Weapon masters || feat. F02-006

C'est maintenant chose faite. Je n'ai plus une seule goutte d'alcool en ma possession et je ne me sens malheureusement pas mieux pour autant. Je l'espérais sans doute trop, que le contenu de ces fioles mystère poserait un baume sur mes plaies béantes, mais non. La journée recommence là où je l'ai laissé la veille, avec la même douleur au bras et ce même vide en mes tripes depuis que j'ai appris quelques détails encore trop vagues de mon passé. Rien que l'alcool n'a été en mesure d'effacer plus longtemps que nécessaire et peut-être que c'est tant mieux comme ça. Cet endroit se joue de nous, essaie de nous contrôler, nous manipuler, et si pendant un moment je nous croyais peut-être coincés dans un genre d'asile quelconque, je n'en suis plus si certain maintenant. Il y a quelque chose de plus avec cet endroit, quelque chose de malsain. Quelque chose qui nous blesse sans remords et nous place face à la tentation pour vous si nous allons céder. Je l'ai fait, j'en avais besoin. À défaut d'avoir une quelconque forme de cachets pour me soigner il fallait que j'arrive à faire taire autrement la douleur dans mon bras cassé qui me torture depuis plus d'un mois. J'ai cédé, échec par la Ruche, mais je ne m'avouerai pas vaincu pour autant. Je ne laisserai pas cet endroit gagner et si ça doit passer par un autre type de douleur engendré par un retour de mémoire et bien soit. Comme ça moi aussi j'aurai des cartes dans les mains pour participer à la partie. C'est un jeu qui se joue à deux, mais le meilleur des cas à plusieurs, et il est plus que temps que la partie commence de notre côté également. Cet endroit n'aura pas raison de nous, nous aurons raison de lui, mais il faudra simplement être plus stratégique qu'en agissant comme des imbéciles qui jugent bon de faire exploser la fontaine 'pour le bien de tous'. Il faudra être plus malin et tout ça commence par moi, mon crâne, ce qui s'y trouve et ce que je dois continuer de décoder.

D'un pas décidé, je me suis donc douché et habillé avant de descendre en bas pour m'attarder devant les bibliothèques. Je n'avais pas encore remarqué tous les livres abîmés que l'explosion de la fontaine avait engendré et j'espérais simplement que ce petit crétin semblant être à l'origine de tant de mes problèmes n'avait pas détruit ce que j'espérais arriver à trouver. Je m'accroupis, laissant mes doigts glisser sur la reliure des livres en lisant les titres un à un sans trouver ce que je cherche. Ça doit bien exister pourtant un foutu livre sur la guerre! Parce que oui, c'est ce que je cherche et non pas pour savoir comment faire la guerre à cet endroit. Ça viendra bien en temps et lieu. Plutôt puisqu'il me semble désormais évident que j'ai une quelconque forme de passé militaire, lire sur la guerre, les armes ou toute autre chose y étant de près ou loin lié me permettra peut-être d'activer davantage ma petite tête et récupérer les morceaux qu'il me manque. Après tout, je me dis que ça ne peut qu'être utile si réellement là est mon passé. Du moins, lorsque mon bras sera réparé. Je farfouille donc une bonne quinzaine de minutes avant de finalement trouver un tout petit livre très fin coincé entre deux gros volume dont le titre ne pourrait être plus claire sur le contenu. L'évolution de l'armement. Avec ça il y aura certainement de quoi faire. Je me relève donc, attendant quelques secondes pour laisser le temps au sang de circuler à nouveau dans mes jambes, avant de me déplacer vers les canapés pour m'y laisser tomber. Usant de ma seule main valide pour commencer à feuilleter l'ouvrage en fronçant les sourcils.

C'est que je suis maudit ce n'est pas possible. Quand ce n'est pas Rouky ou Friday qui vient m'embêter c'est une parfaite inconnue qui s'empêtre dans mes jambes et s'excuse à peine avant de poursuivre son chemin comme si mes jambes étaient problématiques dans la présente situation. Les gens sont à cran ici, c'est un fait. Ils en ont probablement tous marre de se trouver dans cette prison aux passe-temps limités où tourner en rond devient une option toute aussi intéressante que monter sur les tables pour hurler sa détresse. Les gens deviennent fous, agissant sans réfléchir simplement pour tuer l'ennui avant de tuer quelqu'un parce qu'il les a fixé un peu trop longtemps. C'est comme se trouver dans une cage aux lions affamés qui attendent férocement de voir un morceau de viande leur être lancé. Dès qu'un truc un moindrement intéressant nous sera présenté nous allons tous nous entretuer pour le gagner sans nous soucier des autres et ce qu'ils peuvent bien vouloir ou penser. En attendant, nous nous trouvons tous à marcher sur le territoire et la bulle des autres sans pouvoir l'éviter et forcément des conflits en viendront à éclater. J'en suis la preuve vivante même compte tenu de certaines de mes rencontres et ce qui en a découlé, parce que forcément tout ne pouvait pas bien se dérouler dans cet endroit. Et à lire un livre sur l'armement je n'aide sans doute pas la situation de quiconque remarquerait ce détail. Pas que je veuille tuer des gens, mais ça personne ne peut réellement le savoir. Personne ne peut réellement savoir que j'essaie simplement d'éveiller un pan de ma mémoire que j'espère être bon parce que j'espère réellement avoir rejoins l'armé dans le passé pour les bonnes raisons et non pour tirer sur des gens. Je ne crois pas, je ne le sens pas comme ça, mais parfois les circonstances peuvent nous surprendre tout autant que les souvenirs qui peuvent revenir.

Je me plonge donc dans l'analyse des images plus que dans la lecture de l'ouvrage, observant les diverses parties d'armes que je me rends compte être en mesure de nommer mentalement sans le moindre mal. Jetant un bref coup d'oeil à miss 'je prends de la place et je m'impose' sans lui accorder davantage d'attention sur le coup. Du moins, jusqu'à ce qu'elle se penche dans ma direction et m'adresse la parole. Je lève alors les yeux dans sa direction, observant aussi la... Bible(?) qu'elle semble tenir dans ses mains. Et bien, il y a assurément de la divergence de lecture actuellement sur ce canapé. De la divergence qui, comme tant de choses dans cet endroit, n'est en rien ce qu'elle semble être. Là où je cherche simplement à m'activer la mémoire, elle mentionne pour sa part chercher un prénom à aborder. Drôle de livre pour y chercher un prénom, mais à chacun ses croyances. « Je ne m'emmerde pas au point de vouloir tuer tout le monde si ça peut vous rassurer. Simplement un potentiel passé militaire et j'essaie d'aider ma tête un peu à se souvenir de quelque chose. » J'imagine que ça reste mieux que de prétendre chercher comment construire une arme à feu à partir de rien pour abréger les souffrances de tout le monde puis je ne vois pas d'intérêt à cacher que j'ai pu faire l'armée. Ce n'est pas comme si j'avais un boulot bien glauque que je ne voulais pas forcément se faire connaître. C'est plutôt... respecté l'armée non?

« Un prénom... » Je soupire en l'observant. En voilà une drôle de question. Je ne saurais pas même me nommer alors nommer les autres... Surtout nommer une personne dont la première impression ne m'a pas forcément été des plus sympathique au vu de son attitude et son manque flagrant de délicatesse. Je ne sais pas pourquoi, mais en un sens elle me fait penser à Friday que je renomme si amicalement Satan pour moi-même. Peut-être devrais-je simplement y aller au feeling et continuer dans cette lignée en espérant ne pas la vexer au passage. « Lilith me semblerait pas mal. Je ne sais pas pourquoi, mais... ça me semble pas mal. » Ça ou ça aura été les pire paroles de la journée et je vais avoir réveillé une furie, qui sait. Toujours difficile de jauger les gens qu'on ne connait pas. « Une proposition de prénom pour moi? Les numéros ça commence à être chiant après un moment. »

Bien tenté, j'imagine que c'est mieux qu'un flot de bêtises. Il faut dire que ce n'est réellement pas toujours facile de bien cerner les personnes que l'ont croise dans cet endroit, l'expression 'ne pas se fier aux apparences' prenant assurément tout son sens. Si certains peuvent sembler difficile d'approche c'est parfois tout le contraire et vice versa, l'inconnue étant d'ailleurs une splendide preuve de la chose. Si la jeune femme m'avait semblé un peu bourrin d'entré de jeu elle s'avéra finalement plutôt réfléchie en sa façon de parler et aborder les choses. Elle avait absolument raison en son raisonnement concernant la déshumanisation engendrée par les identifiants nous servant de nom à l'heure actuelle, me faisant même hausser les sourcils lorsqu'elle ajouta la perte de repères et de dignité. En voilà un portait un peu trop véridique, mais surtout déprimant de la situation sur lequel je ne m'étais pas penché à ce point. Raison pour laquelle il était toujours bon d'échanger quelques paroles avec de nouvelles personnes histoire de permettre à notre analyse de la situation d'évoluer vers de nouveaux horizons. Une nouvelle perspective que je partagerai avec Sixteen lors de notre prochaine rencontre, ne sachant pas non plus si de son côté elle avait abordé les choses sous cet angle. Trop préoccupés que nous avons été par le besoin d'accumuler des informations sur l'endroit plus que les personnes et ce qui leur est associé. Pourtant, la jeune femme a réellement raison sur toute la ligne, pointant cette torture à laquelle nous sommes soumis contre notre gré allant bien au-delà de ce que l'environnement oppressant et restrictif peut nous forcer à réaliser pour rester dans le cadre imposé. J'étais sans doute réellement trop accoutumé à tout ceci, aux cadres, aux règles, aux matricules, pour réellement me sentir déstabilisé. J'avais gardé mon calme, ou presque, depuis le tout début après tout. M'étant promis de ne pas me laisser engloutir par cet endroit, mais plutôt arriver à trouver une façon de riposter sans pour autant avoir considéré quelque chose d'aussi simple qu'une nouvelle appellation.

J'ai souris, simplement, la laissant poursuivre sa lecture et finalement énoncer un prénom en me disant que mes connaissances de la Bible devaient être bien piètre comme les deux prénoms qu'elle mentionna finalement ne me semblaient en rien familier. Difficile de dire si c'est en raison d'une non croyance ou simplement une flemme de passer au travers d'un si gros ouvrage cependant, priorisant la première option compte tenu du fait qu'apprendre toutes les langues que je semble maîtriser n'aurait assurément pas été possible si la paresse était l'une de mes qualités première. C'était bien tout le contraire, la contrainte de devoir réduire mes activités avec ce bras cassé m'ayant plus que malmené parce que je ne voulais pas simplement resté assis dans un coin à ne rien faire le temps que la blessure soit guérie. Un nouveau sourire naquit néanmoins sur mes lèvres au descriptif qui accompagna le prénom dont elle jugea bon de me doter dans l'instant présent. Je semblais lui avoir donné une meilleure première impression que celle qu'elle a dégagé de son côté. « La destruction est parfois nécessaire dans le but de sauver des vies. J'imagine que c'est un peu comme le dilemme du tramway. Parfois il faut savoir sacrifier quelques personnes pour en sauver davantage. » J'affiche une mine pensive en reposant mon livre contre mes jambes. « Je ne sais pas si je suis toutes ces choses, mais j'imagine que ça pourra le faire un moment à défaut d'avoir mieux. J'admets que je ne me sens pas réellement de feuilleter cet ouvrage en particulier pour chercher l'inspiration. Quelque chose me dit que ce n'est pas là que je trouverai la grande illumination... Surtout que l'armée n'est probablement pas la chose favorite du tout puissant compte tenu que ça vient avec son lot de... morts. Je ne me souviens pas réellement du détail de cette partie de ma vie, enfin ce que je suppose être une partie de ma vie, alors difficile de dire si ça fait parti de la liste des choses qui m'enverront en enfer un jour. » Je hausse les épaules, grimaçant un peu de la douleur à mon bras que j'en viens toujours à oublier comme un imbécile. « Le choix de Jézabel se repose sur quoi dites-moi? Je suis curieux et visiblement pas assez versé dans la Bible pour connaître son histoire. »