[ALL] Réunion post apocalypse

Je suis en retard pour la “réunion de crise” organisée par Howard. J'accélère pour réduire au minimum mon retard. Je sais qu’il est à cheval sur l’heure. Je le suis aussi en temps normal. Quoique qu’il y a de moins en moins de temps “normaux”. J’arrive sur le seuil et je cherche le groupe des yeux. Ils sont déjà presque une dizaine en cercle. Il y a quelqu’un entrain de parler. Je l’ai entre aperçue pendant les repas. Mais je suis bien incapable de donner son nom. @”Juniper Rhodes”

Je prend la place libre à côté de quelqu’un que je ne connais pas non plus. @”Kilo” Je sais que je dérange le le silence d’écoute. J’adresse un sourire d’excuse à la personne en train de s’exprimer. Mon regard suit le cercle et s’arrête sur Howard, puis sur Isabel. Je lui souris, avant de terminer le tour d’horizon. Je met tout de même quelques nom sur les plus anciens. Je les vois tous les jours depuis … six mois maintenant.

Mon carnet de note est maintenant un cahier. Je l’ai bien entamé pendant le mois qui vient de passer. Je tourne et tourne les pages pour trouver une vierge. J’enclenche le stylo pour inscrire la date, et le sujet de la réunion. Je retrouve la feuille sur laquelle j’ai préparé le sujet et la glisse entre les pages. Je la relis en silence pour me remettre les éléments importants en mémoire.  En levant la tête j’observe @”Percy Adesiyan”

_“Bonjour tout le monde. Pardon pour le retard. Moi c’est “Esther”. ” Oui, j’ai évolué sur ce sujet. Un peu grâce à la dernière discussion qu’on a eu avec Starbuck… Miss Laveau. J’ai choisi “Ivy” pour des raisons qui ne me paraissent plus les bonnes. Je prend le temps de regarder chacun et chacune d’entre eux. “Comme j’ai manqué les premières interventions je vais peut-être répéter des éléments déjà exprimés. Si c’est le cas faites-moi signe, que je passe au suivant. ” Je pose la mine du stylo sur le premier point que j’ai relevé. “Pas de critères discriminants pour les personnes atteintes. Comme pour les personnes qui disparaissent. ” Je n’ai pas encore élucidé les disparitions. Maintenant je me suis fait une raison sur le fait que c’est une enquête infinie. “Je récolte des avis depuis le début de la semaine. Les symptômes s’expriment différemment et sans corrélation avec l’état de santé préalable. ”Je pince les lèvres parce que c’est un compte rendu que j’ai la sensation d’avoir déjà écrit.

_“Je ne crois pas à cette théorie de sauvegarde de notre conscience dans un super ordinateur.” Je souris aimablement à la jeune femme que je contredit. _“Il faudrait beaucoup d’énergie pour alimenter un tel mécanisme. La logique voudrait plutôt qu’en tant qu’outil nous en produisions. Je pense que nous sommes bien vivants. ” Là je cherche l’assentiment de @”Patroclus Fawcett” qui est le premier que je vois dans l’assistance.

Je ne vais pas plus loin dans mon intervention. J'ai évoqué les points essentiels. Je me tais pour libérer l'espace de parole. Nous sommes nombreux et chacun a probablement quelque-chose à dire pour nourrir la discussion. Il faut que chacun est sa place et c'est tout l'intérêt de ce genre de regroupement. Je me tourne donc en direction de la jeune femme blonde qui prend la parole. Elle a une posture désabusée et un ton cru. Je retiens un léger sourire à son langage beaucoup plus direct. Il me semble qu'elle retranscrit la sensation de plusieurs personnes ici. Je ne suis pas loin de penser comme elle sur certains points...

Les intentions continuent. Je prends des notes. L'idée d'expérienter de façon scientifique me parle bien entendu. Ceci dit, je fais un effort suur moi même pour contenir un petit soupir à la remarque de Kilo concernant la mutualisation des données. Encore ? Nous avons cette problématique depuis que je suis ici soit six mois ? Nous n'avançons pas. Je recule mon dos contre le dossier pour dissimuler mon impatience. Soit.

Mon coeur adoucie quand Isabel intervient de nouveau. Je l'observe. Un sourire intérieur accompagne ses idées. Je constate encore une fois qu'elle me manque. Nous ne partageons plus ces moments quotidien comme nous l'avons fait aux débuts. Je crois que nous avons avancés à des rythmes différents. Ou plutôt, elle a avancé, s'est construite et épanouie dans sa vie. J'en suis infiniment heureuse pour elle. Cependant, je ne parviens pas à faire la même chose. Je ne sais pas encore pourquoi exactement. Donc autant concentrer mon esprit sur nos intrigues "virtuelle".

J'écoute Howard faire une nouvelle synthèse restitution des échanges. Il s'est vraiment trouvé dans cette fonction de médiateur. Vraiment. Je dois reconnaître qu'elle lui va bien. Je l'écoute et note encore quelques mots clefs sur ma page. Elle noircies de questions sans réponses encore. Je note les points qu me viennent pour ne rien oublier lors de ma prochaine intervention.

Et puis, il se passe quelque-chose de tout à fait inattendu. Un des hommes du cercle intervient. Il est clair qu'il part en vrille. Il extériorise des sentiments de façon brutale. Le ton est clairement agressif. Pourtant, je le comprends. J'écoute et je pose lentement mon stylo. Je le suis du regard attentive. Au moment où une lueur métallique se devine je sens mes muscles se tendre.

_“Isa!” Ma voix m'étonne moi même. Le cri est sorti sans que je ne le contrôle. Tout comme je ne me suis pas vue moi même me lever et avancer vers Isabel et 44. Je suis encore à une petite distance. Je sais qu'Isa est une bien meilleure combattante que moi. Ce n'est pas ça qui m'a fait intervenir. C'est seulement qu'elle est l'une des seules personnes ici que je ne veux pas perdre.

_“Doc...” J'interpelle autoritaire d'instinct. Je le somme d'intervenir pour temporiser la situation avant que tout nous échappe. Il est le sage de l'assemblée. C'est bien lui qui peut trouver les mots justes pour que tout s'apaise. Il a intérêt à les trouver. Avantage ou non il est inenvisageable que mon amie soit blessée. Si personne n'intervient rapidement c'est moi qui m'en charge.

Le temps est à l'action et non à la réflexion. Oui, il y a des situations d'urgence qui réclament une réaction. C'est inscrit dans notre corps au même titre que l'instinct. Maintenant, je fais confiance à ce que je ressens parce que je sais que cela ne vient pas de nul part. Parce que dans cette autre vie j'ai su faire, j'ai su gérer. Je ne suis pas la seule à me lever, encore moins à intervenir. Il faut bien nous reconnaître ceci, aussi différents que nous soyons... le danger imminent semble nous rassembler. Comme pour les loups. Est-ce ce qu' ILS font de nous ? Une meute ?

Est-ce grâce à Echo ? Kilo ? Quoiqu'il en soit l'arme et le jeune homme quittent le cercle de discussion. Le danger s'évapore comme il est venu. Vite. Je me rend compte que j'ai été tendue puisque mes trapèzes se décontractent lentement. Je reste interdite pendant encore quelques secondes avant de revenir à la place où j'étais avant cette "coupure".

J'écoute de nouveau. Les récriminations de Kilo. Les réponses d'Howard. Je ne m'attends pas à ce qu'il évoque ouvertement mon travail personnel. Il y a un moment que je ne le compte plus vraiment dans le trio de recherches. Quelque-chose s'est passé. D'une autre façon, qu'avec Isa, mais le résultat s'en rapproche. Avant et Après.

_“Non personne. C'est propre à chacun individu. Une séquence unique si l'on reste dans le jargon informatique. Croyez-moi j'ai tout épluché. ... Même chose concernant les disparations. Nous avons regroupé tous les éléments, trié... Il n'y a aucune logique. En tous cas pas une logique compréhensible pour un cerveau humain. Avec l'aléatoire pas de prédiction possible. Sans anticipation ... impossible de s'organiser. ” Je viens de le faire en version très synthétisé. Alors que cela m'a pris des jours, des semaines entières. La conclusion que je leur expose n'a rien de réjouissante. Je le sais. Mais c'est la seule que j'ai.

_“J'ai réagis par instinct. ” Lui dis-je d'une voix plate. Certes, Howard n'a pas tort sur le fond. Seulement dans la forme, l'être humain ne commande pas toujours. C'est bien pour ça que ce jeune homme vient de dérailler. Enfin, je n'insiste pas pour faire la défense de mon action. Ça n'aura pas beaucoup d'écho.

Alors, je me contente d'attraper le carnet. Je le rouvre à la page en cours. J'écris le mot "décisions collectives". Là, je lève mes yeux sur le maître de cérémonie. Puis, je file sur les personnes qui l'entoure. Je remarque ainsi Isabel qui ne s'est pas encore assise. Elle fait les cent pas. Une lionne qui est en cage et surtout prête à imploser...

Son feulement me raidit. Je sursaute quand elle m'invective directement. Je m'immobilise. Je la regarde dans les yeux pendant qu'elle m'accuse. La critique est directe. Cela lui ressemble. Je ne dis pas. Je ne baisse pas les yeux. Je ne me sens coupable de rien. J'ai agis selon mes codes. J'ai agis par amour. C'est tout. Si elle ne peut pas l'entendre je n'y peux rien. Personne ici n'a plus raison ou tort. Nous sommes tous perdus. Même si je suis apte à saisir que cette colère est résultante de la peur. Il n'en reste pas moins que c'est de la rage. ... Encore ? Mais pourquoi ? Bon sang.

Suis-je donc un réceptacle de la colère des autres ? Ou non plus précisément suis-je le réceptacle de la rage des personnes que j'aime ? Doc. Starbuck. Chacun leur tour. Précisément ceux en qui je place ma confiance. Suis-je donc si mal avisée ? Il est pertinent que je me pose la question. En voyant les yeux étincelants de Starbuck je me la pose. Je me la pose sans ambage, sans faux semblant. Pourquoi ? Pour quoi ? La violence.

_“ ... ” Je pense pas que parler ici résoudra quoique ce soit. Je laisse donc Isabel poursuivre et "parler" à Kilo. Je profite qu'elle se soit écartée pour refermer mon stylo. J'attrape mes affaires, sans hâte, tranquillement mais sûrement. Je n'écoute plus vraiment ce qui est dit. De toute façon cette réunion ne va rien donner. Je repousse le fauteuil pour sortir du cercle sans avoir à passer devant le groupe. Je prend même le temps de le repositionner. Peut-être que quelqu'un prendra cette place. “ Je lirais la synthèse. ” Le carnet coincé contre ma poitrine, je tourne les talons. Pour l'instant, je suis calme. Oui. Mais je me connais. Je sais quelles sortes de réactions je peux avoir après une agression émotionnelle. A vrai dire je n'ai aucune envie que tout le monde en profite. Je vais donc aller me trouver un coin tranquille pour décompresser. Ce sera très bien.