Well... I guess we're giants now || feat. Javier

Il y a le réveil agréable, au chaud sous sa couette à entendre les oiseaux faire des cuit cuit à la fenêtre alors que les rayons réconfortant du soleil entrent dans la pièce entre les pans de rideaux à demi ouverts. Les bras s'étirant en un mouvement de satisfaction profonde d'avoir si bien dormi de ce sommeil réparateur et agréable. Les lèvres se retroussant en un sourire tout aussi satisfait des rêves ayant bercé la nuit... Puis il y a ça. Ce mal de cou de la mort que je me tape soudainement en essayant de sortir des vapes en me disant que merde c'est pas normal que j'aie pas encore fait mon habituel face à face avec le plancher. Parce que je ne m'y fais pas encore à la voix qui me souhaite bon matin tout les jours et me défie d'être un meilleur morning sunshine qu'elle. AH! Ce que je lui montre à celle-là que j'ai pas une carence ridicule en vitamine C et pas du tout un cœur un peu trop rapide pour mon bien PARCE QU'ELLE M'A FAIT SURSAUTER COMME UN CON AVEC SES LUMIÈRES. Quoi d'autre? Sauf que là, là, wo... C'est dur, tout sauf confortable et bon sang j'ai l'impression d'être couché dans un coin de mur comme une peluche qu'on aurait abandonné. Je me suis cogné et je ne m'en souviens pas? Je me suis effondré dans un coin et je viens de revenir à moi? On m'a kidnappé pour voir si ma nouvelle tentacule avait finalement poussée!? Patient zéro tout ça... Ça expliquerait pourquoi tout me semble encore si noir, mais orangé à la fois. La couleur de l'apocalypse! Enfin, c'est comme ça que j'imagine la couleur de l'apocalypse si je me devais de la dessiner. Peut-être que je devrais. J'expire, essayant de me relever et d'ouvrir les yeux en même temps. MAUVAISE IDÉE. Le BOUM que ma tête fait avec le plafond me fait ouvrir la bouche comme une truite morte sur un bout de bois qui attend qu'on lui appuie sur le bide pour chanter une chanson ridicule. Ce que je ne fais pas, me contentant d'un ouille un peu trop aigüe.

J'appuie mon dos contre le mur, me laissant glisser comme un mort pour toucher le sol à nouveau en me frottant la future bosse que je vais assurément avoir sur le crâne. Ok, étape un ouvrir les yeux et étape deux voir pourquoi le plafond est soudainement si bas. Oh merde... peut-être que c'est ça ma mutation, je suis devenu un géant! J'ouvre les yeux bien grand soudainement, figé devant le décor avec cette bouche de truite toujours persistante. « Oh. » Que je lâche en voyant qu'il y a quelqu'un d'autre dans la pièce avec moi. Pièce trop petite? Nous trop grand? Difficile à dire. J'ai presque envie de croire que nous sommes plusieurs géants. Peut-être que c'est un patient zéro avec moi celui-là. Et... je vois la chandelle, sent l'arôme de la viande que je n'avais étrangement pas senti plus tôt et entend le brrrrrrrr de mon ventre qui gargouille à l'idée de se faire nourrir comme un chat qui ronronne à l'idée de se faire gratter le cul quand il voit la main de son maître approcher. Ok. On dirait presque un repas en amoureux aux chandelles... Ah bon sang j'ai un amoureux et je ne m'en souviens pas!? Attend, quoi? J'aime les mecs? Les filles? Je... Oui bon il n'est pas moche, mais pas trop de mon âge non plus. Enfin, je crois. Je ne sais même pas l'âge que j'ai. Mon cri va mourir dans un coin si je hurle? « Hey... hum... toi... qui dort là. T'es vivant? » Que je demande à défaut de savoir quoi dire. Hey toi on s'est embrassé récemment? C'est que ta bouche me reviens pas tu vois. Il semble grand... « Te lève pas. » Que j'ajoute subitement avant de ramper jusqu'à la table en me traînant le derrière comme un chien qui souffre là où il ne devrait pas. Je devrais probablement paniquer. Ouais.

Javier? Il a un nom aussi celui-là? Je suis le seul dans cet endroit qui n'a pas de nom c'est pas possible! Sauf si c'est moi qu'il appelle comme ça. Est-ce qu'il me demande ce que j'ai foutu encore? Ah bon sang qui suis-je? Où suis-je? Je veux dormir, il faut que je dorme, mais je me pince plutôt et ça fait un mal de chien. Ok, je ne dors pas. Je ne dors pas... mais je ne suis assurément pas dans mon lit... ou dans cet endroit beaucoup trop blanc... Peut-être que j'ai déjà mangé de cette bouffe sur la table et que je suis tombé bam dans les vapes et qu'en fait ce truc n'était qu'un horrible cauchemar pour dissimuler le cauchemar dans lequel je suis en réalité coincé. Ah merde, ce n'était pas la sphère l'ennemi depuis tout ce temps, mais plutôt LE CUBE. Ce que je suis pas bien... Au moins mon vis-a-vis, inconnu ou Javier je ne sais plus, me confirme être vivant et je suis franchement rassuré de ne pas être enfermé dans ce truc avec un zombie qui sait parler. Ça aurait été embêtant tout de même pour la continuité des choses. « Ouais. » Que je réponds pour débuter lorsqu'il me demande si je suis aussi de la Ruche et en quelque sorte ça me rassure encore une fois... ou pas du tout. Je ne sais pas si ça devrait me rassurer qu'il semble tout aussi perdu que moi et qu'il semble aussi provenir du même truc super aseptisé où je suis coincé en temps normal. Toujours pas de souvenirs ici alors il y a au moins de la continuité. « Enfin je crois... sauf si on vient d'ici... ou d'ailleurs... je sais plus... Je me souviens m'être couché, je crois, dans mon lit, enfin ce qui est mon lit dans l'autre endroit, puis bien je viens d'ouvrir les yeux ici avec toi et... C'est toi Javier du coup? Non parce que je suis pas certain vu la façon dont t'as parlé. Au moins t'es vivant c'est bien. J'aurais pas été fan d'être coincé ici avec un macchabée. Je suis vivant aussi... je crois... je respire en tout cas... et ça sent franchement trop bon pour être normal tout ça. » Au moins je n'ai pas perdu ma capacité à faire de longs discours démesurés en période de crise pour dissimuler comme JE HURLE MENTALEMENT. J'ai le blabla tout aussi facile que la panique. Ce n'est pas sans raison que je vis pratiquement dans le déni de mon existence depuis que je suis arrivé, que je limite les contacts sociaux et que je me cache pour simplement dessiner en paix. Oh merde non, mes dessins! Et il n'y a rien pour dessiner ici sauf...

Je lève la coupole me faisant face pour y découvrir un énorme steak et une montagne de frites avec un pot de sauce et... YESSS est assurément ce que je me hurle mentalement en voyant le pot de sauce. De quoi dessiner sur les murs! Oui il m'en faut si peu pour me coller un sourire au visage... avant que je ne le perde en réalisant une chose. « Hey... tu crois que c'est genre notre dernier repas? Comme pour les prisonniers? Genre la suite sera pas jolie jolie alors ils veulent nous goinfrer un bon coup avant de nous couper le bide en deux? » On repassera pour le message encourageant et plein d'espoir. « T'es pas un vilain hein dit-moi? » Non parce que c'est assurément le scénario parfait quand on y pense. Coincé dans une pièce avec le vilain qui nous admire manger de la bouffe empoisonnée pour rigoler sous notre nez ensuite de notre malheur, naïveté et se frotter les mains du plan qui a fonctionné. Oh merde. Pas qu'il me semble particulièrement méchant... mais il semble sérieux un peu tout de même le type.  

Je parle je parle, je respire l'odeur et je bave un peu et avec tout ça j'en ai oublié de lui donner le mien de petit nom. Enfin, ce que l'autre machin blanc avec la dame étrange a décidé de me filer comme nom parce que franchement moi je ne le trouve pas top. Surtout que je n'arrive pas à me sortir cette histoire de patient zéro de la tête, il y a de quoi avoir une frousse quand même. Oh. C'est peut-être un test tout ça en fait! C'est pour voir si on a bien assimilé notre traitement ou je ne sais quoi. Ouais non ça augure définitivement mal toute cette histoire et mes propres théories ne font qu'ajouter à la petite boule de stress que je sens s'installer dans un coin de mon estomac avec son plaid et la télé, bien décidée à ne pas bouger de là. Ok, on respire, ça va aller. Dans le pire des cas la frites que je coince entre mes doigts va me tuer et... et voilà. Sur ma tombe on écrira ici est enterré le mec au nom chelou qui a jamais eu sa tentacules et son pouvoir de résistance au manque d'air en environnement clos, puisse-t-il profiter d'une mort plus glorieuse que sa misérable existence. AH MERDE OUI L'AIR! Qu'est-ce qu'on fait si on manque d'air? C'est que c'est petit comme endroit, comme... pièce... et on est deux... et j'arrête pas de parler... de penser... bordel je respire trop vite... il faut que je me calme sinon je suis foutue. Sinon on est foutu! On aura plus d'air et on pourra rien y faire!!!! J'ai bug un peu je pense, perdu dans ma panique profonde et le regard rivé sur son nachos à l'odeur assurément toute aussi enivrante que celle de mon plat. Dernier repas, ça ne peut qu'être ça. Dernier repas qui doit s'éterniser comme mon vis-à-vis prend bien soin de préciser que tant qu'il a de la bouffe tout va bien se passer... Peut-être que je devrais lui donner mon plat, mais ça sent si.... bon.

« Ouais, bon appétit. » Que je fini finalement par dire toujours pas rassuré et l'aiguille dans mon cerveau encore coincée entre ferme-la pour économiser l'air et hurle un bon coup ça ira mieux après avec une micro portion pour le ah puis merde miam. « Zéro, moi c'est Zéro. » Que j'ajoute en pressant la frite entre mes doigts, l'admirant prendre sa chips ô combien appétissante. « Tu crois qu'on va manquer d'air avant de manquer de bouffe? Non parce que c'est pas énorme comme pièce et on est deux et... je vois pas de trou pour de l'air tu vois. Alors j'hésite entre manger lentement et manger rapidement, mais visiblement si on mange trop rapidement bah tu vas te transformer en... c'est quoi le contraire d'un agneau? Un... vilain agneau? » J'approche la frite de ma bouche avant de la reculer. « Si c'est pour tester notre résistance à la tentation on est assurément mal en tout cas et clairement on a échoué le test. Je sais pas si ça compte dans la note finale. » Il faut vraiment que j'apprenne à la fermer... Aller, go, frite, bouffe, je peux le faire puis merde le reste quoi!

Je glisse finalement la frite dans ma bouche et... god c'est tellement mieux que tout ce que cette machine a pu me filer jusqu'à maintenant. C'est à la fois gras et léger, croustillant et juste assez mou pour bien se bouffer... Ça promet pour la viande et j'avoue que là j'ai un peu de mal à résister. Je prends mes couverts pour en couper un morceau, le tremper dans la sauce et me le coller entre les lèvres en fermant les yeux. BORDEL C'EST TROP BON. « C'hez pas commn't est ton achos, mais c'bon bordel. » Que j'articule la bouche à moitié pleine. Merde les bonnes manières si c'est vraiment notre dernier repas.