who are you { 4-a }

Le son des couverts s'entrechoquant et celui des conversations s'élèvent dans la salle commune, comme un écho désormais familier alors qu'il ne devrait pas l'être. Et si la brune ne dit rien, ce n'est pas pour autant que ses pensées ne s'entrechoquent pas. Ses doigts agrippent d'un geste nerveux le rebord de son plateau repas pour ce dîner, jouant ensuite avec la petite cuillère donnée pour son yaourt abricot. Son regard chocolat balaie la pièce de façon – elle l'espère – discrète et elle ne peut s'empêcher de remarquer certains détails, les tatouages des uns, cicatrices d'autres, son opinion reste objective, seulement curieuse tandis que son champ de vision se voit soudainement empêché par une personne passant bien près d'elle. Revenant à la réalité, la jeune femme décide de ramener son plateau. Il lui est encore si étrange de cohabiter avec autant d'inconnus, chacun si différents des uns et des autres et pourtant, une forme de similarité persistante qu'elle ne sait nommer.. Ses contacts sont des plus brefs depuis son réveil dans cet endroit et si sa curiosité l'a déjà poussée à découvrir les différents lieux intéressants du peu qu'il leur est offert de découvrir et d'explorer, celle-ci ne la conduit pas à braver certaines règles comme le couvre feu. Alors qu'elle monte lentement l'imposant escalier, ses doigts s'amusent à en longer la rambarde lisse et en tout point parfaite comme tout ce qu'elle a pu observer en ces lieux. Ses brunes se relèvent en direction du plafond bulle afin de s'informer sur l'heure. Encore quelques heures avant le couvre-feu et pourtant, loin d'elle l'envie de rester dans les parties communes. Une sorte de nostalgie quelque peu triste, un spleen étrange et sans fondement l'étreint en cette soirée qu'elle ne pourrait même pas qualifier de douce tant le soleil ou les astres ne semblent pas exister pour eux. Ils pourraient très bien vivre à l'envers, le jour lors de la nuit, être dans un bâtiment dans l'espace ou encore sous terre, au sein même d'une capitale ou au fin fond de terres polaires qu'ils ne sauraient rien et c'était là l'une des plus grandes frustrations que 67 ressentait. Accoudée au balcon et observant, comme à son habitude, toute chose, de la façon dont les meubles sont disposés à la façon de rire d'un des autres – comment arrivait-il déjà à exprimer assez de joie pour qu'un éclat de rire dépasse ses lèvres ? - un smoothie vole au visage d'un autre habitant et cela lui fait relever le sourcil. Aussi intriguée qu'interrogative, elle balaie la scène sous ses yeux d'un revers de main avant de prendre route en direction de la quatrième section, celle de ses appartements. Les portes coulissent, elle n'a pas à faire un long chemin avant d'arriver devant la toute première porte, la sienne. Loin d'être seule à vivre dans ce qui semblait être une colocation à trois locataires, 67 est pourtant des plus isolée depuis son arrivée. Si elle avait bien aperçu une chevelure dépasser les draps du premier lit qu'elle avait aperçu après son réveil, le visage et la personne toute entière manquait à l'appel dans ses piètres connaissances et découvertes depuis son arrivée. Quelque peu frustrée, quelle ne fut pas sa surprise d'observer la porte ouverte de cette chambre demeurant perpétuellement close depuis de longs jours. Ses pas curieux l'amènent à déposer délicatement sa main droite sur la porte coulissante lorsque son regard lui, s'autorise un léger coup d’œil par l’entrebâillement découvert. Déçue mais non pas moins étonnée, elle ne retrouve personne personne à l'intérieur de cette chambre qui semble en tout point similaire à la sienne et hausse un sourcil avant d'en pénétrer l'intimité d'un seul pas. A la fois à l'intérieur et à l'extérieur, ses bras croisés contre sa poitrine, son regard analyse rapidement la pièce à la recherche du moindre indice sur le locataire, en vain. Et si elle l'avait croisé quelques minutes plus tôt au niveau des tables ? Sa mémoire lui joue des tours, elle n'a le temps de deviner quel visage pourrait avoir son locataire mais un bruit d'intrusion au sein du logement dans son dos la prévient soudainement qu'elle aura peut-être très rapidement réponse à sa question.

De la peinture des murs au mobilier, du sol jusqu'aux couvertures, tout était identique à sa chambre. Désagréable sensation courant le long de son échine et venant chatouiller sa nuque, elle croise ses bras contre sa poitrine et fronce ses sourcils un long moment, le temps de tout analyser, comme à son habitude. Habitude d'ailleurs tout juste découverte depuis son arrivée, reconnaissant bien que même si elle ne savait rien d'elle, l'un de ses principaux traits de caractère était bien la curiosité. Mêlée avec un brin assez prononcé de réflexion et d'enquête, elle se prendrait pour Sherlock si elle avait encore la mémoire de l’œuvre – et sa passion ancienne et oubliée pour ses intrigues. Il n'y a pourtant aucun indice qui se révèle à ses yeux et quelque peu frustrée, sa main se pose sur l'entrée coulissante, prête à s'en aller au moment où la porte d'entrée du logement s'ouvre. Surprise et à la fois assez excitée à l'idée de rencontrer enfin un colocataire, 67 se retourne dans un léger sursaut au moment où elle l'entend la héler et à nouveau, ses sourcils se froncent avant qu'une expression de surprise ne se dessine sur son visage. « bonsoir à toi aussi.. » glisse t'elle en le voyant arriver jusqu'à elle. Et 67 l'observe, de toute sa hauteur, bien plus grand qu'elle et costaud à n'en pas douter, une barbe mettant en valeur son visage et deux yeux bleus.. très agacés. A sa main, une canne qu'elle ne peut occulter tant l'homme semble avoir une certaine difficulté liée très certainement à une forme de fatigue à la vue des cernes creusant son regard. Il était beau, mais triste ? troublé ? torturé ? ou était-ce tout à la fois ? Il y a dans son regard ce quelque chose de supplémentaire à l'agacement qu'elle ne sait discerner convenablement et ça l'ennuie, au fond. Quand bien même ne le connaît-elle pas et semble-t'il ne pas avoir envie de se lier avec quiconque, elle ne décroise pas ses bras de contre sa poitrine et ne sort pas plus de sa chambre, un sourcil relevé, léger sourire en coin de lèvres. « enchantée, mais mon code c'est 67. » répond t'elle d'un ton remplie d'une fine ironie depuis une voix adoucie. Elle le jauge de ses yeux bruns et continue « tu t'es en fin décidé à sortir de ta grotte pour manger.. » une constatation au delà d'une question qu'il n'avait pas à répondre, 67 se mord le coin de sa lèvre inférieure de nervosité alors qu'elle finit par céder sa place afin de le laisser entrer dans sa chambre. Seulement, au moment où elle le fait, son regard aguerri à tout détail changeant de l'ordinaire le prévient très vite de la présence de cette autre porte entrebâillée. Chambre vide il y avait encore quelques heures, une mine inquiète force ses traits au moment d'observer du sang par terre. « du sang.. » énonce t'elle, véritablement confuse alors que pour l'interpeller un peu plus, sa main s'était arrêtée sur son bras afin de lui faire regarder dans cette nouvelle direction. « tu y es pour quelque chose ? » mine inquiète, 67 vérifie d'un coup d’œil loin d'être discret que son colocataire ne soit blessé d'aucune façon – outre ce qui semblait l'asservir au niveau de sa jambe – avant d'ancrer son regard dans ses cérulées pour confirmation. De quelques pas, elle le quitte alors et pénètre dans cette autre chambre sans le moindre soucis d'effectuer encore une fois une intrusion. Comment était-ce tout simplement possible ? Loin d'imaginer ce qui avait pu se passer, ses iris chocolatées se relèvent en direction de H01-5 avant d'ajouter d'une voix rauque « il est encore frais.. »

Des signaux et un comportement clairement négatifs venant de la part de son colocataire, 67 n'en démord pas et reste à l'entrée de sa chambre en l'observant d'un air neutre venir jusqu'à elle. Ou du moins, jusqu'à cette antre qu'il semblait tant avoir pour affection. Loin d'elle l'angoisse de le déranger outre mesure alors qu'elle était encore socialement dans un registre respectueux et des plus cordiaux, elle reconnaît que son air grognon ne l'impressionne guère et a même une forme de déjà vu. Comme si par le passé, elle avait déjà été amenée à côtoyer d'autres personnes – ou seulement une ? - avec ce genre de tempérament. Une part d'elle se demanderait ce que cet homme a pu vivre pour réagir de la sorte s'ils avaient été dans une autre situation, mais partant du fait que lui tout comme elle et le reste des abeilles n'avaient en leur conscience pas le moindre souvenir de leur vie passée ; il semblait tout simplement que son comportement se base sur son propre et simple arbitre de vouloir être de la sorte. Et pour le coup, ç'en était dommage, véritablement. Quand bien même pouvait-elle comprendre qu'il n'apprécie pas l'expérience de ces derniers jours, elle trouve dommageable ce manque de curiosité et de vie pour une âme déjà tourmentée. Elle ne remarque son geste de recul que d'un œil discret et tout aussi distrait tandis que son regard chocolat s'était posé sur des traces suspectes à quelques mètres d'eux. Marchant en direction de sa découverte, elle sursaute légèrement à l'entente de la porte coulissante claquant dans son dos et réprime un soupire pour mieux se concentrer sur la provenance de ce sang juste sous son regard. Ce dernier parcourt les moindres détails de la pièce où elle se trouve, les draps sont défaits alors que quelques heures avant, elle aurait juré que personne encore n'habitait cette dernière pièce de leur colocation. Auraient-ils un nouveau venu ? Et que s'était-il passé ? L'homme, dont elle ne connaît toujours pas le matricule, lui indique de nouvelles traces désormais décelables dans le couloir et elle le rejoint. Un tic nerveux lui agite les doigts de sa main droite qu'elle presse et re-presse, phalanges tantôt blanchies puis relâchées, véritablement inquiète. Elle s'apprêtait à apporter son hypothèse lorsqu'un Salut immergea de derrière eux. Sur ses gardes et tous les sens en éveils, 67 attrape le pot de la petite plante située à sa droite en guise de décoration et s'arme dans le cas où ils feraient face à un étranger dangereux. Imaginant de multiples scénarios depuis son arrivée, l'angoisse la plus présente étant celle de se faire surprendre par une véritable menace persistait de lui tirer les entrailles et peu ravie des surprises en ce temps particulier où du sang avait coulé dans tout l'appartement, elle sent son cœur battre à toute vitesse et retient finalement son geste en l'air alors qu'elle fut à deux doigts de balancer la plante à la tête du nouveau venu. Lèvres entrouvertes et sourcils froncés, elle l'analyse de toute sa hauteur de là où elle se tient et se tend à la vue du sang. « Qui es-tu ? » lui demande t'elle d'un ton abrupt. Son bras redescend mais la plante reste attrapée sous ses phalanges crispées. Elle l'observe, dans ce même uniforme qu'ils possédaient eux-aussi mais tant de sang la perturbant. Un mal de tête s'exprime alors, comme si son esprit se fermait d'une certaine manière ou souhaitait s'exprimer, mais pourquoi ? La vue de l'hémoglobine semblant réveiller en elle une autre sensation de déjà vu, 67 se retient d'un mouvement discret à la commode à ses côtés pour ne pas montrer de signes de fléchissements et repose la plante. « t'as clairement failli être défiguré par la plante, tu le sais ça ? » elle exagérait à peine, lèvres pincées afin de cacher son amusement, il n'est visible qu'à travers son regard une fois qu'apaisée par ce qu'elle peut lire d'innocent dans le regard du nouveau venu, elle se détend. 67 tourne son regard en direction de 05 afin d'observer sa réaction et comment il allait prendre cette nouvelle venue, elle ne désirait pas qu'il s'éclipse déjà dans sa chambre mais que pouvait-elle bien faire après-tout ?

Ce fut presque comme si c'était d'un commun accord, son bras s'était levé en même temps que la canne de son autre colocataire. D'un regard en biais, elle observe les traits de son visage et son sérieux réel dans cette situation, prêt à se servir de cette canne qui lui semblait essentielle à son bien être en ces lieux. Une forme de confiance s'instaure alors en elle vis à vis de lui, peut-être ne le devrait-elle pas, mais pour la première fois depuis son arrivée à la ruche, elle sent un allié à ses côtés. Quand bien même celui-ci s'était montré des plus ronchons juste avant et ne le connaissait-elle pas vraiment – mais après tout, qui peut se vanter de connaître autrui ici ? - 67 finit par abaisser son bras et l'objet qu'elle tient au moment où elle comprend à travers le regard du nouveau venu qu'il ne s'agit pas d'une menace. Les répliques de son colocataire l'amusent alors qu'il rajoute ses propres tirades après les siennes, une forme d'adrénaline lui court les veines, elle se sent vivante, enfin. Un silence s'installe et ils attendent tous les deux une réponse, n'importe quelle réplique dépassant le bord des lèvres outrageusement amusées de l'étranger et 67 fronce les sourcils dès ses premiers mots. Un superviseur ? Tout dans sa tenue change, dans la façon dont il croise désormais les mains derrière son dos à la manière dont son port de tête s'élève, seul le sang éparpillé sur le haut de son corps trahit sa nouvelle posture et l'air digne qu'il prétend avoir. Et comme dans une scène irréelle, le voici s'avançant jusqu'au salon, dépassant facilement les deux habitants du logement sans le moindre soucis et aussi à l'aise que possible. 67 n'amorce pas de pas en avant, elle relève ses iris chocolats en direction de son colocataire et lui transmet ses doutes et son incompréhension à travers ce regard. Lorsqu'elle détourne son attention à l'adresse du soit-disant superviseur, ses bras se croisent devant sa poitrine et une moue dubitative lui déforme les lèvres. « Pourquoi être venu dans notre logement et en avoir fait le tour si l'altercation avec le dernier arrivant s'est déroulé ailleurs ? » ses doigts resserrant leur emprise sur le pot de plante attrapé juste précédemment. « Et pourquoi le superviseur interviendrait qu'au bout du troisième jour et uniquement ici ? » Les prenait-il pour des idiots ? Ou était-elle tout simplement à cran et beaucoup trop sur ses gardes ? Un nouveau regard pour le brun à ses côtés à qui elle attendait la moindre réaction afin de deviner ses pensées, elle ne dépose en aucun cas le pot de plante, juste au cas où..

L'idée de ton colocataire est indéniablement bonne et tu écoutes religieusement Aleksa répondre à sa question avec une impatience courant le long de tes doigts. Une forme d'adrénaline coulait toujours dans tes veines, quelque chose de spontané et d'inhabituel venait enfin perturber ton quotidien et tu n'en étais que ravie. Si le nouveau venu semblait être si sûr de lui en premier lieu, tu vis son attitude changer du tout au tout au fur et à mesure des révélations apportées par l'aide extérieure. Tu n'avais peut-être jamais osé interpeller Aleksa, forcément y penseras-tu désormais à l'avenir. L'hologramme disparaît sous vos yeux et il ne faut que peu de temps avant que le nouveau venu, H01-13 ne réagisse. Sa réaction te laissa amusée alors que tu l'observais s'étaler dans le canapé. Sourcil relevé et demi sourire étirant tes lèvres, tu l'écoutes et observe son sourire chaleureux. Il n'avait pas l'air mauvais, juste.. intéressant. Déjà plus vivant que beaucoup de ces personnes que tu avais croisé à l'extérieur. Il vous explique sa mésaventure et tu l'écoutes, avide de ses révélations, imaginant alors sa fameuse rencontre avec le sol dès son réveil, quelque peu amusée, toujours, par cela. Quelque chose d'étonnant se passait en sa présence, comme une facilité à être à l'aise malgré son jeu trouble au début de votre rencontre. Il inspirait une forme de confiance qui te plaisait et était donc désormais l'un de tes colocataires. Tu pourrais t'y habituer et l'apprécier, tu le savais. Tu finis par opiner à la fin de sa dernière phrase bien que tu savais pertinemment que l'homme à tes côtés ne serait peut-être pas du même avis. « Moi c'est 67 et lui.. » tu te retournes en sa direction, sourcil relevé d'interrogation, tu te rends compte que tu ne sais toujours pas son matricule et le laisse donc parler pour lui-même. « Tu veux que je t'aide à te débarrasser de.. tout ça ? » tu lui fais signe de tout ce sang éparpillé suite à sa fameuse mésaventure, peut-être acceptera t'il ta proposition ou non, toujours était-il que tu faisais un pas vers une bonne entente, tout comme lui semblait le faire. Mais qu'en adviendrait-il de votre troisième colocataire ?