Sometimes it feels like quicksand's pulling me down (H01-7)

-Feels like there ain’t no escape
@H01-7

Assise sur le coin de son lit, brosse à cheveux en main, Sixteen fixait le mur depuis déjà trop de seconde, complètement perdu dans ses pensées. Elle en oublia de se brosser réellement les cheveux, préoccupée par plus important à ses yeux. La question de l'heure: pourquoi personne ne faisait rien pour sortir d'ici. Pourquoi ne faire aucune tentative pour déjouer la personne en charge de cet environnement pourris. Pourquoi subir. Pourquoi elle. Est-ce que c'était égoïste de se demander le fameux, pourquoi moi? Et pourquoi toutes ses questions, là maintenant en début de soirée. Un long soupire s'échappa de ses lèvres. Visiblement, le moral n'y était pas. Son humeur était au stade de je te claque la porte au nez si tu viens me parler avec des soleils dans les yeux et trop de dents dans le sourire. Aussi bien dire qu'elle n'était pas d'humeur à rigoler ou s'amuser ou tout simplement, que le coeur n'y était pas. L'envie non plus, d'ailleurs, parce qu'elle pourrait bien faire un effort et aller côtoyer Friday cinq minutes le temps d'effacer quelques nuages gris sans sa tête. Son insouciance contagieuse lui ferait sans doute du bien. Dommage qu'elle soit déjà au stade de flipper des tables ou de poignarder son oreiller. Pas de Friday, donc. Machinalement, elle s'appliqua à enfin brosser ses cheveux, non sans se demander à quoi bon les démêler, puisque ça n'avait probablement pas aucune importance ici. Vivre ici était frustrant et horriblement long. Malgré la tonne de note qu'elle avait pu inscrire dans son livre, elle ne voyait toujours pas la lumière au bout du tunnel. Dur de dire si elle était juste fatiguée, parce qu'elle ne dormait pas trop bien ses temps-ci, trop sur ses gardes la nuit comme si elle sentait une menace invisible. Une menace pas de visage ni de forme. Une menace qui ne s'abattait pas facilement non plus. Depuis cette explosion de fontaine, c'était le bordel dans sa tête. Elle ne nommerait pas le responsable, question de ne pas y donner de l'attention qu'il ne méritait pas, mais à cause de lui, tout était parti en vrille. Elle ne se sentait pas du genre rancunière, peut-être un peu, mais bref. Même le coup de poing ne l'avait pas vraiment soulagée, double déception. Ça ne voulait dire qu'une seule chose. Sa colère n'était pas dirigée sur la bonne personne. Pas le bon destinataire. Pas le véritable responsable de tout ceci. Relâchant la brosse à cheveux, Sixteen se força à quitter son logement, question de changer d'air. Une petite balade ne lui ferait pas de tort et puis rien ne l'obligeait à socialiser sagement avec le reste du monde. Elle saurait l'éviter si besoin et puis voilà. Qu'on la laisse tranquille, c'était pas trop demandé non plus.

Bon ça y est, première personne qu'elle croise en sortant, un sourire! Un putain de sourire. La brunette serra les poings. Fuck de merde, c'était si difficile à avaler le fait qu'on TORTURAIT des gens ici et que ce n'était pas des vacances!? Qu'on PUNISSAIT des gens pour des trucs aussi stupides et inoffensif que d'échanger son repas avec un autre personne? Est-ce qu'ils étaient tous AVEUGLES? Est-ce que tout le monde s'en fichait? Est-ce qu'il y avait juste elle ici qui voyait un problème? Voir un danger? Voyant qu'elle était sur le point de perdre un peu le contrôle, Sixteen inspira bien profondément pour revenir à la raison. Elle fit quelques pas un peu plus loin pour bouger et diriger son attention sur autre chose que le visage des gens. Presque instinctivement, elle finit par s'arrêter devant le logement où Seven vivait. Sa grotte de loup solitaire. Ça faisait longtemps qu'elle n'était pas passée le saluer ou discuter plus longuement avec lui. Elle hésita tout de même quelques secondes avant de finalement céder et d'entrer pour voir s'il était là. Salut, c'est moi, la fille qui a le goût de tuer tout le monde, comment ça va? Heureusement, elle se garda une petite gêne, tombant nez à nez avec le loup en question. Elle le fixa quelques instants, comme pour flairer son humeur. Apparemment, se jauger du regard sans dire bonjour, ça passait bien entre eux. « Toi aussi t'as le goût de défoncer un mur avec ton poing? » Elle posa les mains contre ses hanches, avant d'enchaîner tout naturellement. « … ou de plus jamais te réveiller le matin, question de pas subir une journée de plus ici » L'apparence de petit paradis tout blanc et confortable cachant en vérité le feu de l'enfer. Son regard s'attarda ensuite sur son fameux bras. Le bras cassé. Ce n'était certainement pas elle qui allait lui passer un commentaire à ce sujet-là. Du genre, hey, comment va ton bras? Il me semble que la réponse était assez évidente. Souffrant, douloureux, incommodant et autres synonymes moches. Qui avait envie d'avoir le bras cassé? Juste personne. Si c'était à elle qu'on avait cassé un bras, par accident ou non, elle arracherait la langue au premier venu qui lui demanderait comment elle va. « Ça t'embête pas si je m'invite? » Une façon plus polie de lui tenir compagnie plutôt que de lui imposer. Vrai qu'elle-même avait plutôt envie d'être seule, mais maintenant qu'il était là, d'une certaine façon, elle ne se sentait plus si seule que ça et bizarrement, c'était l'effet d'une pluie sur son brasier intérieur. Peut-être, avec un peu d'espoir, que Seven parviendrait à la calmer un peu ou juste assez pour faire une pause.

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@H01-7

Le fait que Seven lui confirme que lui aussi avait atteint le stade du vase trop plein lui fit du bien sûr le coup, parce qu'elle commençait vraiment à croire qu'elle était la seule ici dans cet état. Apparemment non, donc c'était un début en soit. Pas assez pour la tranquilliser totalement, mais bref. Elle souffla un coup, pour la forme. Enfin, un autre qu'elle avait eu sa dose de cet endroit pourris. Elle ne pouvait pas demander mieux. Au lieu de ruminer seule dans son coin, elle pourrait au moins le partager avec lui. Peut-être que ça la soulagerait de gueuler un peu, qui sait. Ou bien d'en rire, au lieu d'en pleurer. Sagement, elle l’accompagna jusqu'au salon, non sans perdre sa moue boudeuse de fille contrariée. Sourire était définitivement trop demandé pour l'instant. Seven piqua tout de même sa curiosité lorsqu'il s'empara d'un petit coffret bien caché sous le canapé. Elle le suivit du regard, approchant finalement lorsqu'il tendit la boite en question dans sa direction. « Choisi ton poison. » Elle arqua un sourcil, sceptique quant au contenu de ses fioles un peu bizarre. De l'alcool? Hum. La brunette en choisit une au hasard, avant de l'observer plus attentivement. Ce n'était pas une très grosse quantité à proprement parlé. « Tu crois que boire ce truc me fera oublier le reste? » Pas qu'elle en doutait, mais oui, un peu quand même. Elle l'agita doucement, avant de soupirer. Oh well. Et puis merde quoi. C'était un peu inattendu, mais rendu là, elle ne voyait pas vraiment en quoi refuser était une meilleure idée que celle d'accepter l'offre. Elle l'ouvrit, avant de l'avaler d'un seul trait. Vue le niveau de concentration, elle toussa deux, trois fois, avant de plisser finalement le nez. « ...je vois ce que tu voulais dire ouais...» Même sans souvenir précis, ce truc était plus fort qu'un simple shooter, assurément. Sixteen se posa ensuite à coté de lui, partageant ainsi le même canapé. Cette fiole ne ferait définitivement pas de miracle pour le moment. Elle pencha la tête, fixant le plafond en grognant. « Je veux sortir d'ici, mais ils sont tous trop occupés à faire des dessins, des soirées pyjamas et je ne sais pas quoi d'autre de totalement inutile. À croire que y'a que moi qui voit un problème. » Elle se redressa ensuite, plantant son regard dans le sien. « C'est sûr que c'est une blague, des gens disparaissent, d'autres se font kidnapper et torturer et ça n'alarme absolument pas personne? » Elle se tapa le milieu du front avec sa main droite avant de soupirer. Absurde. Tout ceci était absurde de A à Z. Une blague qui était loin de la faire rire en ce moment. Bordel que c'était frustrant de sentir qu'ils faisaient tous l'autruche, tête dans le sable. Pourquoi personne ne comprenait?

« Si ça se trouve, c'est exactement ça qu'ils espèrent en fait. Nous rendre tous dignes, qu'on s'entre-tue éventuellement et que personne ne soit en mesure d'identifier la vraie menace. Doivent bien rire de notre gueule ouais en sachant qu'ils sont loin de perdre le contrôle sur nous. » En repensant à son court séjour en isolement, elle laissa échapper un petit rire faux, voir sarcastique. « Et ils ont le moyen de nous faire peur en plus, juste au cas où que quelqu'un décide d'en avoir marre du règlement...» Elle leva les yeux vers le plafond avant de poursuivre. « Assholes! » Ah non, elle n'avait pas oublié ce précieux 72 heures, doux et tendre. Jetant un coup d'œil à Seven, elle haussa les épaules. « J'ai découvert que j'aimais vraiment pas qu'on me marche dessus... et que je sais frapper, plutôt bien en plus. » À savoir qu'elle pouvait aussi avoir mauvais caractère et qu'elle ne possédait pas que des qualités. Franchir les limites de sa patience n'était pas recommandé. Par chance, il restait un peu d'espoir sur ses chances de survie. Elle était endurante, et ce, beaucoup plus qu'espéré. C'était surprenant d'être aussi motivée à soulever des murs après une expérience possiblement traumatisante. Certes, elle avait pris le temps de souffler, de dormir et tout ce qui s'apparentait à du repos, mais la page était définitivement tournée. Réalisant tout à coup qu'elle était probablement en train d'étouffer Seven à coup de chialage, mauvais mot et surplus d'information, elle lui lança un petit regard coupable avant de poursuivre tout doucement. « Ton tour maintenant » Elle l'encouragea d'un geste de la main, prête à écouter ce qu'il avait à dire pour sa part. Plaintes, informations importantes ou autres. « Vas-y balance » N'importe quoi qui pouvait le soulager ou non. De son côté, elle se permit de reprendre une deuxième fiole de peu importe quel alcool c'était, parce que finalement, contre toute attente, c'était plutôt bon oui. Poison ou non, elle en avait de besoin apparemment.

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@H01-7

L'alcool et elle, forcément, ça n'avait jamais été une si grande histoire d'amour parce que pour l'instant, ça ne lui rappelait aucun souvenir ni même une vague impression de déjà vu. Elle ne devait pas être une grande buveuse par le passé, ou alors, elle était définitivement trop remontée pour se soucier de ce détail. Probablement la deuxième option oui. Même en se brûlant l'intérieur avec cette fiole vraiment trop concentrée, Sixteen trouvait le moyen de ne pas perdre le fil de ses paroles, crachant sans filtre, ou presque, ce qui l'énervait sur le moment. La ruche, l'amnésie, les autres, le déni, les règlements, les infractions, la fatigue et tout le reste qui avait fait déborder son vase de la tolérance. Tout ce qui lui donnait envie de défoncer un mur, de flipper une table ou de se rouler en boule sous la couette de son lit. Le fait que tout ceci n'était PAS okay. Que ça n'allait pas bien, que tout partait en vrille et que tout échappait à son contrôle. Elle était dégoûtée par l'idée de s'être fait avoir, coincée voir acculée au pan du mur. Elle se sentait nulle, même si elle pointait tous les autres du doigt comme s'ils étaient LE problème du moment. Au fond, elle ne faisait rien de mieux. À la mention du Créateur, nom qui lui donnait le goût de vomir désormais, la brunette observa Seven, cessant momentanément de s'agiter sur le canapé comme un enfant en crise. Elle avala la moitié de sa deuxième fiole, désespérée à l'idée que ce truc était supposé la calmer et que ça ne venait toujours pas. « J'ai pas l'impression que j'aime perdre, alors si je joue, je joue pour gagner...» Pas question de perdre la partie donc. Lui casser les dents dans les règles lui inspirait au moins une image presque positive. Un peu d'espoir dans la tempête. Il y avait forcément moyen de le mettre échec et mat, de jouer le dernier coup de cette partie dont ils n'étaient pas à leur avantage pour l'instant. Un bras inattendu se glissa doucement autour de ses épaules, l'arrachant à ses idées de guerre de jeu et Sixteen se laissa couler contre lui avec une aisance qui devait sans doute venir de ses fioles thérapeutiques et leur traite contenu. La moue boudeuse qui flottait sur ses lèvres s'évapora dans le confort de l’accolade et des paroles rassurantes de Seven. Elle chercha son regard au passage, comme pour s'assurer qu'il était sérieux. Est-ce que ça allait aller? Est-ce qu'il croyait réellement qu'ils avaient des chances de gagner et d'y arriver? Et pourquoi est-ce qu'il sentait aussi bon là tout de suite. Confusion soudaine dans son esprit qui la laissa sans mot à défaut d'avoir peur de poser la mauvaise question.

Lorsqu'il la relâcha, la brunette du user d'un minimum de concentration pour se redresser dans une position qui se voulait assise bien droite, mais qui en vérité, était légèrement penchée sur le côté. Finalement, ce petit jus alcoolisé avait peut-être des effets sur elle. Observant le reste de la deuxième fiole, elle l'avala de concert avec Seven. À ses mots, elle fronça rapidement les sourcils, tournant la tête dans sa direction pour le fixer. Dans l'armée? Il venait bien de dire qu'il avait fait l'armée? « Tu...quoi? » Trop d'information en même temps. Elle était surprise, mais également très intriguée. Il avait réussi à se souvenir de ça? Mais comment? Et quand? « Tu veux rire, j'espère! C'est vraiment palpitant, tu... tu as des souvenirs de avant...» C'était aussi vraiment très bizarre tout à coup. Sixteen conserva le silence quelques instants, le temps de rassembler ses pensées parce que ça devenait un peu le brouillard là-dedans. Elle chassa donc la brume de force, le temps de se souvenir de cette image dont elle lui avait fait mention. Les mains en sang. Oui, ça! Elle aussi, elle s'était souvenue. « Eh bien... tu sais cette histoire au sujet du sang sur mes mains? Tu te souviens? Figure toi que c'était mon sang... on m'a tiré dessus! » Elle s'était exclamée un peu plus fort que prévue sur la dernière phrase, mais détail. Tout ça pour dire que non, elle n'avait pas tué personne. C'était plutôt totalement autre chose. Par réflexe, elle posa sa main droite contre son épaule gauche, pile à l'endroit où elle avait une drôle de cicatrice. « Sur le coup je me suis dis que... je sais pas... j'étais peut-être flic ou un truc dans ce genre-là...» Si c'était confus le jour où elle s'en était souvenu, ce l'était encore plus là maintenant même si elle faisait l'effort de revoir la scène comme une sorte de film bizarre sans début ni fin et avec aucune mise en contexte. Pourquoi est-ce qu'elle voulait en parler à Seven déjà? Ah, oui! L'armée. «...et peut-être l'armée, mais...j'en suis pas si certaine...» Voilà donc pourquoi c'était vraiment très bizarre qu'il lui parle de ça. Bordel que c'était compliqué cette histoire de souvenir. Ça lui avait laissé des impressions, plutôt que de véritables réponses. L'impression de peut-être être flic ou autre chose qui impliquait l'utilisation d'une arme, parce que forcément, non elle n'était pas vétérinaire ou serveuse. Encore moins gardienne d'enfants. Elle avait l'habitude du danger, voir de se battre. Se faire tirer dessus et ne même pas sentir l'once d'une inquiétude comme de la peur ou un semblant de traumatisme. Glissant une main contre son visage, elle soupira. « Qu'est-ce qui va pas chez moi, hum? » Une question en l'air, qui n'avait pas forcément de lien avec la conversation en court. Tout naturellement, la brunette se laissa choir directement contre Seven, prenant appui sur lui sans lui demander son avis ou même la permission. Ça ne lui avait pas vraiment traversé l'esprit de toute façon. Honnêtement, c'était confortable, à sa plus grande surprise. Limite elle avait bien envie de s'abriller avec son bras non cassé. Cette drôle d'idée lui fit froncer les sourcils. « Est-ce que tu crois qu'on pourrait venir du même genre d'endroit? » C'était possible, ça? Être deux morceaux d'un même casse-tête.

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@H01-7

Installée contre Seven, faisant office d'oreiller pour elle, la brunette fixait le mur en face d'elle, songeuse. Si l'alcool semblait l'embrouiller davantage, ça la menait tout de même dans des directions qu'elle n'avait pas envisagé avant. Et si la réponse était sous son nez depuis le début, mais qu'elle n'y avait pas porté attention de la bonne manière? Les mains en sang par exemple. Elle savait qu'on lui avait tiré dessus, elle l'avait compris plus tard, mais sans le contexte. Qu'est-ce qu'elle voyait autour? Rien. Pas de maisons, de building, de gens à proprement parlé... pas une ville donc. Le ciel était bleu, pas un seul nuage en vu, un gros soleil bien brûlant, pas d'arbres non... pas de montagne, d'eau ou autre truc de ce genre. Juste elle, au milieu de nulle part alors? Dans le désert? Qu'est-ce qu'une flic ferait là, dans ce genre de contexte. Ça n'avait pas vraiment de sens non. Et si elle était juste une victime au mauvais endroit au mauvais moment, qu'est-ce qu'elle foutait là? Qui prenait des marches au milieu de nulle part sous un gros soleil? Elle n'avait pas souvenir de la douleur non plus, même si elle pouvait imaginer que ça n'avait vraiment rien d'agréable. Silencieuse, elle écouta attentivement les paroles du brun, laissant les mots se faire un chemin à travers son esprit si doué pour l'analyse. Se lever tôt sans problème, faire son lit d'une façon si surprenante que s'en était carrément bizarre, faire du sport sans problème et dans son cas, savoir frapper et se défendre instinctivement. Protéger les autres, dans un réflexe pratiquement programmé. Hum. Bien sûr que ça lui parlait. Elle ne pouvait pas nier une telle évidence. Plus à l'aise d'agir que de parler... c'était elle tout ça. Lui aussi, mais bref, elle partageait le même profil descriptif. Comment c'était possible? Et pourquoi ça lui faisait peur tout à coup? Ne devrait-elle pas être heureuse ou même s'agripper avec espoir à cette révélation? Sauf que si elle était militaire, qu'est-ce qu'elle foutait ici? Est-ce que c'était pour mener une guerre dont elle ne savait rien? Est-ce que quelqu'un, quelque part, attendait quelque chose d'elle? Merde. Ça lui semblait trop gros, trop important, trop de pression aussi... L'armée, ce n'était pas un petit détail non. Elle aurait préféré être serveuse finalement. Fuck off les responsabilités. Et si elle n'était plus faite pour ce rôle, hum? Et si son passé ne représentait plus ce qu'elle était au présent? Qu'est-ce que les autres trouveraient à dire si jamais ils apprenaient la vérité? Ce moment de panique intérieur lui donna les larmes aux yeux, elle tellement si inatteignable. Plutôt mourir que de pleurer, elle faisait pâle figure là tout de suite.

Glissant une main contre son visage, la brunette soupira en se forçant le plus possible pour chasser toutes les émotions négatives de son esprit. Doucement, pour éviter de lui coller un coup de coude involontaire, Sixteen se redressa un peu, avant de se tourner face à lui. « Et si moi, je ne suis pas capable d'être ce que j'étais avant? » Elle ne savait pas s'il comprendrait sa question, mais elle poursuivit calmement. « ...ça me semble trop gros pour être vrai, même si c'est évident que je... partage aussi tous ses points que tu nommais. J'ai pas ton assurance ou ta confiance parce que je suis en train de flipper à l'idée que ce soit vraiment ça et que je ne le voyais pas parce que... je suis pas prête pour ça...» Sauf qu'on ne choisit pas toujours dans la vie tout comme on n'a pas toujours ce que l'on veut. Ça ne fonctionnait pas aussi simplement. Elle devait bien arrêter de nager dans le confort du déni à un moment ou à un autre. Arrêter de se bloquer elle-même. Et pourquoi c'était toujours lui qui l'éclairait dans le noir? Elle n'irait pas jusqu'à l'accuser de quoi que ce soit, mais Seven avait le don de lui balayer le sable des yeux. Et puis ça faisait mal du sable dans les yeux bon. « Si c'est ça la vérité à mon sujet, je sais pas quoi en faire parce que ça me donne juste l'impression que je serais supposée réagir, prendre les devants et assumer cette pression. Que c'est ce que les autres voudraient aussi, s'ils savaient....» Ce serait logique, non? Personne compterait sur un simple vendeur de voiture pour les sortir d'ici. Est-ce qu'il ressentait ça aussi ou si au contraire il croyait pouvoir assumer tout ça sans se poser de question ou plutôt sans se remettre en question? Elle n'osait pas trop le demander, pas maintenant en tout cas. Et si personne ne faisait jamais rien pour résoudre le problème, ce n'était pas mieux. Cet endroit, ce n'était pas un champ de bataille, ce n'était pas aussi simple. Et puis fuck, elle n'était pas un peu trop jeune pour avoir fait l'armée? À défaut de se souvenir c'était quoi l'âge requis pour ce genre de truc. « Tu doutes jamais de toi? » Si ce n'était pas complètement indiscret. Ce n'était pas ses sujets de conversations préférés, mais puisqu'ils étaient dans les confidences. « Et tu comptes faire quoi, maintenant que tu sais....» Maintenant qu'il avait compris quel genre de vie il menait par le passé.

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@H01-7

Ça brûlait. Comme des cendres chaudes que l'on aurait déposées sur sa poitrine. C'était douloureux et elle n'avait rien pour les éteindre, ce pour quoi elle endurait ce nouveau mal, essayant de respirer le plus calmement possible pour résister à l'effet de panique. Elle pouvait presque entendre les battements de son coeur, alors que sa gorge devenait de plus en plus sèche. C'était lui qui avait fait ça, mais elle ne sentait pas la rancune percer à travers le tourbillon d'émotions qui la noyait. Lui en vouloir ne changerait rien à la situation et sa logique ne semblait pas l'avoir complètement quitté pour l'instant. Heureusement. Étant donné qu'elle ne voyait pas de solution pour étouffer la brûlure, la brunette lui partagea ses craintes les plus éminentes. D'une certaine manière, se vider le coeur lui permettait aussi de mieux remettre de l'ordre dans ses idées. Ça l'aidait à être moins aveuglé par tout le reste et puis elle savait que Seven n'était pas ici pour la juger et qu'il savait écouter. C'était difficile, dans cet endroit, de trouver véritablement quelqu'un en qui on avait assez confiance pour laisser tomber la méfiance l'espace de quelques minutes. Elle ne se considérait pas comme étant sauvage, mais avec le temps, elle avait bien remarqué cette tendance à se refermer sur soi-même comme un réflexe protecteur. Après tout ce temps passé prisonnière entre ses putain de murs immaculés, c'était probablement normal. Lorsqu'il posa finalement la main contre son épaule, elle plongea son regard dans le sien, arrêtant ainsi le cours de ses pensées. Si elle était rassurée à l'idée de ne pas être la seule morte de trouille, elle l'était moins à l'idée que lui n'en parlait visiblement jamais. Comment faisait-il pour tout garder en dedans sans jamais donner l'impression qu'il s'y noyait? Est-ce qu'il avait simplement trouvé une autre manière de se soulager? Ou alors, elle devrait vraiment arrêter de croire qu'elle était toujours la seule à avoir du mal à se gérer. À avoir peur, à vouloir flipper des tables, à se sentir étouffer, à vouloir pleurer cacher sous une couette ou à se sentir trop vulnérable. Sixteen ferma donc les yeux quelques secondes, avant d'inspirer profondément pour retrouver un semblant de calme. Ce n'était pas si facile à faire, d'accepter d'avoir peur et d'être en paix avec ce fait. Elle voudrait être plus forte que la peur, pour avoir le contrôle dessus et sentir qu'elle ne perdait pas complètement les pédales.

Pour ce qui était de se mettre la pression, la brunette avait l'étrange impression que cette mauvaise habitude la suivait depuis toujours. Vouloir performer, être à son meilleure, mais surtout, tout donner dans le but de se dépasser. Ça ne ressemblait pas à un défaut en soi, mais dans le contexte actuel elle avait l'impression que c'était trop et probablement inutile aussi. Personne ne l'avait pointé du doigt en lui demandant quoi que ce soit. Personne ne lui poussait dans le dos pour la faire réagir. Elle devait arrêter de le faire. Il n'y avait probablement aucun lien entre son ancien boulot et cet endroit ou ce qu'elle devait faire ici. Repliant ses jambes contre elle, Sixteen glissa ses bras autour avant de soupirer. « Je crois surtout que le passé ce n’est pas ce qui nous définit en ce moment non. Ce qu'on a fait ou ce qu'on a pu choisir avant... c'est pas important. Ce qui nous définit vraiment, c'est les choix qu'on fait dans le présent parce que c'est sur ça qu'on a le contrôle. Si j'étais toi, je n’attendrais pas des réponses du avant... » Ce n'était pas dit méchamment, mais elle ne comptait pas attendre de retrouver ses souvenirs avant de faire quoi que ce soit. Peut-être que c'était une réaction très immature, mais elle refusait de laisser l'ancienne elle décider de quoi que ce soit sur son présent et son avenir. Si son elle d'avant avait cru bon de rejoindre l'armée, son elle de maintenant pouvait faire ce qu'elle voulait de sa vie sans en être influencée. « Si je décide qu'à partir de maintenant je suis ingénieure... c'mon choix » Et elle disait ça sans jamais s'être souvenue qu'à la base, c'était effectivement ce qu'elle voulait depuis qu'elle était toute petite. La brunette lui jeta ensuite un rapide coup d'oeil avant de poursuivre. « J'ai pas besoin de mes souvenirs pour prendre des décisions... Je vais organiser une réunion tiens, qu'on partage toutes nos informations sur cet endroit et après je choisirais ce que je veux creuser. Rien sera sans risque anyway, restera à voir lesquels je suis prête à prendre ou pas » Parce qu'elle ne comptait pas jouer sa vie pour autant. Pas comme une militaire qui, pour une raison qu'elle n'arrivait pas à comprendre, s'exposait à des tirs et autres dangers parfaitement mortels. Sauf qu'il était absolument hors de question qu’elle garde les bras croisés dans l'attente d'un miracle. « Si les réponses ne viennent pas à moi, j'irais les chercher » Et honnêtement, elle ne savait pas trop ce que Seven penserait de tout ça, mais elle n'avait jamais eu l'intention de lui mentir. Tant pi si sa franchise n'était pas la bonne stratégie. C'était 100% plus soulageant de se dire qu'elle était maître de ses choix que de penser à qui elle était par le passé. Cette fille n'existait plus. Bon okay, elle garderait peut-être les bons côtés dans sa poche, comme savoir se battre et survivre. Vrai que ça restait utile, elle ne crachait pas sur ça. « Je prétends pas toujours faire les bons choix, mais j’peux plus attendre » Il fallait qu’elle bouge, qu’elle avance peu importe le prix à payer.

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@Sleven

Pour le meilleur ou pour le pire. Pour le meilleur, elle en ressortirait grandit, plus forte, plus épanouit. Tout ce qui pouvait être positif dans la vie d'un être humain. Et pour le pire, elle perdrait sa santé mentale, serait marquée à vie, voir traumatisée ou elle y laisserait simplement sa peau. La mort étant un end game dès plus pessimiste. À son avis, la balance pencherait tous les jours d'un côté, puis de l'autre, jusqu'à trouver un équilibre, avec beaucoup de chance. Il y aurait des hauts, des bas et de l'incertitude jusqu'à la fin, si fin, il y avait. Une fois sa mémoire retrouvée, ce qui appartenait au passé resterait dans le passé quoi qu'il arrive. Elle comprenait donc qu'il était inutile d'en avoir peur ou de s'en inquiéter. Elle ne pourrait rien y changer, rien y effacer. Elle pourrait regarder vers l'avant en prenant ses propres décisions, une solution qui lui plaisait. Une partie d'elle espérait ne pas être trop déçu par ses souvenirs non plus, ce pourquoi elle préférait ne pas se faire trop d'attente au sujet de sa vie antérieure. Pas de portrait de princesse, de château, de prince charmant et d'argent qui tombe du ciel. Sixteen appréciait le fait que Seven semblait comprendre, qu'il partage la même opinion ou non. Il entendait bien ce qu'elle voulait dire par faire ses propres choix et décider de qui elle voulait vraiment être, même si c'était une version d'elle totalement opposée à son passé. De toute façon, elle ne connaissait pas encore tous les détails de son passé, loin de là. Ça la réconfortait juste de ne pas se mettre la pression et simplement choisir son propre chemin du présent. Suivre son instinct, même dans le noir le plus complet. Évidemment, rien n'était jamais aussi simple et elle n'avait pas fini de douter d'elle en cours de route. Tant qu'elle gardait la tête hors de l'eau pour survivre. C'était un objectif raisonnable. La brunette l'observa quelques secondes, avant de hocher lentement la tête. Un jour à la fois.

Son second commentaire lui arracha finalement un sourire amusé, avant de croiser les jambes et de se retourner face à lui. « Leader de la rébellion? » La brunette lâcha un petit rire sincère. « L'image est amusante, mais c'est peut-être un peu trop, non? » Cela dit, elle comprenait l'idée. La brunette planta son regard dans le sien, avant de poursuivre. « Je pense que je suis plus atteinte par le syndrome de tu me frappe, je te frappe en retour et... j'ai accumulé plusieurs coups dernièrement, donc je crois qu'il serait peut-être temps d'en donner à mon tour » Tout simplement, sans hurler à la rébellion, sans jouer le rôle d'un leader et toutes les responsabilités qui venait avec ce titre. Et puis, est-ce qu'elle était capable d'influencer qui que ce soit? Elle se voyait plutôt derrière les gens que devant, dans le sens qu'elle préférait soutenir et aider que de diriger. Par contre, elle croyait beaucoup au pouvoir du groupe et du travail en équipe, donc bon. Elle était probablement partagée entre les deux rôles. Elle n'avait pas peur de prendre la parole, mais elle serait aussi capable de défendre le plus faible. « J'apprécie ton appui, ça compte pour moi, même si je ne sais pas exactement ce que j'ai fait pour la mériter. C'est vrai que j'ai envie de bouger les choses et d'avancer au lieu de reculer, mais rien dit que c'est la meilleure stratégie non plus. Juste celle que je choisis ou qui me motive pour l'heure. Ça ne plaira pas à tout le monde, puisque certains sont persuadés que blancheur rime avec paradis en ouate. Si moi je me fâche contre l'inactivité, eux se fâcheront sûrement sur ma motivation au changement. Ça nous divisera peut-être encore plus. » Ce qui était un risque en soi. Elle s'imaginait déjà des gens lui lancer des roches. Forcément, ils ne pouvaient pas tous comprendre où elle voulait en venir avec sa volonté de répliquer, de creuser encore plus et d’éventuellement sortir d'ici. Et elle n'avait aucun contrôle sur ceux qui préféraient s'enfoncer la tête dans le sable et vivre ainsi jusqu'à la fin. « D'où le fait que... si la réunion permet de trouver quelques personnes comme moi... y a peut-être un peu d'espoir pour que je ne sois pas lapidée sur la place publique » Elle haussa les épaules avant d'étirer un sourire en coin. C'était juste une façon très imagé de voir les choses, parce qu'il n'était pas né encore celui qui lui lancerait une roche sans recevoir une montagne à la gueule en retour. Elle avait vraiment une rage facile envers ceux qui s'en prenait à elle sans raison jugée valable. Tout comme elle ne laisserait jamais personne toucher à un seul cheveu d'un de ses proches. « Plus j'y pense et plus je crois que j'ai pas un caractère facile » La brunette étouffa un petit rire, avant de le regarder à nouveau. « Ouais bha vaut mieux en rire...» Un peu d'humour dans cet environnement aussi fun que peut l'être l'idée du suicide. Elle s'imaginait bien en train de mordre quelqu'un, comme une sauvage. Probablement juste la fatigue qui la faisait un peu déraper, mais bref. Ou l'alcool. Oh well.