Does everyone screams, these days? || Ft. H01-7

« AAAAAAAHH FUCK. » J'aurais pu le retenir, j'aurais pu essayer, mais je n'y suis pas arrivé. La douleur était tout simplement trop forte, trop prenante, trop accablante pour que j'arrive à simplement l'ignorer comme j'essayais de le faire à tous les jours. La vérité était plutôt que la douleur allait me rendre complètement fou à force de temps parce que je ne pouvais pas m'empêcher d'accrocher mon bras ou le bouger par inadvertance ou quoi que ce soit d'autre qui en viendrait à occasionner cette onde de douleur monstrueuse. Je n'en pouvais plus, je ne le supportais plus. Je voulais juste que ce fichus bras soit réparé pour de bon, mais ce n'est pas ainsi que ça fonctionne. Ce serait bien trop simple. Je ne peux pas non plus simplement bien l'attacher dans une attelle improvisée et attendre que le temps passe parce que je dois me laver, vivre, survivre. Je ne peux pas simplement le laisser s'enraciner là dans une puanteur que je n'arrivais pas à supporter. Alors je l'enlève comme je peux, me lave comme je peux puis la remet comme je peux en essayant au mieux d'épargner peu importe ce qui a pu briser à l'intérieur de moi. Parce qu'au fond je ne le sais pas. C'est grand un bras, tout sauf précis de dire que c'est le bras, même si les ecchymoses proéminentes donnent un bon indice de la localisation. On est bien gentil avec moi, on essaie de m'aider, mais sur la finalité je suis seul avec ce bordel et cette douleur à la con parce que je me suis coincé le bras stupidement sur un bout de manche comme un imbécile. Incapable de me faire à l'idée que simplement attacher la chemise par dessus le bras reste la solution la plus efficace.

Je me suis assis, portant mes doigts à mes yeux avant de les retirer prestement en entendant une voix tout sauf familière non loin. Forcément, j'ai dû attirer quelqu'un à hurler comme un dégénéré à cause de cette saleté. Bien, super. Je passe ma main droite, ma bonne main, contre mon visage avant de lever les yeux vers l'inconnu qu'il me semble ne jamais avoir croisé ici encore. Les pauvres âmes qui arrivent ici au compte goutte... J'ai envie de lui demander 'est-ce que j'ai l'air d'aller', mais prend plutôt une grande inspiration avant de parler. « Ce n'est rien. Juste le combat perdu du bras cassé contre la chemise. » Dis-je en essayant de retirer la chemise délicatement pour essayer de replacer mon traitement bidon correctement. « Désolé si je t'ai fait peur ou quoi que ce soit. » Fichue attelle... J'essaie de contenir une grimace de douleur alors que je replis doucement mon bras, respirant fortement. Ah bon sang...

Il commence à avoir l'habitude de quoi exactement? De cet endroit? Des estropiés? Parce que je sais trop bien que je ne suis pas le seul dans ma situation et qu'il y a même pire si on compte ceux qui ont du mal à se déplacer en raison d'une jambe cassée. Avec un bras cassé, je ne suis tout de même pas tant limité dans mes activités même si c'est d'un chiant il faut l'admettre. Enfin, je fais ce que je peux pour ne pas l'être, mais ce n'est pas un franc succès en toutes situations il faut l'admettre. Je me sens comme un gros boulet orgueilleux qui refuse de s'avouer vaincu pour si peu et pourtant se trouve devant le fait accompli alors que l'inconnu me somme d'arrêter en ajoutant qu'il va m'aider. J'ai envie de lui dire de me laisser et que je vais me débrouiller, fortement envie de le faire, mais je soupire simplement avant d'obtempérer. Hochant de la tête alors qu'il amorce un mouvement pour retirer cette chemise diabolique dans laquelle j'étais coincé. Je le laisse faire, grimaçant encore un peu parce que ça fait mal et que c'est tout naturel de laisser le visage l'exprimer dans ce cas là. On croirait presque qu'il sait ce qu'il fait à faire usage de tant de délicatesse pour ne pas empirer ce qui n'est déjà pas très joli à admirer. « C'est tout sauf joli. » Que je réponds à son commentaire, croisant brièvement son regard avant de répondre à sa question. « Je ne sais pas si tu y étais, mais il y a eu un genre de tremblement de terre il a... oh deux semaines environ je crois. Je ne sais plus. On perd un peu la notion du temps ici... Enfin bref, j'ai voulu mettre quelqu'un à l'abri et il y a eu un tremblement plus fort qui m'a fait perdre pied. Je suis tombé le bras contre la chaise et au 'crac' que ça a fait je suppose que je l'ai cassé. » Je hausse naturellement les épaules avant de serrer les dents. Stupide... mouvement... douloureusement automatique... « Disons que les médecins semblent être une denrée rare dans les environs, ou du moins toute personne qui pourrait se rappeler l'être, alors je fais comme je peux. Comme tu peux voir comme je peux est la pire façon de faire. J'imagine qu'avec quelque chose d'un peu plus... serré et stable ce serait plus simple, mais là... Il suffit que je ne le bouge pas pendant un instant, que j'oublie la douleur, et le mouvement me vient tout naturellement alors... Non ce n'est pas joli. »

Pourquoi mentir sur ce qui est pourtant évident, je ne prends assurément pas assez soin de ce pauvre bras que je suis trop impatient de voir de nouveau en état de fonctionner normalement. Si normalement il sera de nouveau en mesure de fonctionner après tout ça. J'imagine qu'il aura besoin d'un peu de temps. Peut-être que ma forme physique pas trop mauvaise arrivera à aider sur ce point. « Merci de m'aider. » Dis-je finalement, oubliant presque mes bonnes manières avec tout ceci. « Selon cet endroit charmant tu peux m'appeler 7. Tu es nouveau non? Il ne me semble pas t'avoir croisé auparavant. » Avec une gueule comme la sienne je crois que je m'en serais rappelé.  

« Bienvenue en enfer alors 42. » Que je lance sans trop réfléchir. Comment décrire autrement cet endroit qu'ainsi? Une prison? Je me sens encore trop généreux dans l’appellation. Nous sommes un peu trop libres dans nos contraintes pour être simplement en prison. Nous sommes plutôt largement encadrés dans un environnement imprévisibles où tous nos cauchemars peuvent devenir réalité si notre esprit en décide ainsi. Après tout, je crois qu'il a commencé à prouver que des souvenirs nous en avons, qu'ils reviennent au compte goutte, et que nous n'avons pas le moindre contrôle sur ce qui se présentera et quand. Je ne vois pas meilleure façon de désigner l'enfer que cette tourmente perpétuelle qui s’immisce un peu trop dans mon crâne à mon goût depuis les dites semaines que j'ai passé dans cet état. Je n'arrive plus à me changer les idées ou décrocher de tout ceci. Je n'arrive plus à me concentrer sur mon besoin de sortir d'ici. Je me complais simplement trop dans cette descente morale si familière qui m'agrippe et me tire un peu plus vers le fond à chaque nouvelle journée qui passe. J'ai même envie de chialer comme un gamin parfois, mais je me retiens et me contente de serrer les dents et essayer de me convaincre que ça va passer. Ça ira, ça ne peut qu'aller. Comme pour ce fichu bras. « Je ne sais honnêtement plus quoi essayer pour arranger tout ça alors si tu crois que tu as une solution tu as ma bénédiction. Les chemises reviennent de toute façon. » Pas que je ne peux plus vivre avec moi-même, mais je n'en suis pas très loin. « Et ne t'en fait pas pour la 'torture'. Les anti-douleurs sont aussi présents que les médecins dans les environs alors il faut que je m'habitue à la douleur de toute façon. » Et les cernes qui doivent commencer à se creuser sous mes yeux vont largement témoigner comme je ne m'en sors pas du tout pour le moment.

Je passe ma bonne main dans mon visage en soupirant, le fixant d'un air désolé en sentant bien comme le 'grognon' des dernières journées commence à guider un peu trop le ton de ma voix et le choix de mes propos. « Désolé, je ne veux pas miner ton moral alors que tu viens d'arriver. Cet endroit c'est juste... » Je secoue la tête, cherchant le bon choix de mots pour compléter le fond de ma pensée. « … c'est pas toujours facile de garder l'esprit clair dans un endroit comme ça. Si ça se trouve ça ira bien pour toi. » J'essaie tout de même d'esquisser un sourire. 

Prendre les choses légèrement... J'aurais bien aimé pouvoir prendre les choses légèrement. J'espérais sans doute prendre les choses légèrement lorsque les journées ont commencées à passer, mais il y a des événements qu'on ne peut pas contrôler. En soit, je n'ai tout de même jamais paniqué, jamais hurlé, jamais laissé la folie m'empêcher de fonctionner. Du moins, pas encore et pas en raison de cet environnement. J'ai toujours essayé de rester rationnel, de laisser le temps à l'environnement de prouver son hostilité ou au contraire son besoin profond de nous protéger. Évidemment, comme tout le monde, j'aspirais en sortir ou au moins me remémorer ce que j'avais semble-t-il oublié, mais pas de là à paniquer de la situation. Pas sans réelle raison de le faire. Même le tremblement de terre n'avait pas réussi à faire ça. Comme si j'avais simplement des nerfs d'acier. Pour le reste... la fatigue, la douleur, tout ça... je suis à peu près certain que ça n'aiderait personne de normalement constitué à garder le meilleur moral possible. Tant mieux pour lui s'il pouvait s'en préserver, s'il aspirait à prendre légèrement tout ceci. Peut-être oui s'en sortirait-il mieux que d'autres sur la finalité.

Je l'observe prendre place près de moi sans parler davantage, admirant comme il arrive à simplement déchirer le tissu comme s'il ne s'agissait de rien de bien compliquer à briser. Tellement de tissu... Il semblait avoir vidé en entier ma commode que j'imaginais presque déjà de nouveau complètement remplie. La magie de cet endroit que je n'ai pas cherché à comprendre outre-mesure... Je soupire, mon bras replié contre mon torse et mes doigts appuyant doucement sur l'ecchymose. Il n'a pas tord sur le fait qu'on a à manger, à boire, un toit sur nos tête nous offrants un minimum de confort et d'intimité... On a même de quoi essayer de s'occuper, mais ça ne fait assurément pas de cet endroit un paradis pour autant. « Un nouveau départ... C'est certain qu'ici c'est facile de prétendre être n'importe qui, n'importe quoi, sans que personne ne puisse réellement nous contredire. On peut être littéralement ce qu'on veut, mais si le passé revient je me demande si ce n'est pas justement pire d'avoir prétendu être quelqu'un d'autre, agir d'une certaine façon, et finalement voir qu'on est en réalité absolument tout le contraire. » Et par le fait même engendrer une détresse existentielle que personne d'autre que nous ne sera en mesure de régler. « C'est de bons psy dont on aurait besoin surtout si on veut éviter la catastrophe un jour. C'est bien joli comme endroit, bien pratique et bien équipé pour les besoins essentiels comme tu le dis si bien, mais on fait vite le tour. Quand ça fait des semaines que tu te lèves à chaque matin dans cet environnement si morne et blanc dont tu as fait le tour en une poignée de minute, tu cherches quoi faire de plus pour ajouter un brin de nouveauté à tout ce que tu connais sur le bout des doigts. C'est simplement ennuyant. Si tu as une idée nouvelle pour passer le temps je suis tout oui. » Puis je hausse un sourcil, pointant de la tête les manches qu'il arrache les une après les autres. « Tu comptes faire quoi exactement avec tout ça? »

Tenir mon bras... Et bien merci Captain Obvious pour cette mise au clair dont je ne me doutais pas du tout. Peut-être aurais-je dû lui demander plus concrètement ce qu'il comptait en faire exactement. Les nouer, les tresser,... Puisque bon les utiliser pour tenir mon bras je crois que c'est un peu le but recherché par tout le processus, là où c'est réellement la méthode qui m'intéresse. Surtout en ayant déjà testé quelques alternatives, mais rien n'incluant des bandes de tissu comme il était en train d'en faire à l'instant. Je verrai bien j'imagine. Ça me fera une dose de surprise normalement en rien dangereuse et donc en quelque sorte un divertissement autre que ceux auxquels je commence malheureusement à être habitué. Tout comme cette discussion d'ailleurs. Sans doute cet endroit avait-il ça de bien également. Parler avec diverses personnes présentes dans ce lieu depuis diverses durées de temps permettait d'avoir un éventail de réflexions toutes plus variées les unes que les autres. Si certains se complaisaient dans le négatif depuis leur arrivée, mon interlocuteur semblait pour sa part plutôt optimiste compte tenu des circonstances et c'était presque rafraîchissant entre les drames des uns et des autres. Pas que j'adhérais entièrement à sa vision de la chose, mais il n'avait pas non plus entièrement tord.

« Juste un peu naïf. » Dis-je en souriant. « On en reparlera dans quelques semaines si nous sommes encore là. » Il n'avait assurément pas tord en sa façon d'insinuer que souvenirs ou non nous sommes qui nous sommes et que ces traits dominants nous définissant finirons bien par ressortir. Ce que j'ai senti dès que j'ai posé le pied sur le tapis de sport. Ce que je sens dès que j'ai une conversation avec quelqu'un. Ce que j'ai pu constater lorsqu'une situation plus stressante se présente... Mais il y a tout de même une nette différence entre agir en fonction de ce que nous sommes et prétendre à une vie qui n'était peut-être pas la nôtre. Le mal que je pourrais faire en prétendant être médecin par exemple et essayant de bêtement soigner des gens qui me feraient confiance. La douleur que je pourrais engendrer en m'affirmant psy haut et fort simplement pour vomir un flot de bêtises à qui voudrait bien m'écouter. C'était un terrain beaucoup plus dangereux que j'espérais personne ici enclin à emprunter.

« Je comprends le point tout de même. » Continuais-je en acquiesçant de la tête. « Et donc... ton 'toi' en ce moment se découvre une logique médicale ou tu essaies simplement quelque chose sur un coup de tête? » Tout de même... n'y avait-il pas deux fois plus de chances de souffrir en mélangeant deux existence, en essayant d'intégrer un passé revenant en pointillé à un présent déjà bien chargé? Je n'avais pas d'alliance, mais j'avais vu certain en porter. Se laisseraient-ils plonger dans les bras de quelqu'un si l'occasion se présentait ou auraient-ils justement trop peur de ce que le passé pourrait leur imposer par surprise? Le risque en valait-il la peine? « Tu sens que c'est 'toi' d'être si optimiste et zen? »

J'admire la longue cicatrice qu'il me présente à son coude, me disant que si en effet il a été blessé au bras par le passé il a pu expérimenter des méthodes pour se soigner et agir comme il le fait en ce moment par réflexe plus que par mémoire. Nous ne savons après tout pas de quoi le monde extérieur est fait. Peut-être que la débrouillardise était notre seule arme afin d'assurer notre survie. Ne suis-je pas moi-même couvert de cicatrices après tout? Cette monstrueuse à ma jambes, celles couvrant mon torse, mon dos, mes bras, mes jambes. Elles semblent toutes avoir un certain âge, celle à mon genou donnant l'impression d'être la plus 'fraîche' du lot, mais elles sont tout de même là et porteuses d'une vérité que je ne connais pas. Je ne sais pas si elles pourraient aussi engendrer une quelconque forme de réflexe automatique chez moi également. Je semble avoir quelques bons réflexes, quand je ne perds pas pied comme un imbécile pour me casser le bras. « Ce serait logique oui. Je crois que nous sommes plusieurs à en avoir baver un peu avant d'atterrir ici. » Que j'ajoute en pointant quelques cicatrices de mon bras valide. Tant d'indices, tant de possibilités et pourtant aucune réponse digne de ce nom pour nous éclairer. « Merci pour le coup de main. J'apprécie vraiment. » Que j'ajoute finalement avant de m'employer à suivre ses indications.

Il est minutieux, délicat malgré sa forte stature, et bien que l'onde de douleur soit inévitable au mouvement de mon bras, la douleur reste sommairement supportable. Merci à la douceur de ses gestes qui n'aurait peut-être pas été celles de tous. Est-ce que je devrais ajouter bons instincts à ma liste si je l'ai laissé faire dès le début sans me braquer de sa présence outre-mesure? Si j'arrive à être sympathique un minimum là où je suis davantage désagréable au possible depuis quelques temps? Peut-être, peut-être que non. J'imagine que ça seul le temps pourra me le confirmer. J'observe tout de même ce qu'il fait avec une certaine attention, me trouvant presque con de ne pas avoir pensé à simplement retirer cette satanée manche problématique dès le début même si je doute de ma capacité à avoir pu réussir un tel acte à une main. Certes j'aurais pu demander à quelqu'un, mais l'orgueil aussi fait parti de mes traits je le crains. Je suis pire qu'un gamin qui espère arriver à tout faire de lui-même et pourtant je le laisse faire. Je le laisse m'aider à enfiler la chemise et la boutonner. Échec de l'orgueil par le 'je n'en peux plus' je crois bien.

« Un médecin qui aurait eu beaucoup de temps libre oui à en juger par la taille de tes bras. » Que je réponds presque amusé. Ce n'est pas comme s'il ne l'avait pas remarqué lui-même après tout à voir comme le tissu de sa chemise semble malmené à chaque mouvement qu'il réalise, ce qui ne doit pas être optimal au niveau du confort. Je soupire ensuite à son questionnement auquel j'aurais assurément aimé être en mesure de donner une réponse. « Non, de rien. Une mélodie le matin où je me suis fait ça, mais ça peut provenir de n'importe où. Peut-être que j'ai entendu quelqu'un chanter ça ici et je ne m'en rappelle pas. Ce que je peut supposer savoir c'est simplement des détails à force d'expérimenter des choses. Aime le sport, pas fan de lecture... visiblement mauvais à ne pas se faire blesser à en juger par les marques que j'ai et mon bras... Je me dis qu'à force de discussions et de tests ça éveillera peut-être des trucs avec le temps. » J'aurais pu en finir là, mais me souvenant de ma discussion avec Sixteen et cette image qu'elle avait alors que nous venions tout juste d'arriver, j'ose le retour de question. On ne sait jamais, peut-être a-t-il plus de chance que moi de son côté. « Et toi? Tu te souviens de quelque chose? »

Sans avoir de tatouages, bijoux ou marques quelconques il n'a assurément pas frappé le gros lot au niveau des informations qui auraient pu lui revenir grâce à ces médiums. Quoique parfois j'imagine qu'il vaut mieux ne rien avoir de significatif à observer que s'éveiller avec une alliance sans savoir à qui elle est associée ou un tatouage de licorne géante dans le dos qu'on ne peut pas expliquer. Il a bien le temps de retrouver quelque chose de toute façon s'il vient tout juste d'arriver et il semble d'ailleurs ne pas se formaliser de tout ça outre-mesure, bien davantage focus sur mon bras qui doit maintenir subir la phase deux de tout ceci. Parce que c'est bien joli de le faire sortir de cette fichue chemise, mais il manque l'essentiel. Soit le truc qui permettra de le tenir pour que je ne force pas trop de ce biceps douloureusement non apte à le faire pour moi, et la douleur qui viendra néanmoins avec le processus bien évidemment. Je l'écoute m'expliquer ce qu'il compte faire exactement, un frisson parcourant malgré-moi mon échine lorsqu'il mentionne que ça va tirer. No shit. « Ok. » C'est tout ce que je réponds avant de le laisser s'afférer à la tâche, observant le processus. Oh je sens bien ma respiration s'agiter un peu, tout autant que mon cœur, appréhendant déjà ce qui suivra lorsqu'il en vient à se lever, mais je reste tout de même calme. Prenant une grande inspiration, je déglutis, serre les dents, sens tous les muscles de mon ventre se contracter lorsqu'il commence à tirer et ferme les yeux un bref instant en soufflant fortement lorsque le bras commence à monter. Aller, c'est pour mon bien. Ça fait un mal de chien, difficile de l'ignorer, mais je ne vais tout de même pas aller jusqu'à pleurer. Je me contente de serrer le poing, sentant mes ongles quitter ma chaire uniquement lorsque je le sens arrêter de tirer et qu'il recommence à parler.

Je prends deux trois inspirations avant de finalement lui répondre. « Ça ira. » Ça devra aller. Entre ça et le bras dans le vide le choix n'est pas réellement compliqué. Ça me fait surtout tellement chier de vivre avec cette saleté et ça toutes les attelles du monde ne pourront pas le régler. « Si vraiment je ne me supporte plus tu n'auras qu'à m'en coller une. Ça changera le mal de place quelques minutes. » Je ne vais tout de même pas lui hurler à la tête à cet inconnu alors qu'il est assez gentil pour prendre de son temps à essayer de m'aider en s'appliquant un minimum dans le processus. J'essaie donc de dire quelques bêtises pour au moins changer mon cerveau de place, ce sera déjà ça de gagné. « La suite est donc? » M'expliquer comme je fais pour changer de chemise par la suite? Parce que c'est bien joli tout ça, mais histoire d'être raisonnable un minimum et ne pas attirer les mouches de ma puanteur potentielle il faudra bien que je me lave à un moment et retirer la chemise avec cette chose ne sera pas un jeu d'enfant. Ce n'est pas sans raison que je collectionne les modèles d'attelle depuis 'l'accident'. À un moment ou un autre il faut bien que je l'enlève et la refaire... Ce n'est pas même envisageable. Je ne vais tout de même pas courir après ce prétendu docteur et ce charmant inconnu chaque fois que j'aurai besoin de me savonner un coup.

Oh oui je sais à quel point le moindre mouvement est sensible. Je sais à quel point cet endroit qui n'était déjà pas des plus joyeux est devenu un véritable enfer depuis ce satané accident et ce qui en a découlé. Est-ce que je regrette mon geste pour autant? Pas du tout, c'est bien le pire dans cette situation. Je ne regrette rien, je ne me sens pas même fâché comme j'ai déjà pu l'être depuis mon arrivé ici. Je suis simplement blasé de la douleur, du manque de mobilité, de toutes ces choses si simples que je n'arrive plus à exécuter. Ça m'apprendra à vouloir aider c'est tout, maintenant je ne peux plus le faire alors pour ce que ça a donné. Je l'écoute donc m'expliquer son planning, ce qu'il compte faire du reste de ce tissu qu'il a déchiré, et définitivement je ne sais pas comment je vais me sortir de cette posture lorsque j'en aurai besoin. Oh, ce sera merveilleux au moins un jour ou deux, ça il n'y a pas de doute à avoir. Si réellement il arrive à immobiliser mon bras presque complètement peut-être que j'arriverai à rattraper un peu le sommeil perdu maintenant que je commence à avoir l'habitude de dormir sur le dos, mais pour le reste... Des heures de plaisir à venir, tout autant que les minutes à venir où je le vois s'activer à poursuivre ce petit projet. J'essaie de mémoriser un peu la façon dont il s'y prend pour arriver à nouer tout ça de façon presque convenable. Forcément, j'ai mal, mais ça c'était à prévoir. On pourrait croire qu'avec le temps on s'y fait, on serre moins les dents, on appréhende moins la chose, mais non. La douleur ne passe pas, les grimaces ne passent pas, l'appréhension non plus. Il y a de quoi rendre toute personne complètement folle à souffrir ainsi constamment. Je semble avoir une bonne tolérance à la douleur certes, mais ça... À un moment ou un autre ça devra cessé parce que je crois que je ne répondrai plus de moi et ce que je pourrais réaliser. Je n'aurai peut-être pas d'autres choix que celui de m'enfermer le temps que ça passe simplement pour ne pas exploser, simplement pour ne pas retrouver cette rage profonde m'ayant secoué les tripes avec le pro de la chemise. C'est là, quelque part en moi...

J'observe le travail terminé, essayant de bouger le bras un peu simplement pour tester. Mauvais plan. Forcément je sens l'onde de douleur irradier jusqu'à mon épaule, mais je dois au moins avouer que le mouvement est plus difficile et ça ne pourra qu'être une bonne chose. « Je crois que ça ira. » Dis-je avant de sourire un peu à son second commentaire. « Et pour ce qui est de me laver, avec ou sans attelle c'est la merde de toute façon alors... C'est bien pensé, merci, mais à voir comment tu as noué le truc je vais avoir besoin d'aide dans tous les cas. » C'est une évidence à laquelle je peine encore à m'accoutumer, orgueil, mais il faudra bien que j'en vienne à me laisser faire à un moment ou un autre si je veux espérer m'en sortir et guérir. J'aurai de quoi retrouver mon orgueil mal placé une fois que tout ça sera terminé et en attendant... il faut simplement que je me trouve un semblant de médecin ou d'infirmière pour la bonne cause. « Ça devrait tout de même me donner un bon coup de main quelques temps et pour ça je ne peux clairement que te remercier. »

« Mon colocataire n'est pas souvent dans les environs et nous n'avons pas la meilleure des ententes alors je crois que c'est mort de ce côté, mais je trouverai bien quelqu'un pour me donner un coup de main j'imagine. » Ou je me débrouillerai tout seul comme j'ai été en mesure de le faire la majorité du temps jusqu'à maintenant. Je sais trop bien que je prône depuis le départ qu'il nous faudrait réellement arriver à nous allier les uns aux autres, être une équipe en quelque sorte, mais c'est un peu comme n'importe quoi. C'est toujours plus facile en théorie qu'en pratique et en pratique j'ai visiblement la nécessité d'arriver à prouver que je peux me débrouiller par mes propres moyens et qu'être blessé ne me restreint dans l'exercice de mes fonctions... fonction n'étant assurément pas le meilleur termine, mais étrangement le seul me venant à l'esprit pour expliquer ce qui semble se dérouler dans mon esprit. « Mais je note tout de même que tu es disponible pour aider sur plus d'une sphère. » Ajoutais-je sans une once de gêne dans la voix, ayant déjà établi avec le colocataire de toute façon que la peau ne m'effraie en rien et que je suis même plus qu'à l'aise de papoter pendant que quelqu'un se lave tout près. Je suppose que c'est ce côté 'vieux couple' qui a un peu gâché la chose avec lui, mais difficile de revenir en arrière sur quelque chose de si... particulier dirons-nous. J'estime tout de même que compte tenu des propos de 42 je peux le compter dans le camp des alliés et ce n'est pas un mal en soit. Il mentionne d'ailleurs l'envoi de messages grâce à la montre et j'admets que je n'y avais pas pensé jusqu'à maintenant, préférant le face à face à cette façon si impersonnelle de partager des messages sans connaître le ton de voix employé par la personne avec qui nous discutons.

Je me lève à sa suite, admirant ce qu'il m'a laissé en bonus pour arriver à me débrouiller un peu plus longtemps que la dernière fois je l'espère. Ayant déjà été stupide au point de délaisser l'attelle qu'on m'avait fait pour pouvoir me lancer corps entier sous la douche. C'est dire comme j'ai le sens des priorités de me lancer sous la douche sans attelle et ne pas hésiter une seule seconde à la retirer pour le faire simplement pour me laver et m'assurer de ne pas puer. Peut-être un traumatisme passé qui sait tant j'ai l'impression que cette excuse peut servir à expliquer à peu près tout et n'importe quoi. À son commentaire, je me déplace vers les tiroirs pour les ouvrir et constater que oui, tout a été remplis. « Pas un soucis apparemment. » Comment? Aucune idée, mais parfois il vaut mieux ne pas poser trop de questions. Je le remercie une nouvelle fois pour son aide avec mon petit soucis avant de le laisser quitter le logement et retourner m'assoir sur mon lit, ne me souvenant même plus ce que je voulais faire après m'être habillé. Soupirant, je me suis simplement couché sur le lit, décidé à tester si oui j'arriverais à dormir un peu avec cette nouvelle attelle pour m'aider.