Who's your daddy ?

Encore une journée dans la Ruche. On ne pouvait pas forcément dire qu'on s'ennuyait parce qu'il y avait pleins de personnalité hautes en couleur à découvrir, mais ce serait mentir de dire qu'on était dépassé par le nombre d'activités à faire. Après tout, les chambres étaient équipées de l'ameublement le plus sommaire. L'espace repas n'avait rien de particulièrement divertissant. La bibliothèque offrait quant à elle un grand nombre d'ouvrages à parcourir, mais l'évasion de l'esprit pouvait aussi avoir ses limites. La curiosité avait poussé 37 à faire un tour dans l'infirmerie pour voir de quoi il était question. Il ne lui restait donc qu'une zone à explorer : la salle de sport.

L'idée de faire du sport à la vue de tous ne l'excitait pas vraiment. Il se serait bien d'avantage sentit à l'aise avec un coach privé dans une annexe de l'espace sportif. Mais là, il en demandait beaucoup. S'il avait énormément de questions sans réponse, il pensait pouvoir dire que la Ruche avait été construite dans un but "pratique" avant tout. Répondre aux besoins primaires des "habitants" pour qu'ils soient fonctionnels. Dormir, manger, un minimum d'hygiène, entretenir son corps et son esprit. On était très loin de la formule offerte par une croisière de vacance. Il aurait bien aimé pourtant : boissons à volonté toute la journée, spa et massages, piscine, cour de tennis, salle de cinéma, ateliers artistiques, animations tous les soirs et nouvelle destination à découvrir chaque jour... Mais la Ruche avait plus de ressemblance avec une prison qu'avec une croisière.

C'est avec une petite nostalgie dont il ne comprenait pas trop la nature qu'il s'avança donc vers l'aire réservée au sport. Peut-être avait-il été sur une croisière dans son passé. Aucun moyen de le dire pour l'instant. Le fait de ne pas avoir de vêtement dédié au sport l'embêta un peu. Une chemise ce n'était vraiment pas l'idéal pour se mettre à courir, mais on faisait avec les moyens du bord. Il s'installa sur un tapis de course, essayant d'ignorer les personnes présentes dans l'aire commune. Le gros bouton vert "DÉMARRER" lui sembla être un bon début. La machine se mit doucement en marche. Voilà déjà un bon début. Il appuya à plusieurs reprises sur le bouton + pour augmenter la vitesse et s'arrêta lorsqu'il atteints les 10km/h. Cela lui semblait être un rythme acceptable, ni trop lent, ni trop rapide. Il ne put s'empêcher de se demander s'il avait l'habitude de ce genre de choses avant ? Faisait-il de la course ? Il avait un physique plutôt bien dessiner alors peut-être que le sport avait fait partie intégrante de sa vie. Pour autant, il aurait très bien pu avoir ce corps en faisant un travail assez manuel... Dur à dire. Aller, continue de courir 37, et arrête de penser.

De la musique. Voilà quelque chose qui manquait à 37 pendant son entraînement. S'il n'arrivait pas encore à déterminer s'il était un habitué de la salle de sport de son passé, il était en revanche certain qu'il aurait apprécié un morceau de musique pour accompagner l'effort. Il n'aurait cependant pas confié la tâche du choix de la musique à la ruche. S'il s'appuyait sur les goûts en matière de décoration des responsables, il ne voulait pas imaginer leurs goûts musicaux. Un mélange de techno avec de la musique classique ? Il n'arrivait pas à imaginer le mix.

37 était sur le tapis depuis 16 minutes et 24 secondes, complétement inconscient d'être observé par quelqu'un depuis quelques instants. L'effort avait fait perlé de la sueur sur son front et il regrettait de ne pas avoir apporté de serviette avec lui pour pouvoir s'essuyer. Il confirmait sa première impression sur le fait que ses vêtements actuels n'étaient pas tout à fait approprié pour cette activi... HA ! Un homme était apparu d'un coup devant lui. Cette brusque entrée en matière avait fait perdre son rythme à 37 qui se retrouva emporté par la machine. Il tomba face la première contre le tapis, n'ayant pas eu le réflexe de se retenir avant sa chute. Il finit sa course assis par terre devant la machine encore en train de tourner à vide.

37 sentit rapidement la douleur l'envahir au niveau du nez. Il était tombé de toute sa hauteur et il semblait qu'il se soit réceptionné sur le visage. Une main portée au visage lui apprit immédiatement qu'il saignait. Et merde. Et s'il avait le nez cassé ? Est-ce qu'ils avaient prévu ce genre d'accident et qu'un service de soin était disponible ? Il ne s'était pas posé la question avant. Il tâtonna maladroitement son nez pour savoir s'il pouvait en déduire s'il était cassé ou tordu. L'examen lui permit juste de savoir qu'il avait mal. Très mal.

Mais put*** qui avait eu la bonne idée de se pointer devant lui comme ça ? Franchement, qui pouvait avoir assez peu de jugeote pour débarquer comme ça sans prévenir ? Dans sa chute, 37 n'avait pas entendu parler le nouvel arrivant. Il finit par lever le regard vers le nouveau venu, prêt à lui dire très clairement ce qu'il pensait de sa façon d'apparaître devant les gens. Toutes les insultes qui lui brûlaient les lèvres moururent instantanément cependant quand il vit le visage du jeune homme.

- Merde alors...

Au premier regard, il avait eu l'impression de voir son reflet dans le miroir. Après quelques secondes, on pouvait voir que l'homme face à lui était quand même plus jeune de plusieurs années, mais cela restait très perturbant de rencontrer quelqu'un qui lui ressemblait autant. Enfin, du moins, qui lui ressemblait autant avant l'accident, car maintenant, il était peut-être défiguré pour tout ce qu'il en savait.
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Si la surprise était déjà présente dans l'esprit de 37, il n'était pas complétement au bout de sa peine. En effet, le jeune homme s'avança vers lui, examina rapidement la blessure et déclara que c'était sans gravité. Vu la douleur qu'il ressentait, il avait un peu de mal à en douter, mais après tout, qu'est ce qu'il y connaissait lui ? Il était donc tout disposé à croire sur parole le nouveau venu.

- Tu es médecin ?! Tu te souviens de ta vie d'avant ?

Le ton était curieux et un peu excité. Il n'avait encore rencontré personne qui se souvenait de sa vie d'avant. Arriver à se remémorer quelque chose, ne serait-ce que d'un ancien métier, c'était un grand pas en avant, de son point de vue. Imaginer que quelqu'un puisse avoir des informations sur sa vie d'avant était très réconfortant. 37 avait le sentiment d'être dépossédé de quelque chose de vraiment important depuis qu'il s'était réveillé dans la Ruche. Après tout, comment vivre autrement le fait d'avoir perdu son identité ?

- On m'a dit que j'étais 37. Tu es 36 ou 38 ?

Jusqu'alors, il n'avait pas encore trouvé d'explication logique aux numéros des habitants de la Ruche. Tout ce qu'il avait compris c'était que ça ne correspondait pas à leur ordre d'arrivée.

- Je suis arrivé il y a deux jours seulement. J'en conclus que ça fait un petit moment que tu es là, toi. Qu'est-ce que tu en penses ? On serait de la même famille selon toi ? Cousins ou bien frères ? Tu connais d'autres personnes qui ont retrouvé quelqu'un de leur vie d'avant ?

Machinalement, 37 se passa la main sur le visage, touchant malencontreusement son nez et ravivant la douleur et lui arrachant une grimace de douleur. Est-ce que le nouveau venu avait la même tête que lui quand il avait mal ? Ou bien les ressemblances s'arrêtaient à leur physique ?
S'ils étaient bel et bien de la même famille, c'était une découverte immense. L'une des premières choses qu'il s'était demandées à son réveil dans la ruche avait été de savoir s'il avait laissé des personnes derrière lui. Avait-il une femme ou des enfants ? Il n'avait pas d'alliance à son réveil en tous cas alors il avait un peu écarté la théorie. Maintenant que le sujet était rouvert, les questions fourmillaient dans sa tête.

- Tu as des signes distinctifs qu'on pourrait avoir en commun ?

De l'expérience dans les accidents de la vie ici ? 37 n'était pas sûr de comprendre ce que ça voulait dire, mais il ne poussa pas le sujet plus loin. Après tout, s'il était si son interlocuteur était sûr de lui et lui disait que ce n'était pas cassé, il n'avait qu'à le croire. Le sang avait arrêté de couler ce qui était déjà un bon point. Il ne lui restait plus qu'à voir s'il se réveillait avec le visage à moitié violet demain ou pas.

Il se fit scruter sans ménagement par le dénommé Friday. Les numéros n'avaient à priori pas de rapport avec une parenté ou quoi que ce soit. Dommage, ça les aurait peut-être mis sur une piste. Alors que 37 allait répondre à Friday, celui-ci l'attira à lui jusqu'à ce que les têtes se touchent. Puis il souleva une barre d'halètre pour qu'ils puissent se voir côte à côte. La ressemblance était saisissante. C'était tout simplement bluffant. Il était indéniable qu'il avait quelque chose en commun à les voir ainsi. Friday partit s'asseoir face à lui et son regard se fait perçant. C'est perturbant d'être fixé par un regard si ressemblant au sien.

- Je saigne, c'est pas déjà une preuve suffisante que je suis un vrai humain, non ?

À vrai dire, il espérait que ça suffirait, car il ne savait pas vraiment comment le lui prouver autrement. Après tout, il n'avait aucun souvenir de sa vie passée ce qui était quand même le signe qu'on existait pour de vrai. Pour autant qu'il sache, il aurait pu être une invention de la Ruche, mais ce n'était pas son impression. Lui pensait sincèrement être une vraie personne et il espérait ne pas se tromper sur le sujet.

Lorsque Friday lui demanda s'il se souvenait de quelque chose, 37 se concentra très fort pour faire émerger un souvenir, mais ce n'était pas vraiment quelque chose qui se faisait sur commande. Il se lança donc à l'eau.

- Bob. Brian ? Brice, Bradley, Ben, Brandon... Patrick ? Non, j'ai rien de clair en tête désolé. Mais peut-être que tu pourrais me parler de ce que tu connais de toi pour voir si un souvenir revient à la surface.

Alors qu'il avait un peu lâché l'affaire du "je me concentre très fort pour faire revenir un souvenir", une image lui passa par la tête. Celle d'un petit garçon, assis par terre en train de colorier frénétiquement son dessin. Impossible à dire s'il s'agissait d'un vrai souvenir ou simplement d'un piège de son cerveau, mais l'image était là.

- T'aime les dessins, le coloriage non ?

Il allait vite savoir s'il s'était fait des films ou si ça avait bel et bien un rapport avec son vis-à-vis.

Pas un clone. Pour l'instant. Ce n'était pas complétement parfait, mais c'était mieux que rien. Friday avait l'air du genre entier et 37 avait un peu peur d'imaginer ce qui aurait pu lui arriver s'il n'avait pas passé le "test". Maintenant qu'il y pensait, c'était peut-être Friday le clone ! Après tout, ce n'était pas parce qu'il était arrivé ici en premier qu'il était le plus légitime à être un vrai humain. Si ca se trouvait, tout ça n'était qu'une vaste manipulation pour qu'il ait confiance alors que l'ennemi se rapprochait de lui sous prétexte d'être quelqu'un de sa famille. Ouais, non. C'était un peu trop tiré par les cheveux. Depuis son arrivé ici, 37 s'était posé beaucoup de questions mais il ne penchait pas vraiment pour les théories du complots qui impliquait les autres habitants comme des traitres. C'était sûrement plus rassurant de se dire que tout le monde était dans le même bateau. Peut-être était-il un peu naïf et aurait-il dû se méfier comme le faisait Friday.

La liste de noms ne sembla pas faire écho chez Friday. Dommage. Il fallait la tenter celle là! Lorsque Friday lui expliqua qu'il était hyperactif, mais que c'était à peu prés tout ce qu'il savait sur lui, 37 ne put s'empêcher d'être un peu déçu. Il aurait aimé en savoir plus sur ce possible cousin, avoir une information qui aurait permis de confirmer leur théorie pour de bon. Même s'il devait avouer que la ressemblance physique aurait pu suffire comme preuve. Sa déception fut de courte durée quand son interlocuteur lui affirma aimer le dessin. L'excitation de Friday était contagieuse, car elle apporta un énorme sourire sur le visage de 37.

- J'ai eu une image en tête. D'un petit garçon faisant un coloriage sur le sol. Aucune idée de si c'est moi qui ait inventé ça ou si c'est un vrai souvenir. J'imagine que ta chemise m'a peut-être inconsciemment inspiré aussi. Mais tu imagines ? Si c'est vraiment toi que je vois dans ma tête ! Ca veut dire qu'on se connaissait en étant petits.

Il se prit la tête entre les mains et tira légèrement sur ses cheveux qui étaient déjà un peu décoiffés. Est-ce que son imagination avait fait tout le boulot ou est-ce qu'il s'agissait d'un fragment du passé ? C'était dur à dire. Mais l'idée l'emballait certainement.

- J'ai pas encore essayé de dessiner. Tu veux bien qu'on aille dans l'espace créatif pour voir ? Comme ça, tu me montres tes feutres spéciaux.


Il était tout excité a l'idée de peut-être se trouver un nouveau passe temps et qui sait, un lien avec Friday. Il essayait de se rapeller qu'entre frères ou cousins, on n'était pas obligés d'aimer les mêmes choses, mais quand même.

- Oui, je comprends ce que tu veux dire. Ca te permet un peu de t'évader d'ici grâce à ton imagination. J'espère y arriver aussi parce que je pense que je vais vite tourner en rond ici. Comme tout le monde...

Il se releva, tendant sa main à Friday pour l'aider à se mettre debout lui aussi. Le nez ensanglanté, oublié depuis longtemps. Il ne put s'empêcher de lâcher un rire franc quand Friday déclara qu'il n'était peut-être pas un clone démoniaque.

- Je vois que le doute est encore permit, mais je crois qu'il y a du progrès. Si je me rends compte que je sais dessiner, promis, je te dessine une licorne pour que tu me croies.

Alors qu'il tendait la main à Friday pour l'aider à se relever, celui-ci mit un peu de temps avant d'accepter. Pendant cette courte attente, 37 se demanda si une fois que leurs mains se toucheraient, s'il allait avoir un flash de souvenir. C'était idiot, mais n'était-ce pas comme ça que ça se passait dans la littérature ou dans les films ? Il n'avait aucun exemple en tête, mais il avait l'impression que c'était un recours souvent utilisé dans la fiction. C'était donc avec une petite appréhension qu'il attendait que la main de Friday se pose dans la sienne. Pourtant, quand il le fit, rien ne se passa chez 37. Pas de flash soudain, pas d'image, pas de mal de tête, pas d'électricité dans l'air, rien. C'était décevant. La réalité l'emportait sur la fiction. Au moins, s'il arrivait à dessiner une licorne, il gagnerait un frère quoi qu'il en soit.

37 se retrouva à l'espace créatif, attendant que Friday revienne. Il n'avait pas encore réellement mis les pieds ici. Il était déjà passé en coup de vent lorsqu'il avait exploré tous les lieux de la Ruche, mais il ne s'était jamais arrêté bien longtemps. Il observa donc autour de lui jusqu'à ce que Friday lui ramène un pantalon humidifié. C'est vrai qu'il devait avoir l'air d'un malade avec le nez ensanglanté comme ça. Il se débarbouilla comme il pouvait, évitant délibérément d'appuyer sur l'arête de son nez, encore douloureuse.

Les choses devinrent soudainement sérieuses quand Friday lui présenta la feuille blanche et les stylos. Il avait l'impression que beaucoup de choses allaient dépendre de ce dessin. C'était idiot encore une fois, mais il avait un peu la pression. Il se saisit d'un crayon de papier tout simple, mais bien affûté et après avoir soufflé un bon coup, se mit à commencer le dessin. Il se représenta mentalement l'image à laquelle il voulait arriver et posa la mine sur le papier. Il décida de commencer par le cou de la bête. Deux lignes parallèles courbes qui se rejoignaient légèrement en haut. Puis une nouvelle ligne pour agrandir le cou au niveau de la base. Il enchaîna avec la mâchoire. Un ovale qui se confondait avec un rectangle en perspective puis un nouvel ovale pour le museau. Il était très concentré dans ce qu'il faisait, mais plus ça allait, plus les lignes venaient toutes seules.
Il fut un peu surpris par la question de Friday, mais il fut capable de continuer son dessin pendant qu'ils parlaient.

- C'est marrant que tu dises ça, c'est exactement le genre de relation que j'aimerais entretenir avec un petit frère. Si j'avais une petite sœur, je pense que je serais super protecteur, mais que je ne pourrais pas vraiment me confier. Je ne pourrais pas partager autant de choses qu'avec un frère.

Il attaqua la crinière, ce qui n'était vraiment pas le plus facile.

- Je m'imagine bien comme celui qui fait les expériences des choses et qui revient en éclaireur à son frère pour lui dire ce qu'il faut absolument tester ou pas du tout. En te laissant l'occasion de voir par toi-même bien sûr. Après tout, je pense que je serais super content d'entendre les récits de tes exploits et de tes déboires. Même avec les filles.

Il s'arrêta brusquement dans son dessin en se rendant compte qu'il lui avait parlé comme si, effectivement, il était son petit frère. Il avait aussi assumé qu'il était hétéro. Il ne savait pas trop comment se rattraper sans s'enfoncer encore plus.

- Ou avec les garçons d'ailleurs, hein. Enfin, je veux rien assumer sur cet hypothétique petit frère. Tu vois ce que je veux dire ? Bref, j'aimerai bien être ici avec un petit frère, ce serait chouette de pouvoir se serrer les coudes ici.

Il ajouta les derniers traits à son dessin, effaça les différentes formes qui lui avaient permis de conserver les bonnes proportions et finalement, tourna la feuille pour montrer le résultat à Friday. Il était nerveux de l'appréciation qu'allait recevoir son travail.

- Je sais pas si t'étais mon frère, mais j'aimerai bien que ce soit le cas. T'as l'air énergique et sympa. Maintenant, j'espère juste que je n'étais pas un frère trop con avant !

Il lui sourit, un peu plus timidement qu'auparavant. La conversation était vite devenue lourde de sens et il se sentait un peu gêné de partager des opinions aussi intimes avec quelqu'un qu'il venait juste de rencontrer. La perspective que Friday soit son frère était pourtant tellement alléchante.

- Tu crois que le reste de notre famille est ici aussi ? T'as vu des gens qui pourraient ressembler à tes parents ? Il faut que tu me mette au courant des gens sympas et de ceux qui sont à éviter aussi.

Maintenant qu'il avait commencé à dessiner, il se sentait bien d'attaque pour continuer encore un peu.

- Au fait, j'ai gagné le droit de tester les feutres pour les vêtements ? J'aimerai bien personnaliser mes chemises. Ou alors, tu pourrais le faire aussi, ce serait super cool.

Lorsque qu'il montra son dessin à Friday, il y eu un petit moment de silence. La tension monta d'un cran en plus dans l'estomac de 37. Ca n'avait aucun sens, mais il avait l'impression qu'il y avait un enjeu important si le dessin plaisait à son interlocuteur. Ce n'était pas comme s'il allait vraiment gagner un frère pour une licorne en papier. Pourtant, quand il entendit Firday lui dire que c'était parfait, il ne put s'empêcher d'être heureux. C'est pourquoi quand entendit son "merci", il eut envie de se lever et de le prendre dans ses bras. Il se retient de le faire, parce que c'était un peu fou. Il n'avait pas l'impression d'être trop réservé, mais prendre dans ses bras quelqu'un qui était un inconnu il n'y a pas une heure, c'était peut-être un peu trop. Alors quand Friday lui dit qu'il était probablement un frère parfait, il ne put s'empêcher de lui mettre une main sur l'épaule et de le serrer un peu de façon affectueuse. Il était un peu en roue libre, mais il se sentait touché. Se dire que son hypothétique petit frère le trouvait parfait, ce n'était pas n'importe quoi comme compliment.

Avant que son geste ne semble trop déplacer, il retire sa main et écoute attentivement les appréciations des gens qu'il devrait finir par connaître. Pas d'autres membres de la famille à priori alors. C'était déjà bien d'avoir un frère. Il avait hâte de rencontrer cette 013 qui semblait avoir bien plu à Friday. En revanche, il nota qu'il fallait se méfier d'un certain 7.

- Quoi ? T'envoyer en prison ? Mais c'est qui ce mec ? S'il te cherche encore des noises, tu m'appelles.

Oups, c'était sortit tout seul. Il avait lu les règles et il savait bien qu'il n'avait pas le droit de frapper qui que ce soit. Il n'était pas le plus impressionnant physiquement non plus. Mais il était prêt à faire ce qu'il fallait pour défendre celui qu'il considérait déjà comme son frère. Il n'était pas le plus impressionnant physiquement non plus. Pourtant, il était presque sûr qu'il n'avait pas l'habitude de se bagarrer avant. Friday proposa ensuite de faire un tour de la Ruche plus tard pour qu'il lui montre les gens qu'il connaissait, de loin.


- Je vois, t'avait pas trop envie d'être sociable aujourd'hui. Je comprends, ça ne doit pas être facile d'avoir de l'intimité ici. Peut-être que tu veux que je te laisse tranquille aussi. Faut pas hésiter à me le dire, je comprendrais.

Il essaya de parler de la façon la plus neutre possible en mettant le moins d'émotion dans sa voix. En réalité, il était super déçu que leur rencontre s'arrête si vite. Bien sûr, ils n'allaient pas pouvoir partager leurs souvenirs, mais il aurait quand même pu discuter de choses et d'autres. Il avait envie de connaître son frère. Son frère. Bon sang, ça lui faisait bizarre. Mais bizarre dans le bon sens du terme. Les feutres textiles furent sortis et la manche de Friday lui fut présentée. Il écouta attentivement les explications de Friday, remarquant son embarras. Une nouvelle fois, il eut envie de le prendre dans ses bras. Il comprenait la gêne que son vis-à-vis semblait avoir. Lui aussi serait très heureux d'avoir un quelque chose de sa part et c'était délicat de montrer des sentiments aussi profonds à quelqu'un qui était encore un inconnu (même s'il avait l'impression de le connaître). Il se retient une nouvelle fois de l'étreindre et il décida de la jouer cool. Comme un grand frère.

- T'inquiètes, je te réserve mon meilleur dessin ! T'aimes bien les animaux, j'espère. Je crois que c'est un truc que j'aime bien dessiner. En plus, y a pleins de couleurs sympa.

Il attrapa le bras de Friday et le plaça doucement sur la table dans une position pratique pour dessiner.

- J'ai l'impression d'être un tatoueur à dessiner comme ça sur une surface non-plane. C'est plutôt cool.

Il commença son dessin avec le feutre noir pour faire les contours du renard qu'il avait décidé de faire sur la manche. Le dessin serait dans un style beaucoup plus enfantin que la licorne, mais il n'avait pas l'habitude de travailler sur le bras de quelqu'un. Il enchaîna sans tarder avec les couleurs.

- Si j'ai bien compris, tu as trouvé ton surnom tout seul. Tu crois que tu saurais me trouver un surnom ? Peut-être que je devrais prendre un autre jour de la semaine, pour montrer à tout le monde qu'on est frère.

Il s'arrêta brusquement de dessiner et de parler. Mais qu'est-ce qu'il venait de dire ? Bon sang, il se laissait complétement aller quand il était concentré sur un dessin. Holala, mais comment est-ce qu'il allait rattraper ça. Il n'osait pas relever la tête de la manche.

- Enfin... Je veux dire... Si tu veux, bien sûr. Et puis, on n'est pas obligé. Enfin, on sait pas encore vraiment si on est frère après tout. C'était idiot. Désolé.

Il reprit son dessin, très gêné à son tour. Bien joué le coup du grand frère cool. Très crédible. Il espéra que le malaise de sa dernière bourde allait vite être oublié. Il termina sa petite création assez rapidement et présenta le résultat à Friday.

- Voilà pour toi. J'ai pensé au renard parce que ça me rappelle la capacité à toujours retombé sur ces pattes dans n'importe quelle situation. Et puis, c'est un animal qui est malin, je me suis dit que ça t'allait bien. À toi maintenant. Tu peux faire où tu veux vu que ma chemise est toute blanche.

37 est touché. C'est idiot, Friday lui a juste dit de ne pas le laisser. Qu'il voulait le connaître. Mais ça suffit à lui faire vraiment plaisir. Tellement plaisir. C'est ridicule parce que franchement, ils se connaissent depuis une heure mais l'émotion est là quand même, bien qu'il ne sache pas vraiment pourquoi. Il ne s'était pas trouvé trop émotif auparavant alors, il met vraiment ça sur le fait de sa rencontre avec son petit frère. Heureusement, le dessin aide à penser à autre chose. La pire chose qu'il pourrait arriver c'est qu'il se montre trop sensible, qu'il commence à dire tout ce qui lui passe par la tête et qu'il finisse par faire fuir Friday.

L'idée du surnom commun, qu'il avait lachée un peu vite ne semblait pas déplaire à son frère. Au contraire, Friday lui fit remarquer qu'entre frères, ils pouvaient se dire les choses et qu'ils n'allaient certainement pas se fâcher pour rien. Cela faisait un peu bizarre de penser qu'on pouvait compter sur quelqu'un d'autre que soi dans un endroit comme la Ruche, mais c'était très plaisant. Son frère enchaine sur le fait qu'une autre personne de la Ruche lui a trouvé son surnom. Sixteen, il retiendra ce nom et il a déjà hâte de rencontrer la personne vu les louanges qu'en fait Friday.

-Monday. Monday.... Monday ! Ouais, ça sonne pas trop mal non ? Ce sera quand même plus sympa qu'un numéro et puis, j'ai l'impression que ça prouve que je suis vraiment ton frère.

Il était déjà touché que Friday accepte aussi facilement que leurs nouvelles identités soient liées l'une à l'autre mais son coeur manqua un battement en entendant la suite.

- Bien sûr, on garde "Bruv" rien que pour nous. Enfin si ça te va que je t'appelle comme ça aussi...

Un sentiment si intense de joie s'empara de Monday quand il eut Friday dans ses bras. C'était comme s'il avait l'impression que la pièce de puzzle qui avait toujours manqué à sa vie venait se mettre parfaitement en place. Avaient-ils eu une relation si proche pour que son absence l'ait autant marqué ? Pourquoi se sentait-il soudainement si complet ? Avaient-ils été séparés depuis longtemps avant de finir dans la Ruche ? Il s'en moquait un peu pour être honnête. Tout ce qui semblait compter c'était l'instant présent. L'étreinte prit fin et Friday alla se positionner dans son dos pour entamer son propre dessin. Monday était impatient de voir ce que ça allait donner.

- Je n'ai pas l'intention de ne rien faire. J'espère pouvoir trouver un moyen de sortir d'ici mais je suis prêt à suivre les règles pour avoir l'occasion d'en apprendre plus. J'ai entendu dire que la fontaine avait été détruite par un habitant. Je ne pense pas que ce genre d'acte de rébellion nous rapporte autre chose qu'une punition. Il faut être plus malin qu'eux...

Rester dans les clous jusqu'à trouver un moyen de contrecarrer le système. On ne savait pas vraiment de quoi ces gens étaient capables alors autant être prudent en respectant les règles. En plus, c'était un peu pénible mais pas forcément dur à faire.

- Tu agis comment depuis que tu es là toi ? C'est quoi ton plan ? J'ai l'impression que tu t'es plus intéressé aux gens qu'à l'environnement.

Monday le regarda et lui lança un grand sourire en l'entendant parler de son moi du passé qui rendrait visite à son lui du futur. Il était tellement cool son frère bon sang.

- J'suis un peu jaloux de pas avoir eu l'idée moi-même. Mais ok, j'vais patienter avant de voir ça. T'as déjà décoré ta chambre ? Si non, on pourrait essayer de faire un truc ensemble. Genre dessiner une histoire sur une frise de papier et peut-être que ça nous rappellerait un jeu de quand on était plus petits. Ou on dessine une cabane. Je sais pas si on aurait pu jouer dans une cabane, je me vois pas trop monter aux arbres...

Est-ce qu'il essayait désespérément de trouver une activité à faire pour garder son frère avec lui un peu plus longtemps ? Oui. Il fallait dire qu'il fallait bien qu'ils fassent quelque chose pour s'occuper aussi. Ils auraient pu faire le tour du propriétaire mais ça aurait signifié croiser plein d'autres gens et il voulait garder un peu de sa découverte de Friday juste pour lui.

Les premières différences se font un peu sentir entre les deux "nouveaux" frères lorsque Friday évoque sa façon de vivre dans la Ruche. Au lieu de regarder ça comme des choses qui les éloignent, 37, enfin Monday à présent, voit plutôt ça comme une façon d'évoluer. Après tout, son frère lui apporte une nouvelle manière de voir les choses, de vivre d'une façon qu'il n'aurait pas imaginé, de penser à une alternative pour sa vie ici. Monday est si heureux de la rencontre qu'il a faite, qu'il est persuadé que toutes les différences qui pourraient voir le jour entre eux ne seraient que des moyens d'évoluer ensemble et au final de se rapprocher. Comment peut-il en être autrement ? Il ne va surement pas renier son petit frère pour des divergences d'opinions, ce serait idiot.

- Tu aurais tort de vouloir changer comment tu es pour plaire d'avantage à la Ruche. Si les énigmes ce n'est pas ton fort, personne ne peut t'en vouloir. Et puis, pour ce que je sais, on a aucune idée de pourquoi on est ici. Peut-être que le but, c'est de voir les différentes façons dont on réagit.

Il hausse les épaules, pas forcément très convaincu avec son idée. Pour lui, ce serait un peu trop tordu que tout ça soit une expérience sociale. Cela voudrait peut-être dire qu'ils auraient donné leurs accords pour qu'on efface leurs souvenirs ? Il a du mal à y croire, il ne s'imagine pas du tout faire ça, mais après tout, il n'en sait rien, comme d'habitude. Monday se laissa gentillement poussé par le coude de son frère, mais il n'en fallait pas plus pour que sa fierté reprenne le dessus.

- Bon d'accord, si t'es assez courageux pour monter dans les arbres, je t'aurai suivi. C'est quand même moi le grand frère, je ne peux pas te décevoir !

Il le gratifia d'un grand sourire. Peut-être parce qu'il se sentait investi d'une nouvelle mission depuis qu'il l'avait rencontré, chose qui allait profondément changer sa façon de voir la Ruche. Il y avait quelqu'un qui pourrait compter sur lui. Ca changeait tout dans ce nouveau monde. Soudain, Friday se leva pour aller récupérer plus de matériel et il expliqua son idée. Monday était sous le charme, peut-être qu'ils verraient s'ils sont vraiment connectés comme ça.

-Bon très bien, qu'est ce que tu dirais d'une baie vitrée ici ?

Il désigne un endroit un peu sur la droite de la feuille et commence à dessiner la perspective de la pièce qu'il imagine. Il s'agit d'une pièce assez large, avec la fameuse baie vitrée, mais aussi d'autres fenêtres.

- Ca me plaît bien, une grande pièce avec de la lumière naturelle. Peut-être que c'est à cause de la Ruche maintenant que j'y pense, mais je trouve que ça va bien avec ta table.

Il lui tend le dessin pour le laisser continuer à partir de là.

- Tu crois qu'on avait un travail en lien avec le dessin ? J'aime bien nous imaginer tous les deux architectes, travaillant dans un grand bureau et partageant des idées toute la journée. Enfin, je sais pas si ça aurait pu te plaire comme vie...

Pas un métier en lien avec le dessin alors ? Oui ça peut se comprendre. Après tout, architecte n'était probablement pas le métier le plus fun qui existe. Devoir respecter des dimensions précises, toujours gérer les contraintes techniques, ça ne ressemblait pas trop à ce qu'il imaginait de Friday. Peut-être que ça lui ressemblait à lui par contre... Il se sentait capable de se plier à des règles strictes toute la journée. Pour autant, il y avait pleins de métiers qui pouvaient se retrouver dans la catégorie.

- C'est vrai que maintenant que tu le dis, je trouverai ça ennuyant pour toi d'être architecte. Je m'emballe un peu dans mes suppositions !

Il se gratta l'arrière de la tête, un peu gêné. C'était si facile d'oublier qu'ils venaient tout juste de se rencontrer et qu'il était un peu trop à l'aise déjà. Il était difficile de résister à la personnalité de son frère.

- Mais j'aimerai bien qu'on refasse ça aussi régulièrement. Peut-être même quand on sera sorti d'ici ! On pourrait même faire planifier d'autres trucs. Un atelier de cours de dessin pour les autres personnes ici ? Ou bien juste manger ensemble de temps en temps ?

En évoquant les différentes possibilités, 37 se rendit compte qu'il se moquait pas mal de l'activité du moment qu'il était avec Friday. Il pouvait bien faire du sport, se retrouver simplement côte à côte à lire, ou juste passer du temps à discuter, tout lui convenait. C'était fou de s'accrocher aussi fort à quelqu'un en si peu de temps. Il s'imaginait qu'ils avaient dû être très proches dans leur vie d'avant pour qu'un lien si fort se créer déjà entre eux.

- Ce serait plutôt cool d'être riche ! Ce n'était peut-être pas chez nous en effet, ça manque un peu de personnalité tout ça non ? Peut-être parce que c'est le début du dessin...

Quand Friday souleva la question de ce qu'il manquait au dessin, 37 regarda à tour de rôle le dessin et son frère. Effectivement, il y avait quelque chose qui manquait. Il essayait de visualiser le canapé en vrai pour essayer de retrouver cette chose manquante. Était-ce un tapis ? La texture du canapé ? Non, c'était autre chose.

- Ça sent le brûlé.

Il regarda droit dans les yeux Friday, alors que la révélation lui était venue d'un coup. Il lui offrit un grand sourire, content d'avoir pu mettre des mots sur ce qui manquait.

- Pas ici, mais sur le canapé, ça sent le brûlé. Je crois qu'on a dû faire tomber un truc qui brûle dessus, genre une bougie, une allumette, une ampoule trop chaude ou peut-être une cigarette ?

Monday s'empara du dessin et griffonna une tâche noire sur le siège de droite, assez visible, puis il continua en ajoutant sur le dossier du canapé un gros plaid. Il s'empressa d'aller chercher les crayons de couleurs et prit un bleu canard assez foncé pour colorier la couverture.

- Et ça, ça servait à recouvrir l'assise du canapé pour cacher la tâche ! Tu t'en souviens ? Par pitié, ne me dis pas que je suis fou, mais que tu t'en souviens aussi...

Il était tellement sûr de lui qu'il espérait sincèrement que ce souvenir évoque quelque chose à son frère. S'ils n'arrivaient pas à se trouver des souvenirs communs, ça voulait peut-être dire qu'ils n'étaient pas frères et cette idée lui brisait le cœur.

- Tu t'en souviens alors ? C'est incroyable ! Qu'est-ce que tu faisais avec la loupe ? Je n'étais pas avec toi ? On s'est fait gronder ? Je ne me souviens que de l'odeur.

L'enthousiasme de 37 est très présent, il ne peut s'empêcher de poser plein de questions, quitte à être un peu étouffant. Ils sont vraiment frères, ce n'est pas un délire délusionnel de leur part. Dans cet endroit qu'est la Ruche, ils ont trouvé un lien vers leur passé et ils ont quelqu'un à qui faire confiance par-dessus tout. S'il remarque la soudaine tristesse de Friday, il n'a pas le temps de faire une remarque sur le sujet qu'elle semble déjà passée. Est-ce qu'il se serait souvenu de quelque chose de désagréable ?

- J'arrive pas à y croire, c'est tellement inespéré. Tu es le meilleur pour avoir eu l'idée du dessin, on a enfin la preuve concrète qu'on est reliés. Aucun regret ! Je suis ravi de te connaître. Reconnaître. Découvrir ? Enfin ravi que tu sois là !

Le bonheur est tellement présent qu'il ne résiste pas à l'envie de prendre dans ces bras son petit frère. L'élan est sincère et on peut sentir toute l'émotion de Monday. Il n'aurait jamais cru que son passage par l'espace sportif aujourd'hui lui apporterait autant de choses. Il relâcha finalement Friday et chercha du regard une pendule. N'en trouvant pas, il finit par se souvenir qu'il avait à son poignet un bracelet qui donnait l'heure. Il était déjà 19h58.

- Je me demandais pourquoi j'avais faim, mais je crois que je viens de comprendre. Est-ce que tu veux qu'on prenne notre repas ensemble ? Tu me montreras les gens que tu connais déjà dans la salle à manger, s'ils sont là.

Peut-être qu'il aurait dû laisser Friday reprendre ses activités mais il avait encore du mal à l'idée de le laisser partir, il voulait profiter encore un peu. Peut-être arriveraient-ils à se rappeler plus de choses en faisant des choses du quotidien ensemble ? Comme si refaire des choses qu'ils avaient probablement déjà faites ensemble pouvaient les rapprocher.

Monday est ravi d'entendre le ventre de son frère gargouiller, c'est la réponse la plus sincère qu'il pouvait espérer recevoir. Il affiche un grand sourire à l'idée de continuer de passer un peu de temps ensemble.

Une fois dans la salle à manger, Monday est partagé entre l'excitation et la gêne. Il est ravi de voir que Friday semble si enclin à la présenter à tous ceux qu'ils croisent. Il se demande si son frère connaît tout ce petit monde ou s'il le présente aussi à des inconnus, car la tête de certains semble exprimer de la surprise. Les réactions sont d'ailleurs partagés entre la surprise, un air dubitatif ou le plaisir d'apprendre une bonne nouvelle.

- Je pense que je suis un peu plus réservé que toi, mais je partage tellement l'excitation qu'on se soit retrouvé que ça ne m'a pas dérangé. Et puis je crois que certaines personnes étaient contentes pour nous, c'est chouette.

Monday s'installe face à son frère et commence à manger sans vraiment prêter attention à la nourriture qu'il ingurgite, car il est bien plus concentré sur la conversation.

- Hum... On n'a pas une grande différence d'âge, il semblerait, alors je nous imagine assez proches. J'ai l'impression que je suis vraiment content de t'avoir retrouvé ici, comme si tu m'avais manqué alors je me dis qu'on devait passer pas mal de temps ensemble. Ça te parait possible ?

Les deux frères continuent de recevoir quelques regards des personnes à qui ils se sont présentés. Il semble même que Monday entende quelqu'un parler du dessin qu'il a, à présent dans le dos de sa chemise. Il est de nouveau partagé entre une légère gêne d'être au centre de l'attention et une fierté de pouvoir afficher fièrement l'art de son petit frère.

- Dans l'idéal, j'espère qu'on se soutenait dans les moments difficiles, que j'étais là pour toi quand tu en avais besoin. Pour moi, ça devrait servir à ça un grand frère, être un soutient pour l'autre. En tout cas, j'aimerai bien qu'on ait ce genre de relation. Je n'ai pas envie d'être fâché avec un membre de ma famille ou qu'on se prenne la tête à chaque fois qu'on se voit. Ce serait trop nul non ?

Il aimerait partager des souvenirs avec son frère, entendre parler de sa vie, le découvrir de mieux en mieux, mais cela semble compliqué d'évoquer toutes ses choses sans avoir de souvenirs de leur vie passée.

- Mets moi au parfum des histoires que je devrais connaître entre les gens ici. Tu m'as un peu parlé des gens que tu aimais bien, mais est-ce qu'il y a des histoires que je devrais savoir ? Dans un lieu comme celui-ci, les rumeurs doivent se propager très vite, non ?

Lorsque Monday entend Friday parler, il ne peut s'empêcher de sourire un peu bêtement. La relation qu'il dépeint semble correspondre à ce que pense son frère. Tous les éléments sont là pour leur montrer que cette hypothèse est la bonne après tout. Pourtant, un doute plane dans l'esprit de 37. Il n'arrive pas à mettre le doigt sur cette désagréable sensation qu'il ressent. Il lui semble qu'il lui manque un élément clé pour comprendre. Ca doit sûrement faire partie de ces souvenirs, mais impossible d'en être sûr. Il laisse la sensation désagréable derrière lui pour se reconcentrer sur la conversation. Il espère faire partie des prochains à avoir des souvenirs revenir à la surface. Il n'a aucune idée de ce à quoi ressemble sa vie d'avant, mais elle lui manque.

37 se reconcentra sur ce que lui disait son frère concernant les dernières nouvelles de la ruche. Il avait déjà remarqué que la fontaine avait été endommagée, mais il avait confirmation de l'information aujourd'hui.

- Quoi ? Comment ça enfermé dans une boite avec une inconnue ? Vous êtes sorti comment ?

Il était tout simplement horrifié d'imaginer ce genre d'incident. Cela pouvait un peu lui laisser penser qu'ils n'étaient pas volontaire pour mener cette expérience qu'était la Ruche. Qui aurait volontairement signé pour être enfermé avec une parfaite inconnue en ayant perdu ses souvenirs ?

- Je sais pas trop si tu devrais écouter les rumeurs, je pense que selon qui est dans la Ruche, tu risques d'entendre beaucoup de bêtises. Ou des propos déformés. Mais vu que je suis assez nouveau ici, j'imagine que c'est une façon comme une autre de prendre de l'information, bien qu'il faille s'en méfier aussi. Tu es bien plus fiable !

Il lui adressa un nouveau sourire, véritablement content d'être tombé sur lui.

- C'est pas trés rassurant je dois avouer, mais si tu as réussi à survivre ici malgré tout, je devrais en être capable aussi non ?

Il regarda son plateau à présent presque vide, se demandant comment il allait répondre à la prochaine question.

- Je pense que c'est vraiment bizarre ici quand même. Dans l'ensemble ça à l'air de plutôt bien se passer, mais c'est comme si on était surveillé pour nos réactions. Quand je me pose pas trop de question ça va, mais dès que j'essaie de comprendre ce qu'on fait là, qui nous a fait ça,... Ça m'inquiète. Je ne suis pas complétement à l'aise ici, mais pour l'instant, il ne met rien arrivé de trop bizarre donc on verra bien... Tu es bien toi ici ? Tu disais qu'il y avait des mystères à résoudre, ils nous permettraient de sortir, tu crois ?