naturelle au sérieux, à la déprime. Qu'est-ce que j'ai bien pu vivre pour sentir que ça, même si je veux tant le repousser de tout mon être, est presque normal, commun? Est-ce que ça a un lien avec cette énorme cicatrice à ma jambe pour laquelle je n'ai pas encore la moindre explication? Est-ce que j'ai été blessé avant d'arriver ici et que j'ai sombré dans cette même peine me rongeant en ce moment? Dans cette déprime de voir que je ne peux plus faire tout ce que je veux parce que je suis un boulet pour moi-même? Ça expliquerait peut-être pourquoi la chute est si facile, si rapide. ... par une personne qui en a assez d'être ici et espère qu'on va tous s'en sortir vivants. Ça fait long un peu comme titre. Surtout avec la police d'écriture qui est visiblement la mienne. C'est-à-dire des lettres toutes moches et difformes qui feraient saigner des yeux les puristes de l'écriture. Définitivement je n'en étais pas un, ça fera une chose en plus à biffer de la liste de ce que je ne suis pas. Chaque petit pas compte à ce qu'on dit. Bien. C'est du joli tout ça, mais qu'est-ce que je fais avec maintenant?

Ça étant mon nouveau projet pour passer le temps. La lecture ne semble définitivement pas être une force chez moi, me lassant plus que rapidement. Les entraînements sont suspendus jusqu'à nouvel ordre parce que le mouvement de mon bras et du tapis ça ne fait pas bon ménage. Il ne me restait donc que ça, le petit coin des artistes en herbe où je ne me sens définitivement pas davantage à ma place. Je voulais essayé tout de même, mais pas simplement d'une toile et d'un peu de peinture. J'ai plutôt eu envie de m'inspirer de cette phrase que j'ai trouvé dans l'un des livres de la bibliothèque par une personne d'ici qui en avait visiblement profité. La bonne idée. Je voulais juste faire quelque chose à ma façon, quelque chose qui me permettrait d'essayer de reconnecter un peu avec cet optimiste certain qu'on sortira d'ici que j'avais l'espoir d'être à mon réveil il y a maintenant plus d'un mois. C'est fou comme le temps passe vite... J'avais donc décidé d'inventer un genre de guide de survie dans cet endroit, inspiré par l'autre crétin avec sa chemise qui espérait visiblement qu'on l'achève à ne pas faire attention. « Hum. » Peut-être que ce n'es pas tout à fait bon pour le titre, mais on devra faire avec.

Je tourne la page, tenant le livre de mon bras toujours coincé dans une attelle, avant de prendre un feutre noir et chercher quoi y noter. Respecter les règles me semblait logique, mais quoi d'autre? Ne pas agir comme un petit con? Réussir à se faire des alliés? Même ça je n'y étais pas réellement parvenu de mon côté encore, ou presque. Difficile à dire avec certain. Je pince les lèvres, posant la pointe du feutre sur le papier pour finalement y dessiner un petit bonhomme bâton en esquissant un léger sourire. « Ce qu'il peut être moche. » Décidément ma force n'est pas dans le dessin non plus. Même pas foutu de faire une tête ronde à ce pauvre bonhomme.

Pas si mal? Je lève les yeux en direction de la voix semblant visiblement s'adresser à moi, le sourire sympathique de l'inconnu m'encourageant à le lui rendre. J'en suis presque surpris moi-même compte tenu de la difficulté que j'ai à me coller un semblant de joie sur le visage depuis quelques temps. Son approche sans doute plus chaleureuse qu'hostile y est sans doute pour quelques chose. « Pas si mal pour un enfant, mais je peux définitivement faire mieux. » Que je rétorque finalement avant de poursuivre pour répondre à son questionnement. « Je n'avais pas réellement prévu le faire illustré, simplement envie de tester le dessin, mais j'admets que ça pourrait sans doute donner quelque chose de sympathique. Si au moins j'arrivais à lui faire une tête ronde à ce pauvre personnage. » Je fronce les sourcils et lui ajoute une petite hache dans la main, histoire d'illustrer qu'il ne faut pas faire mal aux autres... Peut-être que j'aurais dû lui coller une fourchette dans la main finalement. Ça me semble définitivement plus accessible qu'une hache puisque j'imagine que ça se saurait s'il y avait une hache dans les environs. Bon, certes, ça resterait contre les règles de faire un trou dans un mur, mais si ça en vaut vraiment la peine... Il suffit d'un peu de préparation. « Je crois que je cherche juste une façon d'unir un peu les gens et je me dis que puisque plusieurs ne semblent pas trop enclins à la conversation y aller de l'écriture, voire oui peut-être du dessin, ça aidera peut-être à juste mettre nos idées en commun. Histoire qu'on soit tous un peu sur la même longueur d'onde et qu'on s'ajuste en conséquence. » Est-ce que c'est trop utopique de ma part de penser qu'un simple bout de papier arrivera à secouer un peu quelques personnes et 'mobiliser les troupes' s'il se passe une merde dans les environs? Sans doute, mais qu'est-ce que j'ai à perdre de toute façon? Rien, littéralement rien, alors je me dis pourquoi pas. Puis il faut bien que je m'occupe et dans cet état les options sont limitées. Au moins comme ça je continue d'entraîner un peu mon esprit pour ne pas juste me laisser couler.

« Envie de participer? Au moins de passer le temps un peu? Plusieurs têtes parfois ça peut donner des résultats plus intéressants. » Puis ne pas être seul risque aussi de m'aider à ne pas simplement mourir de désespoir sur un coin de table. On s'aide comme on peut en l'absence de médications et autres trucs du genre pour faire oublier la douleur persistante. Il me semble bien sympathique de toute façon à première vu, presque... familier même étrangement. « Doué en bonhomme-bâton peut-être? » Que je demande en souriant. « Au fait, moi c'est 7. » Histoire de ne pas en oublier le minimum des politesses. « Estropié et assurément pas un artiste accomplis. Je te le dis, il est moche ce petit bonhomme. »