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 Monsters stuck in your head ft. H01-5

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MessageSujet: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptySam 18 Jan - 20:04

Monsters stuck in your head
Je ne sais pas si j'ai vraiment hurlé. J'en ai l'impression. Lorsque mes yeux se sont ouverts subitement, ma bouche était ouverte en un rictus démentiel. Elle l'est toujours. Je n'arrive pas à bouger. Aucun muscle. Je suis quelque part, allongé, raide comme un piquet. La gorge sèche de quelqu'un qui a passé un long moment à parler. Ou qui a forcé brutalement sur ses cordes vocales. Ébloui par une lumière vive. Je n'arrive pas à respirer. Je suis paniqué. Mon corps ne répond plus mais je dois fuir. Tout mon être me dit de fuir. Pour aller où ? Je ne sais même pas où je suis...

Il me faut un moment pour retrouver un semblant de sensation. Mes doigts sont crispés sur du tissu. Une part logique de moi reconnait des draps, mais ce n'est pas la partie qui est en contrôle actuellement. Je suis sans défense contre les silhouettes indistinctes qui dansent encore dans mon esprit. Un rêve. Non, un cauchemar. Alors que j'essaie de me concentrer dessus, elles s'éloignent plus loin dans mon inconscient avant de disparaître, me laissant seul face au monde réel.

Je me force à cligner des yeux, à les détourner de la lumière. Une pièce blanche. Je devrais reconnaître l'endroit, mais je n'arrive pas à me concentrer suffisamment longtemps pour y trouver un sens, hanté par les restes du cauchemar. Petit à petit, cependant, les sensations reviennent et je peux comprendre que je suis dans un lit, trempé de sueur.

Je reste un moment à essayer de me détendre sans pouvoir y arriver, mais la réalité reprend le pas. Je sais que je suis dans ma chambre, dans la Ruche. Je n'ai aucune idée de quelle heure il est, je n'arrive pas à tourner la tête pour regarder ma montre. Je suis bloqué sur ce cauchemar. Quelque part au fond de moi, j'ai l'intime conviction que ce dont j'ai rêvé était lié à mon passé, quelque chose de profond qui a survécu à mon amnésie, bien caché dans mon inconscient. Pourquoi est-ce que j'en rêve maintenant ? Aucune idée...

A quel moment les larmes ont-elles commencé à couler ? Ma vue se brouille et je me relâche tout d'un coup. Une plainte, d'abord presque inaudible, sort de ma bouche sans que je puisse la contrôler avant de devenir une véritable lamentation. Puis viennent les sanglots. Incontrôlables. Bruyants. Je tremble sans pouvoir m'arrêter malgré la couverture qui recouvre la moitié de mon corps.

Je me recroqueville, les doigts toujours crispés sur les draps qui finissent par tomber du lit et reste ainsi, en proie aux larmes.

J'ai peur.

(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyDim 19 Jan - 19:00

Monsters stuck in your head.
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Un cri. Un plainte. Une faute au silence qui parvient à mes oreilles. Me tire de mon sommeil. La lumière n'a plus raison de mes rêves, plus vraiment, mais cette exclamation a eu ce pouvoir. Ou l'ai-je imaginé? Faisait-elle parti de mon rêve? Une porte vers le retour à la réalité? Une chose est sûre, la lumière me crame les rétines et je plisse les paupières pour me protéger. Me prémunir de cette agression. Depuis combien de temps est-elle allumée? Je n'ai même pas la volonté de regarder ma montrer, pas avant de m'être recouvert du drap. Huit heure passé. Je suis crevé. Ma bouche est pâteuse. Mon regard trouble. Ma langue lourde. Mes yeux s'agrandissent alors que mon visage se tétanise.

Et puis, au bout de quelques minutes, la sensation revient. Le corps tremble. Les dents claquent et la gorge déglutie. Mon cœur se calme et ma conscience hurle. Les larmes finissent de rouler face au soulagement qui m'envahit. Devrais-je courir dehors crier ma peur? Devrais-je ramper sous les draps et contenir ma rage? Devrais-je comprendre que pas même dans les recoins de cette chambre la sécurité m'est accordée? Devrais-je parler ou m'inquiéter en silence? Un point froid se forme à la base de mon nez. Un liquide goutte sur mon torse. Lorsque j'y porte deux doigts, le sang en tâche les extrémités. - Qu'est-ce que... - Ça n'a duré qu'une seconde, mais c'est bien assez pour avoir tâché mon torse, mes doigts, et la moustache sous mes narines. Pourtant, je suis persuadé que la quantité de sang est ridicule en comparaison à ce qui se voit. Ridicule en comparaison de... ce qui vient de se passer. La panique qui agite encore mon palpitant.

Fébrile et vaseux, je m’assois au bord du lit. Ma jambe ne me fait même pas mal, comme si la douleur avait été éclipsée par l'expérience. Malgré tout, je sais qu'au premier pas, à la première pression, un choc électrique va démarrer de la cuisse, paralyser mon pied et faire frissonner chaque parcelle de ma peau. Parce que c'est ce qui arrive chaque matin. Chaque fois que je me lève. Habituellement, cela dit, je ne saigne pas du nez. Habituellement... Mon visage ne se paralyse pas non plus. D'une impulsion, me voilà debout et déjà bien appuyé sur ma canne. J'essuie mon nez d'un revers de main pour en retirer le sang déjà coagulé. Je n'ai même pas mal, ça ne fait aucun sens.

D'un pas lent, encore étourdis, je me dirige vers la porte et la fais coulisser d'une main. Un geste habituel. Simple. La porte ne résiste jamais, et de deux pas, je me retrouve dans le couloir. L'objectif? Me rendre dans la salle de bain pour m'extirper à coup d'eau froide du sommeil et de ce mauvais réveil, mais s'était sans compter sur la porte en face. La chambre voisine. Les complaintes qui hantent ses murs et vibrent jusqu'à mes oreilles. Mon regard dérive vers la porte entrouverte de la salle de bain. L'appel d'une douche méritée à la sueur du malheur. Le poids de la réalité sur mes épaules. La pression du dilemme sur mes tempes. La chaleur intense d'un inconfort inhabituel qui m'étouffe et je fais un pas en avant, et ouvre la porte coulissante sans plus de cérémonie.

013 est là, recroquevillé sur son lit. Tout comme moi, uniquement vêtu d'un pantalon, il a laissé son drap s'échouer au sol. Seule différence, les tatouages qui arpentent son bras. Jusqu'à son épaule, comme je l'avais imaginé. Un coin du drap est piégé dans sa poigne. Son visage est rouge. Humide.
Je n'avais pas prévu d'ouvrir cette porte. J'aurais dû anticiper ce que je trouverais derrière. Conclusion? Je n'avais pas prévu de dire quoi que ce soit. Ni de savoir quoi, d'ailleurs. Je n'avais pas non plus prévu de me réveiller dans cet état. Peut-être est-ce la même chose pour lui? Non, pas de sang à son nez. Ni sur son lit. Et je sais le voir. Après tout, c'est ainsi qu'on l'a rencontré, la première fois. Non, c'est autre chose. Peut-être.
Et ça fait déjà dix longues secondes que j'ai ouvert et le regarde sans avoir dit le moindre mot.

Un nouveau pas en avant. La canne va pousser sa jambe de deux petites pressions. - Hey. - Dis-je simplement, avant de sentir ma jambe perdre ses forces. Je trébuche en avant, me rattrape de justesse au lit et m'y assoies brusquement. - Chier... - La douleur lance. Se répand. Je masse les muscles tendus avec une certaine force, comme si la pression appliquée aidait à la détendre. J'ai d'ailleurs vite compris que c'était le cas. Et puis, tentant d'ignorer ma torture permanente, je pose mon regard sur le drap. Pour ne pas avoir à le poser sur lui directement. - Qu'est-ce qui t'arrive? - Après tout, il a peut-être subit la même chose que moi? - On t'entend jusque dans le couloir.
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyDim 19 Jan - 21:09

Monsters stuck in your head
Je n'arrive pas à trouver la volonté de bouger. J'ai l'impression d'être un enfant tant je n'arrive pas à me calmer. Mes pensées retournent sans cesse vers la raison de mon réveil cauchemardesque. Je n'arrive pas à m'en souvenir et une part de moi sait que c'est pour le mieux. Mais je suis persuadé que ça a un rapport avec qui j'étais, avant, et c'est la première fois que j'ai besoin d'en savoir plus. Que l'inconnu me fait peur. Pourquoi cette réaction ? Parce que ma vie était un drame ? Parce que j'étais malheureux ? Parce que j'étais quelqu'un de mal ? J'ai l'impression d'être perdu dans un chaos de souvenir et je déteste ce manque de contrôle.

Mais tout d'un coup, une autre forme de chaos s'infiltre dans ma réalité. Je me tétanise lorsqu'il tombe lourdement sur le lit, persuadé que la chose que j'ai rencontré dans mon cauchemar est finalement belle et bien réelle. Je n'ose plus bouger. Plus respirer, même. Il n'y a rien de rationnel dans ma peur : je suis réveillé et je suis dans ma chambre. Un seul regard suffirait pour voir qui se tient au bout du lit. Mais je n'arrive pas à forcer mes muscles à m'obéir. La logique n'est rien face à la peur.

Alors j'attends. J'attends en silence, espérant que quelqu'un ou quelque chose vienne me sauver de mon tourment. Et c'est finalement sa voix qui me délivre. J'en reconnais le propriétaire de suite : 5. Je ferme les yeux et m'autorise à respirer, soulagé de l'entendre me demander ce qui cloche. Je me force à tourner la tête vers lui qui est assis de profil au bord du lit, en train de masser sa jambe. Cette vision a sur moi un effet immédiat. Je me détends et je me sens capable de bouger.

Je me redresse lentement, m’assois sur le lit, le dos collé au mur et les jambes pliées vers moi, entourant mes genoux de mes bras. Je sais que je dégage toujours une impression de vulnérabilité avec cette posture, mais c'est le seul moyen de me sentir en sécurité malgré la présence de 5. Et je n'arrive toujours pas à stopper les larmes qui coulent toujours silencieusement le long de mes joues.

Maintenant que je suis à peu près calmé et que je fixe 5, je me rappelle que je suis pas censé vouloir de sa présence ici. Déjà parce que je ne supporte pas qu'on me voit dans cet état de faiblesse absolue : à moitié nu, en train de pleurer et mort de peur. Ensuite, parce que notre dernière vraie conversation de la semaine dernière ne s'est pas vraiment bien terminée et depuis, je ne lui ai pas adressé la parole. Il n'a fait aucun commentaire sur l'affiche que j'ai mise à sa porte, sans pour autant la retirer, et je me suis contenter de le saluer à coup de monosyllabe quand on s'est croisé, rien de plus.

Pourtant, aujourd'hui, maintenant, j'ai besoin de lui. La dernière chose que je veux, c'est qu'il parte et qu'il me laisse seul. Il irait pas bien loin, le connaissant, mais l'extérieur de ma chambre me semble inatteignable à l'heure actuelle. Ceci dit, je ne peux pas m'empêcher de lui faire sentir que je n'ai pas oublié notre moment sportif.

"Qu'est-ce que ça peut te faire ?" C'est un murmure, presque inaudible, et s'il y avait eu le moindre bruit, il n'aurait certainement pas pu entendre. Mais c'est tout ce que j'ai la force de sortir. C'est aussi parce que je ne veux pas qu'il s'en aille, et que je ne peux pas me montrer trop virulent.

Et je ne le quitte pas des yeux.

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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyDim 19 Jan - 22:04

Monsters stuck in your head.
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Il bouge. Se redresse. Se recroqueville encore. Je ne le regarde pas directement, mes yeux toujours perdus vers le drap. Mais du coin de l’œil, je peux le deviner. La silhouette tremblante. Les bras qui entourent les jambes repliées contre son torse. Les larmes qui reflètent la lumière sur ses joues et vont mourir sous sa barbe. La tête rentrée entre ses épaules dans une position défensive. Un animal acculé. Effrayé. - Qu'est-ce que ça peut te faire ? - Rien... - Soupiré-je en me penchant en avant. Les coudes sur les genoux. Les mains qui se glissent dans mes cheveux alors que j'y dépose ma tête. Migraine? Pas sûr. La sensation d'être compressé par l'air, certainement. Ça vous l'a déjà fait? Cette oppression par le vide? L'impression que votre corps s'oblitère sur lui-même? Ouais, cette sensation-là.

Je relève la tête. Libère mes mains. Mes cheveux restent dressés en l'air, défient la gravité. D'un geste las, j'attrape le drap que 013 a fini par lâcher, et le ramène sur le lit. Plus pour m'occuper et justifier d'encore être-là que pour réellement ranger parce que je suis un maniaque des draps sur les sols. Ce n'est pas le cas. En tout cas pas dans l'espace des autres. - Est-ce que tu as déjà fais ce genre de rêve plus vrai que nature, au point de ne plus savoir la différence entre le réel et le rêve? - Son regard brûle ma peau. Impossible de l'ignorer, mais c'est peut-être mieux ainsi. Ou peut-être pas. - Parfois je me dis que je préférerais être dans un rêve. Parce que si c'est ça la réalité... C'est un cauchemar dont je me passerais bien.

Je continue de masser ma cuisse. La pression du coude contre l'articulation n'a pas beaucoup amélioré la sensation. Machinalement, je bouge ma langue entre mes dents, la frotte contre mon palais. Juste pour m'assurer que tout fonctionne encore bien. Je bouge même ma mâchoire. Elle craque. Désagréable, mais preuve que les choses sont rentrées dans l'ordre. Et puis elle se crispe. J'hésite. Je n'aime pas parler. J'en ai conscience. Je doute même avoir été très bavard avant tout ça. Alors forcément, le ton employé est sensiblement plus rude que ce que j'aurais probablement souhaité. - Je me suis réveillé avec une paralysie faciale à me baver dessus comme si j'étais un légume. C'est quoi ton excuse?
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyDim 19 Jan - 23:18

Monsters stuck in your head
Sa réponse ne m'étonne pas, je m'y attendais. Il se fout de ce qui m'arrive. Enfin, c'est ce qu'il dit, mais il est là, alors ça ne doit pas être aussi vrai que ce qu'il veut faire croire. C'est exactement comme la dernière fois, quand il est revenu en essayant de faire comme si ma remarque ne l'avait pas touché. J'en sourirais presque. Mais plus que me faire sourire, sa réponse me soulage un peu plus par sa prévisibilité. C'est une certaine stabilité, que 5 soit Grumpy. Une preuve qu'il est réel et que je ne suis plus dans mon cauchemar.

Je le regarde passer ses mains dans ses cheveux, chose qu'il fait souvent. Il a pas l'air en forme. Et c'est quand il se redresse pour attraper le drap et le remettre sur le lit que j'aperçois le sang sous son nez. Mon expression passe de la rancœur à l'inquiétude. Je pourrais dire quelque chose, mais j'ai peur de sa réaction. J'ai encore besoin de lui ici, je peux pas me permettre de le faire partir. Et de toute façon, lorsqu'il reprend la parole, je me mure dans le silence. Non parce que je n'ai pas envie de répondre, mais parce que je ne sais pas quoi dire.

Tous les autres jours depuis mon réveil, j'aurais sûrement contre-attaqué en lui disant que la réalité n'est que ce qu'on décide qu'elle est, ou une quelconque autre connerie du genre. J'ai appris à me connaître, depuis mon réveil, et en surface je ne suis pas compliqué à cerner : je suis Friday, grand enfant, personnification de la bonne humeur et de la frivolité, maître des interactions sociales et pourfendeur de l'ennui.

Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je ne suis qu'un homme vulnérable qui fait face à ce qu'il ne comprend pas et qui a peur. Hanté par les démons informes d'un passé qui restera peut-être à jamais secret. Impuissant. Je déteste ce mot. Et qu'est ce que je peux lui répondre, aujourd'hui ? Je n'en suis pas sûr.

La mâchoire de 5 craque et je reviens à lui, le dévisageant toujours. Je vois qu'il se crispe. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je l'écoute. Mais je ne réponds pas. J'aurais sauté sur l'occasion pour en apprendre plus sur lui, d'ordinaire : c'est la première fois qu'il me parle autant sans que je l'y force, depuis qu'on se connaît. Mais cette fois, je le regarde vraiment pour ce qu'il est. J'avais déjà vu les cicatrices. Je sais pour sa jambe, bien sûr. Je ne m'étais jamais demandé quels autres blessures pouvaient l'accabler pour qu'il se comporte comme il le fait. Je ne fais pas vraiment attention aux gens. Pas quand c'est sérieux. Ma technique c'est de m'imposer à coups de blagues et de paroles exubérantes et de fuir si ça devient trop personnel.

Pourtant, le moment se prête au sérieux, et c'est 5, je ne vois pas à qui d'autre je pourrais me confier en ce moment. Et puis il est déjà là, témoin de mon état, ça ne sert plus à grand chose de fuir. Une éternité s'écoule avant que j'ose prendre la parole d'une voix rauque.

"Je crois que j'ai rêvé de mon passé. Et ce n'était pas plaisant." Je marque une pause pour chercher mes mots et je prends une inspiration lente pour me donner du courage. "J'ai peur de ce que ça implique. Rien de joyeux, j'imagine. C'est la première fois ici que je redoute la réalité. Pourquoi nous rassembler ici. Pourquoi effacer nos souvenirs. Ce que ça veut dire sur notre vie passée." J'essaie de trouver son regard et le soutenir, mais je ne peux pas continuer en le regardant dans les yeux, alors je regarde sa cuisse. "J'ai peur de ne pas être quelqu'un de bien."

Je m'arrête même si j'ai encore des choses à dire, parce que les prononcer serait leur donner vie. Et je ne suis certainement pas prêt à les affronter pour l'instant.

Pour faire diversion, je me penche sur le côté du lit, où il y a un verre d'eau que j'attrape, de même qu'un des mouchoirs propres qui me servent à estomper mes traits quand je dessine dans ma chambre avant le couvre feu. J'imbibe le mouchoir d'eau, repose le verre et reporte mon attention sur 5.

Je reste immobile un petit moment puis je glisse plus près de lui sur le lit. "Pourquoi tu as saigné ? C'est ma spécialité normalement." Un trait d'humour. Je ne m'en serais pas cru capable...

Instinctivement, je porte la main avec le mouchoir vers le sang sur son torse mais je m'immobilise juste avant de toucher sa peau, soudainement conscient de notre proximité et de mon geste. Je fixe la cicatrice sur son torse et j'ai envie de lui demander ce qu'il pense de lui. Mais je m'abstiens. Je baisse la main sans lui enlever le sang. En fait, je ne lui tends même pas le mouchoir, parce que j'ai oublié que je l'avais. Je cherche ses yeux et les mots passent mes lèvres avant que je réfléchisse.

"Il y a une raison à la paralysie faciale ?"


Je sais qu'il y en a une. De plus près, je peux voir qu'il a les yeux rouges de quelqu'un qui a pleuré.

(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyLun 20 Jan - 14:01

Monsters stuck in your head.
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Je crois que j'ai rêvé de mon passé. Et ce n'était pas plaisant. - Cauchemars... Sombres pensées qui hantent nos songes. Torture ou volonté. Faut-il avoir les yeux fermés pour les retrouver? - J'ai peur de ce que ça implique. Rien de joyeux, j'imagine. C'est la première fois ici que je redoute la réalité. Pourquoi nous rassembler ici. Pourquoi effacer nos souvenirs. Ce que ça veut dire sur notre vie passée. - J'ai le malheur de tourner la tête vers lui, et nos regards se croisent. Il ne le soutient pas, et c'est tant mieux, parce que je préfère cent fois fixer le sol. - J'ai peur de ne pas être quelqu'un de bien. - Est-ce que je préférerais me souvenir être une mauvaise personne? Ou ne jamais savoir quel bel esprit j'ai été? Savoir ou ignorer. Un choix à faire, mais lequel? L'a-t-on, seulement?

Si tu espérais quelqu'un pour te rassurer, tu es mal tombé. - Soufflé-je. Pourquoi? Parce que je ne me considère pas comme quelqu'un de bien? Parce que les deux semaines passées aussi n'ont fait que développer mon aigreur et ma froideur? Ai-je déjà un jour été capable de ressentir la moindre chaleur? - Tu es amnésique et je n'ai pas l'impression de te connaitre. Tu aurais pu être des centaines de choses par le passé. - Je le sens bouger. Attraper quelque chose. Je ne regarde pas ce qu'il fait, trop occupé à triturer mes doigts. - Peut-être que c'est ce que tu étais, mais ne pas te souvenir t'offre l'opportunité de découvrir de nouvelles façons de fonctionner. Ou peut-être que tu ne te souviens que d'une fraction d'un souvenir. Pas la chose entière. - Attendre avant de tirer des conclusions, voilà ce que je veux dire. Même si je ne le dis pas. Même si je n'ai pas la moindre fraction d'information sur mon propre passé.

Je le sens glisser sur le lit, son poids faisant se creuser le matelas à son approche, et lorsque je lève le nez, il s'est rapproché. - Pourquoi tu as saigné ? C'est ma spécialité normalement. - Un haussement d'épaule, c'est tout ce que je lui offre. Il lève la main, mouchoir humide entre les doigts, et tout mon corps se tend. Comme si le contact était une menace. Comme si la proximité était une douleur supplémentaire. Et lorsqu'il se fige, c'est comme si j'attendais de quel côté le couperet allait tomber, mais sa main retombe. Ses yeux me cherchent, je peux sentir son regard courir sur ma face, mais je ne le rencontre pas. - Il y a une raison à la paralysie faciale ?

J'en sais rien. - Dis-je simplement en prenant le mouchoir de ses doigts pour essayer de retirer la tâche rouge au milieu de mon torse. Les poils collés tirent, mais j'ai l'habitude de pire. Je préfère ça. Le faire moi-même. Je ne sais pas si j'aurais supporté qu'il le fasse. - En temps normal, j'aurais dis un AVC, mais c'est parti comme c'est venu. - Le sang est coagulé et s'en va en fragment. Dessous, la peau s'irrite des fragments carmins, comme le frottement d'un sable acéré. - Ce qui ne fait aucun sens... - Ajouté-je en redoublant d'effort. La peau déjà marquée ne fait que rougir un peu plus.
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyLun 20 Jan - 22:08

Monsters stuck in your head
Rien de ce qu'il dit ne me rassure. En fait, maintenant que j'ai à peu près recouvré mes esprits, je commence à sentir la gêne qui s'installe. Parce qu'il n'est pas capable de se rassurer lui-même, alors pourquoi essayer avec moi ? Pourtant, une part de moi est convaincue qu'il essaie. Mais trop maladroitement. Et je ne peux pas supporter "maladroitement" aujourd'hui. Je ne réagis pas quand il prend le mouchoir et mon regard se perd sur le mur immaculé derrière 5. Je l'écoute quand même.

Puis un long silence s'installe, parce que je ne sais pas quoi dire. Et quand je ne peux plus supporter la situation, je lâche simplement "La régression des signes d'un AVC c'est fréquent, ce n'est pas synonyme de bon signe." Et j'enchaîne "J'ai connu quelqu'un qui est mort d'un AVC." Pas plus d'explications. Parce que je n'en ai pas, c'est tout ce que je sais. C'est venu comme ça, en y pensant. Un proche, certainement. Dans quelles circonstances ? Va savoir.

Je réalise deux choses, au moment où je parle. La première, c'est que c'est mon tout premier souvenir que je sais être réel depuis mon réveil ici et je l'ai partagé sans hésité avec 5. La deuxième, c'est que je me tiens beaucoup trop près de lui et que je ne porte pas de chemise.

Je me lève sans précipitation, contourne 5 pour rejoindre ma commode. J'enfile une chemise au hasard, n'importe laquelle. Je me fais la réflexion que des t-shirts seraient beaucoup plus agréables à porter en permanence pour éviter de penser à ce qui me pousse à me vêtir devant 5. Une douleur se fait sentir au niveau de ma tempe et je suppose qu'après avoir pleuré autant, c'est normal d'avoir droit à des maux de tête. Je referme lentement le tiroir de la commode sans me retourner vers lui pour autant. Je fixe le mur et je réfléchis à tout ce qu'il a dit depuis le début.

"Je sais que tu l'as dit, mais t'es vraiment à chier pour rassurer les gens." Aucune agressivité dans la voix. Je dit ça comme un simple fait. Une pointe de déception, peut-être, rien de plus. Je n'ai pas beaucoup de filtre, en général, mais je fais toujours attention à contrôler ce qui sort de ma bouche selon ce que je recherche dans la conversation. Le problème, c'est que maintenant, je ne cherche rien. Je suis en proie à un vide intérieur qui bloque mes émotions. Une indifférence sans tact. "Pourquoi tu agis comme tu le fais, 5 ? Ca n'a aucun sens pour moi, j'ai l'impression que tu subis ton existence. Même maintenant que je suis au bord du gouffre, j'ai l'impression que tu as sauté depuis longtemps."

Je ne me rends pas compte de l'ampleur de ce que je dis, ni de comment il va le prendre. Ce n'est pas dit pour le blesser, vraiment. J'essaie juste de comprendre. "Pourquoi tu es entré dans ma chambre ?" Là c'est le moment où je le chasse parce que je ne sais pas trop comment je dois me conduire. C'est purement pratique, rien de personnel. "Pourquoi tu es encore là ? Tu peux partir, si tu ne veux pas être là. Je me débrouillerais." Ma voix est douce, dépourvue de violence, sans même que je fasse l'effort de la moduler.

Je ne sais pas à quel moment j'ai recommencé à pleurer. Ce sont des larmes silencieuses, mais elles sont là. Je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas blessé par son attitude, il n'a rien fait de mal.

Mon inconscient invoque les images informes de mon cauchemar sans que je m'y oppose parce que je n'ai pas la force de lutter.
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyMar 21 Jan - 14:55

Monsters stuck in your head.
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La régression des signes d'un AVC c'est fréquent, ce n'est pas synonyme de bon signe. J'ai connu quelqu'un qui est mort d'un AVC. - Rassurant. Pourquoi rassurant? Pourquoi ce soulagement? Sûrement parce que 013 semble s'être souvenu de quelque chose. C'est une bonne chose, peut-être. Parce que ça suppose que l'amnésie n'est pas figée dans le marbre. Oui, c'est certainement ça. Qu'est-ce qui pourrait me rassurer, autrement? Je ne réagis pas pour autant, et lorsqu'il se lève, quitte mon espace vital, j'ai l'impression de mieux respirer. Il contourne le lit, je l'entend ouvrir le tiroir de la commode. Le son du tissus que l'on déplie. Il s'habille. Moi, je reste de dos.

Je sais que tu l'as dit, mais t'es vraiment à chier pour rassurer les gens. - Un sourire déforme mes lèvres. Tiraille les traits de mon visage. Je l'ai dis. Et puis je l'ai prouvé. Au moins, je ne me trompais pas. - Pourquoi tu agis comme tu le fais, 5 ? Ca n'a aucun sens pour moi, j'ai l'impression que tu subis ton existence. Même maintenant que je suis au bord du gouffre, j'ai l'impression que tu as sauté depuis longtemps. - Et mon sourire a disparu. Ma tête a légèrement pivoté, mais mon regard ne fixe que l'angle de la chambre, en face de moi. - C'est peut-être le cas. - Soufflé-je, sur un ton neutre. Trop neutre. Quoi répondre à ça, de toute façon. Que c'est faux? Qu'il ment? Qu'il se trompe?  La question continue de hanter mon esprit. Pourquoi ce soulagement?

Pourquoi tu es entré dans ma chambre ? - Pas d'agressivité. Pas de confrontation. Pas de jeu ni d'excitation. La voix est presque posée, et c'est aussi peut-être pour ça que cette fois, je me lève. Un effort visible alors que je m'appuie sur ma canne, les bras tremblants. - Pourquoi tu es encore là ? Tu peux partir, si tu ne veux pas être là. Je me débrouillerais. - Un pas en avant. Demi tour. Son visage est humide à nouveau, mais on dirait qu'il ne s'en rend même pas compte. Comment peut-il parler si posément et déverser ces larmes silencieuses? J'aurais dû l'entendre dans sa voix. Qui pleure? Lui? Ou son Lui passé? Les sanglots sont morts. Pas les sillons qui se creusent dans ses joues.

Tu pleurais et tu pleures encore. - Dis-je en pointant sa tronche d'un signe de tête. - Peut-être que je suis venu voir le spectacle. - Mes mains se crispent sur la tête de la canne alors qu'une vague de douleur remonte de ma cuisse. - Ou peut-être que je me suis réveillé avec la moitié de la face paralysée et qu'en t'entendant chialer j'ai cru qu'on avait eu droit au tarif de groupe. - La voix s'est envolée. Le ton est dur. Il pleure déjà, de toute façon. Un peu plus un peu moins... Dans un soupir, je viens pincer mon nez entre deux doigts, tentant de faire retomber mon rythme cardiaque qui s'est envolé aussi. Le mouchoir humide toujours dans ma main, quelques gouttes voilées roulent sur mon poignet. - T'as l'air pleine fonctionnel. - Conclus-je avec pragmatisme avant de pivoter vers la sortie. - Si tu veux continuer de râler, je serais dans la salle de bain à essayer de nettoyer le sang.
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyMer 29 Jan - 16:50

Monsters stuck in your head
Je reste complètement muet quand il se tourne vers moi pour déverser sa rage. Je ne bouge pas, je ne tente même pas d'essuyer les larmes qu'il mentionne. Parce que je suis simplement résigné. J'arrive à affronter son regard quand il commence sa tirade mais je ferme les yeux aussitôt qu'il commence à hausser le ton, par réflexe. Pourquoi ? Je ne sais pas. Pour ne plus le voir et l'ignorer ? Non. Pour me tenter de me protéger ? Sûrement.

Je mène un combat interne pour ne pas laisser une nouvelle crise se représenter. Je sens ma gorge se nouer et les larmes arrivent plus nombreuses encore. Mais je tiens bon, refoulant un sanglot en baissant la tête. Il s'en faut de peu et il arrête de parler au moment où je vais craquer. Je ne rouvre pas les yeux, trop incertain de ma capacité à le regarder en face. J'attends que l'orage passe en me concentrant sur ma respiration et sur mon mal de tête qui empire, probablement à cause du trop plein de bruits. Et pourtant l'orage finit par passer, puisque 5 sort de ma chambre après un autre commentaire sarcastique.

A sa façon, je sais qu'il m'invite à venir lui parler si j'en ai besoin. Même s'il a monté le ton et que ses mots d'une apparente indifférence font mal, je commence à le connaître suffisamment pour lire à travers les lignes. D'habitude, il serait parti en refermant la porte sans ajouter un mot, ou peut-être quelque chose d'encore plus cassant. Enfin, d'habitude, il ne serait même pas venu tout court. Mais ça ne change rien : 5 ne peut pas m'aider, son décalage social est trop lourd à supporter aujourd'hui, même pour moi.

Je prends une grande inspiration et me décide à bouger après de longue minutes à rester immobile, les yeux fermés. Je ne prends pas la peine de fermer la porte, tout ce que je veux, c'est retourner dans mon lit. Ironiquement, j'adopte la même réaction que je reprochais à 5 il n'y a pas si longtemps... Je note que le verre d'eau est en équilibre précaire, à moitié sur le sol et sur le drap. Si je tire, il se renverse. Une grosse part de moi se demande si j'en ai quelque chose à faire, mais je me décide quand même à le ramasser pour m'éviter une autre source de soucis.

J'ai l'impression d'être au ralenti, tant mon mouvement est lent. Mes doigts se referme autour du verre froid mais j'ai l'impression de ne rien sentir, comme anesthésié. Je me redresse et c'est là que ça arrive : je lâche soudain le verre, qui tombe sol en m'éclaboussant et je recule d'un pas sous le choc. Mais ce n'est pas ça qui me fait crier.

C'est la douleur dans mon crâne. Sans prévenir, un sifflement strident à envahi mes oreilles, et j'ai l'impression qu'un étau s'est refermé sur ma tête. Le sifflement persiste, je n'entends rien du tout, mais c'est vraiment l'insupportable douleur, le sentiment d'être compressé, qui me neutralise complètement. Faute de pouvoir me tenir debout, je me laisse lourdement tomber au sol, glissant à moitié dans la flaque d'eau nouvellement formée et me cognant le coude. Je me recroqueville, paniqué, les mains appuyées sur les oreilles dans un effort désespérément vain de contrer la douleur. Je hurle, et cette fois je sais que je hurle même si je ne m'entends pas tant le sifflement est important.

Mon monde n'est que douleur et vacarme ahurissant qui n'existe que dans ma tête. J'ai conscience d'avoir appelé 5 au début, mais maintenant je devine un hurlement inintelligible et continu sortir de ma gorge. Je me dis que je vais finir par m'évanouir à cause de la douleur, mais même ce soulagement m'est refusé.

Je ne sais pas quand la douleur se retire et quand le sifflement s'estompe ni combien de temps ça a duré. Une seconde ? Une minute ? Une heure ?. Je n'ai conscience de rien et j'ai trop peur d'enlever mes mains de mes oreilles. Je me suis tellement raidi qu'il faudrait plusieurs personnes pour me forcer à me redresser et à me calmer. Je reste sur le sol, allongé dans la flaque, attendant.

Attendant quoi ? Je ne sais pas. La mort, certainement. Et la goutte de sang que je peux sentir commencer à couler de ma narine gauche est un signe probable que ma fin est proche...
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptyMer 29 Jan - 18:52

Monsters stuck in your head.
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Et je suis certain qu'il n'a pas fini de râler, mais je préfère encore changer de pièce. Je ne suis pas venu là pour ça. Alors la salle de bain est encore la meilleure option. Je traverse le couloir de quelques pas hasardeux et pousse la porte entrouverte pour rejoindre le lavabo. La canne vient se suspendre au bord de la faïence et je me penche en avant, utilisant le mouchoir humide pour effacer les traces de sang. Il y en a peu, mais ce truc-là s'étale avant de disparaitre. Et puis, les fragments séchés pris dans les poils sont malgré tout douloureux. Loin d'être insupportable, en comparaison à ma jambe en tout cas, mais tout de même piquants. Le torse d'abord, le nez ensuite, ça me prend peut-être une minute. Une courte minute, avant qu'un cri déchirant ne traverse l'espace et fasse hérisser chaque poil que mon corps d'écloper peut compter.

La voix de 013 est tonitruante. Un hurlement tel que pas à un seul instant je ne suppose qu'il simule. Qu'il s'énerve tout seul. Qu'il est en colère. Non, instinctivement, je sais qu'il s'agit de quelque chose de bien plus grave et je saisis la canne pour repartir dans l'autre sens. Débouler dans sa chambre avec ma claudication est un geste douloureux et bancal, mais je le fais malgré tout. Et appuyé contre l'encadrement de la porte, je le découvre, étalé au sol, la tête piégée entre ses mains. - TREIZE! - Les genoux remontés, les doigts verrouillés contre son crâne, ses lèvres déversent un flot de hurlements à en réveiller un sourd. J'entends sa gorge s'user, mais peu importe ce qui lui arrive, ça ne l'arrête pas.

Je me rapproche, brusque. Pas de blessure apparente. Juste son visage, cramoisie. Ses veines qui ressortent. La transpiration qui pointe sur sa peau et se mêle à l'eau dans laquelle il baigne. Le voile rouge qui nimbe le bout de ses doigts. Crier plus fort ne servira à rien. L'empêcher de se faire mal est encore le mieux à faire pour le moment, alors j'écoute mon instinct et exploite le rush d'adrénaline à bon escient. Il ne bouge pas, c'est une bonne chose. Je n'aurais pas pu m'approcher, autrement. Laissant la canne sur son lit, je me laisse tomber au sol et glisse jusqu'à lui. Les cris sont désagréables à mes oreilles. Le volume bien trop fort, mais à moins qu'il ne perde connaissance, je ne peux rien y faire. Et oui, j'espère que ça arrive vite. Pour lui comme pour moi. Mais ce n'est pas le cas. Alors je passe à la suite.

Saisissant sa tête, j'essaye de le forcer à lâcher prise. Et j'y met l'effort, mais essayer est tout ce que je parviens à accomplir. - Bordel! Tu te fais mal, imbécile! - Rien à faire. Son corps tout entier est crispé dans cette position. J'essaye malgré tout encore un peu, mais c'est peine perdu. Ma dernière idée est plus simple et moins fatigante alors: attendre. La tête de 013 sur ma cuisse valide, je laisse mon dos s'appuyer contre le pied du lit et je ferme les yeux, tentant de laisser mon esprit divaguer là où ses hurlements ne vrilleront pas mes oreilles. Je n'en ai pas le temps, bien sûr, mais j'y étais presque.

Les cris cessent. Je rouvre les yeux. Il est encore rouge, complètement trempé de sueur. Brûlant. Ses mains ont lâché prise. Son corps s'est détendu. Quelques larmes de douleur ont roulé de ses yeux et de sa narine, je remarque une goutte de sang se perdre dans sa barbe. Comme identique à celle qui habillait ma moustache encore quelques minutes plus tôt. - Treize? Tu m'entends? - Je me redresse sensiblement, fais pivoter sa tête pour regarder ses yeux. Bouche entrouverte. Pupille fixe. Je claque des doigts devant son visage, deux fois. - Treize! - Il ne réagit pas, mais ses bras quittent leur position pour venir se replier devant son torse. Une position défensive, complètement la forme fœtale. - Fait chier... - Il n'a plus mal, mais la douleur ou la crise ou peu importe l'a plongé en état de choc. Comment je sais ça? Aucune idée, je le sais, et je fais avec.

Laissant sa tête rejoindre le sol, je me hisse sur le lit comme je peux, et attrape ma canne. - Treize? Il faut que tu te lèves maintenant. - Ma voix n'est pas douce. Elle n'a jamais été douce aussi loin que ma mémoire remonte. Elle est néanmoins plus posée, peu être altérée par l'urgence et l'inquiétude. - Treize, je ne peux pas te soulever. Il va falloir m'aider. - Je me hisse sur mes jambes, la canne d'abord, et j'attrape sa main pour l'inciter à bouger. Ça demande un peu de patience. Trente secondes, presque exactement. Il amorce le geste. Se lève, le regard perdu dans le vide. Son esprit est en pause. Son corps en pilote automatique. Claudiquant devant, la main toujours serrée dans la sienne comme un enfant amorphe que l'on guide dans le noir, je l’entraîne jusqu'à la salle de bain. - Assis-toi là. Doucement. - Et il s’assoit, lentement. Je repousse son dos contre le mur. Sa tête également. Je recule d'un pas, tend le bras et tourne le robinet.

Le jet d'eau chute directement sur 013. La tête d'abord, puis l'eau froide roule sur son torse et achève de tremper son pantalon. Douleur, chaleur et état de choc. Instinctivement, je me suis dis que le froid lui ferait du bien. Instinctivement, j'ai su quoi faire. Instinctivement... j'ai oublié la douleur.
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptySam 1 Fév - 16:41

Monsters stuck in your head
Je reprends conscience au bout de plusieurs minutes sous l'eau froide.

Jusqu'alors, mon esprit était comme embué, mes actions mécaniques. 5 dans ma chambre qui m'aide à me relever. Le trajet jusqu'à la salle de bain. M'installer par terre dans la douche. L'eau froide. Tout ça n'est pour moi qu'une succession d'événements qui sont arrivés à quelqu'un d'autre. Pendant tout ce temps, j'étais perdu dans des limbes de ma création, emplies d'un mélange de douleur, de terreur et, étrangement, de soulagement. Pas une expérience agréable, de ne plus être maître de son corps. De fixer un point sans le voir, incapable de décider du moment du retour à la réalité.

En l’occurrence, pour moi, ce point fixe était une brosse à dent par terre, dont je ne prends conscience que maintenant. Ma première pensée est de savoir comment elle est arrivée là. La deuxième, c'est de me dire que c'est une très étrange première pensée à avoir après ce qui m'est arrivé. Et la vraie question, maintenant, c'est... Qu'est-ce qui m'est arrivé ?

Soudain, mon regard se porte sur 5. Peut-être parce qu'il a bougé ou que je redeviens alerte. Je ne m'étais pas aperçu qu'il était là. Je le regarde sans parler pendant un long moment, parce que je ne sais pas quoi lui dire. Est-ce qu'il y a vraiment quelque chose à lui dire ? Tout est beaucoup trop compliqué entre nous, je sais que je l'ai voulu, et que ça m'amuse, mais l'épuisement moral que je ressentais en me réveillant de mon cauchemar ne m'a pas quitté. Et je n'ai pas encore l'envie ni le besoin de parler avec des filtres.

"Je vais le dire qu'une fois et vite parce que tu vas probablement rouler des yeux et te barrer, mais quitte à partager un appartement avec quelqu'un dans cet endroit, je suis content que ce soit avec toi." Je lève péniblement la main pour atteindre le robinet et arrêter l'eau qui coulait encore. "T'es grincheux, déprimant, mal poli et possiblement suicidaire, mais je vois personne d'autre à ta place." Je continue à le fixer, mon naturel sans gêne exacerbé par les récents événements.

Je me demande si je devrais me relever, mais je me rends compte que je n'en ai pas la force physique. Petit à petit, mes sens reprennent le dessus et je me rends compte des multiples douleurs que j'avais réussi à ignorer : les muscles noués à cause de la tétanie, la gorge sèche et fatiguée des cris, le picotement au niveau de mes tempes. J'y porte une main, grimace en rencontrant la plaie et regarde le bout de mes doigts où un peu de sang s'est accumulé. Encore une blessure à ajouter à mon palmarès.

Aucune trace du mal de tête, ceci dit, tant mieux. Ce n'est pas le genre de douleur que je veux revivre. "J'ai manqué des trucs ? Pendant que j'étais..." Je secoue la tête. "J'ai loupé quelque chose ? Des choses que j'ai dîtes ? Ou faites ?" Encore des souvenirs perdus, ça aussi, ça commence à être une habitude.

Je fais une deuxième tentative pour me lever, plus fructueuse que la première parce que j'arrive à atteindre le lavabo avant de devoir m'appuyer contre le mur et faire une pause. En passant 5 sur mon chemin de croix, je me suis souvenu d'un autre détail.

"Tu penses qu'on est en train de mourir, toi et moi ?" Après tout, lui aussi a subit une sorte d'attaque cérébrale, ça ne peut pas être une coïncidence. "Quelle ironie, tu pourras pas te débarrasser de moi, même dans la mort." J'arrive à esquisser l'ombre d'un sourire. Puis, sérieusement, je tourne la tête vers lui.

"Merci, Grumpy. Pour..." Je me stoppe là. Je n'ai pas besoin de le dire et il n'a pas besoin de l'entendre.
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MessageSujet: Re: Monsters stuck in your head ft. H01-5   Monsters stuck in your head ft. H01-5 EmptySam 1 Fév - 17:33

Monsters stuck in your head.
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Attendre. Pourquoi? J'aurais pu partir. J'aurais pu sortir. Retourner dormir. j'ai préféré rejoindre le lavabo, m'y appuyer dessus pour fixer la cicatrice de mon abdomen. Laisser mon regard glisser sur ma cuisse, sous le tissus gris. L'absence de douleur, jusqu'à cet instant où elle revient se faire sentir. Comme une sensation réflexe. Une blague. Une mauvaise farce. Et naturellement, ma main vient faire pression dessus dans un geste inutile. - Je vais le dire qu'une fois et vite parce que tu vas probablement rouler des yeux et te barrer, mais quitte à partager un appartement avec quelqu'un dans cet endroit, je suis content que ce soit avec toi. - Il tend le bras avec une aisance limitée pour arrêter l'eau, et reprend. - T'es grincheux, déprimant, mal poli et possiblement suicidaire, mais je vois personne d'autre à ta place. - Laisse passer un peu de temps. - Laissé-je flotter dans l'air, entre menaçant et épuisé.

Il ne lui faut pas longtemps pour réaliser la présence de sang au bout de ses doigts. Moi, je ne peux ignorer les traces sombres autour de ses tempes. Les griffures profondes. - J'ai manqué des trucs ? Pendant que j'étais... J'ai loupé quelque chose ? Des choses que j'ai dîtes ? Ou faites ? - Je secoue la tête en faisant quelques pas vers la porte. - T'es pas là depuis plus de quelques minutes. - Il n'a été qu'un pantin depuis qu'il a cessé de hurler. Bien plus agréable à mes oreilles, mais d'autant plus inquiétant aussi. Et maintenant, le voilà qui se lève. Déjà à la porte ouverte, je m'adosse au mur et allège un peu ma jambe en réalisant à quel point s'habiller, un peu plus tôt, lui a été inutile. La chemise blanche qu'il porte est transparente. Collée à sa peau, elle ne sert pour ainsi dire à rien. Le pantalon ne fait pas meilleure mesure, mais au moins, il est gris et épais.

Tu penses qu'on est en train de mourir, toi et moi ? - Par réflexe, une partie de moi aurait aimé. Pas pour lui, bien sûr. C'est peut-être pour ça que je me sens coupable durant une fraction de seconde. Tolérerais-je que mon égoïsme coûte à d'autres? - Quelle ironie, tu pourras pas te débarrasser de moi, même dans la mort. - Je me décolle du mur, laisse la canne renforcer sa pression sur le sol. Ceci a trop duré. Je fait volte face et un pas en avant. - Merci, Grumpy. Pour... - Il pause. Mon pas s'allonge. La phrase n'atteint jamais sa conclusion, autant l'y aider. - Tu fous de l'eau partout. - Lâché-je en sortant de la salle de bain pou rejoindre ma chambre. Fermer la porte. Soupirer. Et s'il avait raison? Si on était vraiment en train de mourir?
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