Sleepless Night ft. H01-5

Je suis dans ma nouvelle chambre, donc mon nouveau lit. Dans le 3-H, juste à côté de chez nous. Même disposition. Mêmes draps. Même lit. Mais pas la même chose. J'ai l'impression d'envahir l'espace de quelqu'un d'autre. De ne pas être chez moi. Même si ça fait plusieurs jours maintenant que la nouvelle règle qui nous force à dormir dans un autre logement est en place. Je n'arrive pas à m'y faire, et ça ne va pas en s'arrangeant.

Je regarde ma montre et me tend. 21h46. Et je suis déjà dans mon lit. Enfin, dans un lit. Rien de tout ça n'est normal, même à l'échelle de la Ruche. D'habitude, je suis toujours occupé à faire quelque chose lorsque les lumières s'éteignent mais depuis qu'on est ici, je n'y arrive plus. Non, ce n'est pas tout à fait vrai. Il y a autre chose qui me met mal à l'aise ces derniers temps. Une petite voix dans ma tête que je n'arrive pas à faire taire. Qui me ronge, petit à petit. C'est à cause de...

Le noir total. 22h. Ca y est. Imperceptiblement, les bras tendus le long du corps, j'agrippe le drap de mes deux mains. Je dois y arriver cette nuit. Même dans l'obscurité, je fixe le plafond, sans oser bouger. Cette nuit, je dois y arriver. Je fais le vide dans mes pensées. Ou du moins j'essaie. Je prends une grande inspiration et je me force à fermer les yeux en expirant.

Je lutte avec le sommeil, sans la moindre notion du temps, et comme toutes les nuits, je perds. Je sais que je suis fatigué, je sens que mon cerveau déconne mais impossible de m'endormir. Après ce qui semble une éternité, je prends conscience de la sueur dans mon dos qui s'imprègne petit à petit dans les draps. Je pourrais bouger, mais je n'ose pas. Je reste dans le noir, immobile, yeux grands ouverts, et j'écoute le battement de mon cœur.

Peut-être qu'il ne reste que quelque minutes d'obscurité quand je me décide à me lever. Peut-être qu'il reste des heures. Je ne peux juste plus supporter de rester là sans rien faire. Je trouve la porte de la chambre et la fait coulisser sans un bruit. Je fais un pas dans le couloir du logement et mes yeux trouvent la raison de mes insomnies. Même dans le noir, c'est un automatisme. Je sais que la porte de ce qui serait la chambre est là et qu'il n'y a rien derrière. Ca fait des jours qu'elle a disparue, maintenant. Et contrairement au moment où je l'ai remarqué, c'est une certitude. Plus de doute possible, je l'ai cherché dans toute la Ruche en journée, j'ai fouillé tout les logements, chaque recoin. Pas la moindre trace. Ma rencontre avec Rouky et l'intervention d'Aleksa revient me hanter. Voilà pourquoi je n'arrive pas à dormir : il se passe quelque chose dans la Ruche, et mon instinct me crie que ce n'est pas pour le mieux.

Je reste à observer le néant quelques minutes, sans bouger par peur de m'attirer les foudres de ce qui se cache dans cette chambre que je sais vide. Puis j'avance vers l'autre chambre. Parce que c'est lui que je veux voir. Je m'arrête et colle ma main sur la porte. Je reste à batailler avec moi-même pour savoir si c'est une bonne idée. Il n'est pas trop tard pour revenir en arrière, mais je ne sais pas si j'en serais capable. Je ne lui ai pas parlé de 67. Il pourrait s'en foutre. Mais il a été là pour moi quand...

Une inspiration. Une expiration. Le battement de mon coeur affolé contre mes tempes. Je fais coulisser la porte mais reste où je suis.

"5 ?"

Ma voix est un murmure à peine audible. Parce que je veux être discret. Mais ce n'est pas lui que j'essaie de ne pas réveiller...

Je l'entends sursauter puis gigoter dans son lit, et avant qu'il ouvre la bouche, je sais déjà que je vais me faire jeter comme un malpropre. Déjà, si ça avait été quelqu'un de normal, je me serais sûrement fait jeter. Mais c'est 5, alors m'engueuler c'est un peu comme une seconde nature chez lui, je commence à avoir l'habitude.

Pourtant, j'ai quand même une lueur d'espoir qu'il tue dans l'oeuf aussitôt en m'envoyant chier alors que j'ai encore rien demandé. Je me mords la lèvre inférieure, gêné, parce que je peux pas faire marche arrière et aller me coucher dans un lit froid et inhospitalier alors qu'il y a je sais pas quoi qui se promène dans la Ruche et capture des gens. Mais, d'un autre côté, c'est le noir complet, et s'il décide de me foutre un coup de canne, j'aurais pas le temps de le voir venir et encore moins le temps de parer le coup...

Eh ! C'est le noir complet ! J'agis avant de réfléchir et referme la porte. Derrière moi. En étant toujours dans sa chambre. Après tout, si j'arrive pas à le voir, lui non plus. Maintenant, il me reste plus qu'à élaborer un plan ingénieux pour qu'il accepte que je dorme avec lui... Je reste plusieurs minutes sans bouger, planté devant la porte. Bon... Je trouve pas de plan... Et en plus je peux plus sortir discrètement, parce que s'il entend la porte se rouvrir il va me crier et je vais me mettre à pleurer. Sûrement. Probablement. Peut-être. En tout cas, je vais chouiner, c'est certain !

Eh mais... En voilà, une idée brillante ! "J'arrive pas à dormiiiiiiiiiiiiireuh !!!!" Au moment où je le dis, je sais que c'était pas si brillant, parce que je vais le surprendre et il va pas aimer, même si j'ai mis 100% de ma capacité de chouine en une seule phrase. Je me dépêche de rajouter : "J'ai peur. J'aime pas ce logement. Et 67 est plus là. Je veux pas dormir tout seul. Imagine tu disparais. Ou pire, je disparais."

Pris de confiance, je commence à avancer vers le lit, un peu trop même, et je me prends le pied du lit pile dans le petit orteil droit. Je me retiens de crier parce que je sais que si je fais ça c'est mort pour moi, alors faute de mieux je me laisse tomber sur les fesses en me tenant le pied tout en hurlant mentalement. Les larmes me montent aux yeux et quand je rouvre la bouche, c'est d'une voix tremblante (de douleur) que je m'exprime : "5, s'il te plaît..."

Je l'entend pousser un soupir, et je sais qu'il va craquer. Parce que c'est le soupir de la défaite, le soupir de la résignation, le genre de soupir que j'adore entendre, surtout quand il vient de Grumpy. Je sais pas pourquoi, sûrement parce qu'il passe son temps à éviter les gens et que c'est particulièrement jouissif de passer ses barrières, de gré ou de force. J'affiche un sourire satisfait lorsqu'il cède, même s'il ne peut pas le voir : encore une avancée grandiose dans ma quête personnelle pour le forcer à m'aimer. D'abord il me parle sans crier, ensuite il accepte de faire du sport avec moi et maintenant une nuit ensemble ! A ce rythme là, dans deux semaines, on se fait des bracelets d'amitié en parlant de nos sentiments pendant une soirée pyjama, c'est sûr !

"Merci." Ca reflète absolument pas comment je me sens, mais si je commence à jubiler, je vais me prendre un coussin dans la gueule et je suis bon pour retourner dans le couloir terrifiant. Et puis, le ton de ma voix a peut-être déjà trahi ma satisfaction... Je me relève, en essayant d'être le plus discret possible (donc pas vraiment) et j'avance à tâtons contre le lit. Mes mains parcourent le matelas à la recherche de ma place pour la nui et touchent ce qui ne peut être que le bras de 5. Ou autre chose, mais là ce serait impressionnant et un peu inquiétant, et je sers les dents. "Oops." Je continue de tâtonner jusqu'à buter dans ce qui doit être la table de chevet. Je grimace, plus parce que j'ai peur qu'il m'engueule que par douleur.

Finalement, je m'assois sur le rebord du lit et me laisse glisser sous les draps. Je roule une fois pour me coucher sur le ventre, sauf que je finis coller contre 5. Enfer et damnation, je crois que s'il y a une limite à vraiment pas franchir, c'était ça, et même si j'aime le provoquer, je ne veux surtout pas aller trop loin, parce que j'ai aucune envie de me retrouver dehors, seul et triste. Et dans le noir. Et à la merci du fantôme de 67. Instinctivement je m'éloigne gigotant sur le lit avant d'entre prendre une. "Ah pardon, pardon, pardon !" Je chuchote, comme si ça changeait quelque chose. Je finis de battre en retraite lorsque ma jambe sort du draps et pend dans le vide au bord du lit. "Nope." C'est sorti tout seul, et c'est pas le moment, mais il est hors de question que je laisse ma jambe là alors qu'il y a je sais pas quoi dans la Ruche qui kidnappe des gens. Je rentre ma jambe à l'abri sous le drap et l'enroule autour, burrito style.

Une fois installé, je n'ose plus bouger, attendant les grognements de Grumpy, et possiblement, un coup de canne dans les dents pour avoir franchi son espace vital. Je suis sûr que même dans le noir complet, il dort avec cette chose et serait capable de viser pile là où il veut...

Le coup de canne ne vient pas. A la place, une menace de Grumpy de me renvoyer dans ma chambre puis le silence qui s'installe. Je ferme les yeux et me concentre sur ma respiration. Je suis plus tout seul dans ma chambre. J'ai 5, juste à côté. Il peut rien m'arriver. Je persiste à vouloir m'endormir pendant dix minutes...

...Puis je finis par me tourner vers lui. J'hésite à dire quelque chose, c'est déjà un miracle s'il a accepté que je sois ici. S'il s'est pas déjà endormi, il est probablement en train de me maudire d'être une nuisance. Et de se maudire de m'avoir accepté. Alors commencer à parler maintenant...

"On a jamais reparlé de ce qui s'était passé ce jour-là." Quel jour ? Comme si j'avais besoin de le préciser. Y'a qu'un seul moment dans la Ruche qui mérite d'être mentionné comme critique et c'était avec lui. Je sais que c'est là où j'ai commencé à ouvrir les yeux sur la Ruche. Pas la confrontation avec Aleksa et Rouky. Pas les rumeurs de prisons. Pas l'histoire débile de 7. Ca. Regarder la réalité en face... Je le fais pas souvent, je préfère m'amuser et faire comme si de rien n'était. C'est bien plus simple et bien moins effrayant. Mais ce qui est arrivé est arrivé, j'y peux rien. Et maintenant, 67. C'est étrange d'en parler avec lui, de toute les personnes que je connaisse. On n'est pas proches, pas réellement. Mais c'est à lui que je pense quand je veux avoir une discussion sérieuse.

"Tu m'as jamais répondu... Savoir si on est en train de mourir." Je lâche un soupir et, imperceptiblement, je me rapproche de lui. "Je sais pas si j'ai vraiment envie de savoir, mais j'arrête pas d'y penser. Surtout en ce moment, avec 67." Ca non plus, j'ai pas besoin de le développer. Il est pas con. Il sait.

"C'est pour ça que tu quittes jamais ta chambre et que tu parles à personne ? Parce que t'arrêtes pas de psychoter sur tout ? J'ai l'impression que mon cerveau tourne à plein régime, c'est épuisant."

Je sais que je l'emmerde probablement. Qu'il veut juste que je la ferme et que je dorme. Mais j'ai besoin d'extérioriser mes craintes. Moi. Friday. Le grand enfant...

Aucune de ses réponses ne me choquent, à commencer par la première. Bien sûr, c'est 5, il a très bien compris ce que je demandais. S'il me sort une telle banalité, c'est qu'il a pas envie d'en parler. Très bien, si ça peut m'éviter d'avoir la peur de ma vie en écoutant des théories sur notre possible condition de cobaye humain dans une grande expérience alien, je prends. Oui, c'est une théorie valide : on ne fait pas un avc à dix minutes d’intervalle sans que ça veuille dire quelque chose. Expérience alien. Think about it.

Le reste de sa tirade, en revanche, j'y crois pas vraiment. C'est toujours la même chose, avec lui : il fait semblant. Semblant de s'en foutre. Semblant de se contenter de rester dans sa chambre à dormir. C'est exactement ce qui s'est passé le jour où on a commencé à faire du sport ensemble. J'ai été un chieur exceptionnel, je me suis imposé à lui, oui. Et pourtant, malgré son grand discours de 'Je suis mieux sans le reste du monde', il a fini par revenir.

A ce moment là, j'ai choisi de me taire, parce que je voulais pas qu'il reparte et qu'on se connaissait pas encore. Plus maintenant.

"T'es pas obligé de te la jouer ermite froid tout le temps, tu sais... T'as peut-être pas envie de l'admettre, mais les autres, c'est pas tout le temps un enfer." C'est drôle, dans le noir, j'ai plus de facilité à lui dire ce que je pense. Et à le formuler. "Je sais que je suis chiant et que la plupart du temps, t'aimerais que je sois pas là, mais... Je tiens beaucoup à toi, pour de vrai. Et j'espère que toi aussi. Au moins suffisamment pour être là quand j'en ai besoin."

C'est ma deuxième déclaration pour lui, et cette fois, c'est pas à moitié gelé après avoir frôlé la mort. Je glisse sur mon ventre en douceur, me rapprochant ainsi un peu plus de lui. De là où je suis, si je me concentre, je peux sentir la chaleur de son corps. "On va pas se mentir, je sers pas à grand-chose ici. J'ai encore rien cassé et j'en ai pas l'intention, mais je fais rien progresser non plus. Le seul truc que je peux faire correctement, c'est être là pour les gens que j'aime bien..."

Si un jour t'en as besoin... L'obscurité ne me rend pas assez courageux pour le dire.

J'écoute une nouvelle fois sa tirade et, dans le noir, à l'abri des regards et de tout jugement, je me laisse aller à verser une larme. Je ne sais pas vraiment d'où ça sort. Je sais juste que je comprends tout ce qu'il dit. C'est certainement le truc le plus proche d'un compliment qu'il m'ait fait depuis notre rencontre. Son 'tu' est généralisant, j'imagine, il ne parle pas que pour moi. Tout de même, ça me fait drôle de penser qu'il pourrait croire en ce que je suis capable de faire.

Je peux pas laisser le silence retomber, il faut que je dises quelque chose. Quelque chose de débile et de léger, pour qu'il ne puisse pas sentir que je suis sur le point de craquer. Quelque chose qui va l'énerver mais suffira à faire diversion. Quelque chose de tout à fait moi...

"Depuis quand on a inversé les rôles et t'es devenu le roi du pep talk alors que je suis déprimé ?" Ca tombe à plat. Je le sais, je l'ai senti. Je ne voulais pas verbaliser ce que je ressentais. En fait, je savais même pas ce que j'avais avant de le dire, là, à l'instant.

Le silence retombe et je me racle la gorge pour disperser une gêne que j'ai aidé à provoquer. "Désolé... Je serais pas venu si... Je ne serai pas venu si c'était juste une phase. J'aime bien te faire chier, c'est ma façon à moi de te montrer que je t'aime bien mais j'aurais pas été jusque là, vraiment..." Toujours imperceptiblement, je glisse encore un peu vers lui, attiré par le réconfort que sa chaleur dégage.

"J'imagine que j'ai plus de mal à encaisser tout ce qui se passe que ce que je veux bien montrer. Être ici, je m'en fous un peu, je suis pas du genre à m'en faire. C'est même plutôt sympa, quand on sait comment le prendre. Mais l'AVC improvisé... La disparition de 67... Je sais que t'as raison, hein, mais même avec ça, je me sens impuissant pour faire quoi que ce soit. C'est comme si on subissait avec l'illusion qu'on peut changer les choses pour nous tenir tranquille."

Je lâche un profond soupire, réalisant trop tard qu'à cette distance, il ne peux que sentir mon souffle contre sa peau.

Sa réaction à mon soupir ne se fait pas attendre et je ne peux m'empêcher de sourire à sa manière détournée de me le dire. Mais j'ai saisi, et si ce n'était pas clair, le fait qu'il se recroqueville sur lui-même pour s'éloigner au maximum de moi ne laisse pas de place au doute. Pour autant, je ne bouge pas et l'écoute exposer sa théorie. De toute les personnes avec qui j'ai parlé sérieusement, c'est de loin lui qui a les théories les plus intéressantes. Les plus originales, aussi. Peut-être qu'il part trop loin, peut-être qu'il a parfaitement raison. En tout cas, ça reste très instructif de parler avec lui, même si j'entends à sa voix qu'il commence à sérieusement avoir envie de dormir.

J'attends qu'il se taise avant d'enchaîner directement, le ton enjoué. "Tu devrais être plus direct, Grumpy. T'as pas besoin de prendre des gants pour me dire de m'éloigner, j'ai l'habitude avec toi." Et je me laisse retomber sur le dos, agrandissant l'espace entre lui et moi. "Le but, c'est pas que tu sois mal à l'aise, j'ai juste besoin de toi pour me rassurer cette nuit. Et c'est déjà gentil de ta part d'avoir accepté, donc je veux pas dépasser les bornes."

Je ne sais pas ce qui va l'énerver le plus, dans cette phrase. Que je dise qu'il est gentil, ou que je ne veuilles pas dépasser les bornes alors que, clairement, pour lui ça fait un moment que je les ai franchies. Dans les deux cas, ça reste très drôle pour moi.

"Par contre, je suis pas sûr d'être d'accord avec toi. Tu te bases sur une supposition pour dire que notre liberté n'est qu'illusion et que c'est l'incontrôlé qui est intéressant. Pour le plafond, je dis pas, ça pourrait très bien être un accident. Ou alors une expérience volontaire, je suppose qu'on a pas trop moyen de savoir. Par contre, pour ce qui nous est arrivé, je suis pas certain que ce soit un hasard : tous les deux en même temps ? Et sans répercussions ? T'as rien pu faire pour arrêter mon... Euh... attaque ? Elle s'est calmée toute seule et t'as juste pris soin de moi après. Et dans ton cas, j'ai rien fait du tout et t'as gardé aucun séquelle. On nous a drogué, rendu amnésique et on vérifie tout le temps ce dont notre corps à besoin. Si notre AVC était quelque chose d'inattendu, ils seraient sûrement intervenus... A moins qu'ils savaient pertinemment qu'on ne risquait rien..."

Je m'arrête pour faire le point avec moi-même. C'est pas simple de philosopher sur le sens de la Ruche... Surtout à cette heure-ci. "Mais dans le fond, t'as tout à fait raison, je devrais faire quelque chose pour aider... Merci, Grumpy."

Je marque un autre temps de pause avant de finalement me tourner vers lui sans pour autant m'approcher. "Je pense que je peux arriver à dormir, maintenant. Si tu as envie, je veux dire. On peut toujours continuer de parler, ça me gêne pas, j'aime bien, mais je veux pas te coûter une nuit de sommeil."

Je ferme les yeux pour la première fois depuis que je suis dans ce lit avec l'intention de dormir. Parce que je sais que je me sens suffisamment en confiance, maintenant.