Nous avons pris la très difficile décision de fermer le forum en date du 18 octobre 2020. Merci à tous pour ces beaux moments passés en votre compagnie. On vous aime tout plein! <3
Combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai posé les yeux sur ce plafond? J'ai perdu le fil, le regard en quête d'un détail ou d'une faille imaginaire. Pourtant, rien. Paroi parfaite. Pourquoi? Pourquoi chercher? Un espoir? Un défaut rassurant? Gaspiller un peu plus de temps sous les couvertures? Profiter du confort du matelas et de ma jambe plutôt arrangeante ce jour-là? Aucune idée, mais c'est ce qui se passe. Je fixe le plafond. Profite de l'apaisement que je sais temporaire. J'ignore les bruits. J'oublie presque l'extérieur de ces murs avant qu'une pression sur ma vessie ne me rappelle à la réalité. Et qu'un profond soupir ne m'échappe.
Avec une certaine lourdeur, je me redresse dans le lit et pivote. Le sol froid projette sa température dans la plante de mes pieds et un frisson remonte. Je saisis la canne dans une crispation de mâchoire et me lève. Le pantalon gris qui s'était retroussé dans la nuit, seul vêtement que je porte, retombe à mes chevilles et je me traîne jusqu'à la porte. Je m'y arrête un instant, juste le temps d'écouter de l'autre côté, et lorsque je n'entends rien, décide de sortir. La porte coulisse et je boite en silence sur ma gauche pour passer la porte voisine.
La salle de bain est la première pièce de cet endroit que j'ai vu en sortant de ma chambre, le premier jour. Et c'est la première que je visite chaque matin. Certains s'affalent peut-être sur un canapé, d'autres descendent peut-être immédiatement prendre leur café du matin. Moi, j'ai besoin d'un peu de temps entre lavabo et serviettes. Alors, naturellement, je referme la porte coulissante, suspend ma canne au lavabo et fait quelques pas maladroits jusqu'aux toilettes devant lesquelles je me plante. Avant que le filet jaunie n'aille chuter dans l'eau au fond de la cuvette. Avant que je n'entende la porte coulisser.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Mar 7 Jan - 18:22
Feels like a monday
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Je suis perdu dans la lecture de mon livre, John Miller est sur le point de résoudre le mystère du meurtre de l'orchestre, et j'ai envie... Non, j'ai besoin de savoir qui a fait le coup. J'aurais pu découvrir ça hier soir, mais étant donné qu'on n'a apparemment pas le droit de vivre après 22h dans cet endroit, j'ai du attendre ce matin. Je lance un regard mauvais à la lumière, comme si je pouvais transmettre mon mécontentement quant à l'extinction des feux. J'ai vaguement conscience d'entendre du bruit dans l'appartement, probablement 67 qui vit sa vie ou 5 qui s'est tourné bruyamment dans son lit, puisque c'est de toute façon la seule chose qu'il fasse.
Je retourne à mon livre que je n'ai pas quitté depuis que les lumières se sont allumées, ce qui explique d'ailleurs pourquoi je suis encore dans mon lit et pas à vadrouiller dans la Ruche. C'est la première fois depuis que je suis ici que je ne suis pas l'un des premiers debout, ça me fait un peu bizarre, mais le livre était prenant, alors... Pourtant, je ne connaissais pas l'auteur, Oscar G. Ridley, et j'avoue que je l'ai pris un peu par hasard dans la bibliothèque du salon. Ombres symphoniques, le titre est accrocheur et c'est l'histoire d'un détective, alors je me suis dit que ça m'aiderait peut-être ici. J'avais de toute façon besoin de distraction, les soirées sont longues et puis je n'ai plus grand chose à explorer, maintenant, alors je fais rapidement le tour de la Ruche, il faut bien combler.
Je finis les dernières pages et reste bouche bée pendant au moins une minute entière, réfléchissant à l'intrigue, aux petits détails qui font un bon livre, aux personnages, au mystère... Mes réflexions sont de courtes durée, parce que je suis distrait par un bruit venant de la salle de bain : quelqu'un est levé, yes, je vais pouvoir parler de mon bouquin !
Livre à la main, je me lève d'un bond et ouvre la porte de ma chambre. Je rejoins la salle de bain, et dans mon excitation, je fais coulisser la porte sans réfléchir, les yeux rivés sur la couverture du livre, encore choqué du dénouement de l'enquête. "Eh ! J'ai lu un livre trop cool et je-" Je relève les yeux et vois 5. Enfin, son dos. Parce qu'il est en train de pisser. Plusieurs choses se bousculent en même temps dans ma tête : d'abord, qu'il va sûrement me taper parce que je suis entré sans frapper, que c'est gênant et tout simplement parce que j'existe. Ensuite, que sa canne est suspendue près du lavabo, loin de sa portée, donc je risque pas de me prendre un coup. Bien. Enfin, que s'il est en train de pisser, il peut difficilement me poursuivre pour m'en mettre une sans créer un beau petit bordel. Encore mieux !
Alors, mon expression surprise et légèrement craintive se transforme en sourire malicieux. "Coucou." je lâche simplement, persuadé que je vais déclenché une tempête.
Eh ! J'ai lu un livre trop cool et je- - 013. Bien sûr que c'est 013. Encore que, il vaut mieux que ce soit lui. Je pense. Peut-être. Aurait-ce été plus bizarre si ça avait été 67? Je suppose ne pas être spécialement pudique à ma façon de me tenir maintenant qu'il est là. Le dos bien droit, la fine cascade ininterrompue. Cela dit, un homme a besoin de son intimité aussi. - Coucou. - Il reste. Bien sûr qu'il reste. Et un soupir m'échappe. - Tu devrais prendre une chaise, tant qu'à y être. - Lâché-je, un peu sec.
Heureusement pour moi, il n'y a pas de chaise dans l'appartement. Je sais assez de lui pour savoir que si c'était le cas, il serait réellement aller la chercher. Ça m'aurait peut-être donné le temps de finir en paix, cela dit. N'aurais-je pas pu tomber dans un logement à deux? Avec seulement une autre personne à supporter? Une, moins.. envahissante? Voire personne. Certains des habitants de cet enfer blanc sont encore seuls dans leur logement. Pourquoi pas moi?
Il ne me faut pas bien longtemps pour finir et après les quelques gestes d'usage, la chasse est tirée. Et lorsque je me retourne, bien sûr, il est toujours là. - Le spectacle te plait? T'as pas autr' chose à faire? - Lâché-je, un peu plus sec encore, tout en rejoignant le lavabo dont j'ouvre le robinet. Laver mes mains avant de rafraîchir le reste. Certains y verraient un geste inutile, mais ça me vient naturellement et je ne le questionne même pas.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Mar 7 Jan - 22:56
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Mon sourire s'étire un peu plus encore lorsque 5 me répond d'un ton sec. Je sais pas pourquoi, mais je l'aime bien, avec son air bougon et son côté un peu rustre. On dirait le nain, dans Blanche-Neige ! Celui qui fait que râler. Enfin, ce que j'aime, surtout, c'est les défis, et mon défi du moment, c'est d'arriver à le forcer à m'aimer. Dis comme ça, ça fait un peu dictateur des sentiments et... Et c'est parfaitement le cas.
"Bonjour à toi aussi, Grumpy." C'est sorti tout seul, je suis moi-même très surpris par le surnom. Je penche légèrement la tête sur le côté, répétant le sobriquet dans ma tête. Ouais, ça sonne bien, on valide. C'est beaucoup personnel que "5", ça rapproche, et en plus il va détester. Jackpot ! Le temps que je me penche sur mon génie créatif, il a fini son affaire et je reporte mon attention sur lui. Je suis habitué à sa grimace constante, par contre son corps, c'est nouveau. Je note d'un coup d'oeil les cicatrices qui orne son dos et son abdomen. Je garde mon sourire, essayant de ne pas trahir ma surprise, parce que c'est indélicat et que même si j'adore le titiller, ce n'est pas sujet à plaisanter. Je me retiens aussi de poser la bête question "c'est quoi ça", parce qu'il ne doit pas avoir plus de réponse que moi. Ceci dit, je m'interroge pour la première fois sur son handicap : un accident banal ? Est-ce qu'il a été blessé au combat ? Un militaire ? Possible. Mais ce n'est que pure spéculation.
Ses piques me sortent de mes pensées et me redonne ma vigueur initiale. Je me rapproche de lui d'un pas léger tandis qu'il se penche sur le lavabo et je dois me retenir de ne pas lui caresser le biceps quand je lui réponds "J'avoue que c'est pas trop mal." parce qu'il est de nouveau à portée de sa canne et que je tiens à mon visage.
Je m'appuie contre l'évier et le regarde faire avant de reprendre. "Et non, j'ai absolument rien à faire aujourd'hui. J'ai fini mon roman d'Oscar G. Ridley, tu connais ?" Je lui colle presque le livre à la figure et, craignant qu'il le fasse tomber dans l'eau ou qu'il le balance dans les toilettes, je le retire après quelques secondes. "Et comme c'était le seul objectif de la journée, je suis libre comme l'air."
Et maintenant, pour le finish, le comble de l'agacement : "Et toi, tu fais quoi ? Tu veux qu'on aille se balader ?" Là je vais prendre un coup dans la gueule, c'est sûr. Mais qu'est-ce que c'est drôle !
J'avoue que c'est pas trop mal. - Mes yeux roulent dans mes orbites et vers le ciel, dans un réflexe trop naturel. Je l'ignore du mieux que je peux. Peut-être qu'il partira tout seul. Peut-être que c'est ça la clé de la paix: l'indifférence et le silence. Faire comme s'il n'était pas là. Les mains propres, je les remplis d'eau et me penche pour jeter le liquide à mon visage. Et lorsque je me redresse, les gouttes ruisselantes le long de ma mâchoire et sur mes épaules, il est toujours-là. Appuyé contre le lavabo. Vraiment proche. - Et non, j'ai absolument rien à faire aujourd'hui. J'ai fini mon roman d'Oscar G. Ridley, tu connais ?
Le livre se retrouve devant ma face. La couverture aux rideaux rouges et moulures de bois d'un ancien théâtre éclaboussées de sang, presque contre mon nez. Et au moment où j'avance la main pour l'attraper, et le jeter loin, il le retire de lui-même. Il commence à comprendre, c'est déjà ça. - Et comme c'était le seul objectif de la journée, je suis libre comme l'air. - Quelle chance... - Et toi, tu fais quoi ? Tu veux qu'on aille se balader ? - Non. - Je me retourne, fais trois pas, ouvre la première armoire à gauche. Celle que je me suis attribué le premier jour. J'y attrape une serviette propre ainsi que ma brosse à dent et le tube de dentifrice entamé. Et je reviens. Et il est toujours là. Toujours contre le lavabo. Toujours à entamer mon espace vital.
Tu veux qu'on aille explorer ensemble? Tu veux qu'on aille sautiller ensemble comme deux copains dans la prairie? - Commencé-je, un air de compréhension exagérée sur le visage. - Pas moi. Je veux avoir la paix. Que tu arrêtes de pomper mon oxygène. - La serviette posée sur ma gauche, sur la canne suspendue, je dévisse le tube de dentifrice. - Va emmerder quelqu'un d'autre. Peut-être que 67 à des besoins de jouer les baby-sitter. - Lâché-je finalement avant de laisser s'étaler la pâte blanche sur la brosse. En l'ignorant, indifférent, avec froideur. S'il faut ça pour avoir la paix...
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Mer 8 Jan - 0:03
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Je manque d'éclater de rire lorsqu'il lâche un simple "Non", sec, sans autre explication. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'ouvre grand les bras et qu'il m'invite à y aller main dans la main, bien sûr. En fait, j'attendais complètement cette réponse. Pas plus, pas moins.
Je le regarde s'affairer dans l'armoire, prendre sa serviette, son dentifrice et sa brosse à dent et je réfléchis à une nouvelle remarque pour l'inciter à passer du temps avec moi lorsqu'il reprend soudain. Je plisse les yeux, pas vraiment certain de la sincérité de ses propos. C'est difficile de savoir lorsqu'il fait dans le cynisme ou lorsqu'il pense ce qu'il dit : je suis tellement habitué à ce qu'il tire la tronche qu'il pourrait être parfaitement sincère et je prendrais ça pour une blague.
En l’occurrence, je n'ai pas à attendre longtemps pour comprendre le sens de ses propos. Il enchaîne avec des propos que même moi je n'arrive pas à tourner en quelque chose dont je peux me servir pour être positif. Je suis sans voix, je le regarde dévisser le bouchon de son dentifrice et il en profite pour en rajouter une couche. Je ne suis pas sensible, la première partie était prévisible, il fait ça pour se débarrasser de moi, ça ne me choque pas. La deuxième partie, en revanche, c'est pas la même chose. S'il me voit vraiment comme un bébé qu'il doit surveiller, alors j'ai plus rien à lui dire.
Je quitte la salle de bain, laissant le livre posé sur le lavabo, et je regagne ma chambre avec un calme étonnant. Je fais même coulisser les portes sur mon passage sans la moindre trace de violence, évitant de regarder 5 quand je ferme celle de la salle de bain.
Je me pose sur mon lit, partagé entre un soudain mal-être et une colère froide. Et, à mesure que je réfléchis, c'est la colère froide qui gagne du terrain. Je sers les poings, et tout un tas d'obscénités que je le lui ferai pas le plaisir de dire à voix haute me submerge. Très bien, s'il veut rester seul et triste durant le reste de son existence ici, c'est son problème. Par contre, j'ai pas à subir ça. Il a qu'à pourrir dans sa chambre, qu'est-ce que ça peut me faire. Moi, je vais m'habiller et sortir. Rejoindre 67, puisqu'elle elle me supporte.
J'ouvre ma commode et m'empare de vêtements. Blancs. Toujours blanc. Où est ma chemise, bordel ? Je balance les uns après les autres tous les habits qui passent à portée de main. Ca me gonfle, ce blanc. Je prends le reste de la pile de vêtements et les lance à travers ma chambre avant de tomber sur mon lit et de m'enrouler dans ma couette.
J'ai envie de crier. Mais je vais pas le faire, ça lui ferait surement trop plaisir. Il faut juste que je me calme avant de sortir. Et après je me casse.
Est-ce que je me sens mal? Peut-être un peu. Est-ce que ce malaise est plus grand que ma satisfaction d'être enfin seul? Loin de là. Et le silence et la paix supplantent le reste? Absolument. Alors lorsqu'il quitte la pièce en refermant derrière lui dans un calme surprenant, je n'en fais pas même cas et commence mon brossage de dents avec attention. Avant de passer la tête sous l'eau chaude pour discipliner mes cheveux en bataille. Et mon visage, pour le réveiller un peu plus. Un rituel rondement mené avant de tout ranger, suspendre la serviette et mettre un peu de déo. Et enfin, sortir de là. Et le livre? Je l'ai fais tomber en me lavant la tête, l'ai ramassé et l'ai embarqué avec moi.
M'habiller ne prend pas bien longtemps. Après tout, ce n'est pas le choix qui me tenaille. Alors je roule en boule le pantalon que je portais et le jette sur le lit, avant d'enfiler une tenue complète. M'asseyant pour me chausser, je retrousse machinalement mes manches jusqu'aux coudes et, enfin prêt, quitte le logement. Il est bientôt neuf heures, mais pas encore. Si je veux manger quelque chose, il vaudrait mieux redoubler un peu le rythme. Chose que je fais, au mieux de mes capacités. Courir avec cette canne n'est pas possible, encore moins avec cette jambe, mais je vais malgré tout plutôt vite. Un bon jour, je suppose. La douleur est moindre que d'habitude.
Je fais donc le tour du balcon, rejoins l'ascenseur et arrive au niveau commun. Et de quelques nouvelles claudications, je me retrouve dans l'espace repas. Et j'enfonce cette maudite montre dans le distributeur. Et le panneau s'ouvre pour révéler mon plateau. Une tasse de café fumant, noir; Deux toasts beurrés, au beurre partiellement déjà fondu; Une petite fiole en plastique contenant un liquide ambré épais, du sirop d’érable. Le jeu de l’équilibriste commence alors que je tiens le plateau d'une main, m'appuyant sur la canne de l'autre. Heureusement, la table la plus proche est loin d'être pleine et je n'ai pas à aller loin. Le plateau, malgré tout, atterri bruyamment sur le bloc de bois. Et je m'installe sur la chaise, appuyant la canne contre la table, juste à côté de moi.
Je commence enfin à avoir faim, là où les autres jours me semblaient une plaie. C'est peut-être bon signe. Peut-être un mauvais signe, si je m'habitue à cet endroit. Je ne veux pas m'y habituer. Au moins, la nourriture est bonne. Et au moins, ce matin, j'ai la paix.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Mer 8 Jan - 15:50
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J'entends l'eau couler et je devine que 5 n'en a pas fini avec sa toilette matinale. Si j'étais un gamin, et c'est pas le cas, j'en profiterai pour me faufiler dans sa chambre et voler l'intégralité de ses vêtements pour les cacher dans ma chambre. Qu'il soit obligé de me parler pour les récupérer, puisque c'est apparemment la pire des torture. Mais je décide que non. Il n'a pas de temps à m'accorder, et à partir de maintenant, moi non plus.
Je me change, parce que j'ai enfin retrouvé la chemise que j'ai peinte. Elle est froissée, mais ça donne un certain style, alors je suis d'autant plus satisfait de la porter. Je fais de mon mieux pour ne pas prêter attention à 5 qui, d'après ce que j'entends, est retourné dans sa chambre. Parfait. J'attrape une paire de basket que j'enfile rapidement et m'apprête à sortir quand, à ma grande surprise, j'entends 5 sortir de sa chambre puis de l'appartement.
Evidemment. Il ne sort jamais SAUF le seul jour où je ne voulais ABSOLUMENT pas le croiser dans la Ruche. Je mords la lèvre inférieure et soupire bruyamment. Qu'est ce que je fais ? Je reste là ? Mais il va finir par revenir, il doit probablement être parti faire un truc chiant et sans intérêt. Non, j'ai plutôt intérêt à dégager de là et à revenir juste avant le couvre-feu pour limiter le temps passer près de lui. Oui. Parfait. Bon plan. Je me dirige vers l'aire commune, me répétant mentalement que je ne suis plus énervé et que je me fous de 5 et de sa réaction de tout à l'heure, que je vais l'ignorer et que-
Du balcon, avec une vue directe sur l'espace repas, je le repère tout de suite, assis à une table, avec son air stupide, en train de manger un petit déjeuné stupide avec sa stupide fourchette. Je sens que je dois me contrôler. Ne pas agir comme un enfant. Ne pas lui donner raison. J'agrippe la rambarde du balcon, prends une profonde inspiration et...
"Oh, Grumpyyyyyyyyyyy" J'ai jamais été très fort pour me contrôler. Je suppose que plusieurs têtes se tournent vers moi puisque j'ai fait en sorte d'être le moins discret possible, mais je n'y prête pas attention. Je suis déjà passé à la phase 2 du plan que je viens de mettre au point, me dirigeant vers l'escalier. Il trouve que je suis un bébé ? Je vais lui donner du bébé. Je descends l'escalier en me laissant glisser sur la rampe. Je passe rapidement aux machines, prends mon petit-déjeuné constitué ce matin de who cares et vise directement la table où est installé mon cher coloc.
Je m'installe en face de lui, parce que ça va l'énerver et je ne sais pas comment enchaîner parce que j'ai pas réfléchi jusque là, alors je croque dans la pomme verte sur mon plateau. Et de là, je laisse mon instinct prendre le dessus : "Ah, bah t'es là, je t'ai cherché, t'es parti tellement viiiiite de l'appartement que j'avais peur de pas te retrouver." Bon, apparemment mon instinct a décidé que je devais lancer des piques pas franchement cool. "J'ai cherché 67, mais elle était pas là..." Mensonge. "Et du coup, je me suis dit que peut-être tu pourrais m'aider à la trouver." Mensonge numéro deux. "Mais avant il fallait que je me change, tu aimes ma chemise ? Je trouve que le blanc c'est vite saoulant, donc j'ai utilisé un peu d'aquarelle pour la couleur. J'ai pensé à toi en la mettant, bizarrement" Mensonge numéro trois, ou peut-être pas, je sais plus si j'étais toujours en train de le maudire à ce moment là... C'est pas très important. Je ne sais pas trop où je vais, avec tout ça, ni comment m'en sortir. Je bois une grande gorgée de lait en oubliant d'y tremper mon cookie, je manque de m'étouffer, je tousse, un peu de lait me sort des narines et je m'essuie en riant de bon coeur.
"Enfin, maintenant que je suis là, je me rends compte que j'ai plus envie de passer du temps avec toi !" Tiens, pas de mensonge, cette fois-ci, ce qui me surprend. Je me rends compte que je ne suis plus du tout énervé contre lui. A la place, mon idée initiale me revient en tête : forcer 5 à m'aimer. Sauf que cette fois, c'est plus une envie qu'un défi, va savoir pourquoi... Je pose mes deux coudes sur la table et viens poser mon menton dans la paume de mes mains que je tiens en coupe. Je lui souris, de ce que je veux un sourire sincère, et pour la première fois, une petite partie de moi redoute le rejet certain qui va me tomber dessus...
Oh, Grumpyyyyyyyyyyy. - L'éclat de voix me fait presser la fiole en plastique un peu trop fort, et bien sûr, le sirop d'érable gigle sur les toasts. Quelques éclaboussures atterrissent sur le plateau. D'autres, deux, pointes sur le col de ma chemise. Je ne le suis même pas du regard. Le temps que je lève la tête, il est déjà en route pour l'escalier. Le reste, je n'ai pas besoin de le voir pour sentir l'air qu'il brasse. Et bien sûr, il s'installe avec la discrétion d'un éléphant, juste en face de moi.
Il me cherchait? Peur de ne pas me trouver? L'espace commun a beau être vaste, il n'a pas non plus de recoin où me cacher. Si c'était le cas, j'y serais déjà. J'y serais même souvent. - J'ai cherché 67, mais elle était pas là... - Je peux la voir de là. - Et du coup, je me suis dit que peut-être tu pourrais m'aider à la trouver. - Elle est là-bas. - Dis-je avec froideur, d'un hochement de tête dans la bonne direction, avant d'attraper la tasse fumante. - ... Je trouve que le blanc c'est vite saoulant... - Si seulement c'était que le blanc. - Il ne m'écoute pas. Il parle, sans interruption. Un moulin sans vent. Il brasse de l'air sans début ni fin, ni but. Ou alors, il a un but. Je n'ai juste pas envie de l'admettre.
La cascade de lait est une touche qui aurait pu me dégoutter. Pourtant, je n'y réagis pas. Je bois plutôt une gorgée de café, son amertume provocant un frisson remontant le long de ma colonne vertébrale. Relevant les petits cheveux de ma nuque. Impossible de supporter ça sans café. - Enfin, maintenant que je suis là, je me rends compte que j'ai plus envie de passer du temps avec toi ! - Quelle chanceux je fais. - Craché-je presque entre mes dents, en reposant la tasse dans un claquement. - Ça s'appelle du sarcasme, au cas où tu n'avais pas compris. Ça veut dire que la chance, elle n'est pas vraiment avec moi, là tout de suite. Sinon je serais tranquille. - Un soupir m'échappe. Je n'aime pas attirer l'attention et autant son grand cris est allé contre cette volonté, autant là, c'est moi qui l'attire. - Tu veux rester-là? Soit, mais ferme-la. J'ai ni la patience, ni l'énergie pour supporter tes baragouinages.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Mer 8 Jan - 16:57
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Ok, 013, sois fort. Continue de sourire, tout va bien.
J'observe attentivement 5, pendant qu'il m'invective et je fais de mon mieux pour ne pas montrer ma frustration. C'est fou, quand même, j'essaie d'être un bon coloc, jovial, sociable, gentil, et il refuse en boucle toutes mes attentions. Peut-être que je ne m'y prends pas bien ? Non. Ca vient certainement de lui. Il doit avoir un problème. Il avait déjà un problème avant que j'arrive à l'appart, alors ça montre bien que ça vient pas moi.
Un long silence s'installe entre nous une fois qu'il a fini sa tirade. Pas parce que j'ai effectivement l'intention de me la fermer, mais parce que je suis perdu dans mes pensées : il faut que je change d'angle d'attaque. Comment je peux m'y prendre pour qu'il se déride un peu... Comment font les adultes responsables pour se parler ? Voyons... Je pose mes mains délicatement sur la table, je me redresse un peu et lorsque je prends la parole, c'est d'une voix calme, tant dans le débit que dans le volume.
"Ca te va bien, Grumpy, comme surnom." NON, 013 ! Pas comme ça. Pense comme un adulte. Oui, tu peux le faire. Tu ES un adulte. Je marque une pause le temps de boir un peu de lait. Reprenons : "Tu t'es tâché, là." Je me retiens d'attraper le col de sa chemise et me contente de pointer du doigt l'endroit en question. Rah, c'est nul, comme conversation, nul, nul, nul !
Je lâche un soupir sec et je cherche ses yeux du regard. "Et je sais ce que c'est, le sarcasme. Ca peut te paraître étonnant mais je suis pas aussi bête que t'as l'air de le penser. J'ai pas besoin de babysitter et j'arrive même à lire des livres." J'ai haussé un peu le ton, mais c'est plus par peur de ne pas être entendu dans le brouhaha ambiant que parce que je suis énervé. Je me penche vers lui, prenant garde à ne pas être trop proche, juste assez pour pouvoir reprendre moins fort. "J'essaie juste d'être sympa, parce que t'es mon coloc et qu'on va être amenés à se voir souvent donc c'est mieux si on s'entend bien." Voilà, champiooooon ! Ca c'était des phrases d'adulte ! "Et parce que j'aime bien te titiller." Merde. Bon. Tant pis. C'est honnête.
Ça te va bien, Grumpy, comme surnom. - Un soupir m'échappe. Non, il ne m'échappe pas, je l'expulse. Au moins, il a baissé le ton. C'est déjà ça. Et tout ces soupirs commencent à me filer le vertige, alors ce n'est pas un mal. - Tu t'es tâché, là. - Je lève les yeux vers lui, suit la direction de son index pointé et penche la tête vers le bas. Je les aperçois du coin de l’œil avant de tirer sur le tissus pour observer un peu mieux, non sans forcer, les deux tâches brunes. Probablement lorsqu'il a crié. - Tant pis. - Ce n'est pas comme si je m'étais retourné le plateau dessus. Je ne vais pas aller me changer pour si peu.
Je commence à couper un morceau de toast coulant de sirop. Q'est-ce que ça veut dire? Besoin de sucre? Ou est-ce quelque chose que j'aime par dessus tout? Le distributeur de plateau a toujours l'air de savoir exactement quoi nous donner. Comment peut-il savoir? La question de nos besoins n'est pour ainsi dire pas une question. Pas vraiment. Il parait évident qu'ils surveillent nos constantes et nos états, certainement via la montre, mais nos préférences? Comment savent-ils? Un soupir attire mon attention et mon regard trouve celui de 013. - Et je sais ce que c'est, le sarcasme. Ça peut te paraître étonnant mais je suis pas aussi bête que t'as l'air de le penser. J'ai pas besoin de babysitter et j'arrive même à lire des livres. - Tant mieux pour toi.
Le brouhaha alentour n'aide pas à entretenir la sensation de calme et d'intimité que j'aimerais avoir. Même lui, qui parle malgré ma requête plutôt claire, est moins agaçant. Pour une fois. C'est presque étrange. Louche. Surprenant? Il se penche légèrement en avant. - J'essaie juste d'être sympa, parce que t'es mon coloc et qu'on va être amenés à se voir souvent donc c'est mieux si on s'entend bien. Et parce que j'aime bien te titiller. - Essaye moins fort. - Lâché-je sans même réfléchir. J'avale le morceau de toast. Délicieux, sans surprise. - À l'évidence, je ne suis pas une personne sympa. - Une gorgée de café, et je repose la tasse. - Et si je peux conserver un minimum de contrôle sur mon environnement, je préfère cent fois rester seul et ne voir personne. Cohabitation ou pas. - Un nouveau morceau coupé. - Tu veux rester dans l'espace d'une personne comme moi en sachant ça, tant pis pour toi, mais ne vient pas pleurer si me titiller résulte en engueulade. - Un soupir m'échappe, vraiment cette fois, et j'enfourne le pain grillé. - Idéalement, de toute façon, on ne s'éternisera pas ici. Alors autant ne pas se gêner pour rien.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Mer 8 Jan - 21:53
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Bon, à un moment donné, même moi je ne peux pas tout rendre positif. Plus 5 parle, plus mon sourire s'efface pour laisser place à une expression à la fois frustrée et déçue. Je ne sais pas bien comment ça se traduit sur mon visage, mais je sens que mes yeux se plisse, et c'est mauvais signe. Enfin, je crois, j'ai pas encore eu l'occasion de ressentir ça ici, mais je sais que je commence à perdre patience, et ça ne présage rien de bon.
Je m'affaisse sur mon chaise, la tête penchée sur le côté. Il finit de parler et je rétorque instantanément, sans crier mais sans prendre la peine de contrôler le volume de ma voix. "Ok, Grumpy, tu m'ennuies, alors on va changer le rythme, et on va jouer franc jeu." Je commence à ranger le contenu de mon plateau : il n'y a pas grand-chose à faire, j'ai fini la pomme et la moitié de ma tasse de lait. Reste le cookie, que je n'ai pas touché, alors je m'en empare et je commence à l'émietter dans le lait, le regard fixé sur 5.
"C'est pas la peine d'essayer de te cacher derrière le masque du grand méchant, parce que ça m'attire plus qu'autre chose. Et c'est pas non plus la peine d'essayer de contrôler ton environnement pour être seul, parce que malheureusement pour toi, tu vis avec moi, donc t'as pas le choix." Je vois déjà où je vais en venir, et l'excitation de ma sortie doit me redonner de ma bonne humeur, parce que je sens un sourire se dessiner sur mon visage.
Je me redresse soudain, pour bien lui faire face, avant de continuer. "T'en fais pas pour moi, je viendrai pas pleurer, tu me fais pas peur, et les engueulades, c'est fun. J'ai décidé que t'allais m'aimer. Vois ça comme un défi personnel." Je me lève sans prévenir, m'empare de mon plateau et vais le poser dans la zone attitrée avant de me laver les mains. Et, parce que j'en ai pas encore fini avec lui, je retourne à la table, mais cette fois, je me poste derrière lui et je me penche pour pouvoir lui chuchoter à l'oreille.
"Une dernière chose, il faut être sacrément naïf pour penser qu'un quelconque idéal est possible dans cet endroit. Si c'était le cas, tu serais pas piégé avec moi. Alors je te suggère d'arrêter de vivre comme si t'allais bientôt sortir. Je maintiens ce que j'ai dit, Grumpy ça te va bien comme surnom, mais n'abuse pas du stéréotype du beau mâle torturé et solitaire, après un certain temps, tourner en rond dans sa chambre ça fait mauvais genre et le manque d'exercice, c'est sexy chez personne."
Je me redresse et m'éloigne de quelques pas avant de me retourner vers lui. Je continue d'avancer à reculons et cette fois j'ai retrouvé mon plus beau sourire avant de reprendre : "Je serai dans l'espace sportif, si tu veux m'éviter. Penses-y... Grumpy." J'accentue le dernier mot, pour bien insister sur la dernière pique que je lui ai lancé. Et c'est pleinement satisfait que je rejoins le coin sportif et m'empare d'altères.
Ok, Grumpy, tu m'ennuies, alors on va changer le rythme, et on va jouer franc jeu. - J'arque un sourcil, me redresse sur ma chaise alors qu'il commence à ranger. À parler. À menace? Je n'ai pas le choix parce que je vis avec lui. Qui lui a donné droit sur mon comportement sous prétexte qu'il existe dans la chambre voisine? Se pense-t-il si important? Si vital? Je m'apprête à répondre, mais il se lève d'un bond et sa chaise manque de basculer. - T'en fais pas pour moi, je viendrai pas pleurer, tu me fais pas peur, et les engueulades, c'est fun. J'ai décidé que t'allais m'aimer. Vois ça comme un défi personnel. - Si seulement il y avait un psy dans les parages. - Lâché-je alors qu'il emportait son plateau tel une tornade blonde.
Les regards se sont tournés, inlassables gourmands de sensationnels. Je les sens sur mon visage. Sur ma nuque. Une pression que je hais, jusqu'à entendre des pas venir dans ma direction. Un son familier pour l'entendre chaque jour de l'autre côté de ma porte. Et sa voix qui se manifeste à nouveau, dans mon dos. À quelques centimètres de mon oreille. Comme une mauvaise conscience dont je perçois sans le relever le tremblement. Dans ce chuchotement. Mais aussi dans ces mots. Leur sens vibre d'une réalité que je me refuse à admettre. Une frustration brûlante qui remonte de mes entrailles jusqu'à s'accumuler dans ma gorge nouée. Le stéréotype qu'il énonce est une nature que j'adopte avec facilité. Un moyen pour parvenir à une fin. Une fin qui, visiblement, me sourit. Et il s'éloigne enfin. - Je serai dans l'espace sportif, si tu veux m'éviter. Penses-y... Grumpy.
Le son de sa voix ressemble à un coup de marteau contre mon crâne et lorsqu'il cesse, le soulagement survient. Il s'en va et je ferme les yeux, feignant d'ignorer les regards qui me persécutent. Je me contrefiche bien d'eux. Tout ce que je souhaite, c'est avoir la paix. Alors j'achève mon petit déjeuner et avale mon café. Et lorsque j'ai terminé, je me barre, laissant mon plateau sur la table avec une indifférence totale. De quelques coups de canne, je me retrouve au niveau de l'ascenseur. Et pas un seul regard n'est porté sur ma droite. Vers l'espace sportif. Vers l'emmerdeur de première que j'ai eu la bonne chance de me coltiner. L'ascenseur me mène au balcon. Le balcon au logement. La porte claque. L'autre coulisse. Et lorsque je suis enfin dans ma chambre, isolé et seul, je peux enfin souffler. Enfin respirer. Enfin soupirer avec une profondeur telle que j'en ai un vertige.
Je me laisse tomber sur le lit avec une certaine lourdeur et abandonne la canne contre la table de chevet. Il pensait peut-être essayer de m'atteindre avec ses leçons et ses réflexions, mais en vérité il m'a offert exactement ce que je souhaitais: me laisser tranquille. Je l'ai usé jusqu'à ce qu'il parte. Comme quoi, le stéréotype du solitaire désagréable, ça marche parfaitement. Suffit de taper là où ça fait mal. J'ai la sensation d'avoir un don pour ça. Voir les détails. Trouver les failles. Je ne sais pas si j'aurais pu lui faire faire quoi que ce soit, mais lui faire faire rien du tout, et le repousser, j'en ai une facilité certaine. Pendant qu'il sue comme un idiot en bas, avec d'autres personnes, moi je suis en paix ici. Dans mon lit. Avec la chaleur du café qui me réconforte. Seul. Dans le silence le plus total. Là où personne ne peut m'emmerder. Là où personne ne peut me voir ou me parler. Là où je peux m'enrouler dans mes couvertures et fixer le captivant plafond jusqu'à m'en ennuyer. Seul. Seul...
Et si on ne sortait jamais? Je remonte la couette jusqu'à ma gorge. Et s'il avait raison? Impossible. Et si on se retrouvait cloître ici jusqu'à la fin de nous jour? Je me recroqueville sur moi-même. Et si on ne nous trouvait pas? Aucune issue, aucune sorti. Et si on ne nous sauvait pas? Aucune vie au-delà de ces murs. Quel est cet endroit? Notre dernier rivage. Et si c'était notre dernier naufrage? Un île déserte de blanc. La mort par l'épuisement? Un choix. Un exil? Une fin.
Le temps passé? Aucune idée, mais lorsque je lui balance cette serviette propre à la figure, il est littéralement trempé de sueur. - Puisqu'on en est à énoncer des vérités, le stéréotype du mec qui force l'attention, c'est un répulsif naturel. - Je me laisse tomber sur l'un des bancs de muscu, massant ma jambe qui tire un peu. Pas de douleur, heureusement. Juste une tension. - Si jamais tu connais quelqu'un que l'info peut intéresser. - Bien sûr qu'il sait parfaitement que je parle de lui. Il n'est pas bête, et il l'a prouvé. Un soupir m'échappe et je laisse mon regard balayer l'espace que j'ai trop peu observé jusque là. Une série d'appareil de sport, quelques set de poids de différentes masses. Je reconnais chaque objet et je sais à quoi ils servent. De là à savoir exactement quoi en faire... - T'as l'air de savoir comment t'y prendre. Une idée de ce que je peux faire sans utiliser ma jambe?
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Jeu 9 Jan - 14:48
Feels like a monday
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Je feins le désintéressement à mesure que je m'éloigne, lutant de toutes mes forces pour ne pas me retourner et voir la réaction de 5. Mais, dès que je suis à l'espace sportif, je m'installe sur un tapis roulant d'où j'ai vu sur l'espace repas et le reste de l'aire commune. Parfait. Il finit son petit-déjeuné, naturellement, puis il quitte la table en laissant son plateau derrière. Je me demande s'il est juste indifférent au respect des lieux pour ne pas ranger, ou si j'ai fait mouche et qu'il est trop préoccupé pour y penser. Je préfère la deuxième option, mais je n'aurai jamais la réponse à cette question.
Je ne le quitte pas des yeux à mesure qu'il s'éloigne, manquant de tomber du tapis parce que j'en oublie même de courir. Déçu, je comprends vite qu'il ne me rejoindra pas parce qu'il se dirige vers l'ascenseur et disparaît en direction de l'appartement. Je me demande vaguement ce que je devrais faire et décide dans un haussement d'épaules de laisser tomber : j'ai joué toutes mes cartes, continuer à le chercher ne m'intéresse plus, en tout cas pas pour l'instant, parce que ça devient ennuyant. Et s'il y a une chose que je ne supporte vraiment pas, c'est de m'ennuyer.
Alors, quitte à être là, je continue ma séance de sport, parce que j'en ai pas fait depuis mon arrivée et que c'est pas mal pour se vider la tête. Et relâcher la frustration accumulée depuis ce matin. Je perds la notion du temps sur le tapis roulant, courant jusqu'à en avoir marre et être trempé. C'est bien, ce genre d'exercice. Mais il faut que j'allie musculation avec cardio, si je veux faire quelque chose de vraiment efficace. Mentalement, je forme un programme d'entraînement avec le matériel que je vois à ma disposition, et je commence.
Je suis dans une série d'exercices de biceps quand je me mange une serviette à la figure. Instantanément, je sais que c'est lui. Et lorsqu'il ouvre la bouche pour me lancer une nouvelle pique - parce que c'est officiellement comme ça qu'on fonctionne - le sourire du vainqueur apparaît sur mon visage. Parce que j'ai gagné, et je le sais. Il est monté, et il est revenu. Parce que j'ai été suffisamment provocateur et chiant. Je suis un génie. Je pourrais m'en vanter et me la jouer, mais je sais que mes prochaines paroles vont être décisives, alors je réfléchis bien comme il faut.
Je l'écoute patiemment, laissant la serviette sur ma tête pour ne pas qu'il puisse pas voir mon sourire et parce que j'ose pas vraiment bouger, et je laisse suffisamment de temps passer pour être bien sûr qu'il ait terminé. Quand je suis certain et que mon silence devient presque gênant, j'enlève la serviette lentement et le regarde avec un sourire malicieux que j'essaie de maîtriser un maximum pour pas qu'il le prenne mal.
Et comme c'est dans ma nature d'avoir du répondant, je peux pas m'empêcher de m'accorder une toute petite micro pique avant de vraiment retrouver mon sérieux : "Je dois pas être si répulsif que ça, puisque t'es là." C'est dit sans moquerie, sur un air neutre, et j'ai volontairement baissé la voix pour ne pas que les personnes autour entendent. Parce que je suis attentionné !
Je tourne la tête vers les poids, jaugeant les possibilités qui s'offre à nous et me reconcentre sur lui. "Tu peux faire beaucoup de choses, ça dépend de ce que tu veux travailler. Je peux te montrer les différents exercices qui te feront travailler les différents muscles, notamment pour les bras. Quels poids utiliser. Quelle position. Combien de répétitions." Je sais pas pourquoi je m'y connais autant, c'est très bizarre, j'étais même pas attiré par cet endroit avant aujourd'hui. Pourtant si j'avais été un sportif pur et dur, j'imagine que je m'y serais intéressé directement... Je fais une note mentale concernant ce détail puis une idée me vient, histoire de pimenter un peu la séance et de titiller 5.
"Tu peux aussi faire travailler les abdos et faire un peu de gainage sans forcer sur ta jambe, mais pour bien faire, il te faudrait un partenaire alors..." Je laisse traîner la phrase, lourde d'insinuation et je me mords la lèvre pour ne pas glousser. Je me lève du banc et je ramasse les poids dont on va avoir besoin et ce faisant, je le regarde masser sa jambe.
"Je sais pas ce qui est arrivé à ta jambe, ni comment ça t'affecte, mais à défaut de pouvoir faire du cardio parce qu'il y a pas de machines adaptées pour toi ici, tu pourrais tester les étirements. Rien de méchant, que du simple sans forcer. Si ça te lance ou que c'est douloureux, ça peut aider. Là aussi, il te faudra un partenaire." Cette fois, pas d'insinuation. Un ton neutre. Parce que ça peut être un sujet sensible et que je suis pas une crevure.
Histoire de lui laisser le temps de réfléchir, et parce que s'il le prend mal il y a toujours possibilité que je me prenne un coup de canne, je m'éloigne de lui, prétextant d'aller chercher un poids plus léger pour pouvoir travailler les épaules.
J'ai ignoré la pique. Je deviens bon à ce jeu-là. Je suppose que, d'une certaine manière que je n'admettrais jamais, il n'a pas tort. Pour autant, je sais que c'est un statu quo supportable, jusqu'à un certain point. Et si ce n'est pas son comportement qui joue le rôle de répulsif, l'odeur de transpiration, en revanche, fait tout aussi bien le job. Et parlant de bien faire le job, ses informations au sujet des exercices à faire sonnent totalement étrangères à mon esprit. Je suis pourtant sûr que, dans le passé, l'exercice n'était pas un acte si exotique. Je me suis regardé dans le miroir. Si on ignore ma jambe, le reste de mon corps est, ma foi, plutôt bien entretenu. Positions, répétitions, matériels...
Tu peux aussi faire travailler les abdos et faire un peu de gainage sans forcer sur ta jambe, mais pour bien faire, il te faudrait un partenaire alors... - Un regard dans sa direction. Un sourcil arqué. À l'évidence, ma réaction première est la méfiance et le refus. La simple anticipation de collaborer ou, pire, d'être touché, me file un mauvais frisson. Une certaine hantise. Ce n'est même pas juste parce que c'est lui, et ça c'est une sensation qui m’apparaît comme une évidence. Ai-je toujours été ainsi? Qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui a changé? Où est le mensonge et où est la réalité?
Je sais pas ce qui est arrivé à ta jambe, ni comment ça t'affecte, mais à défaut de pouvoir faire du cardio parce qu'il y a pas de machines adaptées pour toi ici, tu pourrais tester les étirements. Rien de méchant, que du simple sans forcer. Si ça te lance ou que c'est douloureux, ça peut aider. Là aussi, il te faudra un partenaire. - Mon regard, froid, court sur ses bras et le poids qu'il porte déjà. Puis trouve ses yeux. Et il s'éloigne pour aller chercher autre chose. Et mes yeux se baissent sur ma jambe. Je n'ai pas vraiment mal, aujourd'hui. Les muscles tirent. Les cicatrices sont sensibles et je sens le tissus du pantalon frotter contre les rougeurs. Il y a une sensation certaine, comme si la jambe était endormie. - Les abdos suffiront. - Finis-je par dire à son attention. - J'ai pas envie de me couper la jambe aujourd'hui. Autant que ça dure. - Je pousse la canne de quelques centimètres pour me donner un peu d'espace, et déboutonne le bouton le plus haut de ma chemise, pour me donner un peu d'aisance. Même si je ne sais pas du tout ce qu'il a en tête. - Juste, dis moi comment procéder et ne me transpire pas dessus.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Jeu 9 Jan - 21:11
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Je connais pas très bien 5, encore. Je le harcèle et c'est ma personne-défi du moment en plus d'être mon colocataire, c'est vrai, mais ça veut pas dire que je le connais par coeur. Ca viendra, d'ici une semaine ou deux maximum, mais pour l'instant, non. Mais comme je suis pas non plus complètement idiot, je me doute que son comportement associable et son air grincheux cachent quelque chose de plus profond. Tout comme ses cicatrices et sa jambe en sale état. On ne se rappelle de rien, certes, mais même inconsciemment, ça doit laisser des traces. Alors je sais qu'il y a certains sujets que je dois éviter, sinon faire très attention quand je les aborde.
C'est pour ça que je me formalise pas du rejet de ma proposition d'étirements, même s'il masque ça derrière une blague. Je sais pas s'il a juste mal ou s'il veut pas que je vois un côté vulnérable, mais j'insiste pas. Je risque un coup d'oeil vers lui pour essayer de déceler quelque chose sur son visage, mais il est occupé à défaire un bouton de sa chemise et j'abandonne l'idée de la psychanalyse par le faciès.
A la place, je m'allonge sur le sol et lui montre deux mouvements d'abdos : d'abord monter uniquement le torse en laissant l'abdomen coller au sol et ensuite le mouvement classique en décollant l'abdomen. Je me redresse, assis en tailleur et je le regarde en continuant de lui donner deux trois astuces : pas de paroles pendant les exercices, souffler pendant l'effort et inspirer en descendant, pas trop vite ou trop brusquement, 4 séries de 10 répétitions avec un temps de récupération et surtout ne pas hésiter à réduire si ça fait trop mal, mais vu son corps, j'en doute.
A un moment donné de mon explication, j'ai du froncer les sourcils sans m'en rendre compte parce que je dois me forcer à les relaxer une fois que j'ai terminé. C'est toujours perturbant de ne pas se rappeler de sa vie mais d'être capable de mobiliser des connaissances sur des sujets précis sans savoir d'où elles viennent. Peut-être que j'étais bel et bien un fan de sport. Coach sportif, peut-être ?
Je secoue la tête comme pour chasser les interrogations et me reconcentre sur lui "Bon, tu commences, l'exercice que tu veux, temps que t'es à l'aise on continue." Il se met en place et avant même d'avoir son autorisation, je saisis ses chevilles en m'expliquant : "Je te maintiens les chevilles parce que le plus important, c'est de ne pas s'aider des jambes pendant l'exercice, sinon tu triches, et on veut pas ça. Si les jambes pliées ça te va pas, tu peux aussi les tendres complètement, on s'en fout."
Je le regarde faire sa première série en silence, et je peux pas m'empêcher de regarder sa jambe, bien qu'elle soit cachée par le tissu de son pantalon. Je repense à sa blague et une partie de moi a envie de faire un commentaire. Je sais que c'est pas une bonne idée vu le personnage mais... Mais je m'en tape.
"Pour information, je me permettrais pas de faire l'imbécile si on travaille des exercices d'étirements, c'est pas un sujet amusant. Donc tu perdrais pas ta jambe." J'ai évité de le regarder dans les yeux, prétextant de me concentrer sur ma prise de cheville. "Vraiment juste pour information."
Et maintenant, une diversion. Parce que je tiens à la vie, quand même. "Et c'est trop tard pour la sueur, t'en as déjà plein les chevilles. En plus, d'ici un ou deux exercices, tu seras tout puant aussi, alors je vois pas le problème." Je me couche à côté de lui et désigne mes propres chevilles. "Et c'est à toi de me tenir au sol, maintenant, t'as pas le choix, on est officiellement partenaires de sport en plus d'être colocs, quelle chance tu as, vraiment !"
Ouais, c'est un peu lâche, mais les situations gênantes, ça me... gêne. Alors la solution du "j'ai rien dit on continue comme si de rien était mais au moins t'es au courant de ce que je pense allez exercice suivant pitié me tape pas", ça marche.
Il m'explique le processus et, sans résister, je suis ses instructions. Je m'allonge au sol, position inconfortable autant d'y être que de m'y placer. Le dos bien au sol, je penche légèrement la tête pour le regarder pendant qu'il parle. Il vient s'agenouiller devant moi et lorsque ses mains saisissent mes chevilles, j'ai comme un sursaut. - Je te maintiens les chevilles parce que le plus important, c'est de ne pas s'aider des jambes pendant l'exercice, sinon tu triches, et on veut pas ça. Si les jambes pliées ça te va pas, tu peux aussi les tendres complètement, on s'en fout. - Alors j'étends ma jambe droite sans rien ajouter. C'est mieux. Imparfait, mais mieux. Elle n'est pas totalement tendue, mais elle n'est pas pliée non plus. Les muscles sont au repos. Parfois je me demande si c'est mieux de les faire travailler ou de les laisser s'ankyloser. De toute façon, j'ai mal dans les deux cas.
Prenant une inspiration, j'applique donc ses instructions. J'effectue les mouvements, respire à rythme régulier, comme il l'a suggéré. Sa prise sur ma cheville est loin d'être légère, mais je comprends le principe de ces mouvements et à quel point son étreinte est utile. Ma jambe, malgré tout, tire un peu, mais c'est encore supportable, alors je continue. - Pour information, je me permettrais pas de faire l'imbécile si on travaille des exercices d'étirements, c'est pas un sujet amusant. Donc tu perdrais pas ta jambe. Vraiment juste pour information. - Je suis presque sur que son instruction de ne pas parler pendant l'exercice aurait pu souffrir d'un petit écart, mais je garde le silence. Son regard fuyant, en revanche, je ne l'ai pas raté. Et donc, sans plus de cérémonie, je poursuis.
Mes abdos chauffent vite, et ça n'a rien de surprenant. Malgré tout, j'en ressens la force. L'endurance. Mon souffle est régulier, loin de s'emballer, et si je sens mon cœur aller et venir avec hâte, ce n'est pas si insupportable. Cela dit, le repos de la fin de l'exercice arrive assez tôt et je retombe sur le dos, laissant mes poumons se galvaniser d'un oxygène bien mérité. - Et c'est trop tard pour la sueur, t'en as déjà plein les chevilles. En plus, d'ici un ou deux exercices, tu seras tout puant aussi, alors je vois pas le problème. - T'as de la chance que la Ruche s'occupe de la lessive. - Parce que je l'aurais forcé à laver ses éclaboussures? Tout à fait.
Sa main quitte ma cheville et je le vois s'allonger à côté de moi, tête-bêche. Ses jambes sont repliées, ses pieds au niveau de ma taille. Me mettre à genoux comme lui aurait été une connerie doublée d'une perte de temps et triplée d'une très mauvaise idée, alors je ne fais que me redresser, assit avec la jambe tendu. À moi de le tenir. Ça parait normal, alors je verrouille ses chevilles. - On est partenaire de rien du tout. Maintenant, tais-toi et force. - Lâché-je en l'incitant du regard à se mettre en mouvement. Il a certes quelques temps d'avance sur moi, et la tâche de transpiration que son dos et ses cheveux abandonnent au sol en est la preuve, mais ça ne veut pas dire qu'il doit ralentir la cadence.
Ma jambe me fait mal en permanence. Ça n'a rien à voir avec toi si je préfère ne pas y toucher. - Sentant ses chevilles glisser à travers le tissus de son pantalon, je soupire et passe en dessous, les attrapant directement contre la peau. - Aujourd'hui est un peu mieux, mais ça va et ça vient. Le calme temporaire vaut mieux à provoquer le retour de la douleur juste pour quelques gestes que je peux éviter.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Sam 11 Jan - 18:53
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J'hésite à lui lancer une petit pique alors qu'il clame encore qu'on est rien du tout. Mais je me contente d'un rire léger avant d'entamer ma série d'abdos. Oh, je vais lui faire la remarque que pour des personnes qui ne sont rien, on passe quand même vachement de temps ensemble ! Et que si mon avis ne comptait pas, jamais il serait revenu faire du sport avec moi après notre engueulade. Je continue de m'imaginer les possibles répliques que je peux lui sortir pour lui prouver par A + B qu'on est plus que des inconnus, beaucoup plus que de simples partenaires de sport même, quand il aborde le sujet de sa jambe.
J'essaie de me concentrer sur ma respiration pour ne pas trahir mon... inquiétude ? Tiens, c'est nouveau, ça. Même si je prétends le contraire, je sais très bien qu'on est pas encore proche lui et moi, alors je suis surpris par ma réaction. C'est pas comme s'il allait mourir ou que je me fais un sang d'encre à l'entendre parler, j'ai juste une pointe de préoccupation. Mais je sens que c'est pas encore le moment pour moi d'insister. Il est là, avec moi, en train de faire du sport, ça veut dire que j'ai déjà gagné mon propre défi. Pour la jambe, on verra plus tard.
Ce qui me perturbe aussi, c'est quand il glisse sa main dessous mon pantalon pour, je suppose, raffermir sa prise sur mes chevilles. Parce que je réalise que c'est la première fois qu'il y a un contact physique entre nous. Je sais pas pourquoi je l'ai pas réalisé quand les rôles étaient inversés, mais c'est la première fois depuis qu'on se connait que ça arrive et dans ma tête c'est aussi une avancée grandiose. Ca aussi, je pourrais lui faire remarquer, mais je suis quasiment sûr à cent pour cent que ça me vaudrait un coup de canne...
Je finis ma série et je me redresse pour être assis sur le sol, prenant le temps de souffler. "Comme tu veux, c'est ta jambe. Je suis pas médecin de toute façon. Enfin, je crois pas... Peut-être... Tu crois que je ferais un bon médecin ?" Je sais que ça va me valoir un commentaire cinglant, et je ne prends même pas la peine de retenir un sourire en coin. On a dépassé le cap des faux semblants. En parlant de cap dépassé...
"Et désolé de te l'apprendre, Grumpy, mais tant qu'on est tous les deux en train de faire du sport ensemble, on est partenaires ! Ca vient même pas de mon esprit malade, c'est de la logique pure et dure !" Oui, esprit malade, parce que j'ai pas oublié qu'il pense que j'ai besoin d'un psy. Une pique dans une pique. Inception.
Je me lève et saisis une des altères que j'ai amené. "Je peux te montrer d'autres exercices avec des poids pour les bras, ou on peut se concentrer sur les abdos aujourd'hui et on verra le reste la prochaine fois, à toi de voir !" Là, je retiens un sourire. Le piège est en place, reste à voir s'il tombe dedans. Si c'est le cas, je m'autorise un cri de victoire. Sans explication. Juste pour voir la tête qu'il va tirer.
Comme tu veux, c'est ta jambe. Je suis pas médecin de toute façon. Enfin, je crois pas... Peut-être... Tu crois que je ferais un bon médecin ? - Je hausse les épaules, le regard dans le vide le temps de porter une certaine réflexion à la question. - J'en sais rien. T'as le cerveau aussi vierge que le mien. Tu pourrais être n'importe quoi. - Je pourrais être un médecin, moi aussi. Pourquoi? Pourquoi pas. Rien ne l'interdit. Rien ne le dénie. Je pourrais, et simplement l'avoir oublié. Après tout, lorsque j'ai rencontre 67 et lui, j'avais prédis, mentalement, le nez cassé. Les tâches de sang étaient cohérentes avec une chute par gravité, ce qui éliminait pas mal d'options et... Ou alors détective? Moi? Flic? Avec cette canne? Ex-flic alors? Ou Ex-médecin? Ou Ex-médecin-flic?
Et désolé de te l'apprendre, Grumpy, mais tant qu'on est tous les deux en train de faire du sport ensemble, on est partenaires ! Ça vient même pas de mon esprit malade, c'est de la logique pure et dure ! - Un soupir m'échappe alors que je m'allonge sur le dos à nouveau, attendant qu'il attrape mes chevilles pour recommencer la même rengaine. - T'en parleras à ton psy quand y'en aura un. - Commenté-je, blasé. Et lui, il se lève. Pas d'abdos? L'ai-je à nouveau vexé? Un coup de chance peut-être? Non, il attrape l'altère.
Je peux te montrer d'autres exercices avec des poids pour les bras, ou on peut se concentrer sur les abdos aujourd'hui et on verra le reste la prochaine fois, à toi de voir ! - Je me suis redressé pendant qu'il parlait, un regard sur le poids entre ses doigts. - Autant voir les bras aussi, oui. J'ai compris, pour les abdos. Au moins, je saurais comment m'y prendre quand je reviendrais seul. - Je me redresse à nouveau en position assise, une main se posant machinalement sur ma cuisse. - Ou "si" je reviens. Dépendra de l'état de ma jambe ce soir ou demain. - Demain. Revenir. Je n'aime pas planifier des choses ici. Je n'aime pas réagir comme si nous allions rester, longtemps. Trop longtemps. Planifier. Préparer. Anticiper. Ça implique d'accepter de rester. Je refuser d'accepter une telle chose. - Assit, ça ira? Je ne peux pas rester debout. - Dis-je en me hissant sur le banc de musculation. Celui où j'ai laissé ma canne.
Sujet: Re: Feels like a monday. || Ft. H01-013 Dim 12 Jan - 18:08
Feels like a monday
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Je ne tique pas sur sa remarque pour le psy, ça, je m'y attendais. Par contre, mon envie de sourire et mes rêves de cri de victoire s'envolent à mesure qu'il parle. Revenir seul ? Très bien, donc m'utiliser pour apprendre ce qu'il veut, puis après m'ignorer totalement. Je vois le genre. Ma patience s'étiole rapidement et la colère de ce matin commence à resurgir sans prévenir. Finalement, peut-être que j'ai mal jugé 5 : sous ses airs bougons, je voyais un gros nounours. Mais peut-être que je me trompe et que c'est un manipulateur sans aucune empathie qui compte vivre seul sans jamais lier de lien avec personne.
Si c'est le cas, très peu pour moi. En plus, je commence franchement à trouver ce petit jeu de je t'aime moi non plus ennuyant. Faut vraiment être con et borné pour pas admettre qu'on est partenaire de sport avec quelqu'un alors qu'on est en train de faire du sport avec cette même personne. Ca va, on a compris, t'aimes pas les gens, blablabla.
Ca, c'est ce que j'ai envie de lui dire, là tout de suite. Et quand il parle de sa jambe, j'ai qu'une envie, c'est d'y mettre un bon coup d'altère. Je sais grâce à 7 que ça fait partie des choses qu'on peut pas faire dans la Ruche. Mais franchement, ça vaudrait le coup. Je le regarde se hisser sur le banc et la part de moi qui est déjà attachée à lui prend le contrôle.
Je soupire et le dévisage, essayant de comprendre pourquoi il est comme ça. J'imagine que sa jambe et ses cicatrices sont le résultat de quelque chose fort peu agréable. Mais il est comme le reste ici, incapable de s'en souvenir, alors pourquoi s'enfermer dans ce rôle de loup solidaire antipathique ?
La frustration et la résignation viennent se mêler à la colère, et j'hésite un moment sur ma conduite. Et comme j'ai plus tendance à écouter mon instinct qu'à réfléchir, je décide de me laisser aller à la colère : être handicapé et traumatisé, c'est pas une excuse pour être un gros con.
"Ouais, sur le banc ça va très bien. Ecoute, les bras c'est pas compliqué, t'as ça pour le biceps, ça pour le triceps, pour l'épaule, comme ça pour une variante, là pour les deux en même temps, t'oublie pas, répétions, souffle, tout ça." J'accompagne mes phrases d'exemple que je fais volontairement vites et qu'une seule fois, parce que j'ai pas de temps à perdre, et que s'il a pas le temps de comprendre il a qu'à se débrouiller tout seul. "Pour les pectoraux, tu peux être couché au sol, l'exercice est simple, t'as pas besoin de démo" Si, parce que si tu le fais mal, ça sert à rien. "Et y'en a encore deux trois, mais t'as qu'à commencer par ça, tu verras le reste plus tard."
Je lâche le poids à mes pieds sans prévenir et commence à m'éloigner. "Je te fais confiance pour choisir les poids adaptés, t'es pas bête. Je vais retourner sur le tapis de course pendant tes séries, si t'as besoin je suis pas loin." Non ! Merde ! Trop tard. J'aurais pas du dire ça... J'arrive sur le tapis et, frustré par ma faiblesse, je monte l'intensité de la machine presque trop haut. Tant mieux, ça me défoulera.
Ouais, sur le banc ça va très bien. Ecoute, les bras c'est pas compliqué, t'as ça pour le biceps, ça pour le triceps, pour l'épaule, comme ça pour une variante, là pour les deux en même temps, t'oublie pas, répétions, souffle, tout ça. - Les mots vont vites. Les phrases s’enchaînent. Les gestes sont brusques et je le regard avec les sourcils froncés. Qu'est-ce qui lui prend? - Pour les pectoraux, tu peux être couché au sol, l'exercice est simple, t'as pas besoin de démo. - Simple pour lui, peut-être. Moi, je n'ai aucune idée de comment faire.
Lorsqu'il lâche le poids, le son est sec. Presque désagréable, et heureusement qu'il ne laisse aucune marque contre le carrelage blanc. Ce serait un coup à avoir enfreint la règle de non destruction. La Ruche l'aurait-elle considéré comme responsable des dégâts? Aucune idée. De toute façon, il s'éloigne déjà. - Je te fais confiance pour choisir les poids adaptés, t'es pas bête. Je vais retourner sur le tapis de course pendant tes séries, si t'as besoin je suis pas loin. - Bizarrement, il dit ça, mais j'ai le sentiment que si j'ai besoin, je suis bon pour me démerder tout seul. Et d'ailleurs, lorsqu'il se met à courir, vite, mon regard se perd dans le vide devant moi. Qu'est-ce que j'ai dis? Aucune idée. Est-il bipolaire, ou quelque chose comme ça? Aucune idée non plus. Quoi que, ça ne serait pas si improbable, même si j'ai désiré ses réactions jusque-là. Mot clé: "jusque-là". C'est pour ça que j'ai cette pointe dans mon estomac? Non, probablement un truc que j'ai mangé. Probablement.
Toujours est-il que, loin de moi l'envie de plus le déranger. J'ai la paix, après tout. Et un poids à mes pieds que je saisis. Je commence par le bras droit, mon côté de prédilection, et reproduis les mouvements qu'il m'a montré avec plus de lenteur. Rapidement, la même chaleur qui s'était diffusée dans mon ventre se diffuse-là. Et en association avec le reste, je sens la transpiration venir ramper sur ma peau. Imbiber mes vêtements. Les muscles crispés tendent le tissus, au point que j'aurais envie de retirer ma chemise entre ça et la chaleur, mais je m'abstiens. Je passe plutôt à l'autre bras. J'alterne l'un et l'autre à rythme régulier. Je ne vois pas bien à quoi ça peut me servir pour aider ma jambe, mais c'est bien mon bras qui s'appuie sur la canne. Alors, après tout, pourquoi pas.
J’enchaîne les séries en laissant mon esprit divaguer. L'effort se fait seul, même si j'en sens la tension. Le temps s'écoule, les minutes s'égrainent et lorsque je reprends un peu conscience de ce qui m'entoure, c'est pour voir qu'une trentaine sont passées. Pas étonnant que mes bras chauffent autant. Je pose l'altère au sol et redresse mon dos qui craque. Et lorsque j'étire mes bras de part et d'autre, d'autres craquements se font sentir. Sans vraiment m'en rendre compte, je permets à mon regard de retrouver 013 et subit un frisson désagréable lorsque je vois la pointe de son pied droit frotter contre le tapis. Il court vite. Son visage est rouge, dégoulinant. Son souffle rapide, et peu importe son état physique, il a l'air de fatiguer. - Tu devrais ralentir un peu. Tu vas tomber à ce rythme. - Dis-je en me levant à l'aide de la canne. L'effort est visible, je dois dire que ces quelques mouvements m'ont pas mal atteint. Il ne détourne pas le regard. Ne ralentit pas la cadence. En fait, pas un mot ne sort de sa bouche alors qu'il garde les yeux rivés vers l'avant. Une façon bien peu subtile de m'ignorer. - Fais-toi plaisir, alors.
S'il veut partir avec le tapis, tant mieux pour lui. Ou tant pis. Peu importe. Si je dois jouer avec le traitement du silence, je peux faire ça de ma chambre, et c'est d'ailleurs ce que je décide de faire. Ma fidèle canne en action, je boite hors de l'espace sportif en abandonnant les altères. Quelqu'un les rangera, peut-être. Je m'en fiche, moi j'en suis incapable. Je me dirige vers l'ascenseur sans détour ni hésitation. On est encore à quelques heures du déjeuner, et je doute redescendre de toute façon. Pas faim. Pas envie. Le peu de socialisation que j'ai dû supporter ce matin est une énième preuve que je suis très bien dans mon coin, alors je rejoins le logement. Je ferme la porte. 67 n'est pas là non plus, tant mieux. J'attrape un pantalon propre et vais dans la salle de bain. Quelqu'un est entré pendant que j'étais sous la douche, je l'ai entendu. Aucune idée de qui, mais peu importe. Ils ne restent jamais bien longtemps de toute façon. La douche dure un peu, j'ai besoin de l'eau chaude pour détendre mes muscles. J'aurais aussi besoin d'une chaise, pour ma jambe, ou d'une baignoire, mais n'allons pas espérer quoi que ce soit. Et une fois la douche finie? Je me sèche, j'enfile mon pantalon et je fourre les fringues sales dans le bac, et je rejoins ma chambre pour m'y enfermer. Et y rester. Et m'endormir. Si seulement je pouvais juste dormir jusqu'à ne plus me réveiller... Quelle délivrance ce serait.