Searching for something || Friday ||

Ca fait une semaine que la réunion est passée. Une semaine. C’est dingue comment le temps passe vite, et toi t’avances pas. T’es pas du genre à être down, et c’est pas aujourd’hui que tu vas commencer. Mais c’est quand même chaud à quel point t’as même pas une vague idée de qui t’étais. 149 a eu l’air de dire qu’il t’avait déjà croisé. Mais du coup vous vous connaissiez ? Est-ce que tu connaissais d’autres gens de la Ruche ? Est-ce que vous vous connaissiez tous ?! Ca fait quand même un groupe chelou de gens. Mais bon, ya pas une théorie comme quoi tout le monde connaît tout le monde à six degrés de séparation ? Donc ce serait possible ? Dingue.

C’est un peu perdu dans ce genre de réflexion que tu t’es réveillé ce matin. Et c’est aussi pour ça que t’es déterminé comme jamais d’avancer. Objectif d’aujourd’hui : tu avances ! Tu découvres un truc sur toi-même. Tu découvres un truc sur la ruche. Tu découvres un truc sur quelqu’un. Au moins un des trois ! Si possible plutôt le premier, parce que c’est ce qui t’intéresse le plus. Mais l’option deux est pas mal aussi, parce que vous êtes beaucoup coincés ici, et apporter même une petite réponse à quelque chose serait énorme. Et l’option trois...l’option trois c’est ton coeur altruiste qui parle.

T’enfiles une de tes belles chemises, un tie and dye rose pastel, sur laquelle tu a peint un arc-en-ciel au dos et en dessous duquel on lit “I’M F***ING LOST” en lettres calligraphiées. Ca représente pas trop mal ton état d’esprit depuis que t’es là (ton état d’esprit en général, soyons honnêtes). Tu descends les escaliers, récupères un truc à manger et...miracle ? Une omelette aux légumes, des toasts et un thé ? C’est génial ?? Et la machine t’as même pas lancé ton plateau. Tu pleurerais de bonheur. Ca fait depuis ton arrivée que tu manges n’importe comment. Et ça semble être fini ?! Cet endroit est vraiment chelou. D’où l’intérêt de trouver des Réponses avec un grand R. Donc après avoir profiter de ce petit déjeuner royal (qui te décales un peu dans cet emploi du temps imaginaire que tu t’es fixé...comme si t’avais 40 000 trucs à faire aujourd’hui), tu t’assois dans l’espace salon, et passes une bonne heure à dévisager un à un tous les gens qui sont dans l’aire commune, au cas où l’un d’eux déclencherait un souvenir.

…

NGHHHH C’EST CHIAAAANT. Personne te dit rien, et c’est contre ta nature de rester assis au milieu de gens sans parler à personne. Nan faut qu’tu bouges. De quoi vous aviez parlé en réunion déjà ? Tu sors ton carnet à la recherche des tes notes. Téléportation, blablabla, punitions, blablabla, NE PAS SACRIFIER ROUKY, blablabla, plan de la ruche, AHA ! Voilà, objectif numéro 2 : trouver un truc sur la ruche. Tu peux commencer par faire le tour de l’aire commune puisque t’y es déjà. Alors tu marches, t’inspectes les murs, les meubles, l’infirmerie qui est visiblement apparue soudainement un jour d’après les dires de tes camarades. T’es sous le balcon en face de l’ascenseur quand t’entends soudainement grincer sous tes pieds.

Grincer ? Ya rien qui grince ici. Tout est nickel tout le temps. Oh ! Elle avait dit quoi la belle blonde à la réunion ? Que yavait un truc sous la Ruche ? Une histoire de dalle avec des lignes ? Et il a dit que t’étais quoi 149 ? Un truc dans le bâtiment peut-être ? Du coup, un mystère sur le plancher, c’est ton domaine ! Ni une, ni deux, tu t’allonges par terre et observes intensément le parterre. Yesss, tu vas trouver un truc, tu le sens.

T’es allongé là, tranquille, à observer intensément ces dalles. Voilà, t’es bien positionné. Now what ? Bah, logique : t’attends qu’un éclair de génie te frappe et que tu comprennes de 1 : Déjà c’est quoi l’énigme et de 2 : C’est quoi la réponse. Est-ce que t’étais fort en énigmes avant ? Est-ce que t’aimais ça ? Est-ce que la ruche c’est un escape game immersif ? Si oui, punaise fallait mettre les moyens. T’étais peut-être supra riche. Mais askip tu bossais dans le bâtiment. On peut être riche et bosser dans le bâtiment remarque. C’est donc complètement plongé dans ces réflexions (et vraiment à deux doigts de craquer cette histoire de sol qui grince) que tu sens tes poils de la nuque se hérisser, un souffle caresser ton oreille gauche et soudainement une voix.

Est-ce que le cri que tu pousses est très aigu ? Peut-être. Est-ce que tu sursautes et te cognes potentiellement contre ton agresseur. C’est probable. Est-ce que t’as aussi le réflexe de te pousser avec les mains pour glisser sur quelques mètres et t’éloigner avec la grâce d’une otarie ? Totalement.  ”OH LE FLIP PUTAIN.” QUI C’EST QU’A FAIT CA ?!

Oh.
…
C’est Friday, le tatoueur de la soirée pyjama. Il avait l’air gentil et avenant. Alors pourquoi tant de haine contre ta personne ? Tu reprends un peu ton souffle, avant d’afficher un sourire un peu gêné (ya de quoi, ta réaction n’a pas été la plus euh...discrète ? Virile ? Mais en même temps ce ne sont pas deux adjectifs qui te qualifient vraiment et auxquels tu tiens à être particulièrement associé non plus). Comment il t’a appelé ? BB ? ...pas mal. ”Ahem, pardon. Salut Friday. Bah, j’me disais, t’sais, après la réunion de la semaine dernière.” Tu agites ton carnet de notes à la main. Il y était non ? A côté de Rouky. Il l’a défendu. C’était cool de sa part, parce que t’étais en panique à ce moment-là.  ”Bah, tout le monde parlait de ces histoires d’énigmes et de trucs chelous. Et j’y avais pas trop trop réfléchi jusque-là. Donc j’me suis dit : autant essayer. Ya pas d’raison.” Est-ce que tu dis tout ça en restant allongé sur le sol dans une position tout à fait nonchalante ? Oui.

”Jolie chemise sinon.” Encore un peu trop blanc à ton goût, mais ça peut pas être le carnaval tous les jours non plus (une tragédie vraiment). ”Tu veux m’filer un coup d’main ?”

Tu pousses un soupir de soulagement quand il te dit que t’étais “cool” à la réunion. Parce que pour être honnête, tu te sentais super mal d’avoir plus ou moins été à l’origine de la conversation de “on envoie Rouky au hachoir ou pas ?”, en attirant l’attention de tout le monde sur son absence de bracelet. ”Défendre Rouky était un apport tout ce qu’il y a de plus légitime j’trouve. J’veux dire, j’ai pas apporté grand chose non plus, j’avais juste beaucoup de questions à poser. J’suis pas sûr d’avoir trouvé des réponses d’ailleurs. J’suis même plutôt sûr d’avoir juste développé plus de questions...” Tu fronces les sourcils et désignes le plancher des mains. Case in point.

Tu relèves la tête quand il te complimente sur ta chemise et ton sourire illumine ton visage, et tu ris un peu en entendant sa remarque. ”Bah écoute, j’fais d’mon mieux pour briser la routine et le côté très...monotone de l’endroit.” Tu prends pas mal son ton moqueur, c’était pas une attaque contre ta personne (contrairement à la TROUILLE qu’il t’a fichue juste à l’instant). Tu te grattes l’oreille en réfléchissant à comment lui répondre mais tu te retrouves à lui lancer un sourire narquois à ton tour (c’est de bonne guerre). ”Effectivement, t’as pas trop écouté la réunion.”

Ton avantage sur lui est de bien courte durée quand il te crie une nouvelle fois dessus et te cause une deuxième crise cardiaque. ”NAN MAIS OH ! CA SUFFIT LA.” Tu t’allonges sur le dos, les bras écartés. Défait par la vie. Une réaction pas du tout exagérée. Tout est dans la mesure et la retenue avec toi, c’est bien. ”C’était bien la planche que je regardais ouais.” Tu souffles, (allez courage) et te redresses pour te remettre debout. Tu te rapproches de Friday, poses un pied sur la dalle et mets ton poids dessus. ”Tu l’entends grincer ? C’est chelou non ?”

Tu te remets par terre et montres du doigt la fine ligne sur un côté de la planche. ”99 avait mentionné cette trace pendant la réunion. Ca a l’air d’avoir été coupé ? J’sais pas. T’es là depuis longtemps non ? Tu sais si des gens ont déjà tenté de voir c’qu’y avait dessous ?” Tu toques dessus comme à une porte. P’t’être que quelqu’un répondra si on fait ça poliment ?

T’aimes bien Friday. Il est haut en couleurs, il a l’air gentil, et il a surtout l’air de pas trop se prendre la tête. Que des qualités selon toi. Tu ris de bon coeur quand il te dit n’avoir rien suivi à la réunion. T’es content qu’il y ait des gens qui se soucient de votre sort et qui cherchent des solutions pour sortir d’ici ou au moins comprendre ce qui se passe, mais t’es aussi très heureux d’avoir croisé des gens qui n’y songent pas plus que nécessaire. L’ambiance serait bien trop morose et pesante si tout le monde déprimait ou réfléchissait 100% du temps.

Tu gonfles les joues et fais mine de bouder quand il commente tes sursauts peut-être un peu exagérés (mais en vrai t’es d’accord. Tu es mignon, et c’est la vérité vraie). ”Heureux de savoir que mes possibles crises cardiaques te procurent de l’amusement.” Tu lèves les yeux aux ciel mais le sourire sur tes lèvres brise l’illusion d’agacement.

T’écoutes ce qu’il te dit sur les précédentes tentatives de résolution des mystères. Mouais...il est pas très au fait le garçon. Mais t’as même pas le temps de réagir sur ça quand tu le voir s’avancer et marcher dessus. Tu t’affoles vite. ”EH MAIS ATTENDS QU’EST-CE QUE TU F-” Tu te figes, un temps de latence. Friday attaque “Marcher sur dalle”, mais rien ne se passe. Tu souffles, et poses ton front par terre. Ca va pas de te faire des frayeurs toutes les trois secondes là ?!

Toujours la tête contre le sol, tu murmures. ”J’pense qu’il faudrait un plus gros poids pour la faire bouger.” Hmmm. Un truc dessous ou un mécanisme, il a probablement raison. ”Hey @Aleksa ? Bonjour, désolé de te déranger.” Quoi c’est un hologramme ? Ca t’empêche pas d’être poli. Tu faisais probablement partie des gens qui disaient s’il te plaît et merci à Google. ”Dis, est-ce que tu pourrais nous dire s’il y a une façon de voir ce qu’il y a sous cette dalle sans la détruire ? Est-ce qu’il existe un mécanisme pour l’ouvrir ?” Probablement qu’elle ne répondra pas, mais ça ne te coûte rien de demander...enfin tu crois que ça te coûte rien...EST-CE QUE CA TE COUTE QUELQUE CHOSE ?? Nan chill, ça va aller. ”Oh ! Et ya une ligne là, tu sais comment elle est apparue ?”

Toujours allongé par terre (le sol, ton nouveau meilleur ami), tu joins tes mains et poses ton menton dessus. T’observes au plus près la dalle étrange. Elle gondole, et quand tu toques dessus ça sonne creux. Tu commences à toquer sur celle d’à côté pour voir quel bruit elle fait. Tu passes la main sur les dalles voisines et sur celle qui grince. Est-ce qu’elles ont l’air d’être faites pareil ? Visuellement rien ne les différencie, mais celle-ci gondole et les autres non, alors qui sait ? T’essaies de faire glisser la dalle chelou. Est-ce que ya du jeu ? Est-ce que ça bouge ? C’EST FRUSTRANT CETTE HISTOIRE. Ca fait quoi ? Fyu, au moins 10 minutes que t’es là, pourquoi t’as pas la réponse ?!

T’écoutes la réponse d’Aleksa à propos de la ligne et tu prends note. C’est vrai que tout le coulis autour de la dalle est plutôt mou. Si vous arriviez à découper tout autour et à faire levier avec une règle ou quelque chose, ça devrait suffire pour l’enlever. Surtout si elle dit vrai et que ya pas de mécanisme. BON, ya cette histoire de respect des règles là qui pose un peu problème. Surtout que vous savez toujours pas comment vous êtes surveillés. Et même si t’es pas particulièrement ok pour suivre le règlement aveuglément, t’es aussi pas super chill à l’idée d’être embarqué dans une prison où visiblement on torture des gens.

Tu lèves le pouce à la question de Friday. C’est une bonne question ça ! Parce que si ça s’trouve ya rien à voir et c’est juste un défaut de construction. Bon c’est littéralement la seule dalle de toute la Ruche à être gondolée et à grincer mais hey, qui sait. Et là...Aleksa répond. Et tu la regardes avec un petit sourire. Un sourire qui est un peu en miroir du sien : faux et vide, bien loin de ton rayonnement habituel. Tu restes figé comme ça quelques secondes en silence, comme si t’avais bugué. Parce que t’as un peu bugué. Parce que c’est nul ça comme info ça Aleksa ! Ya des gens qui essaient de comprendre ce qui se passe là oh ! ”Ok merci pour ton aide Aleksa. On va faire gaffe à rien casser. Bonne journée !”

Ton faux enthousiasme toujours affiché sur le visage, t’attends qu’elle disparaisse, avant de te tourner vers Friday, la mine plus détendue et un sourire plus sincère aux lèvres. ”Bon...tu veux quand même tenter de voir en dessous ? Elle a dit que quelqu’un avait fait une trace au scalpel, on peut aller voir à l’infirmerie si yen a en rab et finir le boulot ? Ce sera probablement le plus discret. Ou alors on fait comme ce qui a été dit en réunion et on saute dessus très fort. Mais c’est vachement moins discret du coup...” Tu te grattes la tête, pensif. ”Sur une échelle de 1 à 10 à quel point on est foutus si on enfreint le règlement après qu’elle nous ait dit deux fois de pas le faire tu crois ?”

Est-ce que Friday est très à cheval sur le règlement ? Il était très à cheval sur le roux pendant la pyjama party mais c’est une toute autre histoire ça…

Aleksa n’a pas été d’une grande aide, peut-être que c’était dans son programme et qu’elle n’y peut rien. Mais bon, c’est quand même frustrant. Mais c’est pas grave ! Tu vas trouver ! VOUS allez trouver ! T’es bien accompagné, et avec l’enthousiasme sans borne de Friday, cette dalle ne fait pas le poids. Alors du coup tu t’embarques dans tes plans et tes théories, et tu monologues. ‘Fin à la base tu pensais que c’était un dialogue, et que ça allait suivre en face, que vous alliez échanger vos idées et que vous résoudriez le problème en un clin d’oeil. Mais t’as dû un peu trop t’emballer à un moment parce que quand tu t’arrêtes, tout ce que tu vois c’est le regard complètement ailleurs de Friday. Le regard complètement ailleurs et très proche de Friday pour être exact.

…

Pourquoi il est aussi proche ? Tu bouges pas de là où t’es et le fixes à ton tour. Et vous restez comme ça, par terre, à quelques centimètres l’un de l’autre, en silence, à vous regarder...avant qu’il te sorte une demande à laquelle tu ne t’attends pas. Mais alors, pas DU TOUT. Mais t’en es aussi pas au point de questionner ses intentions, et c’est pas comme si toute ta vie n’était pas cheloue depuis que t’étais arrivé là. Alors tu hausses les épaules, et réponds machinalement. ”Reporting for duty.” Mais tu dis pas ça sans te redresser d’abord, et quand tu parles, tu prends une voix légèrement plus grave qu’à ton habitude.

T’es pas du genre à te poser trop de questions. Bon non, c’est pas vrai, mais t’es pas du genre à t’en poser quand quelqu’un te demande quelque chose et que ça te coûte rien de le faire. Du coup t’attendais pas particulièrement une explication de Friday. Mais quand il t’en donne une quand même, tu lui fais les yeux ronds. Parce que c’est une explication de FOU ça ! Vous vous connaitriez ?! ‘Fin il connaîtrait ta voix ? C’est quand même HYPER SPÉCIFIQUE comme réflexion. Mais tu sautilles sur place un sourire aux lèvres.

”Wha?! Mais c’est dingue ! On s’est croisé avant la Ruche tu crois ? Ou c’est vraiment que ma voix ? Genre...j’étais une de ces personnes dans les centres d’appel et je t’ai harcelé tous les jours pendant des mois pour te vendre de l’électroménager ? Est-ce que t’entends ma voix comme si elle sortait d’un combiné ?” T’es tellement pris par la révélation que tu te vexes même pas qu’il t’ait pas écouté pendant que t’exposais ton incroyable plan d’attaque contre cette dalle maudite. A la place tu te grattes le menton, pensif. ”Mais 149 m’a dit que ma tête lui disait quelque chose aussi. Mais plutôt dans un truc type BTP ? Genre bleu de travail ? J’sais pas trop, il a pas réussi à beaucoup développer, il est arrivé ya quelques jours.”

Tu marques une nouvelle pause et scrutes Friday en pensant peut-être que son visage allait déclencher un souvenir chez toi. Mais là tout de suite, pas de ouf non. ”Pourquoi “Reporting for duty” ? Genre, ya plein de choses que j’aurais pu te dire. C’est pas comme si je parlais pas beaucoup. C’est très distinctif comme phrase ça.” Pourquoi t’as pris très intentionnellement ce ton de voix aussi quand tu l’as dit ?

De quoi avez-vous l’air tous les deux ? En vous observant depuis tout à l’heure ça doit donner quelque chose de bizarre. Toi affalé par terre, lui qui s’approche, toi qui cries. Vous tapotez la dalle, cherchez des indices, appelez Aleksa, faites partir Aleksa. Tu te roules par terre, cries un nouvelle fois. Et maintenant vous vous hypez mutuellement sur un nouveau sujet, le mystère du plancher bien vite oublié. Mais la dalle concerne la Ruche en général, et là vous parlez de vous spécifiquement. C’est bien plus intéressant ! Donc c’est avec plaisir que tu t’embarques dans le brainstorming lancé par Friday. Ce serait tellement cool que vous trouviez une partie de votre identité. CE SERAIT TELLEMENT COOL QUE VOUS VOUS CONNAISSIEZ D’AVANT !!! Friday est smart, beau gosse, fun et talentueux comme jamais, franchement une personne précieuse à avoir de ton côté. Donc maintenant, ya plus qu’à trouver d’où.

Tu le regardes à ton tour quand il te dit ne pas te reconnaître. Si c’était pas précédé par une bonne nouvelle de sa part, tu l’aurais un peu pris pour toi, parce que clairement tu n’as pas l’apparence d’une personne qu’on oublie. Mettons ça sur le dos d’un manque de capacité de reconnaissance faciale de son côté. Toi en revanche sa tête te dit quelque chose. C’est d’ailleurs ce que tu t’empresses de lui dire. ”Bah maintenant que tu le dis, j’ai l’impression de t’avoir vu quelque part moi...” Tu te frottes le menton, pensif. Où ? Dans quelle situation ? Raaaah, c’est frustrant ! Tout est frustrant aujourd’hui ! C’est terrible !

”Ohh métier à risque, pas con pas con.” Pas con mais ça te laisse un peu perplexe. D’après les divers cris de surprise et de peur que tu as poussés ne serait-ce que dans les 30 dernières minutes, tu te sens pas comme quelqu’un de particulièrement brave. Mais d’un autre côté le côté soldat te parle aussi. Tu pourrais pas dire pourquoi. Tu jettes un oeil à Friday et tu te dis que franchement, il a l’air plutôt balèze, physiquement parlant, donc ça pourrait coller pour lui ! Bon ya cette histoire de BTP là avec 149, mais peut-être que t’étais plutôt mécanicien ? C’est pas incompatible.

Et là Friday semble avoir un déclic. Il saute, il hurle et t’es pris dans sa joie pour le moins contagieuse. Tu te laisses saisir dans ses bras et te met à sautiller avec lui en criant  ”SOLDIER 76 SOLDIER 76 !!” Quand vous vous calmez un peu, tu te redresses, l’air sérieux, et tentes la phrase en entier, comme tout à l’heure.  ”Soldier 76, reporting for duty.” Et tu fais même un salut militaire. Tu laisses passer un moment de silence, figé, avant de regarder Friday, les étoiles dans les yeux. Est-ce que ça lui dit quelque chose ? Toi les mots sont familiers c’est sûr. Du coup ?? C’est bon ??? C’est ça ????

”De ouf c’était l’armée ! On a dû se connaître là-bas !” Ca expliquerait certaines choses. Genre, tu fais ton lit au carré déjà. C’est une preuve ! Et maintenant en cherchant dans ta mémoire, tu te souviens avoir mis les pieds dans une caserne, avoir mangé à des grandes tables avec plein de personnes en uniforme autour de toi. C’est sûr, c’est pas une coïncidence. T’as fait l’armée. Avec Friday. Vous êtes des génies. C’est incroyable de retrouver des souvenirs comme ça. Tu te remets à sautiller sur place en acquiesçant à tout ce qu’il te dit. Oui oui, vous avez fait l’armée tous les deux ! Bien sûr que vous étiez dans le même régiment ! Une explication parfaite ! Bah oui Soldier 76 c’était toi ! Ton matricule, une évidence ! Et tu t’arrêtes net. ”Attends mais mon matricule ici c’est pas du tout 76. C’est NB03-88.”

Silence…

Haussement d’épaules.

”Après ça veut rien dire ! Pourquoi est-ce que mon matricule ici devrait être mon matricule militaire hein ? Qui fait ça ? Personne ne fait ça !” Certaines personnes font ça. ”T’as une idée du tien ? D’un poste ? T’as l’air plus mastoc que moi. Tu sais s’il  y a d’autres militaires ici ? Si ça se trouve on est tous militaires ?” OMG mais quelle théorie ! Ce serait dingue ! Une expérience gouvernementale ? Vous avez vrillé et on vous a enfermé ? Vous êtes des prisonniers de guerre ? On fait de vous des super soldats ? TANT DE POSSIBILITES !

A peine le problème du matricule avancé qu’il est déjà oublié. Vous êtes tous les deux bien trop hystériques, heureux et débiles enthousiastes pour vous stopper à la première incohérence alors que TOUT LE RESTE COLLE SI BIEN. Bon Friday a pas l’air hyyyper au clair sur son identité, mais hey ! Qui es-tu pour juger ? Il a déjà eu l’illumination sur ta voix et a fait le rapprochement sur cette histoire de passé militaire, le mec a déjà bien bossé. Il peut avoir une pause, il est pas omniscient non plus ! ”Je sais pas si c’est un vrai poste mais ouais, tu pourrais avoir tenu une mitraillette j’pense !” Tu te recules, le main sur le menton, la tête penchée à l’observer, en l’imaginant en kaki et une arme à la main. Et là tu remarques le col de sa chemise et tu te remets à hurler en le pointant du doigt. ”MAIS C’EST UN SIGNE !! T’AS DÉJÀ DES MITRAILLETTES SUR TES VÊTEMENTS !! OBLIGÉ TON SUBCONSCIENT SAVAIT DÉJÀ !!” Vous êtes si smart.

Ta théorie d’une ruche intégralement militaire semble de plus en plus fondée au fur et à mesure que Friday te nomme des gens. 5, Rouky, les gens qui font du sport. Ca commence à faire beaucoup, c’est une vraie liste. ”Ohmondieu si on est tous des militaires c’est dingue ! Si ça se trouve on est dans une caserne expérimentale ??” Ce serait OUF. Terrifiant aussi. Super flippant même. Là rien que d’y penser, t’es pas rassuré d’ailleurs. Mais t’es aussi pris par l’excitation de Friday. Conc comme le problème du matricule, c’est vite passé et remplacé par la joie d’avoir trouvé un pote comme lui.

Vous êtes sur une bonne lancée-là, et il doit le sentir lui aussi.

1- Vous avez trouvé que vous vous connaissiez d’avant.
2- Il a retrouvé ton ancien matricule qui n’est pas ton nouveau matricule.
3- Vous avez potentiellement trouvé le point commun de tous les habitants de la Ruche.
4- Plus qu’à percer le mystère de cette dalle franchement.

Tu lui souris et regardes la planche en l’écoutant et en hochant de la tête. Vrai vrai vrai, des coups de mitraillette ça fonctionnerait. Bon la suggestion te stresse un peu parce que t’es pas vraiment sûr d’aimer les armes en fait. (T’es pas vraiment sûr d’aimer les militaires non plus, mais t’es quelqu’un de complexe. Ca ne change pas forcément vos découvertes). ”On n’a pas de quoi tirer dedans, mais soyons directs ! Le problème est devant nous, pourquoi chercher une option mécanique et subtile quand on peut probablement juste l’ouvrir non ? Ca sonne creux, donc on pourrait la défoncer à coup de je sais pas quoi. Ou alors on fait une frappe chirurgicale, et on utilise un scalpel ?” C’est pas ça que ça veut dire frappe chirurgicale, mais passons. ”Ya déjà quelqu’un qui a commencé. Et comme ça on pourra reboucher. Peut-être qu’Aleksa ne le remarquera même pas !”

Il n’y a aucune faille à ce plan. En tous cas, toi tu vois pas de faille à ce plan.

Friday est une bonne âme. Clairement vous êtes sur une longueur d’onde similaire et ça joue pas mal dans cette amitié rapide que vous formez. Enthousiasme ? Check. Fibre artistique ? Check. Aucune idée de ce qu’il se passe mais bonne volonté ? Super check. Prêt à proposer des super idées et explications sur votre situation ? Mega check. Comme avec 123, côtoyer quelqu’un d’aussi joyeux te réchauffe le coeur et te réconforte sur tout cet endroit. Cet endroit qui est DEFINITIVEMENT une caserne militaire de l’espace. A peine les mots sortis de la bouche de Friday, et t’es tout de suite emballé. Les yeux brillants et un sourire plus large que celui du chat du Cheshire, t’as HATE d’entendre son explication.

Ce mec a le cerveau en feu. Tellement en feu que tu ne peux que secouer la tête et rire, attendri, par tes propres mots qu’il te régurgite pas tout à fait dans le bon ordre ni dans le bon sens. T’es assez sûr qu’il a pas vraiment capté un seul truc que t’as dit, mais peu importe, t’es bien trop fasciné par son raisonnement. Faut avouer que quand t’as terminé ton laïus, tu t’attendais à ce qu’il acquiesce, ou qu’il te propose un truc alternatif. Mais il s’est un peu surpassé dans le côté alternatif de la chose là.

Tu te laisses entraîner par le bras sans protester, même si tu comprends pas trop pourquoi il t’emmènes à l’espace sportif. Vous êtes des militaires, il est musclé et tout, mais vous étiez un peu au milieu de quelque chose là. Il récupère une haltère sous ton regard de plus en plus confus, et vous revenez vers la dalle. Ah du coup vous restez pas faire du sport ? Ouf. T’es plutôt athlétique, mais les poids tout ça, c’est pas trop ta scène.

Un autre truc qui fait que vous vous ressemblez avec Friday, c’est que vous parlez tous les deux beaucoup. Beaucoup beaucoup. Beaucoup beaucoup beaucoup. Non sérieux ça fait un moment qu’il est sur son explication là, et il t’a un peu perdu. Caserne dans l’espace, t’y étais. Ca faisait totalement sens pour toi. La fusée ouais, logique, comment vous iriez dans l’espace sinon ? Jusque-là nickel. Bon les énigmes sur Pluton, là ça a commencé à lâcher de ton côté. Mais ses histoires sur Aleksa et les uniformes, franchement, ça tenait la route. Ya des films qui sont moins cohérents t’es sûr. Du coup quand il s’arrête enfin, tu hoches la tête, pensif.

”Mais Pluton et le Soleil c’est pas à l’opposé ?” Vraiment ? VRAIMENT ? C’est ça la question que tu vas poser ? ”Non parce que t’as dit qu’on devra comprendre des trucs sur Pluton mais qu’on s’installe sur le soleil.” Tu te grattes la tête. ”Attends ! Si on est tous américains, on part pour coloniser tout le système solaire, t’as raison j’suis bête. Du coup ouais nan, franchement ça se pourrait !” Elle est entre de bonnes mains la colonisation. ”J’ai quand même toujours un doute sur la raison pour laquelle on serait amnésique. Cette histoire de gravité me paraît étrange...Ouais...j’pense qu’on a plutôt été plongé dans un sommeil profond pour le chemin, et que notre cerveau met du temps à se remettre correctement en marche. Tu sais comme quand on reste trop longtemps immobile, après nos muscles ils sont tout faibles.” Heureusement que vos cerveaux à vous sont en top notch condition. ”MAIS DU COUP ON EST REVEILLES ! Donc on doit bientôt être arrivés à destination !” Parfait. Logique infaillible, vous êtes au clair sur la situation.

Tu jettes un oeil à l’haltère qu’il continue de porter et hoches la tête. ”Ah bah du coup ouais, vas y lâche.” T’as pas dit ya moins de 20 minutes que ce serait pas une mauvaise idée d’aller vérifier dans l’infirmerie pour des scalpels ? Oh, bon...tant pis. L’élan de l’enthousiasme d’avoir percé le mystère de cet endroit, très certainement…