Beautiful trauma || feat. Diva

J'ai besoin de parler avec quelqu'un. J'espérais arriver à gérer tout ça par mes propres moyens, comme tout le reste, mais l'évidence me semble être toute autre. Cette stupide solitude commence visiblement à me peser et l'envie de parler commence à se faire sentir sans que je ne sache réellement vers qui me tourner. Mes relations dans cet endroit ne se sont pas toutes terminées au mieux, celles que j'ai... font partiellement parti du problème qui n'en est pas toujours réellement un. Disons que mes options étaient limités et en ma grande incapacité à socialiser depuis des mois parce que je trouvais plus favorable de m'enfermer dans ma bulle, mon univers de sérieux et absence de joie de vivre, forcément je n'ai pas amélioré mes chances d'avoir un 'ami' avec qui discuter si j'en ressentais le besoin. Je me trouve donc coincé, acculé au pied du mur, à ne pas savoir à qui je pourrais réellement déballer tout ce qui me pèse sur le cœur et l'âme. Sachant trop bien que même là encore je ne pourrai pas simplement tout balancer comme si c'était la chose la plus normale du monde alors qu'il n'y a rien de normal avec moi. Rien de normal avec tout ce qui se passe en moi. J'ai pleuré, pour la première fois depuis que je suis ici. Je souffre de cette insomnie chronique que chaque nouveau détail se posant en mon esprit ne fait que cultiver d'une nouvelle façon. J'ai... si fortement baissé les bras que je me suis brûlé les ailes sur cette torture dont j'avais visiblement besoin pour me sentir plus vivant que jamais. J'ai... Je ne sais plus où j'en suis à trop avoir la tête dans tout ceci et j'ai assurément besoin d'un nouveau point de vu pour m'aider à éclairer tout ça, pour m'aider à juste souffler un bon coup et retrouver ne serait-ce qu'un semblant de ce sourire que j'ai déjà pu aborder plus franchement qu'en le forçant. Ne sachant pas non plus si parler sera réellement la solution. Ne sachant pas si déposer mes inquiétudes sur les épaules de quelqu'un d'autre, de la seule personne qui me vient réellement en tête, serait une bonne chose. Parce que oui, peut-être qu'il y a bien une personne à qui je pense, mais la possibilité de lui faire du tord et le déprimer en lui parlant de mes soucis semblait l'éliminer d'office dans mon esprit. Je devais faire un choix...

Je ne sais trop combien de temps a passé ce jour-là qui ne fût assurément comme aucun autre lorsque je me suis finalement décidé à me lever. Pour une fois je ne me suis pas levé aux aurores pour faire mon lit au carré, aller m'entrainer et me doucher avant de manger. Pour une fois je suis simplement resté là, dans mon lit, à fixer le mur devant moi sans bouger. Perdu quelque part dans ma tête que j'aurais préféré vide, mais qui ne l'était en rien. Je n'ai pas trop regardé l'heure non plus lorsque je me suis finalement tiré du lit pour aller me doucher, faisant fi de la faim me malmenant l'estomac lorsque je suis sorti de mon logement pour marcher sur le balcon. Les cheveux encore humide de la douche, les vêtements un peu collés contre ma peau que je n'avais pas totalement séché, alors que je me dirige vers le logement de Diva. J'ai fait mon choix et peut-être que je vais le regretter oui, mais il le faut. Il faut que je parle. Sans doute m'étais-je dis la même chose à une époque, le fait d'avoir parlé avec un psychologue à un moment ou un autre dans ma vie se présentant d'emblée comme une évidence vu ce que je m'étais déjà répété en boucle sans grands efforts.

À quelques mètres à peine de la porte de son logement je remarque un homme qui en sort. Sans doute l'ai-je croisé à un moment ou un autre, mais je ne m'en souviens pas. Il ne me semble pas le connaître plus que de cette façon du mois. Hésitant un instant, je soupire avant de poursuivre mon chemin et m'engouffrer dans le logement pour aller cogner contre la porte de sa chambre, le trouvant plutôt à essayer de se vêtir rapidement et haussant un sourcil en additionnant un plus un. Tant mieux pour lui. Qui serais-je pour le juger de toute façon? « Hey. Je dérange? Je peux repasser plus tard si tu veux... »

« C'est bon ça va. » Répondis-je lorsqu'il offrit de squatter les canapés plutôt que le lit qui avait visiblement du vécu aujourd'hui. Je suis plutôt venu m'asseoir à côté de lui, passant une main dans mon cou en sentant la légère ecchymose encore un peu douloureuse sous mes doigts. S'il n'y avait qu'elle, mais je ne m'y attarde pas réellement de toute façon. Le geste de glisser ma main contre mon cou puis ma nuque étant un automatisme mécanique que j'ai remarqué réaliser lorsque je suis pensif. Il posa la question qui se devait d'être posée alors qu'un soupire s'extirpe de mes lèvres. Nous ne nous étions pas spécialement parlé plus longtemps que nécessaire depuis un moment alors forcément la question se posait. Surtout vu la mine que je devais avoir avec le manque de sommeil et tout le reste. « J'ai besoin de parler avec quelqu'un et je crois que tu es l'un des rares ici que j'espère pouvoir considérer comme un ami. » Je fixe le mur devant moi en fronçant les sourcils avant de continuer. « J'ai beaucoup de choses en tête et je ne sais simplement plus par quel bout prendre tout ça. Je pense trop et je ne voix plus clair. Je... ne sais pas si je m'en fais pour rien ou si j'ai juste trop la tête dans le bordel pour voir l'évidence. » Trop la tête dans cette merde pour réellement voir l'évidence énorme qui me pend sous le nez sur ce que je devrais réellement faire de tout ça. Je n'ai pas envie de simplement abandonner, de passer une autre journée comme aujourd'hui à fixer le néant alors que ma routine me fait stupidement tant de bien. Je n'ai pas envie de voir les heures de sommeil continuer de s'effriter pour aspirer toute énergie hors de moi et ne plus être capable de rien le jour où je vais réellement avoir besoin de faire quelque chose. Je suis là depuis longtemps, je sais que les merdes dans cet endroit nous tombent sur la tête sans prévenir. J'ai au moins une personne à protéger maintenant et je m'en voudrais assurément jusqu'à la fin de mes jours de ne pas avoir été en mesure de le faire au moment où il aurait eu le plus besoin de moi.

Je prends une grand inspiration avant de poser le regard sur lui. « J'ai appris que j'ai un frère, ici. Que j'ai une grande famille quelque part. Je ne sais pas s'ils sont ici ou ailleurs, mais ils existent. Je ne sais pas si je devrais les chercher, demander à chaque personne dans cet endroit si les noms de j'ai noté leur semblent familiers. Je ne sais pas si... si ça fait de moi un horrible frère ou personne de ne pas avoir la force de faire ça. » Ne pas avoir la force de les trouver alors que je le devrais... pour les protéger. « Je me souviens de mon nom, parce que cet endroit a un don étrange pour placer des coïncidences difficiles à éviter sur notre chemin. C'est Killian Wolfe semble-t-il. » Et c'est assurément plus agréable à l'oreille et en signification que ces matricules bidons ou ce Sleven et ce qu'il représente auquel je pense dès que mon regard trouve le tatouage à mon bras. « Mon frère s'appelle... Percy. » Le nom se coince encore une fois dans ma gorge, vibrant en mon torse de cette même émotion revenant en boucle encore et encore et sur laquelle je n'arrive pas à poser le doigt. « Le simple fait de le dire, Percy, me donne envie de pleurer et je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas si c'est la fatigue accumulée, si c'est parce que je suis... content de l'avoir trouvé ou triste de le savoir ici. J'ai l'impression de ne plus savoir ce qui est normal ou non dans cet endroit et comment je devrais me sentir par rapport à tout ça. » Je marque une pause en reportant mon regard sur le mur. « J'ai juste l'impression qu'il y a plus et ça m'enrage de ne pas arriver à mettre le doigt dessus... Je ne sais plus quoi faire... » Et peut-être qu'il ne le saura pas non plus. Comment pourrait-il alors qu'il n'a qu'un tiers de tout le portrait?

Le dire, le verbaliser, laisser tout ça sortir hors de moi ne me fait pas autant de bien que je l'espérais. Afficher une cuisante faiblesse que j'ai appris largement plus importante que je l'aurais espéré de la pire façon qui soit ne me fait que davantage de mal finalement. Je ne sais pas où nous sommes, je peine à cerner qui je suis, mais je me croyais plus solide que ça. Je me croyais plus fort, plus campé et terre à terre, mais je me découvre une déconcertante propension à laisser les autres choisir pour moi et les suivre tête baissée comme si c'était plus simple ainsi. Je sens tellement l'armée dans tout ça. Comme si oui vraiment je l'avais rejoins pour les mauvaises raisons, pour laisser quelqu'un décider pour moi là où je ne savais pas quoi faire de ma peau. Je ne sais pas... mais l'impression ne fait que continuer de se préciser à chaque nouvelle évidence qui me tombe comme un rocher dans les bras. Je ne suis pas celui que je croyais être. Je suis simplement beaucoup trop doué pour mon bien pour masquer cette coquille fragile qui se terre en mes tripes et que je lui expose pourtant partiellement, à lui, simplement parce qu'il est bien le seul avec qui tout s'est bien passé. Le seul qui n'est pas entré dans ma tête pour me faire chuter. Peut-être que j'ai tord de lui faire confiance comme ça, je ne sais pas, mais au point où j'en suis... je ne peux simplement pas continuer sur ma lancée sans parler. Pas de tout, ça je sais que je n'y arriverai pas, mais au moins d'une partie du tout. Percy et cette famille que je ne connais pas, dans le cas échéant, étant le détail le plus facile à mentionner.

C'est sur mon nom que je l'entendis d'abord coincer, ne fronçant que davantage les sourcils en l'entendant le murmurer ainsi. Si... familièrement. Est-ce que je suis venu le voir parce que je le connaissais d'avant? Est-ce pour cette raison que la première rencontre a été si douce à sa façon, si naturelle, si normale? Est-ce pour cette raison que c'est à lui que j'ai décidé de venir parler de tout ceci? Un ami ou... Il poursuit en mentionnant Percy à son tour, le prénom, et le même pincement en mon centre se fait ressentir de l'entendre de sa bouche. Mon regard embué se reportant sur lui lorsqu'il prononça Perseus, son fils, notre... Ah bon sang. Comment est-ce que j'ai pu oublier ça? Comment est-ce que je peux encore oublier les traits de son visage alors que c'est si... c'est ça. Ça ne peut être que ça à en juger par l'onde de douleur qui irradie en mon torse au fil des morceaux qu'il ajoute au casse-tête de mon esprit. Comment... comment est-ce que je dois gérer tout ça? Comment est-ce que je peux gérer tout ça en ayant cette impression que je suis une personne réellement monstrueuse qui ne mérite pas d'avoir un enfant, d'avoir... plus? Je...

J'écoutes ce qu'il dit, le regard dans le vide. Les yeux brûlants des larmes qui s'en sont échappés bien malgré-moi. L'écoutant parler de Perseus, Percy, ma blessure, une véranda-bibliothèque dont je ne me souviens pas et cette alliance qu'il a perdu... et que je n'ai pas non plus. Détournant le regard à son sourire pour fixer le sol, la gorge sèche, les lèvres entrouvertes, le souffle court. Ce n'est pas un hasard non si je suis venu. Quelque part je savais. Je savais que si j'ai adopté un enfant avec cet homme, si nous sommes... avons été... je ne sais pas... mariés, je pouvais lui parler en toute confiance. Et je me sens si mal, si... indigne de peu importe ce qu'on a pu avoir, en sachant ce que je sais de moi et ayant fait ce que j'ai fait que j'ai simplement envie de prendre la porte et m'enfermer pour le protéger de cet être abjecte lui faisant face. Ce ne serait toutefois pas correct de le faire, pas après tout ça, et n'ajouterais qu'à ce dégoût de moi que je vais devoir traîner comme un boulet alors même que tout ça ne m'importait pourtant pas il y a peu.

Je déglutis en essuyant rapidement mes yeux du bout des doigts, prenant une grande inspiration avant de me forcer à retrouver son regard. « Ce n'est pas un hasard non visiblement. » Ma voix est un peu tremblante, mais je sais que je ne pourrai rien y faire alors je continue simplement en portant les doigts à celui qui aurait dû porter une alliance qui n'y est pas. Me demandant si réellement ce n'est qu'une bête perte ou s'il y a plus. Peut-être avait-il vu ce que je suis... « Je... t'avoue que je ne sais pas quoi faire de tout ça. C'est tellement à ajouter encore et... Je ne sais pas si je devrais te prendre dans mes bras ou juste continuer de te fixer avec ce regard totalement perdu que je dois avoir. Surtout qu'on a... visiblement hum... disons fait des trucs très hors mariage tous les deux. C'est un peu particulier comme situation. On va devoir parler de beaucoup de choses je crois toi et moi... » Je ferme les yeux, je l'ai sur le bout de la langue et pourtant je n'arrive pas à le trouver en entier. « Pat? Je crois que c'est le mieux que ma tête arrive à faire. Je suis... » Un profond soupire m'échappe. « Je ne sais définitivement pas quoi faire de tout ça... »

Mariés, mais sans alliance... divorcés? Bague stupidement perdue? Peut-être les gens ici nous l'avaient-ils simplement retiré pour ne pas que ce souvenir revienne. Il y avait tellement d'options que je ne savais pas par quel bout prendre tout ceci. Je ne savais pas comment nous devions gérer la chose, si nous devions... je ne sais pas... vivre comme si nous étions mariés alors qu'assurément ça impliquerait beaucoup trop de choses dont je ne me souviens pas. Un malaise pesant assurément à simplement agir comme tel sans savoir, sans nous souvenirs des raisons nous ayant poussé ainsi dans les bras l'un de l'autre. Sans avoir le bagage qui vient avec autre que cet enfant qui ne se trouve pas ici et que nous devrions sans doute essayer de retrouver. Sortir... C'est... Je craque, c'est trop. C'est la goutte qui fait déborder ce que j'essaie si désespérément de contenir, mais c'est lorsqu'il me prend dans ses bras que je sens réellement le flot me submerger et que je n'arrive simplement plus à empêcher les larmes de couler. Passant mes bras dans son dos en posant mon menton sur son épaule également pour y sangloter. Je ne peux pas faire ça, je... Pourquoi a-t-il fallut que tout revienne dans cet ordre? Que l'aléatoire des souvenirs qui reviennent fasse ressortir le pire de ma personne avant toute chose, m'expose avec tant de facilité que je ne suis pas l'homme si droit et rempli de principes que je croyais être. Pourquoi a-t-il fallût que je me torture durant des mois pour des bêtises avant que tout me tombe dessus sans que je puisse l'éviter, que les évidences se placent sans me laisser la chance de les encaisser? Pourquoi a-t-il fallût que je sois si... stupidement faible et naïf au point de faire des choses que je n'arrive pas même à regretter parce que visiblement c'est dans mes gênes d'être ainsi. D'être tout le contraire d'un homme aimant, un bon mari, un père... Je m'imagine avec tout sauf un enfant là maintenant et pourtant il est là, il existe quelque part et il a un nom. Il existe tout autant que cette présence réconfortante que j'ai envie de repousser le plus loin possible de moi pour ne pas le faire souffrir de trop s'il apprend ce que je suis, ce que j'ai fait. Je ne peux pas le laisser porter ce fardeau avec moi. Je ne peux pas lui faire de mal comme ça. Je ne sais pas comment, mais je ne peux pas.

« C'est pas ok non... » C'est tout ce que j'arrive à répondre de ma voix brisée lorsqu'il met fin à son étreinte et se détache de moi pour poser ses mains contre mes joues. Il faut que je me ressaisisse. Je ne peux pas... Il ne faut pas que je craque comme ça. Je prends une grande inspiration, entreprenant d'essuyer mes yeux et mon visage de nouveau. De retrouver un minimum de contenance pour parler, parce qu'il faudra le faire c'est une évidence. La mentionné de son prénom retrouvé m'aidant un peu à poser un pied dans le moment, dans la réalité de l'instant. « Ça va ne t'en fait pas. C'est bien que tu t'en souvienne. » Ma voix retrouve un peu de stabilité alors que le flot de larmes semble enfin s'être stoppé, pour le moment du moins. « Tout serait tellement plus simple si on se souvenait de notre passé, mais ce n'est pas le cas et... même si visiblement il y a des impressions qui sont plus fortes que l'amnésie ça ne fait pas tout... » Je passe une main dans mon visage en fixant le sol de nouveau, trouvant cela beaucoup plus simple pour m'aider à essayer de garder le contrôle de moi que de me perdre dans son regard. « J'avais senti quelque chose lorsque nous nous sommes vu la première fois, honnêtement, mais je ne savais pas trop ce que c'était. Ça se précise maintenant. »

Je soupire avant de me décider à aborder le premier des sujets plus... pointilleux. Régler ça, retrouver un minimum de stabilité d'esprit, puis ensuite passer au second. « Et je crois que malgré la précision... et pas seulement parce que nous n'avons pas de bague pour confirmer si tout ça est encore d'actualité ou non parce qu'il peut y avoir plusieurs raisons pour expliquer ça... à moins de retrouver tous nos souvenirs tout d'un coup, ce dont je doute, on ne pourra pas retrouver peu importe ce qu'on a pu avoir. On a couché ensemble, mais... » Je pointe les draps d'un geste distrait. « … on a aussi couché avec d'autres et... cet endroit nous aura changé et... » Et je ne veux pas te faire de mal... « … je ne voudrais pas qu'on se sente coincé par un mot, un statut, alors qu'en plusieurs mois on est pas juste... resté accrochés l'un à l'autre sans pouvoir se lâcher. Je ne dis pas que ça sous-entends quelque chose, mais je ne sais pas... j'ai juste l'impression qu'on va se faire plus de mal que de bien si on essaie de forcer les choses sous-prétexte qu'on a ce souvenir qui vient de revenir et pas dans sa totalité. »

Tout ça est un bordel sans nom qui va me rendre complètement fou et je ne sais réellement pas comment arriver à gérer tout ça sans donner cette impression que je veux simplement le repousser à tout prix, l'empêcher de s'accrocher à mon cœur comme il a peut-être pu le faire par le passé même si ça fend le mien de penser ainsi. Parce qu'il est là ce sentiment de profond réconfort quand je suis en sa compagnie, de... tout. Mon attitude avait juste été si naturelle la première fois. Je me disais que c'était simplement de combler visiblement un besoin commun, mais je doute maintenant. Maintenant que j'ai senti comme la pression de ses bras contre moi a su me calmer ne serait-ce qu'un bref instant, me faire me sentir bien. Et autant je voudrais avoir de ça encore, autant je me dis que merde c'est peut-être ça le détail qui me fait tant défaut pour arriver à dormir comme il se doit sans juste ressasser encore et encore toutes les merdes qui ont pu me tomber dessus ou que j'ai pu faire... autant je ne peux pas non. Je ne veux pas ajouter à cette impression que je détruis tout ce que je touche, tout ce qui m'approche, même si l'absence de bague me fait réellement me demandé si ce n'est pas déjà fait de toute façon. Dans tous les cas, nous sommes d'accord sur le fait qu'on ne peut pas simplement reprendre tout ceci là où on l'a laissé. Surtout pas sans savoir, sans pouvoir affirmer avec certitude qu'on filait le parfait bonheur alors que ce n'était pas le cas. Pour ce qu'on en sait actuellement notre dernière discussion aurait pu se terminer sur de la vaisselle lancée contre les murs. Alors oui, c'est compliqué, à fendre l'âme même parce que bon sang que j'ai mal là maintenant. Mal de tout ça et de cet enfant dont je ne me souviens pas et que je ne sais surtout pas où trouver. J'ai mal. Mes yeux emplis de larmes que je contiens difficilement lorsque sa main se glisse dans la mienne pour la serrer. Il essaie, mais ça ne suffira pas. Ça ne suffira pas à éradiquer tout ce qui se bat en moi, toutes ces contradictions que je vais devoir trier lorsque je serai seul avec moi-même pour réellement juste... faire se rejoindre les morceaux encore une fois. Peut-être même parler avec Percy pour voir si ça lui évoque quelque chose de plus qu'à moi. Si ça lui évoque plus que cet amour fissuré et ce sentiment profond d'avoir échoué quelque part et surtout plus que ce besoin pressant de le garder loin de moi pour ne pas juste... faire des choses que je vais regretter s'il y a une hargne oubliée dans le portrait. Parce que j'ai peur de moi.

Il propose donc le plus simple, sans doute le mieux oui dans le moment présent. Amis. Une raison de n'entraver personne, de ne rien promettre qui ne sera pas respecté. Pas de promesse à tenir sans savoir ce qui pourrait de nouveau faire surface ou d'obligation face à un titre qu'on ne saurait plus trop comment gérer de toute façon. La liberté de juste... oublier une relation, un mariage, qui n'était déjà peut-être plus. De tirer un trait sur le passé, réellement, et se faire un nouveau présent. Et si dans le présent ce n'est pas moi qui arriverait à le rendre heureux, peut-être que quelqu'un d'autre le pourra. Quelqu'un de mieux pour lui qui pourra réellement le protéger et prendre soin de lui. « Tout ce que je veux c'est que tu sois heureux... Alors oui, je crois qu'amis reste la meilleure option compte tenu des circonstances. » Et peut-être valait-il mieux ne pas s'attarder davantage que nécessaire sur le sujet pour s'éviter des drames inutiles si les deux partis étaient d'accord non. Aussi... douloureux que soit ce point en mon torse et aussi fortement les larmes essayaient-elles de s'extirper hors de mes yeux de nouveau.

Je déglutis en relâchant sa main pour frotter le coin de mes yeux, retrouvant un ton plus sérieux avant de continuer. « Et pour Percy... Promet-moi juste que si tu apprends quelque chose, quoi que ce soit, qui le concerne... que ce soit où il pourrait se trouver ou un souvenir... tu viendras m'en parler. Tu peux faire ça? Parce que j'ai l'impression qu'on aura pas davantage de pouvoir qu'on en a là de sortir sous prétexte qu'on sait, mais je peux pas juste... oublier que notre gamin existe parce qu'il n'est pas là. On avisera de ce qu'on fait si on le retrouve, mais je veux juste... savoir. »

Je déteste cet endroit. Je déteste cette amnésie et tout ce qu'elle implique et engendre telle une déflagration destructrice en mon esprit. Je déteste ne pas savoir ce qui se passe et découvrir au compte goutte toute l'ampleur de ce bordel sans nom qui se dessine une petite parcelle à la fois comme un tease de mon existence qui n'en fini plus. Je déteste pleurer, ainsi laisser mon émotivité avoir le dessus de moi là où j'essaie si fortement de garder le contrôle de ma personne. Supposant que c'est pour cette raison que je suis toujours si morne, si tristement rigide en ma façon d'être. Parce que je ne veux pas laisser l'émotion dicter mes actions, dicter mes réactions comme je la sens prête à le faire en ce moment parce que j'ai du mal à assimiler comme tout le reste. J'ai besoin d'air, mais il n'y a pas d'air ici. Il n'y a que le pesant de cet environnement dans lequel nous sommes coincés jusqu'à je ne sais quand et je n'en peux plus. Je voudrais juste pouvoir prendre une inspiration d'air frais et sortir de cet endroit. Je voudrais avoir le retour de souvenirs tout d'un coup pour en finir avec tout ça, le digérer et après ne plus m'en soucier. Je voudrais tellement de chose et pourtant je ne suis pas stupide au point de croire que ces demandes réalisées pour moi-même vont m'apporter quoi que ce soit. Alors je sais que j'essaie de la refermer doucement, cette barrière que j'ai laissé s'ouvrir de trop dans le moment. Cherchant à simplement fermer le flot pour ne plus avoir à le contenir, ne plus avoir à y penser. Aspirant simplement à un peu de paix que je ne sais pas quand j'arriverai à trouver. Peut-être quand je saurai pour Percy, ce tout petit Percy qui est peut-être quelque part tout aussi seul et désemparé que je le suis à se demander où sont ses parents qui ont le devoir de le protéger. Je veux juste savoir oui, savoir si lui a un souvenir qui moi ne me reviens pas pour ne serait-ce que me rassurer un peu sur le fait qu'il est peut-être dans un endroit bien meilleur qu'ici. Que peut-être on s'est sacrifiés pour la bonne cause parce que c'était la seule chose à faire.

« Par montre ce sera mieux je crois... et merci. » Dis-je finalement en me levant, prenant une grande inspiration au passage avant de le fixer. « J'ai besoin d'absorber tout ça. Désolé si je ne reste pas plus longtemps, mais j'ai vraiment besoin de temps pour moi là maintenant. Je ne serais pas de bonne compagnie de toute façon. Je... serai là aussi si tu as besoin de moi. N'hésite pas. » Je glisse mes mains dans mes poches et déglutis. « Je te dirai aussi s'il me revient quoi que ce soit face à notre... cette... à la famille. » Je ne sais trop comment exprimer la chose. « Face à notre passé bref. » Face à ce qui a pu se passer entre nous et qui m'échappe encore. Ce qui a pu nous pousser dans les bras l'un de l'autre ou au contraire nous éloigner. L'endroit où nous vivions, la vie que nous avions, le bonheur ou la tristesse et toute chose qu'un mariage a pu impliqué. « Merci encore... et désolé encore aussi. » Et je tourne les talons pour sortir en vitesse et le laisser là, cherchant à retrouver mon logement simplement pour aller m'enfermer dans ma chambre et me laisser glisser dos à la porte que j'ai fermé et verrouillé qu'on me laisse en paix. J'ai besoin de décanter, de respirer l'air vicié de ce bordel. J'ai besoin... je ne sais même plus de quoi j'ai besoin...